Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
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Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Ok les gars ! On n'est pas obligé d's'aimer, nous autres. En fait on s'déteste tous carrément les uns les autres. Mais faut s'montrer lucides, on a un but commun, et ce but commun, c'est d'se casser vivants de ce trou à rats ! » « Le Mordor est une cause perdue. » « Ce pays est depuis toujours niqué de l'intérieur, et avec les militaires qui sont en roue libre, on va droit au carnage ! Qu'est-ce qu'ils cherchent à accomplir au juste ? Même nos voisins, nos propres alliés de la décennie passée, passent à l'Ennemi et veulent nous tuer. » « On est tout seuls ici. Seuls, encerclés d'ennemis. C'est mort. I' faut faire le mur, franchir ces putains d'Dents Noires et s'carapater sans se retourner... »
Qu'un sale enchaînement de crachats de déserteurs et de pleutre, qui se présente face à moi. Et le repas qu'ils m'ont offert, déjà révulsant de viande, inhale une odeur qui n'évoquera plus que la traîtrise jusqu'à mon dernier souffle...
Au fait, qu'est-ce que je fais là, An-Amie ?
« Arrêtez avec vos babillages, vous m’ennuyez, grogne le Nain... Nous avons besoin d’objectivité pour savoir quoi faire. Ce ne sont pas vos discours "empreints de confiance" qui me rassurent. Golgoth… Simo m’a parlé de vous, il m’a dit que vous étiez un marginal, un ermite au sein de cette fourmilière puante qu’est le Mordor. Que savez-vous vraiment de ces choses ? Quant à vous autres, vous n’êtes que des vermines sans courage, attendant de savoir de quel côté la guerre va basculer. Vous ne vivez même pas dans les casernes, que pourriez-vous connaître de cette guerre et de son issue ?
– Golgoth a embarqué cette p'tite vermine, grogne ce congénère qui se répandait en propos de déserteur à l'instant. Congénère peau-verte à la chevelure noire tressée en une natte guerrière, et à la main mutilée, où ne subsistent que trois doigts. Parlant de moi, il se permet de venir me flanquer un coup de botte hargneux, dominateur dans le flanc.
« C'est un snaga servile d'une des Légions d'Udûn, qu'il dit, Golgoth. Lui il doit savoir des trucs.
– A la bonne heure ! Ironise le Nain. Approche donc, ver de terre ! Approche, misérable. Viens au coin du feu que tout le monde puisse voir ta tête horrible et s’en réjouir.
Quelle voix au stupide accent roulant, je me dis, tandis que Golgoth ne me laisse pas vraiment le choix. Me voilà poussé au-devant, contraint de prendre part à ce que je comprends être une de ces cliques de crapules sans foi ni loi, juste des opportunistes et des brigands qui attendent d'évaluer la direction où va souffler le vent pour choisir leur camp...
Un ramassis d'Orques déserteurs en herbes et de races-intrus... Ma moue ne cache pas mon écœurement... Peur, sans aucun doute. Une peur sourde pour ma peau. Mais une peur teintée de cette envie de les couvrir de chaînes et de les envoyer au plus profond des mines de plombs... Devant moi se tient le chef de cette association sans avenir. Un "Barbu". Khuzdun... Un Nain... Un visage de pierre, d'une absence totale de pitié :
– Par Aülé, que tu es laid ! S'esclaffe-t-il de son stupide accent...
Et après on dit que la race maléfique, c'est Nous, les Orques, An-Amie...
– Laid comme un ver, mais... Trois-Doigts, ce congénère issu des tribus nomades, s'étrangle carrément d'effroi : Mais c'est... »
Je sais quelle prise de conscience il a dans la tête, là maintenant, et j'ai beau avoir peur, je m'agrippe farouchement à cette trouille pour reprendre du poil de la bête. Lui adressant un rictus de défi en guise de salutations, m'efforçant de refouler la peur dans ma voix :
« Eh-Eh oui, mon gars ! T'as... T'as bien compris ! Je hoquette, crachant avec peine le moindre mot, suffoquant de trouille : là, vous... Vous êtes dans la shräk jusqu'au cou !
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts ! Les militaires vont nous tomber dessus ! »
[Ce RP est ma reprise du RP d'un autre forum : https://jeuderoles.forumactif.com/t6672p25-entre-les-lignes#84932 .]
Je suis Rat Blanc, de la Légion de Ruayyh le Borgne. La Légion du Grand Karkaras Crocs-de-Couteaux.
Et je suis Karkaras Crocs-de-Couteaux. L'Ange Noir de cette Légion. Le Démon de Ses Ennemis...
Ton Karess, ma louve aux cheveux d'Azur. Ensemble, nous allons veiller sur le Petit Rat...
Et je marche dans ma Section qui a reçu une mission spéciale, An-Amie, confiée par Ruayyh le Borgne en personne : partir inspecter les cols où rôderaient des intrus. On rapporte que des copains des tribus disparaissent dans ces cols, et que des Gollums (c'est le terme dans le jargon des militaires du Mordor pour parler des vagabonds, des errants, des Orques et autres créatures qui rôdent en sauvage, souvent dans les cavernes) ont été retrouvés morts dans les cols. Fléchés avec une grande précision. Des flèches d'Orques, mais la précision des tirs est hautement suspecte.
Sans parler d'autres cadavres trouvés, tués par de terrifiants impacts d'une hache qui semble faite de l'ardent métal, le maothran comme on l'appelle nous autres...
Ma Section est chargée d'enquêter et patrouiller les cols. Et pour commencer, on doit rallier la tour des Woggha, une tribu de copains, de frères d'armes qui ont coutume de combattre sous le commandement de la Légion.
Plusieurs de leurs guerriers, établis à la tour, manquent à l'appel. Une querelle gronde au Mordor ces jours-ci entre Uruk-Haï des Légions et Hommes de la Caste Numénoréenne Noire. Une querelle qui vient de basculer en conflit armé et mortel. On sait qu'un contingent d'Hommes était basé dans la région, dans le col de Cirith Ungol. Ils sont censés être d'ores et déjà cantonnés par l'une des Compagnies d'Orques qui les gardent en douceur, mais pour ne prendre aucun risque, le Général y envoie le gros de notre Bataillon, par un autre sentier en contrebas de notre itinéraire de Section, afin de s'assurer qu'tout est sous contrôle.
En cas d'imprévus de notre côté, de problèmes, on sonne du cor et tout le Bataillon rapplique à notre rescousse.
Qu'est-ce qui pourrait mal se passer, An-Amie ?
Gauche, droite, gauche, droite. Casquée et en armes, la Section s'engage dans les corniches qui montent vers les cols. Mission diplomatique, la consigne est aussi concise qu'elle est limpide : on est l'armée, on ne se cache pas, marchant en cadence sur le sentier de la corniche :
« Gauche, droite ! Gauche, droite ! » Je ricane dans mon casque.
– On marche au pas les gars ! Confirme Madhar en beuglant sec au-travers de son casque : on accélère le mouvement !
Marcher au pas sous l'éclat terrible de l'Astre Tyran. C'est une tourmente. Mais nous sommes les Orques assermentés de l'Oeil Rouge et on nous a préparés toute notre enfance à défier son éblouissement. On l'a déjà battu dans le Marais, lui avons pris nos protégés qui endurent maintenant, marchent parmi nous. On va encore te battre, Soleil...
– Allez, haut les cœurs, haut les fronts les gars ! Encourage joyeusement Rapace-de-fer, le casque de Ludra...
On progresse sur la corniche qui part vers les cols noirs, aussi droit et disciplinés qu'on nous en a fait notre seconde nature, mais ce que j'aime, ce qui fait que je sens que derrière nos enfantillages et disputes nous sommes une Meute, Ma famille, ce sont toutes ces petites indisciplines solidaires. Ces mains des protecteurs qui tapotent sur l'épaule du compagnon de devant pour l'encourager à endurer, Erkû et Muzgaach, craintifs, qui viennent mettre une leurs mains sur mes épaules pour garder courage (elle y est la bienvenue). Ghik qui prend soin de de Chizho, notre avorton, que lui a confié Troork, désigné avec Metag, Urktul et le pisteur "Woggha" Lustig pour guider, avancer à cinquante mètres en éclaireurs...
Vos Anges Gardiens, vos Anges Noirs de la Meute... Palpables ceux-là, Petit Rat....
Krell Yari qui encourage Tozhug et les autres p'tits gars... Je suis un Gobelin né des profondeurs caverneuses qui est terrifié de naissance, de cœur par l'Astre Tyran. Et pourtant, malgré que je marche sous Son Éclat Cruel... J'aime ma vie. Je sais où se situe ma place : ici, maintenant, sous Lui, et je ne voudrais la changer pour rien au monde...
Ta présence à nos côtés, voile d'ombre bienveillant, m'est aussi d'un grand soutien pour tenir le choc et me montrer digne de la confiance de nos Chefs, An-Amie. Me montrer digne du Borgne... Digne de Skulaï...
On marche. Pas cadencé. Madhar soupèse le fouet, mal à l'aise.
– Shräk, les mecs ! J'vais jamais pouvoir m'en servir de ce truc...
– Donne-le moi au pire, Mange-Warg, moi j'peux m'en charger, suggère vilement Ludra. Ça suscite un rire dans le Peloton.
– Tu peux le faire, mon pote, l'encourage Volg.
– Tu fouettes juste dans l'vent, comme t'as dit le boss, je lui dis...
Mettant une semi-conviction, il s'efforce de faire claquer l'objet de soumission contre les rochers de l'environnement, qui bordent le flanc du sentier...
– Eh voilà ! Bravo Mange-Warg, lui dit la Meute.
– T'es un vrai Maître de Discipline maintenant, je rajoute. Tu nous as fouettés. T'as gagné l'droit d'nous entendre nous plaindre à longueur de journées maint'nant !
La réflexion fait rire toute la Section, y compris Nenag et Togreh de Sa Meute Noire... Celle de mon Capitaine, le Grand "Crocs-Blancs" Skulaï... Une pincée de fierté d'avoir réussi à faire rire Ses Maîtres de Discipline, sans doute en toucheront-ils mot de moi à mon Capitaine... N'es-tu pas fière pour moi, mon An-Amie de l'Ombre ?
« Eh ! Lustig, c'est ça ton nom ? Il pivote vers moi, surpris derrière son tarin en pointe. Toujours sous le traque d'avoir eu l'attention personnelle du Grand Général pointée droit sur lui, le vil petit Gobelin...
Ce sont ses ragots de tranchées qui nous ont mené à cette mission spéciale. Un simple "Bizarre que mes cousins des cols ne soient toujours pas arrivés".
Si ça, c'est pas la preuve qu'il se soucie de nous autres ses subordonnés, notre Général Borgne...
J'ai sociabilisé auprès du jeune "Woggha" de mon âge, dans cette courte fenêtre que l'on avait avec la préparation et l'inspection mutuelle de l'équipement, avant de lancer la marche.
Toujours avoir tout plein de copains pour jouer, (mais surtout, An-Amie, pour se protéger mutuellement quand viendra le moment... Le monde dit le monde Orque individualiste et égoïste, mais nous dans la Légion de Karkaras Crocs-de-Couteaux, on croit que soit tu as une Meute et des amis avec qui tu te couvres mutuellement du bouclier, soit tu trépasses). Le peau-verte tourne son long nez crochu vers moi, opinant.
– Rat Blanc, mais tu peux m'appeler Snardat. Et tes pieds, mon... Mon Pote, j'suis en ad-mi-ra-tion ! On t'a déjà dit qu't'as des sacrés pieds, Lustig ?
Rougit de gêne et de fierté, le Lustig, dansant sur les puissantes serres de ses fameux pieds...
– C'est vrai oui, on m'le dit souvent, hihi... T'es pas mal loti aussi, cela dit, apprécie-t-il. On s'flatte en exposant nos pieds respectifs, fiers de la protection des esprits de nos ancêtres qui ont repoussé le Saccage du Créateur sur nos corps, nous permettant de naître avec de bons atouts physiologiques :
– Ah ça oui, c'est vrai mon pote, et je les aime mes pattes de fauve... Mais toi, c'est pas des pieds qu'tu as, c'est de véritables Pattes de Dragon ! Ça devrait être ton nom d'Guerrier ça : "Pattes-de-Dragon" !
Il se tasse de fierté, appréciant vraiment le compliment...
– Ça m'plaît bien, dit-il en essayant de reprendre contenance et fierté.
– Va pour Pattes-de-Dragon alors, et "Pattes" pour abréger !
Ghik, Yari et Ludra se pointent autour de lui, rajoutant leur grain de sel :
– Il a de belles oreilles aussi ! Admire Ludra en les flattant de sa main gauche, sincère. (l'autre main droite tient la hampe de sa lance, déjà fin prête au combat la Ludra)
– Et tes épaules ! Flatte Ghik en se permettant de venir les masser... C'est du muscle d'Uruk ça ! T'as vu ça un peu Yari ? C'est quoi ton secret mon gars ?
– Guh, rit-il de timidité... J'les travaille pas mal, les épaules, merci... Et puis dans l'clan Woggha, vous savez, on a quelques métisses Uruk – Gobelins, Orques – Hommes, comme pour votre Capitaine...
– C'est une bête notre Capitaine, ça c'est clair ! Grogne Yari.
– Tout est draconique sur toi, l'Ami Woggha ! Lui dit Ludra, tu vas devenir un mâle bien fort, comme on les aime... Et d'ailleurs, sous ton pagne, t'es aussi bien bâti ? J'peux tâter ? »
Et aller ! Le roc du Trébuchet est envoyé, et il pulvérise la tour. On hoquette tous, les mâles autour d'elle ; on l'avait vu venir mais trop tard...
***
On marche. Pas cadencé. Intimidés, craintifs de Son éclat depuis l'abri de leurs renfoncements caverneux, des Orques tribaux, des Gollums nous observent. Une curiosité mêlée d'une peur déférente et primale pour nous, les représentants de Son Armée... En temps qu'ancien rat errant, je sais qu'il y a beaucoup de prédateurs au Mordor dont il faut apprendre à craindre la voracité. Et je sais que le plus redoutable des prédateurs du Mordor, c'est Nous. Les Sections de Ses Légion qui vont en patrouille.
« Eh les gars ! Lance le Mangeur d'Epées en ôtant son heaume, défiant du Soleil, après une brève concertation avec Madhar : Gorgoroth nous regarde et nous écoute, nous dit-il, faisant allusion aux Gollums et tribaux abrités dans les ténèbres des cailloux et terriers : Alors si on chantait pour Gorgoroth ?
– Ça c'est pas con, dit Volg de derrière son casque. On chante quoi ?
– Elle propose de partir sur quoi, la bidasse ? Demande le Mangeur d'Epées.
Je prends les devant, entamant avec toute ma vile assurance :
– Quand y a un fouet !
– Ah non les gars ! Non ! Bondit Madhar en se retournant vers la troupe, yeux écarquillés d'indignation et tout crispé de gêne. Vous avez pas l'droit, à celle là...
Vieux Yetch, les vétérans et les Bras D s'esclaffent pendant qu'on fait du forcing dans la Meute :
– Trop tard Chef ! Siffle la Meute, hilare. Tu nous as fouetté, t'y couperas pas maintenant !
– Stop !
– Quand y a un fouet, j'entame (– Pas ça les gars, s'il vous plaît...) y a un Chemin !
– Quand y a un fouet, reprend Ludra, Y a du Coeur !* (– arrêtez les gars, vraiment... Supplie Madhar en claquant du fouet, suivant son comparse plus ferme...)
– Quand y a un fouet... reprennent Jarrax, Volg, Lizhu (– Attendez, même mes propres frères Uruk-Haï vont m'lâcher sur c'coup là ?!)
– On n'veut pas aller à la guerre aujourd'hui,
Mais le Seigneur du fouet (-Madhar-) a dit : « Nay Nay Nay ! »
On va marcher toute la journéeee
Toute la journéeeee
Quand y a un fouet y a un Chemin !
GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE !
Le "Bras Disciplinaire" de nos aînés continue de s'esclaffer tandis qu'la jeune Section hurle à plein poumon, empourprant de gêne les deux Chefs de Peloton désignés...
– Quel chant de feignasses et de râleurs ! Se morfond Madhar... Elle a bon dos, l'Armée de Sauron ! Sérieusement les gars, c'est le premier chant militaire que ces cols vont nous entendre chanter hors de notre servilités envers la Caste ! Faut envoyer du lourd, là ! Un truc qui a d'la gueule !
Alors ça cogite dans la Meute. Très vite, c'est Itrat, un frère dont je n't'ai pas encore parlé An-Amie, un peau-brune taciturne svelte aux yeux jaunes de félin, une courte crête brune, Orque combattant du cercle de Lizhu, qui trouve l'inspiration véritable. Réservé d'ordinaire, il ouvre ici sa bouche aux crocs proéminents des gencives, et entame le vil ricanement d'introduction :
– Gniiihihihihiii !
– Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù... Reprend-on. Tirstig qui entame le rythme sur son battement de tambours...
– Ah, oui, j'aime mieux ça, se satisfait Madhar...
– *Gniiihihihihiii ! Entame la Meute
– Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù... suivie de toute la Section, copains snagas et claniques compris...
Durant tout le chant qui suit, la Meute grogne et couine à l'attention des abris, invitant du bras et du chant les congénères à venir se rallier à nous... Danse au rythme et chante avec nous, An-Amie :
Vermines et Rage dans nos Veines !
Armée de Dents, Nuées de la Haine !
Venez les Orques, Venez mes Frères !
Semons la Terreur sur leurs Terres !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Vermines et Rage ! On vous Pendra !
Vermines et Rage ! On vous Rongera !
Tremble pour Toi car Vermines, et Rage !
Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
Rats Affamés, Loups Enragés,
Rien ne pourra nous Arrêter !
Nuée de Mort et de Dents Acérées,
Nous ferons Choir la Grosse Botte de l'Homme !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !
Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Grand Karkaras, Crocs-de-Couteaux,
Guide nos Pattes dans ce Chaos !
A la gloire des Ténèbres ! A la gloire de la Peste !
Nous ferons de leur monde, un Sombre Festin !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Vermines et Rage ! Pendez les Rois !
Vermines et Rage ! Dévorez leurs Esclaves !
*Vermines et Rage ! Saccagez ! Rongez !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Tends donc l'oreille misérable opprimé !
Vermines & Rage ne vient pas te sauver !
Aucune excuse pour c'qui va t'arriver !
Nous on est honnêtes on vient juste te manger !
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
Vermines & Rage, c'est Notre Chant !
Dans les Ruines de leur Monde, nous Danserons !
Ruines et Peste, leur Destinée !
Des Royaumes des faibles nous allons Festoyer !
Qu'un sale enchaînement de crachats de déserteurs et de pleutre, qui se présente face à moi. Et le repas qu'ils m'ont offert, déjà révulsant de viande, inhale une odeur qui n'évoquera plus que la traîtrise jusqu'à mon dernier souffle...
Au fait, qu'est-ce que je fais là, An-Amie ?
« Arrêtez avec vos babillages, vous m’ennuyez, grogne le Nain... Nous avons besoin d’objectivité pour savoir quoi faire. Ce ne sont pas vos discours "empreints de confiance" qui me rassurent. Golgoth… Simo m’a parlé de vous, il m’a dit que vous étiez un marginal, un ermite au sein de cette fourmilière puante qu’est le Mordor. Que savez-vous vraiment de ces choses ? Quant à vous autres, vous n’êtes que des vermines sans courage, attendant de savoir de quel côté la guerre va basculer. Vous ne vivez même pas dans les casernes, que pourriez-vous connaître de cette guerre et de son issue ?
– Golgoth a embarqué cette p'tite vermine, grogne ce congénère qui se répandait en propos de déserteur à l'instant. Congénère peau-verte à la chevelure noire tressée en une natte guerrière, et à la main mutilée, où ne subsistent que trois doigts. Parlant de moi, il se permet de venir me flanquer un coup de botte hargneux, dominateur dans le flanc.
« C'est un snaga servile d'une des Légions d'Udûn, qu'il dit, Golgoth. Lui il doit savoir des trucs.
– A la bonne heure ! Ironise le Nain. Approche donc, ver de terre ! Approche, misérable. Viens au coin du feu que tout le monde puisse voir ta tête horrible et s’en réjouir.
Quelle voix au stupide accent roulant, je me dis, tandis que Golgoth ne me laisse pas vraiment le choix. Me voilà poussé au-devant, contraint de prendre part à ce que je comprends être une de ces cliques de crapules sans foi ni loi, juste des opportunistes et des brigands qui attendent d'évaluer la direction où va souffler le vent pour choisir leur camp...
Un ramassis d'Orques déserteurs en herbes et de races-intrus... Ma moue ne cache pas mon écœurement... Peur, sans aucun doute. Une peur sourde pour ma peau. Mais une peur teintée de cette envie de les couvrir de chaînes et de les envoyer au plus profond des mines de plombs... Devant moi se tient le chef de cette association sans avenir. Un "Barbu". Khuzdun... Un Nain... Un visage de pierre, d'une absence totale de pitié :
– Par Aülé, que tu es laid ! S'esclaffe-t-il de son stupide accent...
Et après on dit que la race maléfique, c'est Nous, les Orques, An-Amie...
– Laid comme un ver, mais... Trois-Doigts, ce congénère issu des tribus nomades, s'étrangle carrément d'effroi : Mais c'est... »
Je sais quelle prise de conscience il a dans la tête, là maintenant, et j'ai beau avoir peur, je m'agrippe farouchement à cette trouille pour reprendre du poil de la bête. Lui adressant un rictus de défi en guise de salutations, m'efforçant de refouler la peur dans ma voix :
« Eh-Eh oui, mon gars ! T'as... T'as bien compris ! Je hoquette, crachant avec peine le moindre mot, suffoquant de trouille : là, vous... Vous êtes dans la shräk jusqu'au cou !
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts ! Les militaires vont nous tomber dessus ! »
[Ce RP est ma reprise du RP d'un autre forum : https://jeuderoles.forumactif.com/t6672p25-entre-les-lignes#84932 .]
Je suis Rat Blanc, de la Légion de Ruayyh le Borgne. La Légion du Grand Karkaras Crocs-de-Couteaux.
Et je suis Karkaras Crocs-de-Couteaux. L'Ange Noir de cette Légion. Le Démon de Ses Ennemis...
Ton Karess, ma louve aux cheveux d'Azur. Ensemble, nous allons veiller sur le Petit Rat...
Et je marche dans ma Section qui a reçu une mission spéciale, An-Amie, confiée par Ruayyh le Borgne en personne : partir inspecter les cols où rôderaient des intrus. On rapporte que des copains des tribus disparaissent dans ces cols, et que des Gollums (c'est le terme dans le jargon des militaires du Mordor pour parler des vagabonds, des errants, des Orques et autres créatures qui rôdent en sauvage, souvent dans les cavernes) ont été retrouvés morts dans les cols. Fléchés avec une grande précision. Des flèches d'Orques, mais la précision des tirs est hautement suspecte.
Sans parler d'autres cadavres trouvés, tués par de terrifiants impacts d'une hache qui semble faite de l'ardent métal, le maothran comme on l'appelle nous autres...
Ma Section est chargée d'enquêter et patrouiller les cols. Et pour commencer, on doit rallier la tour des Woggha, une tribu de copains, de frères d'armes qui ont coutume de combattre sous le commandement de la Légion.
Plusieurs de leurs guerriers, établis à la tour, manquent à l'appel. Une querelle gronde au Mordor ces jours-ci entre Uruk-Haï des Légions et Hommes de la Caste Numénoréenne Noire. Une querelle qui vient de basculer en conflit armé et mortel. On sait qu'un contingent d'Hommes était basé dans la région, dans le col de Cirith Ungol. Ils sont censés être d'ores et déjà cantonnés par l'une des Compagnies d'Orques qui les gardent en douceur, mais pour ne prendre aucun risque, le Général y envoie le gros de notre Bataillon, par un autre sentier en contrebas de notre itinéraire de Section, afin de s'assurer qu'tout est sous contrôle.
En cas d'imprévus de notre côté, de problèmes, on sonne du cor et tout le Bataillon rapplique à notre rescousse.
Qu'est-ce qui pourrait mal se passer, An-Amie ?
PROLOGUE : Mission Spéciale
Gauche, droite, gauche, droite. Casquée et en armes, la Section s'engage dans les corniches qui montent vers les cols. Mission diplomatique, la consigne est aussi concise qu'elle est limpide : on est l'armée, on ne se cache pas, marchant en cadence sur le sentier de la corniche :
« Gauche, droite ! Gauche, droite ! » Je ricane dans mon casque.
– On marche au pas les gars ! Confirme Madhar en beuglant sec au-travers de son casque : on accélère le mouvement !
Marcher au pas sous l'éclat terrible de l'Astre Tyran. C'est une tourmente. Mais nous sommes les Orques assermentés de l'Oeil Rouge et on nous a préparés toute notre enfance à défier son éblouissement. On l'a déjà battu dans le Marais, lui avons pris nos protégés qui endurent maintenant, marchent parmi nous. On va encore te battre, Soleil...
– Allez, haut les cœurs, haut les fronts les gars ! Encourage joyeusement Rapace-de-fer, le casque de Ludra...
On progresse sur la corniche qui part vers les cols noirs, aussi droit et disciplinés qu'on nous en a fait notre seconde nature, mais ce que j'aime, ce qui fait que je sens que derrière nos enfantillages et disputes nous sommes une Meute, Ma famille, ce sont toutes ces petites indisciplines solidaires. Ces mains des protecteurs qui tapotent sur l'épaule du compagnon de devant pour l'encourager à endurer, Erkû et Muzgaach, craintifs, qui viennent mettre une leurs mains sur mes épaules pour garder courage (elle y est la bienvenue). Ghik qui prend soin de de Chizho, notre avorton, que lui a confié Troork, désigné avec Metag, Urktul et le pisteur "Woggha" Lustig pour guider, avancer à cinquante mètres en éclaireurs...
Vos Anges Gardiens, vos Anges Noirs de la Meute... Palpables ceux-là, Petit Rat....
Krell Yari qui encourage Tozhug et les autres p'tits gars... Je suis un Gobelin né des profondeurs caverneuses qui est terrifié de naissance, de cœur par l'Astre Tyran. Et pourtant, malgré que je marche sous Son Éclat Cruel... J'aime ma vie. Je sais où se situe ma place : ici, maintenant, sous Lui, et je ne voudrais la changer pour rien au monde...
Ta présence à nos côtés, voile d'ombre bienveillant, m'est aussi d'un grand soutien pour tenir le choc et me montrer digne de la confiance de nos Chefs, An-Amie. Me montrer digne du Borgne... Digne de Skulaï...
On marche. Pas cadencé. Madhar soupèse le fouet, mal à l'aise.
– Shräk, les mecs ! J'vais jamais pouvoir m'en servir de ce truc...
– Donne-le moi au pire, Mange-Warg, moi j'peux m'en charger, suggère vilement Ludra. Ça suscite un rire dans le Peloton.
– Tu peux le faire, mon pote, l'encourage Volg.
– Tu fouettes juste dans l'vent, comme t'as dit le boss, je lui dis...
Mettant une semi-conviction, il s'efforce de faire claquer l'objet de soumission contre les rochers de l'environnement, qui bordent le flanc du sentier...
– Eh voilà ! Bravo Mange-Warg, lui dit la Meute.
– T'es un vrai Maître de Discipline maintenant, je rajoute. Tu nous as fouettés. T'as gagné l'droit d'nous entendre nous plaindre à longueur de journées maint'nant !
La réflexion fait rire toute la Section, y compris Nenag et Togreh de Sa Meute Noire... Celle de mon Capitaine, le Grand "Crocs-Blancs" Skulaï... Une pincée de fierté d'avoir réussi à faire rire Ses Maîtres de Discipline, sans doute en toucheront-ils mot de moi à mon Capitaine... N'es-tu pas fière pour moi, mon An-Amie de l'Ombre ?
« Eh ! Lustig, c'est ça ton nom ? Il pivote vers moi, surpris derrière son tarin en pointe. Toujours sous le traque d'avoir eu l'attention personnelle du Grand Général pointée droit sur lui, le vil petit Gobelin...
Ce sont ses ragots de tranchées qui nous ont mené à cette mission spéciale. Un simple "Bizarre que mes cousins des cols ne soient toujours pas arrivés".
Si ça, c'est pas la preuve qu'il se soucie de nous autres ses subordonnés, notre Général Borgne...
J'ai sociabilisé auprès du jeune "Woggha" de mon âge, dans cette courte fenêtre que l'on avait avec la préparation et l'inspection mutuelle de l'équipement, avant de lancer la marche.
Toujours avoir tout plein de copains pour jouer, (mais surtout, An-Amie, pour se protéger mutuellement quand viendra le moment... Le monde dit le monde Orque individualiste et égoïste, mais nous dans la Légion de Karkaras Crocs-de-Couteaux, on croit que soit tu as une Meute et des amis avec qui tu te couvres mutuellement du bouclier, soit tu trépasses). Le peau-verte tourne son long nez crochu vers moi, opinant.
– Rat Blanc, mais tu peux m'appeler Snardat. Et tes pieds, mon... Mon Pote, j'suis en ad-mi-ra-tion ! On t'a déjà dit qu't'as des sacrés pieds, Lustig ?
Rougit de gêne et de fierté, le Lustig, dansant sur les puissantes serres de ses fameux pieds...
– C'est vrai oui, on m'le dit souvent, hihi... T'es pas mal loti aussi, cela dit, apprécie-t-il. On s'flatte en exposant nos pieds respectifs, fiers de la protection des esprits de nos ancêtres qui ont repoussé le Saccage du Créateur sur nos corps, nous permettant de naître avec de bons atouts physiologiques :
– Ah ça oui, c'est vrai mon pote, et je les aime mes pattes de fauve... Mais toi, c'est pas des pieds qu'tu as, c'est de véritables Pattes de Dragon ! Ça devrait être ton nom d'Guerrier ça : "Pattes-de-Dragon" !
Il se tasse de fierté, appréciant vraiment le compliment...
– Ça m'plaît bien, dit-il en essayant de reprendre contenance et fierté.
– Va pour Pattes-de-Dragon alors, et "Pattes" pour abréger !
Ghik, Yari et Ludra se pointent autour de lui, rajoutant leur grain de sel :
– Il a de belles oreilles aussi ! Admire Ludra en les flattant de sa main gauche, sincère. (l'autre main droite tient la hampe de sa lance, déjà fin prête au combat la Ludra)
– Et tes épaules ! Flatte Ghik en se permettant de venir les masser... C'est du muscle d'Uruk ça ! T'as vu ça un peu Yari ? C'est quoi ton secret mon gars ?
– Guh, rit-il de timidité... J'les travaille pas mal, les épaules, merci... Et puis dans l'clan Woggha, vous savez, on a quelques métisses Uruk – Gobelins, Orques – Hommes, comme pour votre Capitaine...
– C'est une bête notre Capitaine, ça c'est clair ! Grogne Yari.
– Tout est draconique sur toi, l'Ami Woggha ! Lui dit Ludra, tu vas devenir un mâle bien fort, comme on les aime... Et d'ailleurs, sous ton pagne, t'es aussi bien bâti ? J'peux tâter ? »
Et aller ! Le roc du Trébuchet est envoyé, et il pulvérise la tour. On hoquette tous, les mâles autour d'elle ; on l'avait vu venir mais trop tard...
***
On marche. Pas cadencé. Intimidés, craintifs de Son éclat depuis l'abri de leurs renfoncements caverneux, des Orques tribaux, des Gollums nous observent. Une curiosité mêlée d'une peur déférente et primale pour nous, les représentants de Son Armée... En temps qu'ancien rat errant, je sais qu'il y a beaucoup de prédateurs au Mordor dont il faut apprendre à craindre la voracité. Et je sais que le plus redoutable des prédateurs du Mordor, c'est Nous. Les Sections de Ses Légion qui vont en patrouille.
« Eh les gars ! Lance le Mangeur d'Epées en ôtant son heaume, défiant du Soleil, après une brève concertation avec Madhar : Gorgoroth nous regarde et nous écoute, nous dit-il, faisant allusion aux Gollums et tribaux abrités dans les ténèbres des cailloux et terriers : Alors si on chantait pour Gorgoroth ?
– Ça c'est pas con, dit Volg de derrière son casque. On chante quoi ?
– Elle propose de partir sur quoi, la bidasse ? Demande le Mangeur d'Epées.
Je prends les devant, entamant avec toute ma vile assurance :
– Quand y a un fouet !
– Ah non les gars ! Non ! Bondit Madhar en se retournant vers la troupe, yeux écarquillés d'indignation et tout crispé de gêne. Vous avez pas l'droit, à celle là...
Vieux Yetch, les vétérans et les Bras D s'esclaffent pendant qu'on fait du forcing dans la Meute :
– Trop tard Chef ! Siffle la Meute, hilare. Tu nous as fouetté, t'y couperas pas maintenant !
– Stop !
– Quand y a un fouet, j'entame (– Pas ça les gars, s'il vous plaît...) y a un Chemin !
– Quand y a un fouet, reprend Ludra, Y a du Coeur !* (– arrêtez les gars, vraiment... Supplie Madhar en claquant du fouet, suivant son comparse plus ferme...)
– Quand y a un fouet... reprennent Jarrax, Volg, Lizhu (– Attendez, même mes propres frères Uruk-Haï vont m'lâcher sur c'coup là ?!)
– On n'veut pas aller à la guerre aujourd'hui,
Mais le Seigneur du fouet (-Madhar-) a dit : « Nay Nay Nay ! »
On va marcher toute la journéeee
Toute la journéeeee
Quand y a un fouet y a un Chemin !
GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE ! GAUCHE ! DROITE !
* a écrit:(*légère déformation de la strophes, qui colle à la réplique du maître fouettard dans la scène de l'oeuvre originale)
Le "Bras Disciplinaire" de nos aînés continue de s'esclaffer tandis qu'la jeune Section hurle à plein poumon, empourprant de gêne les deux Chefs de Peloton désignés...
– Quel chant de feignasses et de râleurs ! Se morfond Madhar... Elle a bon dos, l'Armée de Sauron ! Sérieusement les gars, c'est le premier chant militaire que ces cols vont nous entendre chanter hors de notre servilités envers la Caste ! Faut envoyer du lourd, là ! Un truc qui a d'la gueule !
Alors ça cogite dans la Meute. Très vite, c'est Itrat, un frère dont je n't'ai pas encore parlé An-Amie, un peau-brune taciturne svelte aux yeux jaunes de félin, une courte crête brune, Orque combattant du cercle de Lizhu, qui trouve l'inspiration véritable. Réservé d'ordinaire, il ouvre ici sa bouche aux crocs proéminents des gencives, et entame le vil ricanement d'introduction :
– Gniiihihihihiii !
– Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù... Reprend-on. Tirstig qui entame le rythme sur son battement de tambours...
– Ah, oui, j'aime mieux ça, se satisfait Madhar...
– *Gniiihihihihiii ! Entame la Meute
– Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù... suivie de toute la Section, copains snagas et claniques compris...
Durant tout le chant qui suit, la Meute grogne et couine à l'attention des abris, invitant du bras et du chant les congénères à venir se rallier à nous... Danse au rythme et chante avec nous, An-Amie :
Vermines et Rage dans nos Veines !
Armée de Dents, Nuées de la Haine !
Venez les Orques, Venez mes Frères !
Semons la Terreur sur leurs Terres !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Vermines et Rage ! On vous Pendra !
Vermines et Rage ! On vous Rongera !
Tremble pour Toi car Vermines, et Rage !
Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
Rats Affamés, Loups Enragés,
Rien ne pourra nous Arrêter !
Nuée de Mort et de Dents Acérées,
Nous ferons Choir la Grosse Botte de l'Homme !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !
Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Grand Karkaras, Crocs-de-Couteaux,
Guide nos Pattes dans ce Chaos !
A la gloire des Ténèbres ! A la gloire de la Peste !
Nous ferons de leur monde, un Sombre Festin !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Vermines et Rage ! Pendez les Rois !
Vermines et Rage ! Dévorez leurs Esclaves !
*Vermines et Rage ! Saccagez ! Rongez !
*Vermines & Rage ! Vermines & Rage !*
Tends donc l'oreille misérable opprimé !
Vermines & Rage ne vient pas te sauver !
Aucune excuse pour c'qui va t'arriver !
Nous on est honnêtes on vient juste te manger !
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
*Gniiihihihihiii !
Nyaaarrrahraarharaarhkhùùù...*
Vermines & Rage, c'est Notre Chant !
Dans les Ruines de leur Monde, nous Danserons !
Ruines et Peste, leur Destinée !
Des Royaumes des faibles nous allons Festoyer !
Dernière édition par Karess le Ven 19 Avr - 10:18, édité 9 fois
Karess- Messages : 194
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Eh... Eh oui, mon gars ! T'as, t'as bien compris ! Je hoquette, crachant avec peine le moindre mot, suffoquant de trouille : là, vous... Vous êtes dans la shräk jusqu'au cou !
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts, les militaires vont nous tomber dessus !
– Pour un avorton-snaga merdique ? Ricane le Nain plein de mépris. Même nous, on n'prendrait pas le branle-bas de combat si une bleusaille de troufion minable était portée disparu. On sera parti depuis des heures quand ils commenceront à s'en inquiéter, reprends-toi veux-tu... Et toi... Il tourne sa grosse trogne pâle et barbue vers moi :
« Tu as envie de mourir, petite vermine ?
Silence... Les yeux dans les yeux...
« Réponds ! Tu as envie de mourir ? Regarde le fer de cette hache. Tu as envie qu'elle te rompt le cou ?
Je ne dirai rien...
« Dis-moi tout ce que tu as vu des hordes d'Udûn. Qu'est-ce que le monde des Orques réserve au monde, quelles armées ? Quels chefs ? Quelles monstruosités ? Combien de mâchoires de Wargs prêtes à mordre pour votre compte, vermines ? Parle, avorton ! Si tu veux garder ta tête sur tes épaules !
Je ne veux pas mourir, An-Amie... Je ne veux pas mourir, mais je suis un Orque de l'Oeil Rouge. Une Vermine Enragée de la Légion de Karess... Je mourrai en soldat.
Prise d'une grande inspiration. Je crache une glaire de haine bien répugnante comme il faut, qui tombe à mi-distance du Nain. Qu'il vienne me décapiter, qu'au moins je lui dégueulasse une botte avant de mourir :
« T'auras qu'mon nom et mon matricule ! »
Retour à nos affaires, à mon récit de notre mission spéciale, An-Amie.
La première anicroche survient quand on gagne les abords de la tour. En haut de la corniche qui s'est muée en pente raide qu'on gravit en s'épaulant et s'aidant les uns les autres, comme à l'entraînement mais en bien plus propre pour notre cohésion d'unité, on entend soudain Troork, Urktul et Metag s'affoler, appeler Lustig. Puis tirer les armes et se retourner pour nous appeler dans la pente :
« Oh ! Magnez-vous les gars !Y a des intrus dans l'camp ! Le camp des Woggha est attaqué !
Cœur qui cogne. On s'empresse à monter vite, nuisant à notre cohésion alors qu'on passe juste en course :
– Doucement, on accélère mais on n'panique pas Section ! Nous reprend Jarrax pour son Jumeau.
– Donne-nous des infos précises, Troork, dis-nous c'que vous voyez précisément, ordonne Mange-Warg pendant qu'il grimpe d'une agilité féline :
– Environ deux dizaines d'Hommes de la Caste avec des épées, dit Troork. Ils ont sorti et aligné les six adultes Woggha, qu'ils mettent à genoux. »
La Section s'empresse de monter, en pleine montée d'adrénaline. Mon nouveau copain Lustig s'est déjà précipité au secours des siens, partant se battre en solo, une bête féroce se jetant sur le premier Homme d'armes qui se tient devant lui, le prenant à parti. Les quelques autres Woggha présents avec nous ne nous attendent pas pour foncer. Quelques zélés indisciplinés de la Meute comme Ludra ou moi, leur emboîtons immédiatement le pas en tirant les armes, mais la Section, elle, groupe les copains qui suivent par cinq à dix, avant de les envoyer à notre suite.
Là bas, le copain "Pattes-de-Dragon" est maintenant en prise à partie avec trois Hommes en cuirasses noires, qui le repoussent comme une vermine et pointent leurs épées sur lui, s'apprêtant à le tuer. D'autres Hommes de ce peloton de peaux-tendres sont en train de venir les renforcer. Avec Ludra, on se précipite au sauvetage de Pattes en projetant en bonds nos pieds joints et nos coups dans leurs torses cuirassés.
Ghik nous rejoint et repousse toute velléité de contre-attaque en grognant. J'me relève en soutenant l'copain Pattes. On est là, nez à nez avec eux. Rage et Haine. On grogne, ils grincent des dents. Les épées se tiennent mutuellement au respect, menaçantes...
« Allez venez bande de sales Traîtres ! » Grogne Ghik à mes côtés. En un battement de cœurs, une véritable scène d'anarchie, d'émeute : notre Meute de jeunes au contact, grognant de défiance face à cette bande de gendarmes. Le jeune Warg qui les intimide de ses aboiements, furibond.
Dans un vrai combat entre deux groupes, on ne se fonce pas dessus bêtement comme ça, An-Amie. Car même si on le grogne et qu'on l'appelle en défi, personne ne veut mourir, tout le monde a peur. Même nous, même eux. Est-ce une hésitation plus profonde que tu perçois dans leurs yeux, An-Amie ? Leurs épées, plus hésitantes que les nôtres. Les yeux du chef humain qui prend conscience que cette Meute qui met au défi ses gendarmes, son expression d'effroi, tandis qu'il réalise qu'il est face à des enfants ?
« On se calme Section ! Tout le monde se contrôle et écoute ! Grognent les Chefs venant se frayer un chemin dans l'émeute, y compris le Vieux Yetch et les Bras D qui sentent que la situation a tout pour échapper à un Chef de Peloton inexpérimenté.
– Et vous si vous n'voulez pas brûler, vous dégagez ! Je grogne aux Hommes, attrapant le Warg en laisse. Pour le tirer, et pour le chauffer à blanc. Ça produit un mouvement de recul sur le salopard d'en face.
Le meneur adverse a l'air presque soulagé de voir apparaître le Vieux Yetch...
– Lieutenant, c'est vous qui dirigez cette horde ? Dit-il. C'est une intervention officielle et actée à laquelle vous vous opposez, sachez-le ! Vos congénères là, (il se recule pour montrer du doigt les prisonniers sous bonne garde, des épées sur les gorges... « Retirez vos putains d'épées... Grince « Pattes » Lustig, fou de rage et de crainte que ça tranche...) ils font partie du Clan Woggha, complice de Ruayyh le Borgne, un de vos chefs Uruk qui sème l'anarchie, et qu'il nous faut arrêter avant qu'il ne mette le pays à feu et à sang. Mon peloton a simplement l'ordre d'arrêter et de mettre sous bonne garde les suiveurs potentiels de cet Uruk dans sa mutinerie.
Le résultat est évident, An-Amie : Une poussée plus vociférante encore de la grogne : Des jets de caillasses sur l'officier Homme et ses sbires, qui se couvrent les visages de leurs quelques boucliers et brassards... Même les vétérans de Yetch sont surexcités et prêts à en découdre à présent, profondément offensés.
– Libérez mes potes et dégagez, bande de sales larves ! Grogne Pattes, exigence que l'on reprend dans la Section, le prix s'ils veulent repartir vivants sur leurs deux jambes plus ou moins intègres, et ne pas finir écorchés puis brûlés vifs à la broche...
– CALME LES GARS ! CALME ! Exigent les Bras D, Madhar et l'Mangeur d'Epées.
Le fouet de Madhar claque. Son stimuli dans nos reptiliens rappelle immédiatement la Discipline, et la Meute et ses enrôlés se ressaisissent. La Meute, c'est Moi, et je reforme ma cohésion de groupe. Le Vieux Yetch lui-même fulmine, mais c'est un vieux Lieutenant. Il sait prendre sur lui :
– Mon gars, sache que tu vas rentrer bredouille dans ce cas. Car Nous Sommes ! La Légion de Ruayyh le Borgne !
Là alors que l'officier adverse peste, on sent la peur et l'incertitude qui l'enserrent, il ne sait absolument plus ce qu'il doit faire, donner l'ordre d'attaquer à ses gars ? Ce serait une pure boucherie. A double-sens, mais surtout pour lui... Pendant cet intervalles, au cœur de cette Section de jeunes vermines, notre Meute reprend contenance des soldats professionnels qu'elle est censées être :
– Cuir uni de boucliers, piques alignées, les mains sur l'épaule du soldat de devant, prêts à prendre le relais, récite rituellement le copain Uruk Lizhu, à notre attention mais aussi à lui-même...
« Et sache, reprend Yetch à l'attention de son interlocuteur, que dans tout Gorgoroth Ouest, pendant qu'vous étiez occupés ici avec nos fidèles frères du Clan Woggha, Nous, Légion de Ruayyh mais aussi Huit autres d'entre elles, on a pris le contrôle du plateau. Y a trente-mille Orques entre ton contingent et tes maîtres de la Caste, mon gars ; vous êtes complètement encerclés ! Quelle tribu, Quel Gollum va te venir à la rescousse si ça part en castagne ? Tu saisis ? Mh ? Quel Orque sauvage du coin va se rallier à ta bannière, si tu leur dis qu'ils doivent combattre des Orques des Légions qu'ils savent en campagne militaire dans toute leur puissance ?
Le chef des Hommes hésite, bafouille. Puis il se reprend :
– Lâchez les prisonniers les gars, lâchez-les ! On recule et on lâche l'affaire ! Ordonne-t-il aux siens, amorçant le recul coopératif de sa ligne de combattants.
Yetch lui laisse diplomatiquement quelques pas en nous barrant l'avancée, avant de nous laisser faire. Pas pour pas, on suit les gendarmes, hargneux, n'attendant qu'un vent qui tournerait dans la tête du Vieux Yetch pour leur foncer dessus et en faire du hachis :
– C'est ça, c'est bien mon gars, approuve le Vieux Yetch, protégé farouchement du moindre coup fourré par la corpulence en armes du Sergent Raqsh, sa compagne protectrice : Retournez à votre cantonnement et restez-y quelques jours sans broncher, le temps qu'ça se tasse. Vous l'trouverez même probablement déjà sous bonne garde d'autres gars du Bras Disciplinaire. Auquel cas, vous n'faites pas de vagues, vous vous livrez à la garde. Et j'vous garantis qu'il ne vous arrivera rien, à vous ni à vos hommes...
– Ça va les p'tits gars, personne ne tape ! Temporise Nenag en venant retenir un des Orques prisonniers à la gueule en sang, qui sitôt relâché est venu flanquer des coups de pied dans les genoux du gendarme sur le flanc, entraînant une riposte plus que mollassonne de la part des Hommes. Ils ne sont pas si stupides. Ils savent que si ils frappent pour tuer, ils crèvent. On les raccompagne en horde hargneuse, en Section professionnelle, sur près de cent mètres dans la direction de leur cantonnement. Avant de tourner les talons et de revenir au camp.
L'affaire on la pensait réglée.
Tu parles.
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts, les militaires vont nous tomber dessus !
– Pour un avorton-snaga merdique ? Ricane le Nain plein de mépris. Même nous, on n'prendrait pas le branle-bas de combat si une bleusaille de troufion minable était portée disparu. On sera parti depuis des heures quand ils commenceront à s'en inquiéter, reprends-toi veux-tu... Et toi... Il tourne sa grosse trogne pâle et barbue vers moi :
« Tu as envie de mourir, petite vermine ?
Silence... Les yeux dans les yeux...
« Réponds ! Tu as envie de mourir ? Regarde le fer de cette hache. Tu as envie qu'elle te rompt le cou ?
Je ne dirai rien...
« Dis-moi tout ce que tu as vu des hordes d'Udûn. Qu'est-ce que le monde des Orques réserve au monde, quelles armées ? Quels chefs ? Quelles monstruosités ? Combien de mâchoires de Wargs prêtes à mordre pour votre compte, vermines ? Parle, avorton ! Si tu veux garder ta tête sur tes épaules !
Je ne veux pas mourir, An-Amie... Je ne veux pas mourir, mais je suis un Orque de l'Oeil Rouge. Une Vermine Enragée de la Légion de Karess... Je mourrai en soldat.
Prise d'une grande inspiration. Je crache une glaire de haine bien répugnante comme il faut, qui tombe à mi-distance du Nain. Qu'il vienne me décapiter, qu'au moins je lui dégueulasse une botte avant de mourir :
« T'auras qu'mon nom et mon matricule ! »
Retour à nos affaires, à mon récit de notre mission spéciale, An-Amie.
La première anicroche survient quand on gagne les abords de la tour. En haut de la corniche qui s'est muée en pente raide qu'on gravit en s'épaulant et s'aidant les uns les autres, comme à l'entraînement mais en bien plus propre pour notre cohésion d'unité, on entend soudain Troork, Urktul et Metag s'affoler, appeler Lustig. Puis tirer les armes et se retourner pour nous appeler dans la pente :
« Oh ! Magnez-vous les gars !Y a des intrus dans l'camp ! Le camp des Woggha est attaqué !
Cœur qui cogne. On s'empresse à monter vite, nuisant à notre cohésion alors qu'on passe juste en course :
– Doucement, on accélère mais on n'panique pas Section ! Nous reprend Jarrax pour son Jumeau.
– Donne-nous des infos précises, Troork, dis-nous c'que vous voyez précisément, ordonne Mange-Warg pendant qu'il grimpe d'une agilité féline :
– Environ deux dizaines d'Hommes de la Caste avec des épées, dit Troork. Ils ont sorti et aligné les six adultes Woggha, qu'ils mettent à genoux. »
La Section s'empresse de monter, en pleine montée d'adrénaline. Mon nouveau copain Lustig s'est déjà précipité au secours des siens, partant se battre en solo, une bête féroce se jetant sur le premier Homme d'armes qui se tient devant lui, le prenant à parti. Les quelques autres Woggha présents avec nous ne nous attendent pas pour foncer. Quelques zélés indisciplinés de la Meute comme Ludra ou moi, leur emboîtons immédiatement le pas en tirant les armes, mais la Section, elle, groupe les copains qui suivent par cinq à dix, avant de les envoyer à notre suite.
Là bas, le copain "Pattes-de-Dragon" est maintenant en prise à partie avec trois Hommes en cuirasses noires, qui le repoussent comme une vermine et pointent leurs épées sur lui, s'apprêtant à le tuer. D'autres Hommes de ce peloton de peaux-tendres sont en train de venir les renforcer. Avec Ludra, on se précipite au sauvetage de Pattes en projetant en bonds nos pieds joints et nos coups dans leurs torses cuirassés.
Ghik nous rejoint et repousse toute velléité de contre-attaque en grognant. J'me relève en soutenant l'copain Pattes. On est là, nez à nez avec eux. Rage et Haine. On grogne, ils grincent des dents. Les épées se tiennent mutuellement au respect, menaçantes...
« Allez venez bande de sales Traîtres ! » Grogne Ghik à mes côtés. En un battement de cœurs, une véritable scène d'anarchie, d'émeute : notre Meute de jeunes au contact, grognant de défiance face à cette bande de gendarmes. Le jeune Warg qui les intimide de ses aboiements, furibond.
Dans un vrai combat entre deux groupes, on ne se fonce pas dessus bêtement comme ça, An-Amie. Car même si on le grogne et qu'on l'appelle en défi, personne ne veut mourir, tout le monde a peur. Même nous, même eux. Est-ce une hésitation plus profonde que tu perçois dans leurs yeux, An-Amie ? Leurs épées, plus hésitantes que les nôtres. Les yeux du chef humain qui prend conscience que cette Meute qui met au défi ses gendarmes, son expression d'effroi, tandis qu'il réalise qu'il est face à des enfants ?
« On se calme Section ! Tout le monde se contrôle et écoute ! Grognent les Chefs venant se frayer un chemin dans l'émeute, y compris le Vieux Yetch et les Bras D qui sentent que la situation a tout pour échapper à un Chef de Peloton inexpérimenté.
– Et vous si vous n'voulez pas brûler, vous dégagez ! Je grogne aux Hommes, attrapant le Warg en laisse. Pour le tirer, et pour le chauffer à blanc. Ça produit un mouvement de recul sur le salopard d'en face.
Le meneur adverse a l'air presque soulagé de voir apparaître le Vieux Yetch...
– Lieutenant, c'est vous qui dirigez cette horde ? Dit-il. C'est une intervention officielle et actée à laquelle vous vous opposez, sachez-le ! Vos congénères là, (il se recule pour montrer du doigt les prisonniers sous bonne garde, des épées sur les gorges... « Retirez vos putains d'épées... Grince « Pattes » Lustig, fou de rage et de crainte que ça tranche...) ils font partie du Clan Woggha, complice de Ruayyh le Borgne, un de vos chefs Uruk qui sème l'anarchie, et qu'il nous faut arrêter avant qu'il ne mette le pays à feu et à sang. Mon peloton a simplement l'ordre d'arrêter et de mettre sous bonne garde les suiveurs potentiels de cet Uruk dans sa mutinerie.
Le résultat est évident, An-Amie : Une poussée plus vociférante encore de la grogne : Des jets de caillasses sur l'officier Homme et ses sbires, qui se couvrent les visages de leurs quelques boucliers et brassards... Même les vétérans de Yetch sont surexcités et prêts à en découdre à présent, profondément offensés.
– Libérez mes potes et dégagez, bande de sales larves ! Grogne Pattes, exigence que l'on reprend dans la Section, le prix s'ils veulent repartir vivants sur leurs deux jambes plus ou moins intègres, et ne pas finir écorchés puis brûlés vifs à la broche...
– CALME LES GARS ! CALME ! Exigent les Bras D, Madhar et l'Mangeur d'Epées.
Le fouet de Madhar claque. Son stimuli dans nos reptiliens rappelle immédiatement la Discipline, et la Meute et ses enrôlés se ressaisissent. La Meute, c'est Moi, et je reforme ma cohésion de groupe. Le Vieux Yetch lui-même fulmine, mais c'est un vieux Lieutenant. Il sait prendre sur lui :
– Mon gars, sache que tu vas rentrer bredouille dans ce cas. Car Nous Sommes ! La Légion de Ruayyh le Borgne !
Là alors que l'officier adverse peste, on sent la peur et l'incertitude qui l'enserrent, il ne sait absolument plus ce qu'il doit faire, donner l'ordre d'attaquer à ses gars ? Ce serait une pure boucherie. A double-sens, mais surtout pour lui... Pendant cet intervalles, au cœur de cette Section de jeunes vermines, notre Meute reprend contenance des soldats professionnels qu'elle est censées être :
– Cuir uni de boucliers, piques alignées, les mains sur l'épaule du soldat de devant, prêts à prendre le relais, récite rituellement le copain Uruk Lizhu, à notre attention mais aussi à lui-même...
« Et sache, reprend Yetch à l'attention de son interlocuteur, que dans tout Gorgoroth Ouest, pendant qu'vous étiez occupés ici avec nos fidèles frères du Clan Woggha, Nous, Légion de Ruayyh mais aussi Huit autres d'entre elles, on a pris le contrôle du plateau. Y a trente-mille Orques entre ton contingent et tes maîtres de la Caste, mon gars ; vous êtes complètement encerclés ! Quelle tribu, Quel Gollum va te venir à la rescousse si ça part en castagne ? Tu saisis ? Mh ? Quel Orque sauvage du coin va se rallier à ta bannière, si tu leur dis qu'ils doivent combattre des Orques des Légions qu'ils savent en campagne militaire dans toute leur puissance ?
Le chef des Hommes hésite, bafouille. Puis il se reprend :
– Lâchez les prisonniers les gars, lâchez-les ! On recule et on lâche l'affaire ! Ordonne-t-il aux siens, amorçant le recul coopératif de sa ligne de combattants.
Yetch lui laisse diplomatiquement quelques pas en nous barrant l'avancée, avant de nous laisser faire. Pas pour pas, on suit les gendarmes, hargneux, n'attendant qu'un vent qui tournerait dans la tête du Vieux Yetch pour leur foncer dessus et en faire du hachis :
– C'est ça, c'est bien mon gars, approuve le Vieux Yetch, protégé farouchement du moindre coup fourré par la corpulence en armes du Sergent Raqsh, sa compagne protectrice : Retournez à votre cantonnement et restez-y quelques jours sans broncher, le temps qu'ça se tasse. Vous l'trouverez même probablement déjà sous bonne garde d'autres gars du Bras Disciplinaire. Auquel cas, vous n'faites pas de vagues, vous vous livrez à la garde. Et j'vous garantis qu'il ne vous arrivera rien, à vous ni à vos hommes...
– Ça va les p'tits gars, personne ne tape ! Temporise Nenag en venant retenir un des Orques prisonniers à la gueule en sang, qui sitôt relâché est venu flanquer des coups de pied dans les genoux du gendarme sur le flanc, entraînant une riposte plus que mollassonne de la part des Hommes. Ils ne sont pas si stupides. Ils savent que si ils frappent pour tuer, ils crèvent. On les raccompagne en horde hargneuse, en Section professionnelle, sur près de cent mètres dans la direction de leur cantonnement. Avant de tourner les talons et de revenir au camp.
L'affaire on la pensait réglée.
Tu parles.
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:28, édité 1 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
T'as foi en l'Homme, toi, An-Amie ?
Les mêmes connards reviennent moins d'une heure plus tard, et cette fois en force, ramenant tout leur contingent avec eux (qu'est-il advenu des gars censés s'être occupés d'encercler et confiner le contingent local d'Hommes ? C'est là une question sur toutes les lèvres d'Orques dans la Section. « Connards de déserteurs », pestait-on à leur encontre. Et pourtant, la vraie réponse à cette question, on ne l'aura que bien longtemps plus tard, dans une autre histoire, An-Amie. Pour l'heure, on avait déjà bien assez à gérer avec un problème direct et court-terme sur les bras...)
Plus d'une centaine d'Hommes en armes viennent pour nous. Les cors des Chefs sonnent, quémandant du renfort au Bataillon dans les parages. Et nos aînés prennent le commandement définitif :
« J'ai shräké, Chef ? Demande Mange-Warg à Vieux Yetch.
– Non. Mais tu n'as pas encore les épaules ni le rang pour traiter avec un émissaire de la Caste... Même moi, même les Bras D, on n'devrait pas avoir à le faire. Les convenances exigeraient la présence, au minimum, d'un Capitaine. On va essayer de leur dire d'attendre, qu'il arrive. Gagne ton poste et prépare la Meute à se battre. Et, Madhar : gaffe à tes snagas. Je sais que vous vous y êtes attachés, mais ne les imbrique surtout pas dans ta ligne de bataille : ils n'ont pas encore l'entraînement. Leur manque de professionnalisme pourrirait la manœuvre et mettrait tout le monde en danger.
Nous les jeunes, An-Amie, tu devines que l'on serait pour leur foncer dans le tas et leur apprendre de quel bois on se chauffe, côté Orques, à tes prétentieux de congénères. Mais les Chefs tentent de la jouer conciliant jusqu'au bout avec le contingent des gendarmes, leur signalent qu'ils jouent avec le feu et qu'un Bataillon entier a été alerté et va venir renforcer notre nombre, répondant de l'autorité de Ruayyh le Borgne qui est Seigneur parmi les Orques, ce qui mettra un terme indiscutable au débat.
Mais le seigneur Homme, un des abjects Chevalier de la Caste Noire à laquelle on a déclaré la guerre, s'avance sans même l'écouter :
« Au nom de l'Unique ! » Clame-t-il avec vindicte en tirant son épée, brandie vers ces cieux ensoleillés cruels : Déposez les armes et soumettez-vous, sales vermines ! Prosternez-vous devant votre Maître, Rats ! »
L'Unique ? Mes Loups et mes Rats n'ont qu'un seul Maître.
Et "ténébreusement", ce n'est pas toi...
Et "ténébreusement", ce n'est pas toi...
Un voile de Ténèbres s'épaissit autour de nous pour nous couvrir et nous aider à endurer la confrontation.
Les faveurs de l'Unique, ou de notre Ange Noir...
Ton voile, An-Amie. Je te sens à mes côtés, derrière moi en première ligne de bataille avec le rejeton de Liberté, qui grogne sur l'adversaire en bout de laisse que je tiens sec dans ma main, l'autre levant fermement mon bouclier, accolé à ceux de Ghik et de Ludra.
Toute la Section s'est déjà compartimentée en formation de combat : les Woggha en soutien sauvage (c'est manière de dire qu'ils font n'importe quoi tant que ça marche) sur le flanc gauche et sur nos arrières, en train de ramener en laisses toute une meute de Wargs sortie de leur chenil ; nous autres la Meute, en bloc central impénétrable avec notre mur de boucliers, sauf nos meilleurs tireurs, qui se déploient sur les reliefs du promontoire au pied de la tour des Woggha, arbalètes prêtes à l'emploi, et assistés de notre essaim d'enrôlés de tout bords que Madhar charge d'aider au jet de projectiles, au rechargement des armes de tir, et à la couverture par les boucliers. Bref, tout et n'importe quoi tant qu'ils ne sont pas dans les pattes de notre cortège de tête.
Devant nous, la ligne de vétérans vient aussi de se grouper, se compacter. Prête au combat juste derrière Vieux Yetch et les Bras D ; on feule et grogne de stupeur teintée d'indignation quand en face ils Osent ! Aligner des arcs encochés sur nos Chefs avant même que le Noir émissaire n'ait fini de clamer sa vindicte. Huée de colère dans toute la Section, de nous autres les jeunes à certains vétérans, qui hurlent : «Assassins ! »
C'est la vivacité de Rugar et de Burlug qui sauve la peau du Vieux Yetch alors qu'ils foncent en deux bonds de fauves, s'interposer sur les tirs de leurs boucliers. Toute la bande de Yetch entre en guerre, fonce se compacter autour du Vieux et des Bras D.
Et nous, Légionnaires, Woggha, on tir, on charge. Le choc des boucliers contre les cuirasses des gendarmes est brutal. Le sang chaud, les crocs bavent de rage. En vérité, ils sont encore fébriles à user de leurs épées. On les repousse sur trois bonds mètres avant de rompre ce premier contact. Je me bats avec le Warg de la Meute en lieu "d'arme", furieux en bout de laisse dans l'entre-deux groupe. Les Hommes craignent clairement la férocité des bêtes qui se retrouvent à claquer des mâchoires et aboyer en frénésie au-devant de nos groupes de combat, et avec les gars près de moi, on n'se prive pas de marquer des bonds en avant menaçant, pour intimider. Leur faire croire qu'on va leur lâcher les Wargs dessus (« Vos postes dans la formation, Rat Blanc ! *Fouet qui claque* Les gars ! Vos postes dans la formation! » Appellent Mange-Warg et le Sergent Raqsh depuis la droite) avant de reculer dans la ligne. Mange-Warg et les Bras D jouent du fouet.
« On peut jouer à ça toute la journée si c'est ce que vous voulez ! Grogne Yetch, derrière Raqsh et sa bande de vétérans qui couvrent maintenant le flanc droit.
– Sales Traîtres ! Aboie Rugar. Ennemi d'l'Intérieur !
– Conspirateurs ! Grogne Burlug, cet autre vétéran de Yetch au physique densément poilu brun-noir digne d'un loup-garou, avec le faciès canidé adéquat. Avant de glapir d'une flèche : Ts'arrrh ! Geint-il étranglé en titubant en arrière derrière les camarades : Oh Ts'ARRRH ! I'm l'ont mis dans les couiiilles... »
On retourne au contact en s'époumonant, sous les projectiles des copains en retrait qui se sont jetés à terre sur les reliefs du terrain, et qui répliquent aux arbalètes dans le tas d'humains. La belle vie pour eux ; ils visent, ils tirent, et ils se ratatinent dans leurs planques en arrière pour recharger. Ici, dans le bloc, c'est la rage aux tripes. Une frénésie des lames qui s'entrechoquent au-dessus des boucliers, et que seuls peuvent interrompre les fouets de Mange-Warg et des Bras D, appelant viscéralement la Meute à rompre le contact et reformer la ligne.
Dans cette confrontation des lames, le pauvre Chizho y perdra un doigt. Le petit copain si craintif au naturel n'émet ni cri ni plainte, continuant de soutenir la ligne de front avec vaillance.
On combat sur trois lignes. Les copains de derrière qui ont la main sur nos dos de combattants. Guidez-nous les gars. On est solides mais presque aveugles avec nos casques alors guidez-nous, faites-nous savoir quand il faut reculer, avancer, moi je me bats par le bouclier, ma hargne et celle du Warg, et j'ai confiance en mes frères d'armes qui me flanquent sur mes angles morts pour qu'ils ne m'exposent pas.
Puis Madhar use de son sifflet de Chef de Meute, et les rangs de la Meute permutent.
Chacun son tour d'être en ligne de choc, chacun son tour d'être l'Ange Gardien du copain de devant. Chaque fois qu'on charge, on les repousse sur plusieurs pas.
Comme ma Meute est forte et farouche !
Et nos copains aux arbalètes ont la présence d'esprit de ne tirer sur la ligne de choc ennemie que dans les fenêtres où nous rompons le contact.
Tout pourparler est fini, après qu'ils aient fait couler le sang. Les cris de fureur de la Section couvrent les geignements et hurlements de souffrance de Burlug, contorsionné sur son entrejambe meurtri tandis que Farez, un autre vétéran, s'efforce de le couvrir, évaluer sa blessure et de le faire évacuer.
Nous on y retourne encore, et encore, livrant la grande bataille entre la Caste et les Légions. L'affrontement ultime de presque cent gamins en armes jouant à la guerre aux côtés de leurs parents, plus les chiens de sortie, contre une poignée d'Hommes menée par un sang-bleu arrogant.
Tu parles d'une bataille historique, An-Amie...
Notre participation à la guerre intérieure du Borgne contre la Caste.
Mais nous on la vit à fond, à notre échelle. Les Ténèbres se voilent, autour de nous, elles forment une chape contre l'éclat de ce soleil de plomb, elles prennent contenance, presque forme humaine. Sa forme. Et Ta forme, An-Amie.
Plusieurs copains s'effondrent en geignant, couinant, hurlant, selon leur degré de nature bestiale ou humanoïde propre à chacun, tandis qu'ils tombent et se tordent de douleur, frappés de flèches ou de coups d'épées. Snagas fléchés, Woggha transpercés. Yari, Tozhug, Ghik, lacérés en bordures de visages, de cous, d'épaules, blessés aux jambes... En face aussi des gars crachent leur sang, frappés par les carreaux des arrière de la Meute qui ne tire plus en sommation, mais bien pour tuer.
Quand ces sales bâtards parviennent à nous arracher Ludra et Ghik, qui se sont trop impliqués et exposés hors de la formation pour castagner, et qu'ils enchaînent en nous chopant les Uruk-Haï Krell Yari et Lizhu qui tentaient de venir en aide aux premiers, toute la Meute tombe en émoi, désespoir de perdre ses amis.
Mais voilà, je vois vos ténèbres, An-Amie, les tiennes et celles de notre Démon qui vont parmi nos ennemis, toujours plus palpables, à la suite de nos amis traînés par ces Hommes au pied de leur chevalier. Son épée qui s'élève, prête à s'abattre sur Ludra qui crache de défi et le regarde les yeux dans les yeux, prête à mourir en Soldat. En Louve. En fille-de-Yetch.
Mais vos ténèbres sont là, An-Amie.
Et tous, Orques et Hommes, Bras D et Chevalier de la Caste, soudain, on te voit, Azur... Ludra et les copains Ghik et Yari, si prompts à se moquer quand je leur parle de toi, de notre amitié, qui prononcent ton nom en réalisant qui tu es. Qui rigolent, sachant que tu vas les sauver.
Et nous voyons tous ce voile de ténèbres qui est le vôtre, envelopper l'Homme Noir dans une succession de bruits semblables au plus terrible des tonnerres, ébranlant nos oreilles à tous. Plusieurs copains qui se jettent craintivement à terre en mettant leurs mains sur leurs oreilles ; nos tympans à tous qui sifflent ! Mais quand ton voile cesse de tonner, nos amis capturés qui nous sont revenus, qui ont pu détaler librement hors de la capture, des lignes adversaires, revenir à nous à grands bonds et grandes foulées, en récupérant leurs armes dans la poussière. L'Homme de la Caste, lui s'effondre en s'étouffant dans son sang, un carreau de Troork Blondin planté dans sa vile gorge. Six de ses gendarmes aussi succombent, frappés par une volée de carreaux qui les a tous frappés en pleines têtes et torse, perçant leurs protections comme du beurre et les tuant soit sur le coup, soit au prix d'une agonie effroyable.
Nos carreaux, guidés par vos mains de Ténèbres, Azur, et Grand Karess...
Les Hommes tremblent, sont tétanisés de peur devant le spectacle de leur Chef et des leurs agonisants, de ce qui vient de se passer. Nous, on murmure rituellement le nom de Karess. Karess... « Karess Grand-Méchant-Loup »... « Karess Crocs-de-Couteaux »... et « Azur » , An-Amie...
Tous les sons de la bataille ont cessé. On n'a même pas conscience du roulement lourd des pas cuirassés du Bataillon qui se pointe enfin en renfort, prenant la suite. Les aboiements de cinquante Wargs. Et la terre qui tremble du pas des Olog-Haï, les Trolls de combat des Légions...
« Lâchez vos armes ! Lâchez-vos armes ! Aboient les cuirassés Uruk-Haï à la manœuvre aux Hommes hébétés de peur, qui se tassent les uns contre les autres tandis qu'ils se font encercler.
Quguug et mon Capitaine s'avancent face à nos adversaires dans le cliquettement sinistre de leurs armures, et les Hommes murmurent de peur : « C... Crocs-Blancs ! » « Crocs-Blancs le Colosse vert ! »
– Erch... C'est vexant ça ! Et moi alors ? Quguug le "Colosse-de-Cendres", vous m'voyez pas ? Il m'vole les honneurs « Crocs-Blancs »... Ironise le Commandant Quguug. Ça fait rire tout le Bataillon en armes autour de nos adversaires.
« Allez-y les gars, résistez, siffle Quguug de ses crocs privés de lèvres : portez encore un seul coup vers l'un d'mes gars, déglutit le Commandant de bataillon, et j'ordonne aux Trolls de vous mettre en pièces, et les Wargs finiront lentement ce qui a encore un souffle de vie dans vos carcasses brisées.
Derrière lui, deux de nos trois monstrueux géants, "Petit" et "La Ruse", émettent des râles carnassiers. Et au côté du Commandant, Crocs-Blancs, engoncé dans son armure, n'attend clairement qu'une consigne pour faire des Hommes son festin. J'admire mon Capitaine, cette férocité froide dont il a la pleine maîtrise, et que je tremble d'excitation à l'idée de bientôt voir se déchaîner sur l'Ennemi. On dit la férocité de Skulaï légendaire, bien au-delà de nos frontières. Même jusque chez les lointains Khuzdaï du Nord, on mentionne sa Rage de Loup avec crainte et respect...
Ils finissent par abdiquer, jetant leurs armes et se mettant tous à genoux, mains sur la tête. Leur "Chef", celui qui était venu plus tôt arrêter les Woggha, qui s'expose en se répandant en suppliques :
– On obéissait juste aux ordres, Uruk-Haï ! A ses ordres ! Se décharge-t-il sur la carcasse de l'émissaire de la Caste Noire...
– Mais encore heureux pour vous mon pote ! Enrage Rugar, venu s'enquérir de l'état (très grave) du copain Burlug qui pleure et geint de douleur dés qu'il a pu. Il rejoint avec hargne le mouvement des autres vétérans alors qu'ils fondent sur l'Homme pour le saisir : vous avez essayé d'flécher notre Patriarche et notre Lieutenant ! Et si y avait qu'ça !
Les fouets de Nenag et Togreh claquent, appelant les vétérans aigris au calme.
– Mettez-moi tout ça aux arrêts, les gars ! » Ordonne Quguug.
Burlug ? On l'prend en charge avec Tozhug et l'archer Virag qui a un rôle de Médic dans la bande de Yetch. C'est très moche. La flèche s'est planté en profondeur dans le périnée de l'Orque-loup, qui pleure comme un chiot, déchiré entre souffrance pure et profonde humiliation. Même si on parvient à sauver sa peau, il est foutu. Juste bon à finir ses jours comme "mascotte" de l'Antre de Légion. Alors à ce stade... On se prépare plutôt à lui dire au revoir. Comme à douze de nos copains enrôlés qui se sont pris des flèches. De même que deux Woggha. Un parent de Lustig. Ton Snardat a honte de ne pas avoir retenu leurs noms, An.
Plusieurs vilaines entailles et des hématomes ici et là.
Mais la Meute et ses aînés vétérans ont combattu avec force et tenu tête comme des guerriers,
C'était notre contribution à la guerre des Légions Orques contre la Caste, l'Ennemi Intérieur, An-Amie... Mais pas encore Ma guerre.
Mes pensées, mon cœur, mon corps. Tout tremble de terreur devant le regard de pierre du barbu trapu. Et sur la hache sur laquelle sa main vient de se crisper. Terreur et colère. Je vais mourir sans même vivre ma guerre. Si mon but était de raccourcir ma vie, c'est réussi. Envie d'en pleurer, plus que quelques battements de cœur à vivre aux mains de cette coalition de déserteurs...
– Regardez-moi ça, croasse le Nain à l'assemblée : l'avorton va se chier dessus !
Lui et mes congénères Gobelins rient aux éclats. Deux Wargs à la fourrure brune, non loin du Nain, sourient en me scrutant, salivant à l'avance leur prochain repas.
Ne pas faillir... Je suis un Orque du Mordor ! Un vrai ! Je jette un regard à mes quelques congénères. Sans compter l'Uruk Golgoth qui m'a mené dans ce traquenard, ils sont trois...
– Vous devriez vous étrangler de honte de vous liguer avec ça. Mais pas besoin de la honte, car je vous le jure sur l'honneur du Grand Karkaras : celui qui vous étranglera, c'est le grand Uruk Crocs Blancs Skulaï ! Mais pas avant de vous avoir fait payer au centuple tout ce que vous allez me faire...
Effectivement, ils s'étranglent. Mais pas de honte, plutôt d'orgueil froissée et de rancune...
– Et toi tu as raison d'avoir peur pour ta vie, car elle touche à sa fin, ricane le Nain.
Mes congénères me foncent dessus et me plaquent le cou contre une pierre en ricanant. Je couine et grogne d'une terreur empreinte de rage.
Mon regard croise aussi celui de l'An Shora. Les quatre An-Aï, les Hommes de ce groupe ont tous l'air étonnamment à la frontière de leur conscience, désireux d'intervenir mais craignant la fureur du Khuzdûn... Mais Shora, ce snaga personnel de Golgoth. J'ai sondé son regard quand je le soignais ; j'ai vu le regard d'un soldat, d'un chevalier...
L'espace d'un instant, je suis désespéré au point d'être à deux doigts d'en appeler à lui. « Shora ! Pitié, chevalier, Pitié ! J'en appelle à ta protection ! » Que je lui crierais...
Non... Jamais ! Grinçant de fièvre, j'en appelle à mon Premier et Unique Protecteur...
– KARESS... DONNE-MOI LA FORCE...
Le Khuzdun bondit hors du roc sur lequel il était assis, hache entre les mains. S'approche tel un bourreau, prêt à abattre la sentence :
– Dernière chance, l'abject avorton. Soit tu rentres dans notre jeu, soit tu quitte la partie pour de bon !
– Je suis... Rat Blanc Snardat ! Matricule... KAR355 !
L'Histoire est en train de s'écrire dans la plaine de Gorgoroth, et pourtant c'est de ta petite Histoire, dans les renfoncements oubliés des collines aux pieds des cols des Dents noires des montagnes, dont je me porte garant. Un pour tous, tous pour un, Petit Rat !
Mon monde est le monde des miracles.
Des deus ex machina.
Je n't'apprends rien j'imagine, An-Amie.
Le monde où interventions divines et magiques sorties du cul arrachent à jamais la victoire et la récompense pour l'effort et le sacrifice au camp de la force et du mérite.
Mais c'est bien le première fois je crois, qu'une telle manifestation du destin se produit pour le compte d'un Gobelin, An-Amie...
Pas une manifestation du destin... Nous!
Nous, nous, et nous... Et Nous aussi !
Notre Rage est Éternelle...
Nous, nous, et nous... Et Nous aussi !
Notre Rage est Éternelle...
La trille d'une patrouille de collègues retentit au pied de la pente où se tient ce groupement crapuleux :
« Vous là ! Esclaves en fuite ! Déserteurs ! Et Intrus !! Sales traîtres !! »
« Alerte les gars ! Sonnez du cor ! »
Les vociférations d'un Sergent et d'un Uruk du Bras Disciplinaire ; quel doux chant.
La panique s'empare de mes ravisseurs. Du moins, elle monte d'un cran. La douzaine d'ordures s'aligne grossièrement à la hâte, toutes races confondues. Uruk, Gobelins, Hommes et le Nain. Côte à côte, prêts à se battre contre la patrouille. Un baroud de déshonneur pour leurs misérables vies.
Les deux Wargs, eux, ont déjà détalé hors de vue.
Ils m'oublient. Je reprends contenance. Maintenant que les Wargs ne sont plus de la partie, je tiens mon ouverture pour m'enfuir.
Ou même mieux : me solidariser à la patrouille !
A cinq pas de mois, le choc de la charge.
Je ricane, mauvais et vicieux, tandis que la ligne de mes ravisseurs s'ébranle dans l'impact, et que la situation part en mêlées multiples, en prises à parti en tout sens.
Et puis je vois deux brutes, deux cuirassés Uruk-Haï, qui percent le centre et qui posent leurs yeux sur moi, et mon espoir que tout ça soit fini se brise. Des yeux de tueurs, de prédateurs. Et les deux brutes me chargent ! Moi !
Ma raison aurait voulu crier aux gars « Non, attendez ! » Mais dans mes instincts de soldats, un stimuli déclenché par la charge des cuirassés. Retour aux entraînements à la lutte en cohorte contre les aînés, et à ma formation à la lutte en cohorte où les gros cuirassés de Thurgix défonçaient et oblitéraient littéralement ma Meute d'enfants recrues, sans notion de pédagogie aucune.
« N'attendez pas l'Ennemi en vous chiant dessus les bas-du-cul ! Gronde la réminiscence du Mignon : Quand un prédateur vous fonce dessus, vous devrez toujours vous rendre deux fois plus féroce et dominant que lui ! »
« Que vos ennemis réalisent qu'en vous attaquant ils ont commis l'erreur de leur vie ! Tonne Thakthak : Montrez-leur qu'une armée de cœurs bat dans vos pointrines ! »
Et comme à l'entraînement, comme on l'a formé, mon corps, d'instinct, répond à l'offensive par la contre-attaque. Rencontre la carrure implacable du cuirassé par un mouvement de charge de dominant, de soldat Orque de Sa Légion. La rencontre de l'adulte en armure contre mon corps nu m'envoie voler hors du sol sur plusieurs mètres, ce qui peut être quelque peu comique comme résultat attendu, j'en conviens.
J'atterris recroquevillé sur mes quatre membres griffus. Ramasse un caillou.
Je me redresse en essayant de parler, de les prévenir :
– Attendez ! Je...
Ils se gaussent en scrutant ma main. Je prends conscience que mon corps, d'instinct, a cherché une arme par terre. Un bon caillou...
Leurs casques, ouverts sur leurs crocs et leurs rictus carnassiers, sadiques :
– On l'chope et on l'castre, celui-là !
L'autre grosse brute me charge : – Crève ! Le Snaga ! M'aboie-t-il, et acculé, je n'ai plus le choix. Alors je monte à la charge moi aussi, en rage. Alors qu'on lutte, et qu'il me domine de sa force et sa carrure d'Uruk, ma taille, mon style de combat recroquevillé, me donnent libre accès à ses genoux. Et mon caillou frappe, frappe, FRAPPE !
Et la rotule du gars se broie dans un craquement sonore. Je le fais basculer dans les jambes de son binôme, qui trébuche à terre, lâche d'une main sa lance, mais cette grosse main gantée s'élance et m'empoigne, me faisant chuter à terre. Je lutte déchaîné, pieds griffus contre mains et brassards de fer, bas-du-corps vigoureux contre poitrail en armure et tête casquée.
En rage d'être là, à poil comme un misérable snaga... Me confondre avec ces crapules qui m'ont foutu dans cette shräkerie ! Je ne veux pas mourir en snaga, en rat errant ! Je veux vivre en soldat du Grand Skulaï !
J'entraperçois l'autre gars dans le coin de l'oeil qui se tord de rage et de douleur en se contorsionnant sur sa rotule. J'expédie ma rage de vivre sous la forme de mes deux pieds joints, que je projette de tout mon poids dans la gueule de l'autre, en lâchant sa lance.
Je parviens à le repousser, à le faire rouler. Je me ressaisis, me remets vivement sur mes pieds. Et je ramasse sa lance. Un rudimentaire épieu à la pointe de bronze. L'arme d'un tribal, la cuirasse d'un Uruk des Légions. Des tribaux récemment incorporés...
L'autre a perdu, ou enlevé de frustration son casque tandis qu'il se relevait. Et horreur ! Je reconnais le Mangeur d'Epées du Clan Feldûsh !
L'adolescent Uruk et son aîné se redressent, enragés, face à la pointe de leur proprelance. Ma lance, maintenant :
– J'vous en prie les gars, faites pas ça ! On... On est dans l'même camp maintenant ! »
Mais ils n'entendent pas ce que je leur dis. Le Mangeur d'Epée me charge, et...
Comme à l'entraînement, le jour où les grands nous ont mené à un enclos de chevaux capturés à l'Ennemi. Armes d'hast en mains. Étude de l'anatomie des bêtes de guerre des peuples de l'Ennemi, et où frapper pour les tuer... « Vous faites quoi là, avec vos piques, vous les caressez ? Vous écoutez c'qu'on vous dit, au moins ? Mettez-y un peu d'convictions ! » Grogne Thurgix. « Ma Meute tuera mille chevaux porteurs de chevaliers à la guerre, Chef, se porte garant Mange-Warg. Nous avons compris comment nous y prendre. Mais nous ne tuerons pas un seul de ces animaux prisonniers sans défense, parole d'Uruk. » « Pas un seul ? Vous êtes si noble, vous la Meute. La Bénédiction des Porcs ! Très bien, vous n'aurez pas à les tuer. Eh les gars, lâchez les Wargs ! Ricane le Mignon : C'est l'heure du repas des chiens, et d'un bon divertissement ! »
Je frappe comme un soldat. Frappe pour le tuer, en plein dans la gorge. Sa carotide sectionnée, le Mangeur d'Epée s'empale en mugissant d'horreur, un mugissement noyé dans son propre sang. L'autre hurle d'effroi et se jette sur moi enragé, ivre de vengeance. La lance s'arrache à mes mains tandis qu'il me plaque au sol. Plaque une main pour me tenir à sa merci, tâtonne de son autre main en quête de sa dague pour m'égorger.
Mais sa dague, c'est moi qui l'ait. Dents serrées, y mettant toutes mes tripes, j'applique le tranchant contre sa gorge en un mouvement sec, la pointe du crochet bien calée sur le gosier pour faire son office. Un torrent de sang se déverse sur moi depuis cette gorge que j'ouvre sec...
Je me dégage de dessous sa chute et de ses gargouillis d'agonie.
Foncer reprendre la lance.
Autour de moi, ce que je viens de faire...
L'air s'est chargé d'électricité statique, comme d'un murmure bestial qui répète dans le vent...
Notre Rage est Éternelle... Notre Rage est Éternelle... Notre Rage est Éternelle...
Je tressaille, chavire sur mes jambes sous le choc. La mêlée, sanglante et barbare touche à sa fin et je réalise qu'elle n'a pas tourné en faveur de la patrouille.
Ce que je viens de faire...
Un fratricide...
J'ai trahi la confiance du Chef Feldûsh en notre Légion !
Tué son fils !
Mon Serment d'Unité, de Fraternité à la Légion Ruayyh le Borgne, Ma Légion...
Non, il... Il ne m'a pas laissé le choix ! Je voulais juste vivre !
« Mais c'était un Uruk » Diront-ils... « Qu'est-ce que ta misérable vie de Gobelin, même assermenté, face à celle de l'un des nôtres, misérable rat ?! »
Autour de moi, l'Orque aux trois doigts est le seul survivant de mes congénères du genre Gobelin. Il vient rapporter les dires de son Warg revenu : un des soldats a pu s'enfuir. Ne reste qu'un patrouilleur, hurlant et gesticulant sous l'autre Warg, qui est en train de le dévorer boyau par boyau. Et ce groupe, à peine réduit de deux congénères et d'un Homme, qui me toise en éclatant d'un rire cruel :
« On dirait que finalement, te voilà des nôtres, "Rat Blanc" ! Se moque le Nain. Tu as peut-être gagné le droit de vivre un peu plus longtemps... »
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:31, édité 3 fois
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
I : L'Antre de Tsharkin
J'ai dévoré le Soleil.
Soleil a abdiqué pour l'heure, laissant notre monde plonger dans une digne nuit noire sans lune, et les tanières des cols luisent des feux de camp des tribus, et des yeux luisants de mon engeance.
On approche en nombre armé de l’antre de Tsharkin, un vieil ennemi de la Légion parmi les tribus. Vicelard et pillard, dit-on de lui. Il a toute une cavalerie de Wargs, des cavaliers aussi sauvages et indisciplinés que leurs bêtes, et sa tanière est un complexe de galeries irradiant des faisceaux de feux oranges, depuis le trou noir puant de pisse de canidés qui lui sert d’entrée de devant. Le seuil de l’enfer pour les snagas et les bêtes qu’il utilise pour ses combats de fosse.
La Section marche au pas ferme vers la tanière, armes au fourreaux mais mains prêtes à dégainer. Peloton autoritaire. On ne menace ni n’attaque, mais on ne cache nullement aux soudards de Tsharkin qui montent la garde en sentinelles sur le périmètre extérieur de leur repaire, attroupés autour de feux de camps, qu'on vient pour eux. Et que l'on va rentrer dans le trou qui leur sert de tanière bon gré mal gré, sans même demander leur avis, et que s'ils ont quelque chose à y redire, des têtes vont être tranchées. Ils éructent et montrent les crocs sur notre passage, sans s'interposer.
Par contre, ils quittent leurs feux, agrippent leurs armes et s’empressent de descendre à notre suite. Ce à quoi Rugar et les autres vétérans de Yetch qui ferment la marche dans le tunnel, pivotent avec orgueil vers eux, exhibant les mains qu’ils ont sur les pommeaux de leurs armes :
– Essayez pour voir, leur dit Rugar. Essayez.
La Section, à quatre-vingt-cinq pour cent de son effectif actuel, mène sa descente dans la tanière de Tsharkin. Avec le bordel de l'escarmouche fraternelle de la journée, le Bataillon va devoir organiser un contingent de garde-chiourmes pour surveiller l'ost d'Hommes aux arrêts. On a parqué la moitié d'entre eux dans la tour des Woggha. Quant à l’autre moitié, Quguug les a fait mener à leur propre cantonnement où il les garde prisonniers et cherche à comprendre où est passée « la putain de compagnie » qui était chargée de mettre en confinement le contingent humain local.
Dans tous les cas, nos collègues humains seront bien traités le temps qu'ils sont captifs. On n'est pas aussi sanguinaires qu'on se plaît à entretenir cette réputation qu'on a, An-Amie. Du moins, disons que nous autres, dans ma Légion, on sait temporiser nos instincts par la Discipline et notre code d'honneur. N'empêche qu'on l'a mauvaise.
Ces stupides Hommes bornés nous ont fait perdre beaucoup de temps. Mais peut-être pas tant que ça en fait : les Woggha qu'on a interrogé sur nos potentiels intrus nous ont parlé de "Shora", un Homme aux cheveux pâles, snaga d'un gros Uruk vert du nom de Golgoth, qui glanderait souvent dans l'antre de Tsharkin. C'est un début.
« Golgoth ? S'écrie le jeune Raghbagh, l'un de nos chers enrôlés du Marais qu'on a sauvé des Wargs, rappelle-toi An-Amie...
– Tu connais cet Uruk ? Demande-t-on à notre snaga. Le rachitique vert aux crocs pointus, qu'on s'amuse maintenant à peindre aux couleurs ocre rouges guerrières de ma Légion, est pris de spasmes d'effroi :
– Oui... J'étais son snaga avant qu'il me vende à vos Bras D... Il... Il m'a...
– Eh, dis-nous mon p'tit père, lui dit Jarrax. Dis-nous ce qu'il t'a fait.
– T'es l'un des nôtres, renchérit Metag. Ce qu'il t'a fait, il l'a fait à nous maintenant.
Tête tordue de honte, il ne nous dit pas. Il nous montre...
Tandis que le Bataillon (puisque maintenant il se retrouve déployé là en force avec toutes sortes de d'aléas à gérer) prend maintenant en charge les préparatifs de l'inspection des cols pour les patrouilles, des gars qui l'auront mauvaise de se voir dispensés du rappel des troupes qui peut maintenant survenir d’un moment à l’autre dans le lointain pour convoquer l'effectif maximal à la grande bataille, nous avec le Vieux Yetch et nos Bras D, on est parti mener notre enquête chez le Chef Tsharkin. Et puis, la Meute a ses propres comptes à régler.
Le prologue de ma guerre dont je t'ai parlé par brides, An-Amie...
– Vous gardez vos oreilles à l’affût du rappel, nous a dit le Commandant. Derrière lui, l'ami Thakthak et le Chef Feldûsh étaient en train de tirer à la courte paille lequel allait couper à la grosse castagne pour rester gérer les opérations dans ce trou paumé, entre l'inspection des cols, les Hommes à tenir en garde à vue…
On traverse l'antre de Tsharkin. Vieux Yetch et Madhar en tête de file. Ils nous font traverser les galeries étroites et ses attroupements de vermines et d’occupants vicieux comme des patrons, sans aucunement perdre notre temps à leur donner l'impression qu'ils sont maîtres chez eux. On ne relève aucune insulte, aucun commentaire de nos congénères, qui ne comporte pratiquement que des Gobelins, je réalise. Ils ne parlent même pas notre langue pour la plupart. Leur propre jargon tribal dont on a des rudiments, à force de s'empoigner régulièrement pendant les opérations sur le Plateau de Gorgoroth où ils sont en maraude permanente. Pour ce qu'on comprend :
« Non mais regarde-moi ça ! Huhu ! La Légion de Karkaras nous envoie ses chiots !
– Des chiots et des porcelets, ouais ! Heh ! Que des bas-du-cul à peine sortis du ventre de leur pondeuse. R’garde moi leurs jeunes Uruk-Haï, ce "Chef de Meute". Ça pourrait presque être mon avorton !
– Leurs casques sont trop grands pour eux. Ah vraiment, j’te l’avais dis mon pote : ce pays part en couilles, faut faire le mur et s’barrer très loin.
– A votre place, j'les sous-estimerais pas, leur adresse Charir : ils sont p'têtre tout jeunes, mais dans leur mâchoire ils ont encore le goût du sang de tout un contingent d'Hommes qu'ils ont combattu, tout frais d'aujourd'hui. »
On gagne le cœur du royaume des crapules. Le "Baron" Tsharkin nous accueille à grandes gesticulations, faussement enjoué, trinquant d'une coupe d'or incrustée de joyaux depuis une parodie de trônes en ossatures animales, humaines…
« Tiennns ! Ma Légion préférée ! Il lorgne mes Chefs, Vieux Yetch, Madhar, son jumeau : et pas n’importe lesquels de ses représentants les gars ! "Vieux Yetch" ! L’Orque qui défie la Mort et la perte de vigueur de la vieillesse, et la progéniture de mon vieux copain Yashnarz !
Tsharkin est censé être un Uruk, d’après ce qu’on nous a dit, mais… Une stature osseuse et un corps vil et arqué, il m’évoque plus le vil Gollum que j’aurais pu devenir si ma voie n’avait pas convergé avec ma Légion, quittant la vie sans avenir du rat errant pour celle de Rat Blanc le soldat Orque du Mordor.
Peu probable que j‘eus véritablement pu devenir le Roi des Rats, An-Amie. En supposant que je n’aie pas fini par me faire dévorer avant l’âge des hormones, ma place à l’heure actuelle serait sûrement celle de ce pauvre gars en hachis, qui gît dans la fosse du combat au pied du trône de Tsharkin. Ou un autre sort peu enviable, comme celui de mon copain Raghbagh...
La Meute s’attroupe implacable, s’appropriant manu militari une portion de la salle, face à la bande de Tsharkin qui s’empresse de nous cerner de toute part.
Nos yeux sont en alerte, les mains prêtes à tirer les armes mais tout le monde reste calme, et observateur. Les deux forces en présence s'évaluent mutuellement, évaluent leurs atouts, leurs faiblesses, leur nombre... Et les éléments notables parmi eux.
Parmi eux, un gros Uruk vert, chauve, le regard dans le vague figé sur une expression à la fois bête et mauvaise, mais comme absent. Bonjour, Golgoth... Et à côté de lui, un Homme. Et te voilà donc. "Shora"...
Un snaga humain, probablement captif d’une patrouille et condamné à un mort horrible, quand viendra le terme d'une existence misérable. Je reste tout de même fasciné par ses cheveux pâles comme les miens, et la dureté de ses yeux, des yeux de loups, qui nous scrutent comme nous on les scrute, lui et son maître Uruk.
Pendant ce temps, entre chefs, ça s’enquille :
– Qu’est-ce que vous venez foutre ici ? Vous n’foutez pas assez l’bordel dehors ? Faut qu’vous débarquiez dans mon domaine pour chercher la bagarre ?
– Ça pue l’Homme ici, maugrée Vieux Yetch.
– Que c’est fin, Vieux Yetch. Un Homme déjà, t’en as un juste là, "Shora" qu’il s’appelle. C’est la bête de foire de mon copain Uruk Golgoth ici présent. Dis bonjour, Golgoth !
Plusieurs gars de Tsharkin ricanent de mépris en reprenant l'invective de Golgoth. Deux des Gobelins les plus virulents viennent lui flanquer des coups de pied méprisants dans les flancs, mais le gros Uruk vert reste comme hagard, soupirant de lassitude et prenant sur lui.
– Même si ça pue l’Homme, poursuit Tsharkin : ET ALORS !? J’ai pas l’droit d’recevoir les amis que j’veux, chez moi ? Ben si j’ai l’droit, les gars. Et vous savez quoi ? J’ai même des potes Hommes qui ont débarqué tout droit du Rohan, empestant le cheval… Dès lors qu’on n’est pas en guerre, qu’ils présentent tous les formulaires en règle pour un "séjour au pays", pourquoi j’m’en cacherais ? Eh ouais, les militaires ! J’suis potes avec des bidasses de l’armée ennemie, j’fais des affaires avec eux, et j’m’en branle royalement de c’que vous pensez. De toute manière, qu’est-ce que ça peut vous faire, les gars de l’extérieur ? Mh ? Quand on est en guerre avec son propre pays, Ts'arrrh ! On n’a vraiment qu’ça à foutre, d’aller chercher des noises aux types des pays voisins ?
– En fait, ton Homme, on apprécierait de l’inspecter un coup, et tous les autres que tu pourrais cacher, lui dit froidement Togreh.
Tsharkin porte son regard vil sur la grande Uruk noire balafrée, et on devine l’ancestrale et franche rancune entre eux, pour une raison qui ne nous a jamais été contée :
– Eh bien faites donc, mes bons amis, nous invite-t-il mielleusement, chose que le Vieux Yetch s’active à faire, tandis que l’Homme snaga aux cheveux pâle est pris à l’Uruk et amené de poignes fermes devant le Lieutenant
– Regarde, ma chère Bras D... Vous avez la même chevelure pâle, vous pourriez être frère et sœur... Ta génitrice aurait pas été tronchée par... Ouais laisse tomber, j'vais pas la faire celle-là, j'suis pas dégueulasse à ce point. (Roulement de rires mauvais dans la grotte de Tsharkin) Et j’ai qu’celui-là, d'Homme sous mon toit, et sous tous les autres en ma possession, précise Tsharkin. Envoyez donc des p’tits gars à vous faire le tour du bail, si vous m’croyez pas de parole.
Vieux Yetch qui fait signe à ses vétérans. Et effectivement, Virag, Raqsh, Rugar, Yourch, et Roaggu, ils se fraient tous les cinq un chemin à travers la grouillante de Tsharkin et partent à l’inspection de ses arrière-tunnels…
– Que c’est vexant, mes p’tits soldats…
– L’affaire est sérieuse, dit le Vieux Yetch. On recherche de potentiels intrus, là dans les cols. On a trouvé des Gollums fléchés par des tirs d'une grande précision. Des flèches d'Orques, mais le talent d'un Ranger du Gondor, ça, ça grille bien la nature véritable de nos tireurs. Toi-même Chef Tsharkin, tu t’sens peut-être pas concerné par ce qui se passe autour de ton trou, mais juste pour te poser net la question, histoire d’être sûr : tu ne sais rien ? T’as Rien vu ?
– Les militaires... S’étrangle de rire Tsharkin, son hilarité se propageant en une nouvelle rumeur de ricanements étouffés parmi les siens : Oui, bien sûr. J’imagine bien que dans vos têtes de fiers Légionnaires qui marchez sous les drapeaux du Grand Sauron, la vie est simple et tout en noir et blanc : soit on est un Patriote bien droit dans ses bottes, soit on est la dernière et la pire des crapules, et quand vous tirez l’épée c’est forcément pour l’Avenir du genre Orque… Arrêtez un peu d’me regarder avec vos regards de chacal, Vieux. Et tes p’tits bas-du-cul Uruk-Haï aussi. Un autre Lieutenant que toi, mon gars, j’le ferai jeter et caillasser dans ce trou pour moitié moins d’irrespect qu’celui qu’vous avez dans les yeux ! Votre vieux géniteur, à vous deux, j'parie qu’il vous a monté la tête contre moi et mes potes, comme quoi on était les pire des crapules sans-honneur, mais c’est complètement faux ! La guerre, c’est la guerre les petits ! Faut pas hésiter à frapper dans l'dos, car l'Ennemi lui il hésitera pas ! Et faut pas non plus laisser les crevards ennemis se barrer, faut les achever ! Car un ennemi mort ne reviendra pas pour se venger ! Et encore un p'tit conseil pour votre avenir : Si vous n'sentez pas le copain qui vous accompagne, qu'vous sentez qu'il est pas net dans sa tête... Soyez l'premier à sortir le couteau et servez-vous en, sans l'ombre d'une hésitation...
– On ne s’attend pas à ce que tu comprennes l’importance des enjeux de la bataille qui va avoir lieu là-dehors, cette nuit, Chef Tsharkin, lui rétorque sèchement Togreh tandis que Vieux Yetch achève son inspection de l’Homme aux cheveux pâles.
– Arrêtez un peu avec vos "enjeux"... Pour moi, le seul enjeu qui m'fera sortir de mon trou, c'est l'pillage. Et avec les Hommes Noirs de Numénor, y a rien à piller, leurs cités qui squattent notre Mordor sont aussi acérées et rustres que vos casernes de Légions. Vous savez, j’vous plains sincèrement les militaires, ironise Tsharkin : ça doit être sacrément flippant, votre perception du monde à vous autres. La patrie cernée par plein d’Ennemis et de faux alliés conspirant avec eux pour nous anéantir tous, la Caste Noire, l’Ennemi de l’Intérieur qui conspire contre nous les Orques, Sauron qui est mort et l’Créateur qui ébranle le ciel pour nous irradier à tous des éclat de son Astre Tyran… Mais désolé d’vous décevoir les p’tits gars, mais c’est pas parce que vous autres vous voyez le monde comme ça que tous les congénères Orques ils le voient comme ça eux aussi : Y a des gars, comme moi, ils le vivent très bien le monde tel qu’il est à l’heure actuel, et même qu’ils ont pas particulièrement envie de vous voir réussir à tout chambouler avec votre coup d’Etat, là-dehors ! Faut juste savoir à quelles heures on peut sortir de chez soi et à quel moment l’Astre Tyran va cogner dur sur les yeux et le cuir…
« Et pour c’qui est de vos intrus, non, j’l’es ai pas vu ma chère Togreh, Vieux Yetch. J'suis un corrompu mais pas la dernière des sales races qu'on appelle un Traître. Si j’savais quoique ce soit à leur sujet, laisse-moi te garantir qu’j’aurais envoyé mes gars vous prévenir direct, ET même plus encore, j'aurais fait inspecter ces cols moi-même. C’est ce que j’vais ordonner à mes types d’ailleurs, si vous l’souhaitez. Mais pour c’qui est d’se faire réquisitionner pour aller à la castagne, à d’autres. Y a trop d’conflit entre deux autorités équivalentes. Moi et mes potes, on assume parfaitement qu’on préfère attendre de voir qui va avoir le dernier mot pour prendre parti.
– On n'se faisait pas d'illusions à ce sujet, Chef Tsharkin. Pour ces intrus, on a aussi trouvé des gars fracassés à la hache, rajoute Togreh. Une hache en maothran.
A cette information, Tsharkin se renfrogne sur son trône.
– Encore heureux qu'vous ayez pas dit qu'ça sentait l'Khuzdun chez moi, maugrée-t-il. Sinon j'vous arrachais vos sales langues...
– EH ! Togreh et Nenag font bondir de frayeur toute la grotte lorsqu'ils rugissent de concert dans toute leur puissance : Tu vas redescendre de ce perchoir sur lequel tu t'es permis de monter et tu vas bien fermer ta gueule, compris "Baron" ? On l'a compris, que t'es un vicelard qu'on n'a pas intérêt à sous-estimer car tu règnes en enfer. Mais tu sais quoi ? Au cas où tu l'aurais oublié, y en a un en enfer qui a le bras encore plus long que toi, et c'est l'Uruk Biggs Cassork. Et tu sais quoi ? Lui et son "Corps des Piquiers" travaillent pour nous maintenant. Alors on a tous conscience ici qu'on ne t'intimide pas et qu'tu pourrais nous découper facile sur commande, mais si tu veux déclarer une guerre des tunnels au Roi de la Pègre et des Espions des Orques du Mordor, vas-y ! Le défie Togreh.
Tsharkin ne dit rien. Il se renfrogne comme un enfant boudeur, avant de répondre sans fioritures...
– J'ai rien à vous apprendre de plus que c'que vous savez déjà. Juste encore cette rumeur qui dit qu'un chasseur Khuzdun s'est introduit sur le territoire depuis des mois et qu'il "chasse de l'Orque". Aux dernières nouvelles il était parti du côté de Nûrn. Mais est-ce que c'est le même, ou est-ce que notre Mordor est en train de devenir la réserve de chasse de tous les connards d'aventuriers qui ont envie de tuer de l'animal exotique que sont l'Orque, le Troll, le Warg... Ça j'peux pas te dire.
Les vétérans partis à l’inspection des arrière cavités reviennent. Bredouilles.
– A la bonne heure ! Vous voyez les gars ? Rien à cacher aux honorables soldats de la Patrie ! Sur ce, allez donc vous faire trucider en première ligne dans votre bataille, mes gars vous raccompagnent…
– Attend Chef Tsharkin, on n’est pas venu que pour ça ! S’écrie Madhar en feintant le gros Gobelin qui voulait nous englober des bras pour nous inviter à dégager. Madhar vient se camper face au baron. La Meute elle-même amorce un mouvement pour forcer le passage afin de venir réintégrer notre jeune Chef à la cohésion de groupe :
– Le p’tit de Yashnarz…
– La Légion a un compte à régler avec toi, du moins avec l’un des tiens, dit-il. Il nous fait signe de faire se rapprocher le jeune Raghbagh : un des plus récents enrôlés. La Légion l’a incorporé dans la suite de ma Meute, Chef Tsharkin. Il est donc maintenant l’un des nôtres.
– L’un des vôtres… Votre snaga creuse-latrines tu veux dire !
– Nous avons partagé le repas ensemble, poursuit Madhar sans se laisser décontenancer par les rires de moquerie dans la cavité. On l'entraîne, on le forme comme un vrai soldat, on l’a intégré comme un frère d’armes à part entière. On a bataillé ensemble pas plus tard que ce midi. Le loi raciale le condamne peut-être à demeurer snaga à vie, mais à nos yeux, maintenant, il est l’un des nôtres. Il nous a raconté son passé. Et il nous a dévoilé ce que l’Uruk Golgoth lui a fait…
– Il devrait dire "merci" alors, ton rachitique… Plus d’couilles, mais toujours le membre principal. Elles sont nombreuses, tu sais ? Les femelles qui adorent pouvoir être prises juste pour le plaisir, sans avoir ensuite à s’taper la grossesse d’un indésirable...
– J’ai déjà mis au courant le Bras D d'mes intentions, continue Madhar. Togreh va attester que les choses se seront faites dans les règles. Je provoque Golgoth en duel.
L’Uruk relève la tête, première lueur de vie dans ses yeux jaunes vitreux, et pendant un instant, la frayeur de la folie qu’on est en train de faire électrise la Meute : Madhar est en train de provoquer en duel un demi-Orque. L’engeance guerrière supérieure. Celle de Crocs Blancs…
– T’es sûr que t’as la carrure, semence-de-Yashnarz ? Non parce que, d’ici, t’as l’air de ce chiot qui cherche la castagne avec dix fois plus gros que lui… J'vois qu'vous avez l'Orque Charir avec vous. T'es pas Crocs-Blancs et t'es pas un Uruk, mais on t'connait toi, t'es un sacré lutteur. J'serais presque tenté de parier sur toi.
– C'est moi qui le fait ce combat, dit Madhar. Combat à mort. Je repartirai avec l’oreille de mon congénère.
– Tout ça pour un snaga, méprise Tsharkin…
– Pour notre frère d'arme, reprend sec Madhar.
– Et si c'est lui qui gagne, t'y as pensé ? T'es prêt à mettre quoi sur le tapis ?
– Le Bras D s'engage à lui restituer son armure, énonce Togreh. Celle des cohortes Isengardiennes, si toutefois cela signifie encore quoique ce soit pour lui.
– Et s'il refuse, lance Charir, s'il se défile, quand on en a fini avec la bataille (et c'est nous qui allons la gagner, n'en doutez pas, avant l'aube ce sera nous les Patrons du Mordor), je reviens pour lui, et au moment où il tente de pointer son bout d'son nez là-dehors, j'lui garantis que j'le manquerai pas de mon arbalète !
Les gars calment Charir. Charir déteste plus que tout ceux qui s'en prennent à des gosses.
– Moi j’m’en fous de ce type, tu dois le savoir. Ce n’est pas l’un des miens, Golgoth. C’est juste une espèce d’animal qui a pris un coup de trop sur son gros crâne chauve et qui passe ici quelques fois, qui puise dans ce qui lui reste de cervelle pour entraîner la marmaille pour mériter sa bouffe… Provoque le Lui en duel, si t’y tiens, moi j’m’en fous. D'ailleurs, j’suis sympa tu vois ? J’vous laisse faire usage de la fosse…
– Merci Chef Tsharkin. Alors ? Tu acceptes Golgoth ? Ou tu veux que mes gars aillent crier sur tous les toits que le Chef Tsharkin abrite un lâche ? »
Fais-moi Honneur, Mange-Warg...
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:32, édité 1 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Un bourdonnement de frelon plane dans le silence qui suit l'insulte. Golgoth accepte sans un mot. Juste sa grosse tête ronde et lisse qui hoche. Madhar se fait craquer le cou, puis il saute dans la fosse, tirant l'épée, mettant son casque. On flippe tous, mais on s'efforce de rester de marbre, croire en notre Chef de Meute.
A notre surprise, les premiers mots de Golgoth sont pour son humain, alors qu'il lui tend son fauchon : « Toi, Shora, dit-il. Tu descends. Montre-moi comment tu te bats.
Shora, "Pâle", a l'air aussi surpris que nous de cette décision de son maître. Il reste là, quelques battements de cœur, l'air con, devant l'épée incurvée que lui tend le demi-orque.
« Tu... Tu veux remettre ta vie à ton esclave ? Tu m'insultes là ? Grogne le casque de Madhar à l'attention de Golgoth. Le demi-orque ne répond pas. Ne le regarde même pas, toujours à tendre son arme à l'Homme avec immobilisme. L'autre finit par prendre l'arme de son maître et entreprend de sauter dans la fosse, clairement gêné de devenir le centre d'attention de tout le monde Orque...
« T'es stupide, dit Madhar à Golgoth. Vraiment stupide. Quand j'aurai fait passer ton Homme de vie à trépas, tu devras tendre gorge à l'épée, tu le sais... Et toi, se tourne-t-il vers Shora : tu bouges pas, t'attends.
On voit notre Chef de Meute s'enlever le casque, puis les protections, et se foutre torse-poil, nous confiant son attirail afin de se mettre d'égal à égal avec son adversaire... Avant de prendre posture de combat :
– Tes cheveux pâles sont intéressants, lui dit-il très calmement. Ça me fera d'un bon scalp. »
Quand on entend "snaga", chez nous, ça suscite un mépris instinctif et immédiat.
Car snaga ça signifie esclave. Car snaga, ça désigne le sous-genre le plus chétif de la race des Orques, une caste dans laquelle on naît, on vit, on meurt. Misérablement, dans les trois actes.
Car les snagas, c'est insignifiant et rayé de tout chant, mention, honneur et conte de guerriers. Juste les extractions d'un puits de main d’œuvre et de chair à piques et à flèches pour la guerre. Nous autres, la Meute, on a su constituer un îlot de dignité pour nos snagas, les jeunes de notre âge qu'on embrigade où-qu'on-va, au mépris de la loi raciale et de nos aînés qui nous disent : « Mais bon sang les p'tits gars ! Ces p'tites panses que vous nous ramenez vous n'pouvez pas les ramener comme ça à l'infini ! Nous après faut qu'on les nourrisse, qu'on les vêtisse, qu'on les équipe, et qu'on les entraîne ! Y a toute une machinerie logistique à prendre en compte derrière ! »
Même nous, qui savons qu'un snaga a un nom, une personnalité propre, des buts, des peurs, des espoirs, des rêves, une histoire propre, on a du mal (et pas forcément envie ni intérêt, diraient Ghik, Ketkû ou Ludra) à se détacher de ce mépris instinctif avec la masse d'ensemble de basse extraction,. Mais dés le premier échange entre Madhar et son adversaire, on capte tous que "Shora", c'est pas "juste un snaga".
Dès le premier contre, on sent que le "snaga" humain n’est pas adversaire à prendre avec mépris. Madhar le comprend très vite, lui aussi. En trois bonds vifs il a traversé la fosse en zigzag et il est sur son adversaire, prêt à expédier ce combat avec tout le mépris d'un Uruk pour un snaga. Mais il son instinct du soldat entend le cri d'alarme de ses neurones. Madhar ravale alors vivement son envie de frapper de tout son mépris pour battre en retraite d'un autre bond. Adoptant posture et attitude plus mesurées. Plus vigilantes et prudentes. Quelque chose cloche avec cet adversaire, et il vient de le sentir. Les muscles secs de son torse, de ses épaules, de ses membres, le regard d'acier de l’Homme qui garde sang froid, sa posture… Tout indique que derrière son allure de prisonnier pouilleux en pagne, Golgoth a jeté dans la fosse un combattant aguerri. La manière dont il guette l'assaut de Madhar, avec assurance, le montre. Madhar ne se décontenance pas pour autant. Il passe à l'attaque, mettant à l'épreuve une défense implacable suivie d’une contre-attaque qui le pousse au repli.
Par curiosité, il approche à nouveau de son adversaire avec une certaine douceur, tendant l’épée en avant. Quand son adversaire vient mettre le fer du fauchon en contact avec sa garde, Madhar rompt immédiatement l'engagement et recule, se sortant d'une estoc meurtrière qui malgré tout lui lacère l'épaule. Autour de nous, les gars de Tsharkin et nos snagas ne sont pas aptes à comprendre à quoi joue notre Chef de Meute, à se "dégonfler" dans tous ses engagements au lieu d'attaquer comme un bon gros Uruk. Les premiers huent le combat, traitant les deux combattants de mollassons, exigeant du sang…
Mais Madhar, lui, émet un souffle nasal, méditatif. Il a fait sa prise d'information :
« Chevalier... » Énonce Madhar à son adversaire. Lui faisant comprendre qu'il vient d'évaluer la menace, de prendre la pleine mesure de son adversaire. Qu'il va donc entreprendre ce combat de fosse avec toute la concentration qui se doit… Madhar prend un grand souffle. Ce combat promet d'être intense, mais Shora a commis une erreur en dévoilant ainsi son potentiel véritable. S'il reste concentré, lui...
Yetch et ses vétérans ont bien compris la situation eux aussi. Yourch le vétéran produit un grognement d'encouragement. Repris par toute la bande de Yetch.
Toute la Meute, toute la Section grogne en se cognant en cadence :
« Coupe-le en deux Madhar ! Éructe Ludra. Tu vas y arriver ! »
Madhar se campe en soldat sur ses jambes arquées, Hors de la fosse, j'aperçois brièvement Togreh qui est venue au pied du trône du chef Tsharkin, lui faisant signe de courber sa tête vers elle, oreille à portée de gueule, pour venir lui glisser des propos à l’oreille qui ont toute l’attention du Baron des crapules. Il plisse le front d’attention, hoche la tête...
Dans la fosse, Madhar revient au contact, provoquant un nouvel échange. Des coups précis, destinés à déséquilibrer l'adversaire. Les armes se parent, les corps s'entrechoquent. Au second échange, Mad' parvient à passer la garde de son adversaire pour faire partir le combat à l'empoignade, faisant éructer la Meute. Ça, c'est le domaine d'un Uruk ! "Shora" n'est pas des plus doué pour un combat plus primal, bien que plus grand et plus épais que notre jeune Chef en taille. Madhar le mord sous l'aisselle, lui arrachant un cri de souffrance. Son arme parvient à lacérer l’abdomen de l’Homme meurtri qui titube en arrière de plusieurs pas. L’autre se reprend pourtant et tente de contre-attaquer, mais Madhar sort le grand jeu du Chef de Meute, le contre presque joueur, impétueux, :
« Ne me sous-estime pas non plus, beau Sire, adresse-t-il à l'Homme en le repoussant du plat de son épée comme le dernier des malpropres, ce qui lui vaut un ricanement d'approbation collectif : je suis jeune mais pas le premier venu ! »
Et il retourne à la charge, acculant son adversaire. Mettant tout son cœur et toute sa maîtrise, toute son initiation en privé auprès du plus grand mentor qu’un Orque puisse avoir : le Grand Skulaï. « Vas-y Mad’ ! Je m’époumone, solidaire de mon "rival", mon "Crâne d’Oeuf"…
– A mort ! Rugit Volg
« Mange-Warg ! Mange-Warg ! Mange-Warg ! »
La Meute se chauffe en même temps que Madhar gagne en férocité, en assurance dans ses assauts, dans ses parades, dans sa manière de rentrer dans le lard de l’Homme.
Personne ne voit venir la riposte. Soudain, alors que tout semblait tourner pour le mieux, Mange-Warg couine en titubant en arrière, prostré sur une profonde entaille sur la cuisse gauche. Madhar grogne de rage et de douleur. Il cogne sur sa poitrine de son poing pour se remettre d'aplomb, se remet en garde, s'efforçant de garder la tête froide. Reprenant sa posture de jeune Loup de guerre, crocs serrés, notre ami repart à l'attaque. Mais l'Homme, acculé comme une bête piégée, se bat avec l’énergie du désespoir, porte des coups imprévisibles, et pourtant, si méthodiques. Il tranche dans l’autre jambe de Madhar, qui à nouveau rompt et sautille en couinant de sa blessure. Et là, plus aucun répit : son adversaire passe à l'attaque et elle est implacable. Madhar s'efforce de se défendre de l'assaut avec vaillance, mais il est pris en état de faiblesse, n'a plus possibilité de se désengager, de récupérer. Se prend échec sur échec, coup sur coup. Son adversaire finit par ouvrir sa garde, et... Dessine sec une longue lacération sur le torse de notre camarade. Une ligne écarlate de laquelle gicle le sang. Toute la Meute est horrifiée tandis que Madhar tombe en réprimant un cri. Au-travers des rires gras, des railleries de la tribu de Tsharkin sur la "semence-de-Yashnarz qui n'est pas à la hauteur" , sur "notre arrogance qu'on va pouvoir ravaler", la seule vue de notre Chef de Meute se mettant à ramper comme une proie impuissante face à l’Homme aux cheveux pâles qui marche implacable vers lui tient du pur cauchemar. Madhar s’efforce de rassembler ce qui lui reste de force et de se redresser. Prend appui, bondit sur ses jambes tremblantes. Il veut repartir à l'assaut en s'époumonant tel le guerrier Uruk qu'il est déjà en son âme. Mais Shora arrive en frappant en circulaire contre sa main, désarmant notre ami. Remet un coup à Madhar, lui plantant la pointe de son épée sur le flanc du pectoral droit. Madhar couine de douleur comme un avorton snaga, tandis que l’Homme, sans forcer pour enfoncer plus l’épée, se contente d'avancer pour presser et faire chuter pathétiquement Madhar à terre dans l’angle de la fosse, où il se recroqueville comme un sale chien. Ça y est… Madhar est fini et il le sait. Il a demandé un combat à mort. Il l’a eu, sauf que c'est lui qui va mourir...
Il jette un regard blême, vide sur les pieds de son adversaire ; s’efforce de nous chercher du regard, de nous dire adieu…
« Tue le. » Gronde Golgoth à son esclave. Toute la horde de Tsharkin le réclame.
L’Homme jette un regard à son "maître". Un regard enflammé. Ramène ce regard vers notre Chef de Meute tassé à ses pieds, qui s'efforce de rassembler ce qui lui reste de dignité pour encaisser le coup de grâce.
A la surprise générale, l'Homme porte un coup de pied dans l’épée de Madhar pour l’expédier à l’autre bout de la fosse. Puis il lève un regard hagard sur l'assemblée des Gobelins penchés autour de la fosse, rencontre tous ces yeux incandescents. Il regarde son "maître", avec une telle insolence... « Fouette-moi, marque-moi du brûleur autant que tu veux. Je ne t'obéirai pas. »
C'est ce que signifie son regard. L'Homme expire lourdement, et se détourne de Madhar, le laissant à ses blessures...
« A Toi, Ô Grand Karess ! Trinque Tsharkin à notre défaite : Dieu des Gollums et des Chemins de Souillure...»
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Au-dessus de la fosse, Charir vient de relâcher son emprise sur son arbalète. Si l’Homme, qui qu’il soit en vérité ("un ex-mercenaire" qu'il s'est présenté... à d'autres) avait fait mine de vouloir achever notre ami, il le tuait. Quitte à provoquer un outrage envers Tsharkin. Charir, Jarrax, Krell Yari, Ludra et moi, on se précipite sur notre ami en bas pour extraire là Crâne d'oeuf, sans tendre l’oreille aux gausseries et la grogne de la horde de Tsharkin :
« Bah alors, vous faites plus les fiers là bande de gros nuls ! »
« Eh ! C'est une blague ou quoi ?! C'est un combat à mort ! Votre gars on va le crever nous-mêmes ! » De plus en plus prompte à chercher la bagarre, ils ne veulent pas nous laisser remonter. Et les vétérans doivent se montrer de plus en plus agressifs et vindicatifs pour dégager l'extraction de notre ami. Les Tsharkin... Prêts à achever notre ami dans nos bras ces bâtards ! On voit nos aînés qui commencent à abaisser les visières.
– Ts'aaarh ! Grogne Charir en se parant de la même sorte : Préparez-vous les p'tits gars, ça va barder ! » Quelle fin grotesque, si c'est comme cela que ça finit. En lieu et place de la grande bataille de cette nuit, on va juste se perdre dans une vulgaire querelle entre deux bandes rivales…
Pour un ami, me souffle ma conscience… Pour l’honneur de notre Raghbagh. Pour la vie de Mange-Warg…
« OH ! J’VOUS AI DIS D’LA BOUCLER A TOUS ! ALORS MAINTENANT TOUT LE MONDE LA FERME LA-DEDANS ! Explose Tsharkin… Sa colère a l'effet immédiat de ramener le silence dans son chez-lui : On est où, là, les gars ? Mh ? On est des gens civilisés, brutalisez pas nos chers amis militaires... Ils doivent déjà être assez en gerbe d’avoir à ravaler toute leur arrogance depuis qu’ils sont entrés ici… »
On a pu remonter Madhar, le hisser dans les bras de Charir et des vétérans du Vieux Yetch. Les autres se hissent hors de la fosse, sans s'attarder plus. Moi, j'me sens gagné de vertige, là dans ce trou…
« Bon sang ! Je me retiens de tomber à genoux… Nyaiy, je couine : On a… On a tellement frôlé l’pire, Ts’arrrh ! »
Alors que je m'efforce de lutter contre cet engourdissement et de me hisser à mon tour pour m'extraire du trou, deux grosses poignes me chopent comme une sale vermine :
« Toi le snaga, tu vas avec Golgoth, me grognent deux gars de Tsharkin...
Complètement surpris par cette prise à parti, je reste coi alors que le gars me jette dans la grotte, en y mettant toute sa force d'adulte, toute sa carrure de brute...
– Vous n’croyez pas qu'on va vous laisser partir comme ça ? Vous débarquez chez nous, vous exigez un duel au pauvre Golgoth qui a rien demandé, vous perdez, et vous n’respectez même pas vos conditions de "combat à mort"… Qu’est-ce qui nous dit qu’vous allez respecter la parole donnée à notre invité et lui restituer son armure ? Ici y a encore des règles, bande de sales Globs ! Vous avez son armure que vous lui avez promis ? Non. Alors toi le snaga, tu vas rester gentiment auprès d’l’Uruk comme garant que vous tiendrez votre promesse.
– Ouais, se moque l'autre. Ils tiennent à vous autres les snagas de toute façon, vos Uruk-Haï ? Ils ont pas les couilles d'aborder des vraies femelles alors ils font avec c'qu'ils ont sous la main...
Tout ça, ils me le grognent au nez comme s'ils étaient Tsharkin crachant sur la Section toute entière à travers moi. Et le deuxième, il me tient immobilisé le bras avec lequel j'aurais tiré l'épée. Trop de force brute, l'effet de surprise...
– J'suis pas un snaga espèce de sale pourriture ! Je lui crache à la gueule une jolie glaire pour lui montrer une première différence entre un snaga et un Orque de l'Oeil Rouge, à ce gros con qui fait deux fois ma taille. Retirez vos sales pattes de moi... » Je lui grince au visage, crocs serrés, les yeux dans les yeux...
Et il se décompose, l'espace d'un instant.
Avant que Togreh n'arrive en trombe en pulvérisant le duo de brutes hors de son passage, me dégageant.
« Vous l'touchez encore une fois, j'vous crève ! Rugit-elle, l'épée tirée. Les deux gars se reculent à grands bonds, immédiatement soumis. Personne ne tient tête à un demi-Orque du Bras Disciplinaire, même isolée au cœur de votre propre antre. Hormis ceux qui sont complètement suicidaires...
« Et toi, petit Rat, me dit-elle, ôte ton attirail. Toutes tes armes.
– Mais p... Pourquoi ?
– Exécution, soldat.
Alors je donne mes armes et mon attirail à Togreh, sans comprendre. Et mon uniforme de combattant...
– Je ne suis pas un snaga moi…
– Tu l’es maintenant ! Se gaussent les gars de Tsharkin, en gardant toutefois leur distance de la Bras D...
– Sauf si tes chefs estiment qu’tu vaux une cuirasse d’Uruk. Moi à leur place, j’ferai pas l’change ! Meuahahaha !
– Eh ! Foutez-lui la paix à c'gamin, vous autres ! Grogne Tsharkin depuis son trône, tandis que Togreh récupère toutes mes possessions :
– L'autre, me dit la Bras D, ne fera aucune différence entre ce que tu es et... C'que tu serais hors de nos frontières, si tu n'avais pas eu le luxe de grandir sous notre aile. Tu vas devoir aller avec lui, j'ai donné la parole de la Légion là-dessus. Alors, surtout, tu fais profil bas. Tu baisses la tête, s'il t'appelle Snaga, tu dis« Oui Maître. » Ça ne devrait pas durer très longtemps. On va revenir pour toi, Serment d'Uruk. "Une Légion de Coeurs, Une Seule Âme."
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:33, édité 2 fois
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
III : Notre Protecteur...
Je rêve de la bataille que mènent les Légions contre l'armée de la Caste. Des rêves de brutalité, de sang qui gicle. De cris. D'horreur. D'horreur pure. Flashs, odeurs, impacts, terreur absolue, réminiscences de la fosse aux archers. Et douleur. Une douleur fulgurante, douleur d'impact dans la joue et les dents, tandis que l'on me frappe. Frappe. Frappe.
Quelqu'un me frappe. Me brutalise dans mon sommeil !
Je crois mourir, être mort. Mort, vrillé de douleur aux dents, une gorgée métallique de mon propre sang dans la bouche...
– Alors, on est réveillée, "Princesse" ? Se moque la voix malveillante de Trois-Doigts, mon dernier congénère en vie (sans compter l'Uruk Golgoth, juste du pur Gobelin) dans ce ramassis de crapules avec lequel je me retrouve embarqué...
J'ai mal partout. Mal des coups qui m'ont été mis, mais mes dents, ts'arrrh ! Mon réveil parmi eux est une entrée dans un véritable cauchemar et je me réveille en me roulant et me contorsionnant de douleur, geignant... Ma main gauche se porte à ma bouche et tâte apeurée, tandis que ma droite tâtonne au sol, tâtonne et bizarrement, trouve la hampe de la lance que j'ai plantée dans la gorge du Mangeur d’Épées...
Ces ordures de déserteurs... Ils... ILS M'ONT CASSE DES DENTS !!!
Ma conscience vrille au rythme de la douleur, tourbillonne ! Dans cette embouchure secrète de l'Antre caverneuse et labyrinthique de Shelob, "le Chemin de Souillure", j'entends les sales rires sadiques du groupe... Pas des Hommes non. L'Uruk Golgoth. Le Nain. Trois-Doigts au-dessus de moi...
Même ces deux putains de Wargs ricanent de ma souffrance !
Dans mes contorsions, je relève la tête et jette un regard fiévreux, fou de reproches aux Hommes, à Shora, Simo, et cet Archer qui voyage avec nous... Tous baissent la tête de honte, une première mort de HONTE avant leur véritable Mort ! De ne pas être intervenus, d'avoir laissé faire...
Ces connards avec lesquels je me retrouve embarqué, ils m'ont brutalisé dans mon sommeil et m'ont roué de coups... Une plaisanterie courante dans une armée, paraît-il, d'aller molester dans son sommeil un copain endormi, un gros ronfleur... Les instructeurs nous apprennent très tôt à en prémunir la Meute en se désignant constamment des gardiens, des veilleurs sur la sérénité du sommeil des frères d'armes. La blague est rude mais elle toujours restée ce qu'elle est jusqu'ici : une blague ! On n'casse Jamais les dents ou autres d'un copain !
Mais ces putains de déserteurs... Ils m'ont cassé les dents et T'SARRRH! CA FAIT MAL !!!
Deux d'entre elles qui manquent à l'appel sur le côté gauche de ma bouche... L'impression de mordre de toutes mes forces les pointes acérées de clous, dans mes gencives, alors que je cherche tant à apaiser, à calmer...
– Voilà c'qui arrive quand on ouvre trop sa gueule, Princesse, me nargue-t-il en me susurrant ses moqueries au-dessus du sale rat recroquevillé que je suis... Tu ferais mieux de t'le rentrer dans l'crâne !
Je rampe par terre et le premier mot que je geints, c'est...
« Golgoth ! »
Pathétiquement. Pathétique de désillusion... Golgoth... Cet Uruk avec lequel je me retrouve empêtré... Mon instinct le percevait comme le Chef de Peloton. Même de ce grotesque et abject Peloton de fuyards et de déserteurs avec lequel je ne veux rien avoir à faire ! Instinctivement, naturellement, même sachant qu'il est en train de commettre l'impardonnable, la Désertion, j'avais confiance en l'Uruk, en mon congénère à trois-doigts même ! Pour être les gardiens de mon sommeil.
Tu parles... Comment j'ai pu seulement me relâcher au point de m'endormir en fait... Somnoler...
– Est-ce Golgoth qui t'a fait ça ? Peut-être, et peut-être pas. J'ai tout vu, rajoute Trois-Doigts... J'ai vu qui c'était qui t'a fait ça. Mais j'dirai rien. »
La lance dans ma main... La Rage... Envie de tous les massacrer. Je commence par cet abject CONNARD de Trois-Doigts qui glousse et puis...
Non. Calme-toi, soldat ! Calme-toi...
Je m'efforce d'écouter mon intuition. L'instinct du soldat.
« Si vous êtes capturé, vous devrez tout faire pour vous échapper. »
Je sais, Sergent-chef Murgleeth. Je sais ! Regarde un peu comme je suis prêt à mourir en portant mes couilles, s'il le faut... Si ça constitue l'unique échappatoire... Mais j'en suis pas encore là, je le sais. Je le sais parce que... Ces cons, ils m'ont laissé ma lance...
Ils m'ont cassé les dents, et ils me laissent ma lance... Ne m'ont même pas fouillé ; j'ai encore ma dague sur moi, et la grenade du Mangeur d'Epées...
Trois-Doigts reste au-dessus de moi, patient. Quand je parviens enfin à pouvoir gagner la position assise, je continue de me tordre de douleur en me tenant le côté de la bouche, mais je ne me plains pas. Je ne dis rien. J'encaisse... Sans même chercher à réprimer mes geignements...
Je lui jette juste un regard infantile, et l'espace d'un instant, Trois-Doigts s'ébranle dans cette façade de stupide connard qu'il est...
Avant que le sommeil ne m'emporte, bien malgré moi, lors de cette pause sur le seuil de feu-Shelob, il s'était mis à laisser transparaître une part d'aîné... Plus fraternelle...
« Alors Princesse ? Me dit pas qu'tu vas vraiment dormir pour de vrai ? Meuahahah ! Gloussait-il... Même pas pris la peine de lui répondre sur le coup...
« … Y a qu'les p'tits comme toi, qui dorment vraiment, a-t-il murmuré, soudain, devenant mélancolique... Les autres, ceux qui y sont allés, ils font semblant, ils disent rien...
Il tremblait... Sa main amputée de deux doigts lui embuait les yeux...
J'aurais pu me rapprocher... Le raisonner... Lui dire qu'il n'était pas trop tard pour rentrer faire amende honorable. Que là-dehors, y avait rien pour une petite bande d'Orques seuls. Rien à part errer en attendant de mourir... Sans compter que tous ces humains, là ils vont sûrement lui planter un couteau dans le dos à la première occasion...
Mais l'assassinat forcé du Mangeur d'Epées et de son binôme étaient chauds bouillants dans ma tête :
– …Ben dis rien. Ferme bien ta gueule...»
Lui ai-je lâché en me relâchant, juste une demi-seconde, toute l'accumulation de fatigue soudaine. M'endormant vers un abîme de cauchemar...
Je me tiens face à lui maintenant. Le regarde les yeux dans les yeux, juste une seconde... Il détourne le regard, gêné. Les relève un coup pour s'assurer que ses copains ne le voient pas...
– Tiens, me dit-il. On a pensé qu'tu aurais quand même besoin de manger, une fois de retour parmi nous, me dit-il en m'approchant une assiette de soupe de champignons...
J'envoie voler sa coupole de soupe du pied. Sans ciller. Sans cesser de le regarder dans les yeux, de mes yeux d'enfant...
Je ne veux pas manger.
Pas maintenant.
Je ne veux pas cicatriser.
Je veux que ça saigne.
Que ça pulse de douleur à m'en rendre fou.
Et je veux être affamé.
Je veux avoir faim...
Une faim de Loup...
***
Cauchemar d'avoir tué deux frères d'armes.
Cauchemar d'être renié des miens.
Cauchemar que mes amis me laissent à mon sort.
Cauchemar de la bataille à laquelle je ne prends part, qui pourrait tourner à la boucherie pour les miens sans que je ne sois là pour tenir la ligne...
Cauchemar de ne pas réussir à échapper à ces brutes et que ma vie de soldat me soit arrachée.
Cauchemar de revenir à l'état primaire de rat errant, seul. Rien que le souvenir de la face carnassière de ma mère qui voulait me manger...
Le vrai courage est toujours nimbé de cette ombre qu'est la peur pleine de doutes, Petit Rat. Le mérite n'est pas l'absence d'épreuves et d'erreurs, et parfois, la beauté ne réside pas dans la manière de survivre, mais bien de Mourir.
Le Sacrifice...
Serre les dents, Petit Rat.
Tiens bon. Te renies pas.
Le Sacrifice...
Serre les dents, Petit Rat.
Tiens bon. Te renies pas.
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:34, édité 4 fois
Karess- Messages : 194
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Shora se traîne. Là d'où il vient, il ne s'est pas fait le cuir pour gambader dans les reliefs rocailleux de ma noire terre sur la plante des pieds, or Golgoth n'a pas pris la peine de chausser ses pieds nus. Résultat, l'Homme boite sur ses membres en sang. Et si moi et les miens on souffre de manoeuvrer sous Soleil, lui il ne voit pas, ou très mal dans la nuit...
« Tu veux un coup de main ? Je lui demande en me tournant vers lui.
Sur le coup il a un mouvement de recul, que je ne comprends pas. Je le regarde avec toute la sympathie que je peux y mettre dans les yeux :
« Mauvaise vision d'nuit hein ? Ça n'fait rien, regarde : pose ta main sur mon épaule et laisse-moi te guider. »
Comme quand on s'bat en cohortes... En Meute...
… Où est ma Meute ? Qu'est-ce que je fous là, seul sans les miens, sans la Meute, à poil sans mon attirail et sans mes armes ? A marcher avec un Ennemi de mon peuple et sous l'autorité d'un Uruk Déchu ? Déshonoré ?
Golgoth et son Warg nous mènent vers les hauteurs, dans les cols où devraient être en train de patrouiller les miens. Et je n'aime pas l'itinéraire que l'on prend. Itinéraire de contrebandiers, qui passe insolemment très proche d'un poste de contrôle où l'on peut entendre les râleries distantes de collègues aigris de se retrouver de garde dans ce trou à rats alors qu'a battu le rappel de la grande bataille... On leur passe sous le nez, invisibles au nez et à la barbe... Très tenté de tenter ma chance, piquer un sprint éperdu, mais...
Le regard vicieux du Warg qui devine mes plans,
Plus celui vitreux du demi-Orque...
Je reste dans le rang comme un bon snaga.
Et on se retrouve à gravir cette colline où s'élèvent d'anciennes ruines de l'Ennemi, ceinturées d'amoncellements de pierres noire effilées, et où s'élève la fumée d'un feu de camp autour duquel un groupe épars est en réunion.
Un groupe étrange qui me laisse coi au début. Déjà car celui qui nous accueille est un Homme. Encore. L'Homme salue Golgoth comme une connaissance respectable ; il nous salue moi et Shora en se présentant sous le nom de Simo. Serrant la main de Shora, mais absolument pas la mienne...
« Et la mienne elle pue ? J'lui siffle, en m'étonnant moi-même de mon regain d'assurance, de combativité sur le coup... Simo, Peau-tendre rose à la crête noire ébouriffée au-dessus de ses tempes rasées, un visage creusé, marqué par la vie, aux yeux fatigués, a une expression gênée... Cherchant clairement comment justifier son refus sans vexer l'Orque puant et pestiféré que je suis à ses yeux...
– Tu sais p'têtre pas où ma patoune a traîné, je lui siffle espiègle, mais la main de Shora, elle a passé le gros de la balade sur mon épaule d'Orque tout sale. Alors tant qu'à attraper les maladies locales, vas-y à fond, "Simo"...
– Hm... Désolé, dit-il très gêné... Est-ce que je peux me rattraper en vous offrant de mon ragoût ?
Il nous tend une écueil à chacun, une soupe de légumes où marinent des morceaux d'une viande que Simo dit être du cerf... Les carcasses de mes congénères dans la fosse aux archers... Profonde révulsion... Simo nous a déjà tourné le dos. Golgoth semble nous avoir tout bonnement oublié d'ailleurs, partant saluer la bande.
Le Warg ? Il vient se léchouiller avec un autre Warg, se raconter leurs nouvelles. Un deuxième Warg du même acabit, qui amène sur moi ce même regard vorace qu'ils ont en commun... Tous les Wargs me donnent l'impression de me regarder en permanence comme une pièce de viande depuis mon plus jeune âge, mais eux, je sens vraiment qu'ils salivent d'avance de me mettre en pièces...
Au-dessus de mon repas qui me révulse, je cherche à décrypter ce groupe, épars comme je disais. Pas une bande unie mais plusieurs petits groupes amassés chacun de leur côté, et pour le moins... Distincts.
Simo a regagné le côté de deux Hommes. Des Hommes vêtus de vert et armés d'arcs...
Des Rangers du Gondor... Mon cœur cogne à jaillir hors de ma poitrine. Il est arrivé que les gars de la Section se travestissent avec les tenues de combat arrachées à l'Ennemi pour nous montrer à quoi ils ressembleront en face, et des archers comme Sjach, Vurink, Virag, ont parfois endossé le rôle de Rangers dans des simulations d'embuscades, d'opérations commandos... Mais en voir deux là, en vrai ? Dans mon pays ? Eux-mêmes nous scrutent en détail, moi et Shora.
A quelques mètres, trois de mes congénères Gobelins. Des gars d'une tribu que je suppose être celle de Tsharkin, mais peut-être pas... Peut-être juste des maraudeurs indépendants, des parias...
Et le Khuzdun. Un Nain. Un barbu abject armé d'une énorme hache au métal brûlant aux yeux, m'enserrant le coeur...
– Maothran, je m'étrangle... J'ai la nausée... Je viens gagner le support du plus proche tronc de colonne pour m'asseoir, en proie à un vertige... Près de moi, Shora semble peser le pour et le contre, ce que ça implique moralement : témoigner inquiétude et compassion pour un rejeton de la Race Maudite (Moi) ?
– C'est bon, t'inquiète, An... J'vais bien, j'ai juste... J'm'efforce de reprendre contenance : tiens, tu veux un p'tit échange dans nos rations, Shora ? Tes végétaux contre ma viande. Moi j'en mange pas, Shora.
« Tu veux un coup de main ? Je lui demande en me tournant vers lui.
Sur le coup il a un mouvement de recul, que je ne comprends pas. Je le regarde avec toute la sympathie que je peux y mettre dans les yeux :
« Mauvaise vision d'nuit hein ? Ça n'fait rien, regarde : pose ta main sur mon épaule et laisse-moi te guider. »
Comme quand on s'bat en cohortes... En Meute...
… Où est ma Meute ? Qu'est-ce que je fous là, seul sans les miens, sans la Meute, à poil sans mon attirail et sans mes armes ? A marcher avec un Ennemi de mon peuple et sous l'autorité d'un Uruk Déchu ? Déshonoré ?
Golgoth et son Warg nous mènent vers les hauteurs, dans les cols où devraient être en train de patrouiller les miens. Et je n'aime pas l'itinéraire que l'on prend. Itinéraire de contrebandiers, qui passe insolemment très proche d'un poste de contrôle où l'on peut entendre les râleries distantes de collègues aigris de se retrouver de garde dans ce trou à rats alors qu'a battu le rappel de la grande bataille... On leur passe sous le nez, invisibles au nez et à la barbe... Très tenté de tenter ma chance, piquer un sprint éperdu, mais...
Le regard vicieux du Warg qui devine mes plans,
Plus celui vitreux du demi-Orque...
Je reste dans le rang comme un bon snaga.
Et on se retrouve à gravir cette colline où s'élèvent d'anciennes ruines de l'Ennemi, ceinturées d'amoncellements de pierres noire effilées, et où s'élève la fumée d'un feu de camp autour duquel un groupe épars est en réunion.
Un groupe étrange qui me laisse coi au début. Déjà car celui qui nous accueille est un Homme. Encore. L'Homme salue Golgoth comme une connaissance respectable ; il nous salue moi et Shora en se présentant sous le nom de Simo. Serrant la main de Shora, mais absolument pas la mienne...
« Et la mienne elle pue ? J'lui siffle, en m'étonnant moi-même de mon regain d'assurance, de combativité sur le coup... Simo, Peau-tendre rose à la crête noire ébouriffée au-dessus de ses tempes rasées, un visage creusé, marqué par la vie, aux yeux fatigués, a une expression gênée... Cherchant clairement comment justifier son refus sans vexer l'Orque puant et pestiféré que je suis à ses yeux...
– Tu sais p'têtre pas où ma patoune a traîné, je lui siffle espiègle, mais la main de Shora, elle a passé le gros de la balade sur mon épaule d'Orque tout sale. Alors tant qu'à attraper les maladies locales, vas-y à fond, "Simo"...
– Hm... Désolé, dit-il très gêné... Est-ce que je peux me rattraper en vous offrant de mon ragoût ?
Il nous tend une écueil à chacun, une soupe de légumes où marinent des morceaux d'une viande que Simo dit être du cerf... Les carcasses de mes congénères dans la fosse aux archers... Profonde révulsion... Simo nous a déjà tourné le dos. Golgoth semble nous avoir tout bonnement oublié d'ailleurs, partant saluer la bande.
Le Warg ? Il vient se léchouiller avec un autre Warg, se raconter leurs nouvelles. Un deuxième Warg du même acabit, qui amène sur moi ce même regard vorace qu'ils ont en commun... Tous les Wargs me donnent l'impression de me regarder en permanence comme une pièce de viande depuis mon plus jeune âge, mais eux, je sens vraiment qu'ils salivent d'avance de me mettre en pièces...
Au-dessus de mon repas qui me révulse, je cherche à décrypter ce groupe, épars comme je disais. Pas une bande unie mais plusieurs petits groupes amassés chacun de leur côté, et pour le moins... Distincts.
Simo a regagné le côté de deux Hommes. Des Hommes vêtus de vert et armés d'arcs...
Des Rangers du Gondor... Mon cœur cogne à jaillir hors de ma poitrine. Il est arrivé que les gars de la Section se travestissent avec les tenues de combat arrachées à l'Ennemi pour nous montrer à quoi ils ressembleront en face, et des archers comme Sjach, Vurink, Virag, ont parfois endossé le rôle de Rangers dans des simulations d'embuscades, d'opérations commandos... Mais en voir deux là, en vrai ? Dans mon pays ? Eux-mêmes nous scrutent en détail, moi et Shora.
A quelques mètres, trois de mes congénères Gobelins. Des gars d'une tribu que je suppose être celle de Tsharkin, mais peut-être pas... Peut-être juste des maraudeurs indépendants, des parias...
Et le Khuzdun. Un Nain. Un barbu abject armé d'une énorme hache au métal brûlant aux yeux, m'enserrant le coeur...
– Maothran, je m'étrangle... J'ai la nausée... Je viens gagner le support du plus proche tronc de colonne pour m'asseoir, en proie à un vertige... Près de moi, Shora semble peser le pour et le contre, ce que ça implique moralement : témoigner inquiétude et compassion pour un rejeton de la Race Maudite (Moi) ?
– C'est bon, t'inquiète, An... J'vais bien, j'ai juste... J'm'efforce de reprendre contenance : tiens, tu veux un p'tit échange dans nos rations, Shora ? Tes végétaux contre ma viande. Moi j'en mange pas, Shora.
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Tu... Ne manges pas de viande ? Reprend Shora interloqué... Mais tu es un...
– ...Quoi ?... Un Orque ? On a nos individualités propres tu sais. Ouais, les miens mangent toutes sortes de viande. Mais moi j'en mange pas. J'peux pas, ça m'est inconcevable. J'ai mes raisons...
« De toute manière avec toutes les sanctions qu'j'ai accumulé pour la Meute à force de faire le p'tit con, on est pratiquement certains d'être tous végétariens à vie, j'ironise...
– Pas de problème pour moi, petit...
– Ben j'espère bien...
– C'est juste que c'est... Surprenant, disons...
– Oh T'sarrrh ! Shräk, Shora ! Me dit pas que t'as le mythe de l'Orque cannibale en tête là ? C'est les Gollums, les cannibales, pas les vrais Orques ! Pour un Orque, qu'on sous-entende qu'il a des mœurs cannibales, c'est une insulte gravissime !
« Et pour le reste, n'importe qui peut être surprenant, j'imagine, dés lors qu'on prend le temps de faire connaissance au lieu de chercher à s'entre-trucider...
Intelligent, l'échange, An-Amie ? Je l'espère, car ce sera le dernier pour un bon bout de temps.
Maintenant que Golgoth est arrivé et que les salutations avec ses interlocuteurs ont été échangées, le pourquoi de cette réunion contre-nature peut commencer.
Et le pourquoi était...
A gerber, pour un soldat loyal comme moi...
– En fait Shora, je lui souffle, tu peux manger toute ma part. Même c'que tu m'as donné j'te le rends pour rien, si tu veux... L'odeur de ce repas m'évoquera la perfidie et la traîtrise jusqu'à mon dernier souffle...
« Golgoth a embarqué cette p'tite vermine, grogne un congénère hargneux. Congénère qui vient me flanquer un coup de botte dans le flanc.
« C'est un snaga servile d'une des Légions d'Udûn, qu'il dit, Golgoth. Lui il doit savoir des trucs. »
– A la bonne heure ! Ironise le Nain. Approche donc, ver de terre ! Approche, misérable. Viens au coin du feu que tout le monde puisse voir ta tête horrible et s’en réjouir.
Quelle voix au stupide accent roulant, je me dis, tandis que Golgoth ne me laisse pas vraiment le choix. Me voilà poussé au-devant, contraint de prendre part à ce que je comprends être une de ces cliques de crapules sans foi ni loi, juste des opportunistes et des brigands qui attendent d'évaluer la direction où va souffler le vent pour choisir leur camp...
Un ramassis d'Orques déserteurs en herbes et de races-intrus... Ma moue ne cache pas mon écœurement... Peur, sans aucun doute. Une peur sourde pour ma peau. Mais une peur teintée de cette envie de les couvrir de chaînes et de les envoyer au plus profond des mines de plombs... Devant moi se tient le chef de cette association sans avenir. Le barbu. Khuzdun... Un Nain... Un visage de pierre, d'une absence totale de pitié :
– Par Aülé, que tu es laid ! S'esclaffe-t-il de son stupide accent...
– Laid comme un ver, mais... L'Orque qui intervient, un congénère des tribus dont la main droite a essuyé la perte de deux de ses doigts, hoquette. Trois-Doigts s'étrangle carrément d'effroi : Mais c'est...
Je sais quelle prise de conscience il a dans la tête, là maintenant, et j'ai beau avoir peur, je m'agrippe à cette trouille pour reprendre du poil de la bête. Je lui adresse un rictus de défi en guise de salutations, m'efforçant de refouler la peur dans ma voix :
– Eh... Eh oui, mon gars ! T'as, t'as bien compris ! Je hoquette, crachant avec peine le moindre mot, suffoquant de trouille : là, vous... Vous êtes dans la shräk jusqu'au cou !
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts, les militaires vont nous tomber dessus ! »
– ...Quoi ?... Un Orque ? On a nos individualités propres tu sais. Ouais, les miens mangent toutes sortes de viande. Mais moi j'en mange pas. J'peux pas, ça m'est inconcevable. J'ai mes raisons...
« De toute manière avec toutes les sanctions qu'j'ai accumulé pour la Meute à force de faire le p'tit con, on est pratiquement certains d'être tous végétariens à vie, j'ironise...
– Pas de problème pour moi, petit...
– Ben j'espère bien...
– C'est juste que c'est... Surprenant, disons...
– Oh T'sarrrh ! Shräk, Shora ! Me dit pas que t'as le mythe de l'Orque cannibale en tête là ? C'est les Gollums, les cannibales, pas les vrais Orques ! Pour un Orque, qu'on sous-entende qu'il a des mœurs cannibales, c'est une insulte gravissime !
« Et pour le reste, n'importe qui peut être surprenant, j'imagine, dés lors qu'on prend le temps de faire connaissance au lieu de chercher à s'entre-trucider...
Intelligent, l'échange, An-Amie ? Je l'espère, car ce sera le dernier pour un bon bout de temps.
Maintenant que Golgoth est arrivé et que les salutations avec ses interlocuteurs ont été échangées, le pourquoi de cette réunion contre-nature peut commencer.
Et le pourquoi était...
A gerber, pour un soldat loyal comme moi...
– En fait Shora, je lui souffle, tu peux manger toute ma part. Même c'que tu m'as donné j'te le rends pour rien, si tu veux... L'odeur de ce repas m'évoquera la perfidie et la traîtrise jusqu'à mon dernier souffle...
« Golgoth a embarqué cette p'tite vermine, grogne un congénère hargneux. Congénère qui vient me flanquer un coup de botte dans le flanc.
« C'est un snaga servile d'une des Légions d'Udûn, qu'il dit, Golgoth. Lui il doit savoir des trucs. »
– A la bonne heure ! Ironise le Nain. Approche donc, ver de terre ! Approche, misérable. Viens au coin du feu que tout le monde puisse voir ta tête horrible et s’en réjouir.
Quelle voix au stupide accent roulant, je me dis, tandis que Golgoth ne me laisse pas vraiment le choix. Me voilà poussé au-devant, contraint de prendre part à ce que je comprends être une de ces cliques de crapules sans foi ni loi, juste des opportunistes et des brigands qui attendent d'évaluer la direction où va souffler le vent pour choisir leur camp...
Un ramassis d'Orques déserteurs en herbes et de races-intrus... Ma moue ne cache pas mon écœurement... Peur, sans aucun doute. Une peur sourde pour ma peau. Mais une peur teintée de cette envie de les couvrir de chaînes et de les envoyer au plus profond des mines de plombs... Devant moi se tient le chef de cette association sans avenir. Le barbu. Khuzdun... Un Nain... Un visage de pierre, d'une absence totale de pitié :
– Par Aülé, que tu es laid ! S'esclaffe-t-il de son stupide accent...
– Laid comme un ver, mais... L'Orque qui intervient, un congénère des tribus dont la main droite a essuyé la perte de deux de ses doigts, hoquette. Trois-Doigts s'étrangle carrément d'effroi : Mais c'est...
Je sais quelle prise de conscience il a dans la tête, là maintenant, et j'ai beau avoir peur, je m'agrippe à cette trouille pour reprendre du poil de la bête. Je lui adresse un rictus de défi en guise de salutations, m'efforçant de refouler la peur dans ma voix :
– Eh... Eh oui, mon gars ! T'as, t'as bien compris ! Je hoquette, crachant avec peine le moindre mot, suffoquant de trouille : là, vous... Vous êtes dans la shräk jusqu'au cou !
Des rictus de haine. Hostilité générale parmi mes congénères et le barbu... Sauf lui, qui vire pâle :
– C'est... C'est pas un snaga ! J'le r'connais, j'l'ai déjà vu ! C'est un avorton d'la Légion de Karkaras ! Un Orque de l'Oeil Rouge ! Shräk, Golgoth, t'as vraiment Shräké en Fforce ! Gros idiot ! Maintenant on est morts, les militaires vont nous tomber dessus ! »
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Ma parole, les gars, rugit Burlug, mais vous êtes vraiment qu'des sales races ! »
Bulrug fulmine. Le sympathique Loup-Pisteur des vétérans de Yetch devrait être alité dans le poste d'infirmerie aménagé en majeure partie pour lui, en convalescence, pleurant sur son entrejambe détruit.
Retour de l'Antre de Tsharkin à la tour des Woggha. Vieux Yetch, Togreh, Charir avec Mange-Warg inconscient entre ses bras (il s'est juste endormi, a réalisé Charir. Endormi, rien d'autre. Il dort comme l'enfant qu'il est encore, épuisé...), les vétérans et la Meute de jeunes ont trouvé le camp plongé dans un silence de vénération mystique. Chaque combattant du Bataillon présent dans la tour, Uruk, Orque assermenté, nomade Woggha, snagas : tous étaient en prière, invoquant et rendant les honneurs au nom de leur Protecteur le Grand Karess...
Et dans la tour retentissaient les cris enjoués des gars de la Troupe restés auprès de nos compagnons blessés : l'ami-Chef de Section Uruk Thakthak et l'Uruk Skûm, le Sergent Dartak, Vaeshris, Pragdish. Et Burlug, exultant d'une joie infantile et contagieuse.
« Grand Karess, je te voue ma vie et mes prochaines saillies mon pote ! Tonne joyeusement Burlug. Eh les p'tits gars ! Vieux Yetch ! Approchez un peu, v'nez voir ça ! Venez voir comme le Grand Loup m'a recousu !
Ils auraient dû retrouver un mourant, un handicapé à vie au mieux, une blessure qui ferait tourner de l'œil n'importe quel guerrier. Et voilà que tout ce que leur dévoile Burlug, fier et impudique, c'est une entaille superficielle en surface...
Tous nos blessés étaient dans le même cas. Toutes les perforations de flèches, toutes les entailles, mutilations, en voies de guérison qui tenaient du miracle. Toutes les blessures ne s'effaçaient certes pas, à l'instar du doigt amputé de Chizho. Une blessure qui conférait au souffre-douleur de la Meute un respect accru parmi les nôtres, et qui s'était contentée de cicatriser en un temps record, chassant la souffrance de son moignon...
Les morts n'étaient pas revenus à la vie, mais aucun de nos amis ne mourrait plus en cette nuit, ni dans les nuits à venir.
– Il aurait pu te recoudre sur l'extérieur aussi pendant qu'il y était, commente Raqsh, qui malgré son effarement voudrait le beurre et l'argent du beurre : ça fait un peu "travail bâclé" quand même. Tu n'vas pas couper à la suture.
– Oh j'm'en contenterais ! Se gausse Burlug. J'imagine qu'Il ne voulait pas que je coupe aux... "Plaisirs de la Vie", héhéhé... ricane l'Orque-Loup.
« J'l'ai entendu mes frères ! Il a chuchoté à mon oreille tandis qu'il me guérissait. Il a dit que sous Sa Garde, aucun des nôtres ne se fera spolier son avenir... Et notre avenir, c'est de mettre ce PUTAIN de monde à genoux !
Et il bondit en cajoleries infantiles et embrassades vigoureuses avec chacun des frères de la Meute présent. Bien qu'il grimace un peu sur le coup ; plusieurs camarades soucieux l'implorent de faire attention quand même, qu'il ne faudrait pas qu'il rouvre sa plaie. Mais bien qu’il grimace un peu sur le coup, le vétéran détonne de vigueur. Prêt à aller conquérir le monde entier à lui tout seul. Vieux Yetch est ému. Il jurerait que son guerrier vient de rajeunir d'au moins dix cycles...
Il vient à la rencontre des p'tits gars où il prend conscience de nos mines de déterrés, et de l'état de Mange-Warg.
– On n'peut pas laisser ça impuni les gars ! Grogne-t-il de cette étrange soif de vengeance teintée de tout ce bel enthousiasme euphorique : je sais qu'il y a la guerre, la grosse bataille en contrebas et qu'i' vous faut y aller, Thakthak, mais ça ? C'est un affront ! Faut qu't'ailles en toucher un mot au Capitaine, au gradé ! Les Légions ont la grande bataille à mener, et nous, on a notre propre bataille à mener, pour l'honneur de la Légion et de notre Meute ! »
Il met des grandes cognes déterminées dans les poitrails, les épaulières cuirassées de Thakthak, de Skûm, nos chers Uruk-Haï en armes. Ils l'étaient tous, nos Uruk-Haï. En armes. Cuirassés de la tête aux pieds comme ceux des brigades lourdes de Thurgix. Prêts à incarner le Cuir de la Cohorte à la bataille. Skûm avec sa visière déjà rabattue, et l'une des bannières ocre rouge de la Compagnie, dont il a l'honneur d'être le porteur, lovée entre ses bras. Ses deux Loups noirs entrecroisés, emblème de Karkaras Crocs-de-Couteaux, régnant, outrepassant l'Oeil de l'Unique qui ne l'est plus, "unique", sur les bannières de notre Légion...
Et maintenant plus dans les cœurs...
Quel Seigneur des Ténèbres a-t-il jamais accompli un miracle pour un Orque ?
Un Orque en temps qu'individu ? En tant que compagnon chéri, que frère de la Meute que vous ne voulez pas voir mourir, pas encore ?
Thakthak et Skûm en sont chagrinés. Avec le rappel des forces, ils vont être contraints de décevoir ce bel enthousiasme de l'Orque-Loup, ne laissant à nouveau que le quart d'effectif pour cette mission de patrouille du col...
C'est là qu'un détail turlupine le vétéran miraculé :
« Mais attendez les gars ! Il est où Snardat ? Rat ? Montre-toi mon pote !
C'est là que les adultes réalisent mon absence. Même le Vieux Yetch, même Charir, réalisent ma disparition, An-Amie...
– Ça fait un moment qu'on a remarqué, dit Volg. On a eu beau demander à la Bras D qui trimballe son attirail depuis tout à l'heure, elle ne nous répond pas.
Et là, Togreh de la Meute Noire du Capitaine s'explique. Explique que je ne suis pas rentré. Resté sur place sur sa consigne au Baron Tsharkin :
« Si notre jeune perd le combat, dis à tes gars que ce petit rat blanc, Snardat, est désigné pour être l'otage du demi-Orque, comme le gage que l'on tiendra parole. Simple tactique de Bras D ; votre gars et son Homme là, j'les sens pas. C'est clairement pas un Homme lambda, vu comment il se défend dans ce trou. Et parole de limier du Bras Disciplinaire, on n'me fera pas croire que sa présence dans les parages, et de potentiels intrus dans les cols, c'est juste une coïncidence.
« En plus, poursuit-elle d'expliquer à la Section maintenant : avec Nenag, on a reparlé d'une chevalière ornée, que le Bras a trouvé y a quelques mois, en bordure d'un chemin où sont convoyés des esclaves de la passe de Shelob vers les mines. Avec ça, plus la chevelure pâle de ce Shora, c'est qu'une question de temps avant qu'on regroupe les informations et qu'on sache qui est notre homme.
« J'ai pris l'attirail du Rat pour qu'on ait son odeur. Au moindre mouvement suspect de l'Uruk, nos Pisteurs flairent l'odeur du Rat, et on voit dans quoi ils trempent, ces deux-là. »
… Je suis le seul à avoir eu au moins trois fois envie de foutre une grande torgnole dans la gueule de la grande perche, pendant qu'elle disait tout ça comme allant de soi ?
Je sais que les morts n'ont pas le droit de vote, mais...
Je sais que les morts n'ont pas le droit de vote, mais...
« Donc si j'comprends bien, vous avez collé un enfant de la troupe à cet Uruk comme un mouchard ? Ma parole, les gars, rugit Burlug, mais vous êtes vraiment qu'des sales races !
– On n'savait pas... S'empourpre Raqsh de honte...
– Si j'en avais eu conscience, j't'aurais envoyé chier avec ton plan d'shräk, Bras D Togreh, gronde Vieux Yetch. T'es pas censée agir dans mon dos quand je mène le peloton !
Dans la troupe de Yetch, ça bavarde avec aigreur : « Putains d'Uruk-Haï, grogne Virag. Ça prend des décisions irréfléchies pour envoyer l'humble Gobelin assermenté à la mort, et derrière ça vient te parler d'encadrement, de Discipline... »
– Comment j'ai pu n'pas le voir putain... »Culpabilise Charir. Avant que le "grand-frère" de la Meute ne vienne voler dans les plumes de Togreh, rageusement, agression de laquelle Togreh se dégage en rugissant à pleins poumons. A ce moment là, An-Amie, pas un seul des gars présents ne tient encore compte qu'elle est de la Meute Noire de Skulaï. Le Bras Disciplinaire. L'Autorité.
Au moins, il faut reconnaître à Togreh, et à Nenag, et aux autres frères de la Meute Noire sous Skulaï qu'ils sont rompus pour faire respecter cette autorité. Assez pour savoir que dans un cas de mutinerie en émergence comme celui-ci, ça n'est même pas la peine d'invoquer la fonction et le grade. Ça ne ferait que creuser un gouffre entre cette Autorité qui est justement contestée, et la bidasse anarchiste. Alors elle temporise, elle encaisse toute la rancœur, elle prend sur elle et elle attend, tandis que Nenag s'efforce de calmer le jeu, se montrer conciliant avec la troupe. Gentil Uruk et méchant Uruk...
Même lui, elle sent qu'il n'est pas de son côté...
Le Capitaine se pointe dans l'hôpital, ce qui aide à calmer les esprits de quelques étages supplémentaires. Mécontent du foutoir ambiant et du manque de discipline de la Compagnie pour se mettre sur le départ, il exige de savoir ce qui se passe ici :
« Il se passe, grogne Charir, que cette grande CONNASSE ! qui te sert de Bras D, n'a pas trouvé meilleur plan pour traquer nos intrus, que de filer un d'nos gamins comme mouchard à un gars de ton espèce, Capitaine. Sauf que l'autre là, c'est un demi-Orque détraqué du ciboulot, qui ne saurait pas faire sa distinction entre un snaga et un Uruk, et qui a la castration facile !
– Très bien. Tu gères dans ce cas, Togreh. Et toi avec elle, Vieux Yetch. Vous le retrouvez. Vous le récupérez.
Le Capitaine s'éclipse... Dans l'hôpital, les esprits chauffés maintiennent quelques battements de cœur de silence pour redescendre. Seuls siffle, légers et discrets, les sorties de langue de Dartak "le Lézard"...
– Moi à sa place, je ferais en sorte d'en avoir encore plus ouvertement rien à foutre de mes "Snaga-d'Légions", maugrée Vieux Yetch.
– Pas devant les enfants, s'il-te-plaît, lui souffle Raqsh...
En retrait, le Chef de Section Uruk Thakthak s'efforce d'avoir une suggestion conciliante
– Nenag, vu la situation, j'crois que je devrais dire à Krekch et Ulzros de nous congédier les prisonniers. On a leurs noms et matricules de toute manière, on réglera ça une autre fois ?
– On en finit avec cette histoire ce soir, rétorque Nenag, catégorique : J'vais aller sonder leurs regards. Si j'les sens bien, j'leur rends leurs protections et une chance de faire patte blanche en nous accompagnant. Sinon, je dis aux Woggha d'les égorger jusqu'au dernier.
Togreh, toujours profondément offensée (à moins qu'elle ne cherche à fuir sa prise de conscience qu'elle a shräké ?) revient une dernière fois dans les plumes de la troupe :
– Qu'est-ce que vous croyez vous autres ? Que la Légion est une joyeuse garderie ? On est une unité militaire ! Risquer vos peaux, c'est votre rôle, et le nôtre, c'est de déterminer quand il vous faut la risquer ! C'est ce que j'ai fais avec le Rat.
– Appelle-le Rat Blanc ! Grince mon ami Uruk Nob Ketkû.
– Rat Blanc est un soldat ! argue Togreh. Il a prêté le serment du Devoir et du Sacrifice ! Moi j'y crois ! Pas vous ? Il n'est pas en cristal, il peut prendre sur lui, encaisser et jouer le rôle quelques heures !
– Et qu'est-ce que toi tu crois, Togreh ? Crache Madhar, revenant au monde des vivants, des conscients, tandis qu'il vient d'être mené à l'alitement près de l'emplacement de Burlug :
« Tu crois qu'on allait prendre conscience de l'absence de l'un des nôtres, et rentrer gentiment à la niche comme des bons p'tits gars ?
Les vétérans, les aînés, les Bras D, ils scrutent la troupe, et ils écarquillent les yeux :
– Oh non... Commente Nenag.
– Sérieux, mais j'suis aveugle ou j'dormais, pour n'pas voir qu'il en manquait autant... S'estomaque Charir en tournant sur lui-même...
Eh oui, An ! Il manque pas qu'moi dans le lot ! Tout un groupe de p'tites têtes (et on ne peut pas parler des plus invisibles, pour l'une d'entre elles tout du moins) a fait la nique aux Bras D et aux aînés et s'est éclipsé de la marche pour retourner chercher le Rat... Le Rat Blanc, rectifie Togreh dans sa tête...
– Eh ouais les gros ! Dit Volg, Chef de Meute en second. Vous traitez notre troupe comme des gamins, on fait les gamins !
Sans plus de cérémonie, Charir franchit la Meute de jeunes à grands pas pour tracer droit sur la sortie :
– Et toi passe-moi ça, siffle-t-il à Togreh en lui arrachant la besace de mes fringues, sans se priver de la bousculer de flanc en traçant sa route.
Geignant, Burlug chancelle et vient tomber contre l'oreille du Lieutenant Thakthak, comme pris de vertige, de fièvre :
– Thakthak, mon pote ! Lui grogne-t-il en confident, lui exhalant son haleine de canidé dans les narines, les yeux dans les yeux : faut absolument qu'tu parles au Capitaine, à Crocs Blancs. Faut pas qu'il abandonne son Orque comme ça, comme un pion sacrifiable ! Faut absolument que t’aille lui parler et qu'tu lui dises d'aller à sa recherche ! Pour l'honneur ! Pour l'Âme de la Légion !
***
Il n'aura pas fallu bien longtemps pour que le chef Tsharkin dépêche l'un de ses gars à dos de Warg afin d'informer Togreh que son "invité" avait quitté sa demeure par la porte dérobée, en compagnie de son snaga humain Shora.
Mes amis, eux, demeuraient en retrait quand ils nous ont vu sortir par cette porte dérobée. Très en retrait, quand ils ont réalisé qu'un Warg s'invitait dans le jeu. La théorie des ragnagna, tout ça, An-Amie... Jarrax mon Crâne-d'Oeuf, missionné par son propre jumeau de me retrouver. Ludra. Urktul qui flaire. Lustig, qui honore par sa présence la fratrie Woggha- Légion de Karkaras. Et Troork. Troork à qui Chizho a mentionné mon absence à l'oreille, le premier de mes potes à avoir réalisé qu'il manquait un petit quelque chose dans ce départ de la tanière de Tsharkin...
Troork mon vieux rival, qui a tenu tête aux démons de nos inimitiés d'une autre vie qui lui disaient « Bon débarras. » «Oeil pour œil, dent pour dent. » « Souviens-toi de la fois où il t'a jeté hors de ton abri, cet abri où tu l'avais accueilli pour le sauver de Son Éclat... » Et qui a passé le mot aux têtes de la Meute, en frère...
Mes cinq amis nous ont suivi, petite fratrie de rats errants dans la nuit Mordorienne peuplée de Gollums, de Loups et de fantômes. Qu'auraient-ils pu faire, juste à cinq avortons ?
Beaucoup, en vérité. Ils avaient contourné en large au pas de course pour nous passer devant. Ils avaient anticipé notre itinéraire, planifié l'embuscade. Et ils avaient leurs arbalètes. Mais leurs activités furtives ce sont heurtées aux patrouilleurs de Feldûsh, collé à l'inspection des cols, qui ont eu tôt fait de les ramener à ce camp sous lequels je me faufilais avec mes nouveaux "potes" quelques instants plus tôt...
Et ma réunion de crapules, dans tout ça, An-Amie ?
– T'auras qu'mon nom est mon matricule...
Ma détermination, empreinte de peur, a abattu un silence menaçant. Une promesse de sang.
Le sang va couler maintenant. C'est une promesse aux Ténèbres...
Au début le Nain s'esclaffe, comme tous les autres. Shora me sauve, si l'on peut dire, en venant me tirer doucement en arrière par l'épaule et me reculer prudemment, prenant ma place sur la ligne de front. M'aide à me faire oublier. D'ailleurs, sur le coup, je me sens vide, même plus effrayé. Je retourne au repas qui m'a été offert, et j'en bois la soupe, mâchouille innocemment et en silence les "trucs verts", comme dirait un carnassier comme le copain Uruk Ketkû. Indifférent au regard des deux Wargs qui me perçoivent comme leur potentiel prochain repas...
Pendant ce temps, Shora prend la parole, et ses paroles sont glaçantes à mon cœur. Pendant un instant, j'en venais presque à l'oublier : il est l'Ennemi de mon Peuple, de mon engeance. Vieux Yetch nous a mis en garde sur ce point, un jour : « Tous nos ennemis nous perçoivent comme des cibles d'entraînement. Mais certains sont parfois plus insidieux, nous a-t-il prévenu. Vous aurez probablement des dizaines d'occasions de parler, de copiner avec l'Ennemi dans vos vies. Des prisonniers, des officiers adverses et leur suite, des garde-frontières avec qui il faut calmer le jeu hors temps de guerre, des populations à rendre dociles... Des compagnons d'aventure aussi, qui sait... Y a pas de mal à sympathiser, mais faites gaffe, gardez toujours de la réserve : ces types ont le prisme de l'Ennemi. Ils chercheront à vous mettre dans le crâne que vous êtes dans la mauvaise équipe, que vous "pouvez vous repentir du Mal"... A leurs yeux, c'est cela, une lutte absolue entre le Bien, eux évidemment, et le Mal, dont on est les séides maléfiques... Gardez bien à l'esprit que si eux ils ont leur Histoire écrite qu'ils rédigent à leur sauce, nous, on a la Meute. La Légion. La Famille. »
Le pire, c'est que je sens la sincérité de Shora. Ce n'est pas un "Grima Langue-de-Serpent" de coeur. Je sens que notre sympathie naissante, inconcevable pour ce qu'il est, serre sa gorge à chacun de ses arguments, chaque mot...
« Mon peuple est rompu par des siècles d'invasions Orques. Et les armées du Pays des Chevaux et de l'Orient sont tout aussi redoutables en bataille, si telle s'avère être la cible du Borgne... Mais ce n’est pas d'une bataille rangée dont on parle. J’ai vu le Mordor de l’intérieur, et les innombrables serviteurs de Sauron, prêts à défendre leurs tunnels, leurs cols, leur désert volcanique. Prêts à prélever une lourde taxe pour chaque mètre pris par les envahisseurs. Vous me demandez si les Orques survivront à l’assaut ? Peut-être. Au fond des cavernes du Mordor. Seuls. Vous parlez des renforts des pays de l'Est, mais j’ai entendu comment ces Uruk-Haï ont méticuleusement ruiné la diplomatie, toute chance d'association avec leurs propres soutiens, comme le Khand il y a peu... Vous êtes prêts à miser vos vies sur la loyauté du Khand offensé, ou le Harad émancipé ? Quel intérêt est-ce qu’ils ont à combattre et mourir pour le Mordor ? Vous l’avez dit vous-mêmes, l'Unique a perdu la grande guerre, et les Orques ont perdu les batailles qui ont suivi neuf fois sur dix. Quand bien même Mordor représenterait à nouveau une réelle menace pour l'un des royaumes frontaliers, le monde viendra au secours de l'agressé. Les autres royaumes encercleront toute armée Orque de sortie. Les Nains viendront, les Hommes du Nord...
Il semble se mordre la langue, le Shora... Comme s'il réalisait qu'il était en train de trop en dire, de dévoiler son identité... Relax Shora ! T'es déjà cramé à des lieues et des lieues, pour moi et mes potes, Chevalier...
– Si les Peuples de l'Ouest se coalisent à nouveau, le Mordor sera sûr de ne pouvoir compter sur aucun soutien. Il sera isolé. Encerclé. Pris en tenaille entre ses ennemis jurés et ses alliances rompues...
Quelle arrogance... Ne te laisse pas décourager, Petit Rat... Si le Mordor n'a plus aucun ami, avec le Déchaînement de puissance que s'apprête à lancer Ruayyh à la gorge du Monde...
Parole de l'Ultime Seigneur des Ténèbres que très bientôt, il n'aura plus aucun ennemi...
Parole de l'Ultime Seigneur des Ténèbres que très bientôt, il n'aura plus aucun ennemi...
Shora regarde autour de lui.
– Vous parlez d’un choix entre fuir et affronter le monde entier. Ce ne sont pas vraiment les options qui s’offrent à vous. Vous autres, Orques, êtes peut-être assez nombreux pour prendre de court des fortins frontaliers ou pour faire valoir vos arguments à l'encontre d'un royaume, sur une querelle de frontière. Mais pas de tous les royaumes. Si vous vous attirez l’ire du monde, le monde viendra et vous devrez le fuir en vous terrant toujours plus en profondeur de la terre noire, tenir un siège perpétuel dans ces conditions. Et je peux vous le dire tout de suite, vous n’aurez pas de ragoût de cerf ni de liberté dans ces profondeurs. Juste des champignons, quelques chauve-souris et de l’air putride partagé avec des milliers des congénères fous de famine. Oui, peut-être que le Mordor résistera, mais si vous faites partie de cette résistance, cela équivaudra à s’enfermer volontairement dans une cage. Les Hommes ne vivent guère longtemps, mais leur Histoire transcende la mortalité des générations et veille à ce que ne s'oublient les anciennes rancunes, comme les Nains en somme. Ils ne vous lâcheront pas. Je ne vous connais pas, mais combien d’entre vous servent réellement l'Unique et cette patrie par conviction ? Qu’est-ce que le Mordor vous a-t-il donné pour mériter votre loyauté ? Cette nuit, aucune chaîne ne vous y relie. Seuls vous pouvez décider si vous voulez être la chair à flèches des Uruk-Haï, ou faire votre propre chemin.
Il a fini de parler. Le regard qu'il me porte est fuyant. Et moi, je me demande, si t'étais né de l'autre côté de ces montagnes, Shora ? Avec des crocs plus pointus, des oreilles pointues, une peau-verte ? Serais-tu là, parmi ces congénères déserteurs, ou serais-tu en train de ces Orques résilients qui n'ont jamais abandonné, même après Sa Chute, et qui ont reconquis âprement l'essentiel, l'Honneur et la terre noire du Mordor ?
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:36, édité 5 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Et son argumentaire trouve bonne oreille. Car les Orques choisissent la désertion.
« A la bonne heure ! Lance le Nain. Célébrons notre départ de ce trou à rats en en finissant avec cette petite vermine !
A moins que tu ne te décides à parler, l'affreux ? Des propos pertinents qui nous feraient changer d'avis ? Regardez-moi ça, croasse le Nain à l'assemblée : l'avorton va se chier dessus !
– Vous devriez vous étrangler de honte de vous liguer avec ça. Mais pas besoin de la honte, car je vous le jure sur l'honneur du Grand Karkaras : celui qui vous étranglera, c'est le grand Uruk Crocs Blancs Skulaï ! Mais pas avant de vous avoir fait payer au centuple tout ce que vous allez me faire...
Effectivement, ils s'étranglent. Mais pas de honte, plutôt d'orgueil froissée et de rancune...
– Et toi tu as raison d'avoir peur pour ta vie, car elle touche à sa fin, ricane le Nain.
Mes congénères me foncent dessus et me plaquent le cou contre une pierre en ricanant. Je couine et grogne d'une terreur empreinte de rage.
Mon regard croise aussi celui de l'An Shora. Les quatre An-Aï, les Hommes de ce groupe ont tous l'air étonnamment à la frontière de leur conscience, désireux d'intervenir mais craignant la fureur du Khuzdûn... Mais Shora, ce snaga personnel de Golgoth. J'ai sondé son regard quand je le soignais ; j'ai vu le regard d'un soldat, d'un chevalier...
L'espace d'un instant, je suis désespéré au point d'être à deux doigts d'en appeler à lui. « Shora ! Pitié, chevalier, Pitié ! J'en appelle à ta protection ! » Que je lui crierais...
Non... Jamais ! Grinçant de fièvre, j'en appelle à mon Premier et Unique Protecteur...
– KARESS... DONNE-MOI LA FORCE...
Le Khuzdun bondit hors du roc sur lequel il était assis, hache entre les mains. S'approche tel un bourreau, prêt à abattre la sentence :
– Dernière chance, l'abject avorton. Soit tu rentres dans notre jeu, soit tu quitte la partie pour de bon !
– Je suis... Rat Blanc Snardat ! Matricule... KAR355 ! »
***
« Shräk les gars ! Jure Ludra. Vous êtes vraiment des mauvais pour nous avoir fait prendre comme des bleusailles comme ça !
– J'te signale qu'on s'est concertés pour toutes les décisions de mouvement, et t'étais d'accord à chaque fois Ludra ! Se défend Jarrax. Si t'avais mieux à proposer, fallait le faire, ma chère fille-de-Yetch !
– Oh alors ça, venant de l'illustre semence-de-Yashnarz, c'est vraiment du foutage de gueule Crâne d'oeuf !
A côté de leur querelle, condamnés à la supporter avec eux dans l'enclot, l'introverti Troork Blondin se laisse choir la tête contre son frère d'arme taciturne, le Pisteur Urktul...
« Mon Pisteur. Sauve-moi, ironise-t-il dans un souffle...
– Au moins, "Pattes-de-Dragon" a réussi à leur filer entre les pattes ni vu ni connu, à ses gros lourdauds, cheh !
Le Gobelin pisteur à peau-verte réprime un rire, tandis qu'il plaque ses mains aux longs doigts griffus contre les oreilles du peau-noire à crête pâle, qui fait de même avec les siennes. Jarrax et Ludra sont encore à leurs babillages sur lequel des deux doit se fouetter pour ce cuisant échec, quand le Chef Feldûsh vient ouvrir l'enclot et se camper face à eux :
– La patrouille de mon fils a donné du cor d'alerte dans les cols. Chez les Woggha, ils ont dû entendre, et j'envoie un message au cantonnement du contingent pour leur dire de se tenir prêt. J'ai pas d'gars à coller sur votre garde à vue. Alors ? Vous retournez de vous-mêmes chez les Woggha ?
– Allez crever, Feldûsh, même pas en rêve, crache Ludra.
– Ou alors, autre option, vous rejoignez l'mouvement ? On a besoin d'un Pisteur en plus... »
Ils n'ont pas tardé à avoir le jugement catégorique d'Urktul en matière de flair : mon odeur convergeait avec une multitude d'autres odeurs suspectes.
Et l'odeur du sang, et de la viande en décomposition.
Le Chef de Clan, une douzaine de ses gros bras et mes amis ont remonté la piste avec le flair d'Urktul qui les a menés au lieu du carnage.
A la dépouille froide de son fils, le Mangeur d'Epées, An-Amie...
Chez les tribaux, les liens du sang sont beaucoup plus importants que chez nous, les Légionnaires, où c'est l'Unité qui prime sur tout...
« Je jure, est venu promettre le Chef Feldûsh sur la dépouille de son engeance défunte, que je tuerai celui qui a tué mon fils... Je le tuerai de mes mains. Puis-je dresser mon château avec ses os !
Les guerriers du Clan convergeaient sur la position de l'alerte. Togreh, Yetch, menaient la Section au pas de course vers les hauteurs. Les cols commençaient à pulluler de ma fratrie guerrière, et l'air retentissait de leurs dialogues de cors, de tambours et de trilles qui se répondaient les uns aux autres, déclamant au-travers de ces codes sonores le statut de chaque unité et le déroulement des opérations.
– Avec toute cette odeur de sang qui plane, j'peux plus pister l'Rat moi, les gars, avoue Urktul, en proie à une perte de confiance. Troork vient l'encourager. Ça va aller, ils vont juste s'éloigner de ce carnage et tracer un cercle dans les promontoires supérieurs en quête de mon odeur, ou bien même flairer directement l'odeur du sang...
– Et toi "Pattes" ? S'enquiert Jarrax auprès de Lustig, premier arrivé sur les lieux, qui a erré hagard au milieu de ce carnage en attendant que les autres le rejoignent... Une idée de là où ils auraient pu partir ?
– Y a beaucoup de cachettes et de sentiers, de tunnels discrets, dans le coin, dit Lustig avec pessimisme. C'est très facile pour le rat de fuir la vindicte du renard ici...
– Eh ! Un peu d'cran les mâles ! Dit Ludra, demeurant combative. On va le retrouver !
C'est là que tu apparais aux côtés de mes amis, An-Amie.
Voile d'ombre aux reflets azurs au milieu de ce bain de sang, aussi inquiète qu'eux de mon sort. Le sort de ton ami Gobelin, ton ami Orque...
– Qui va là ? Sourcille le Chef Feldûsh.
– Azur ! S'exclame Ludra, plus pour elle-même et pour te saluer que pour répondre au chef.
– C'est juste l'Arbalétrier, Chef, rapportent les guerriers de Feldûsh.. Juste Charir...
Ce bon Charir qui n'a rien voulu entendre. La grande bataille est censée l'appeler et il est censé suivre Crocs Blancs à la guerre ? Que nenni ! La seule grande bataille qu'il mènera cette nuit, ce sera celle de réparer les conneries de Togreh... Mon attirail en besace à l'épaule gauche, sa fidèle arbalète prête à l'emploi au creux de son bras droit, démarche d'un jeune loup impatient...
– Salut les Feldûsh, lance Charir. Il détone de motivation là, le "Fainéant de Service" de l'Antre : Chef Feldûsh, dit-il en se dirigeant à bonds de fauves vers le Chef Uruk ; je te prends la direction de ces p'tits louveteaux.
Où suis-je donc, An-Amie ? Qu'est-il advenu de Snardat le Rat Blanc après la tuerie ?
« A la bonne heure ! Lance le Nain. Célébrons notre départ de ce trou à rats en en finissant avec cette petite vermine !
A moins que tu ne te décides à parler, l'affreux ? Des propos pertinents qui nous feraient changer d'avis ? Regardez-moi ça, croasse le Nain à l'assemblée : l'avorton va se chier dessus !
– Vous devriez vous étrangler de honte de vous liguer avec ça. Mais pas besoin de la honte, car je vous le jure sur l'honneur du Grand Karkaras : celui qui vous étranglera, c'est le grand Uruk Crocs Blancs Skulaï ! Mais pas avant de vous avoir fait payer au centuple tout ce que vous allez me faire...
Effectivement, ils s'étranglent. Mais pas de honte, plutôt d'orgueil froissée et de rancune...
– Et toi tu as raison d'avoir peur pour ta vie, car elle touche à sa fin, ricane le Nain.
Mes congénères me foncent dessus et me plaquent le cou contre une pierre en ricanant. Je couine et grogne d'une terreur empreinte de rage.
Mon regard croise aussi celui de l'An Shora. Les quatre An-Aï, les Hommes de ce groupe ont tous l'air étonnamment à la frontière de leur conscience, désireux d'intervenir mais craignant la fureur du Khuzdûn... Mais Shora, ce snaga personnel de Golgoth. J'ai sondé son regard quand je le soignais ; j'ai vu le regard d'un soldat, d'un chevalier...
L'espace d'un instant, je suis désespéré au point d'être à deux doigts d'en appeler à lui. « Shora ! Pitié, chevalier, Pitié ! J'en appelle à ta protection ! » Que je lui crierais...
Non... Jamais ! Grinçant de fièvre, j'en appelle à mon Premier et Unique Protecteur...
– KARESS... DONNE-MOI LA FORCE...
Le Khuzdun bondit hors du roc sur lequel il était assis, hache entre les mains. S'approche tel un bourreau, prêt à abattre la sentence :
– Dernière chance, l'abject avorton. Soit tu rentres dans notre jeu, soit tu quitte la partie pour de bon !
– Je suis... Rat Blanc Snardat ! Matricule... KAR355 ! »
***
« Shräk les gars ! Jure Ludra. Vous êtes vraiment des mauvais pour nous avoir fait prendre comme des bleusailles comme ça !
– J'te signale qu'on s'est concertés pour toutes les décisions de mouvement, et t'étais d'accord à chaque fois Ludra ! Se défend Jarrax. Si t'avais mieux à proposer, fallait le faire, ma chère fille-de-Yetch !
– Oh alors ça, venant de l'illustre semence-de-Yashnarz, c'est vraiment du foutage de gueule Crâne d'oeuf !
A côté de leur querelle, condamnés à la supporter avec eux dans l'enclot, l'introverti Troork Blondin se laisse choir la tête contre son frère d'arme taciturne, le Pisteur Urktul...
« Mon Pisteur. Sauve-moi, ironise-t-il dans un souffle...
– Au moins, "Pattes-de-Dragon" a réussi à leur filer entre les pattes ni vu ni connu, à ses gros lourdauds, cheh !
Le Gobelin pisteur à peau-verte réprime un rire, tandis qu'il plaque ses mains aux longs doigts griffus contre les oreilles du peau-noire à crête pâle, qui fait de même avec les siennes. Jarrax et Ludra sont encore à leurs babillages sur lequel des deux doit se fouetter pour ce cuisant échec, quand le Chef Feldûsh vient ouvrir l'enclot et se camper face à eux :
– La patrouille de mon fils a donné du cor d'alerte dans les cols. Chez les Woggha, ils ont dû entendre, et j'envoie un message au cantonnement du contingent pour leur dire de se tenir prêt. J'ai pas d'gars à coller sur votre garde à vue. Alors ? Vous retournez de vous-mêmes chez les Woggha ?
– Allez crever, Feldûsh, même pas en rêve, crache Ludra.
– Ou alors, autre option, vous rejoignez l'mouvement ? On a besoin d'un Pisteur en plus... »
Ils n'ont pas tardé à avoir le jugement catégorique d'Urktul en matière de flair : mon odeur convergeait avec une multitude d'autres odeurs suspectes.
Et l'odeur du sang, et de la viande en décomposition.
Le Chef de Clan, une douzaine de ses gros bras et mes amis ont remonté la piste avec le flair d'Urktul qui les a menés au lieu du carnage.
A la dépouille froide de son fils, le Mangeur d'Epées, An-Amie...
Chez les tribaux, les liens du sang sont beaucoup plus importants que chez nous, les Légionnaires, où c'est l'Unité qui prime sur tout...
« Je jure, est venu promettre le Chef Feldûsh sur la dépouille de son engeance défunte, que je tuerai celui qui a tué mon fils... Je le tuerai de mes mains. Puis-je dresser mon château avec ses os !
Les guerriers du Clan convergeaient sur la position de l'alerte. Togreh, Yetch, menaient la Section au pas de course vers les hauteurs. Les cols commençaient à pulluler de ma fratrie guerrière, et l'air retentissait de leurs dialogues de cors, de tambours et de trilles qui se répondaient les uns aux autres, déclamant au-travers de ces codes sonores le statut de chaque unité et le déroulement des opérations.
– Avec toute cette odeur de sang qui plane, j'peux plus pister l'Rat moi, les gars, avoue Urktul, en proie à une perte de confiance. Troork vient l'encourager. Ça va aller, ils vont juste s'éloigner de ce carnage et tracer un cercle dans les promontoires supérieurs en quête de mon odeur, ou bien même flairer directement l'odeur du sang...
– Et toi "Pattes" ? S'enquiert Jarrax auprès de Lustig, premier arrivé sur les lieux, qui a erré hagard au milieu de ce carnage en attendant que les autres le rejoignent... Une idée de là où ils auraient pu partir ?
– Y a beaucoup de cachettes et de sentiers, de tunnels discrets, dans le coin, dit Lustig avec pessimisme. C'est très facile pour le rat de fuir la vindicte du renard ici...
– Eh ! Un peu d'cran les mâles ! Dit Ludra, demeurant combative. On va le retrouver !
C'est là que tu apparais aux côtés de mes amis, An-Amie.
Voile d'ombre aux reflets azurs au milieu de ce bain de sang, aussi inquiète qu'eux de mon sort. Le sort de ton ami Gobelin, ton ami Orque...
– Qui va là ? Sourcille le Chef Feldûsh.
– Azur ! S'exclame Ludra, plus pour elle-même et pour te saluer que pour répondre au chef.
– C'est juste l'Arbalétrier, Chef, rapportent les guerriers de Feldûsh.. Juste Charir...
Ce bon Charir qui n'a rien voulu entendre. La grande bataille est censée l'appeler et il est censé suivre Crocs Blancs à la guerre ? Que nenni ! La seule grande bataille qu'il mènera cette nuit, ce sera celle de réparer les conneries de Togreh... Mon attirail en besace à l'épaule gauche, sa fidèle arbalète prête à l'emploi au creux de son bras droit, démarche d'un jeune loup impatient...
– Salut les Feldûsh, lance Charir. Il détone de motivation là, le "Fainéant de Service" de l'Antre : Chef Feldûsh, dit-il en se dirigeant à bonds de fauves vers le Chef Uruk ; je te prends la direction de ces p'tits louveteaux.
Où suis-je donc, An-Amie ? Qu'est-il advenu de Snardat le Rat Blanc après la tuerie ?
Dernière édition par Karess le Mar 4 Juin - 21:31, édité 4 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Dévasté mentalement d'avoir tué le Mangeur d'Epées et son pote. Commis le fratricide, le pire des crimes aux yeux des miens. A mes yeux... Puis-je rester enfermé à jamais en Mandos comme il sied à tout Orque en ce triste monde, lorsque viendra mon heure de passer de vie à trépas...
Un trépas extrêmement douloureux, je me le souhaite sur l'instant...
Pourtant, je suis un soldat, et mes instructeurs ont fait du bon boulot. J'ai appris à refouler. Garder la tête froide et le sang chaud. Présent et alerte en toutes circonstances.
Avec le sang qui plane encore dans l'air à l'état de brumes sur le carnage des ruines de la collines, et moi éclaboussé du sang des artères que j'ai tranché, seul mon stupide congénère à trois doigts est assez fou pour chercher à faire de moi l'objet de moqueries.
Même le Nain lui dit de fermer sa gueule. Les Hommes disent qu'il nous faut bouger. Ils ont des gars à eux planqués en amont du col, près de la passe par où ils sont entrés en douce dans mon pays. Et Trois-Doigts a ses propres frères de tribu qui vont rappliquer plus haut. Tout ce beau monde compte rejoindre la passe tenue par les intrus du Gondor et fuir le Mordor, main dans la main et chantant d'un même choeur de joyeux chants du voyage...
Quant à Golgoth, le demi-Orque a fait son choix. Entre la restitution de son honneur martial, sa vénérable cuirasse d'Isengardien, et la désertion, le gros vert choisit finalement la désertion.
Je ne sais pas pourquoi d'instinct, malgré tout, je continue à le percevoir comme le Chef ici. Conditionnement de la Légion, je suppose. On m'a appris à suivre mes cousins de race supérieure, même des cousins que je n'aime pas, voir que je trouverais révulsant.
De toute manière, même sans cette servitude instinctive, le problème de mon équation reste le même : les Wargs. Le dernier rôdeur en vie avec nous est dangereux lui aussi avec son arc, certes, mais courir en zigzag pour fuir la vindicte d'un arc, ça, on m'a appris.
On laisse donc le Ranger mener le cortège au début. Mais l'espoir de ce groupe de fuir dans l'heure et de déguster un bon ragoût de cerf cuisiné bien de chez eux à la Gondorienne au petit matin, s'évapore bien vite lorsque l'on perçoit les échos d'une escarmouche distante.
Les Feldûsh ont trouvé les copains du Ranger avant eux. Et dans la même tranche temporaire de la nuit noire, ils trouvent aussi les copains de Trois-Doigts, qu'ils entreprennent immédiatement de prendre en chasse sans forme de cérémonie. La charge d'une Meute de Loups droit sur un petit gibier, car c'est bel et bien ce qu'ils sont. Tout ce beau petit monde d'intrus passera la nuit entre fuite éperdue et derniers carrés sans espoir face aux Feldûsh et à ma Section qui se regroupent et manoeuvrent en conjoint pour encercler ces ordures.
Et pendant ce temps, les gars, en proie à la panique et à leur espoir en chute libre, m'implorent au-travers de Simo de les guider.
– Vous êtes bien un snaga ? Me demande-t-il. Vous devez bien connaître des sentiers, des passages discrets par lesquels vous faufiler pour sortir de ces montagnes ?
– J'suis pas un snaga ! J'enrage. Regarde mes mains, regarde ces fluides rouges qui me dégoulinent, là ! C'est l'oeuvre d'un snaga, ça ?! Non ! J'suis un guerrier, alors m'appelle pas snaga ! Les autres, ils élèvent leurs armes face à ma colère, à la manière dont je me suis mis à pointer ma lance en avant. Je la relève en signe d'apaisement...
– Eh-eh ! Du calme les gars, tout va bien ! Implore Simo.
– C'est ça qu't'appelles "tout va bien ?! Grogne le Nain. Tout est en train de partir en vrille, par Aüle !
Simo supplie, de tout ce qu'il est capable d'implorer, le bon-sens du Nain... M'implore presque comme il ferait pour un de ses Tyranniques Valars de les prendre en pitié :
– Écoute, petit, me dit-il d'une voix qui n'est plus qu'un souffle : T'as pas aimé tuer tes congénères tout à l'heure, pas vrai ? J'ai vu la tête que tu faisais... Je te jure, je te jure par mes enfants, que tout ce qu'on veut, tous autant qu'on est, là maintenant, c'est quitter cette terre. Quitter ta terre, votre terre. D'autres de tes cong... De tes semblables, vont mourir s'ils nous tombent dessus. Tous ici, on tient à nos peaux et on les défendra ! Tu comprends ? Si tu nous mènes vers des chemins secrets, que tu veux bien être notre guide pour quitter ton pays, aucun autre Orque ne mourra...
– Juste quitter le pays ? Je demande de jurer. Vous ne blesserez plus aucun Orque ? Parole ?
– Juste quitter le pays, promet Simo... Plus aucun...
Est-ce que j'y ai cru ? Est-ce qu'il a réussi à m'attendrir à ce moment-là ? Sincèrement, An-Amie ?
– J'connais un passage. Mais j'vous préviens, vous allez pas l'aimer... Des galeries souterraines, qui se tortillent dans les dents noires du Mordor, à trois crêtes de là. On appelle ces grottes "le Chemin de Souillure"... Et je vous le dis, c'est plein de Gollums cannibales et d'autres choses qui rôdent à l'intérieur. Le silence et l'écoute absolue seront de mises pendant la traversée. Ça prendra plus d'une journée de marche, à l'intérieur. Au moins...
Je fais mine de compter sur ma main : Au moins deux, je dis. Vous prenez ?
Ils prennent...
« Préparez les torches et de la corde les gars ! Dit Simo. Le petit guerrier va nous guider hors de ce trou à rats ! »
Un trépas extrêmement douloureux, je me le souhaite sur l'instant...
Pourtant, je suis un soldat, et mes instructeurs ont fait du bon boulot. J'ai appris à refouler. Garder la tête froide et le sang chaud. Présent et alerte en toutes circonstances.
Avec le sang qui plane encore dans l'air à l'état de brumes sur le carnage des ruines de la collines, et moi éclaboussé du sang des artères que j'ai tranché, seul mon stupide congénère à trois doigts est assez fou pour chercher à faire de moi l'objet de moqueries.
Même le Nain lui dit de fermer sa gueule. Les Hommes disent qu'il nous faut bouger. Ils ont des gars à eux planqués en amont du col, près de la passe par où ils sont entrés en douce dans mon pays. Et Trois-Doigts a ses propres frères de tribu qui vont rappliquer plus haut. Tout ce beau monde compte rejoindre la passe tenue par les intrus du Gondor et fuir le Mordor, main dans la main et chantant d'un même choeur de joyeux chants du voyage...
Quant à Golgoth, le demi-Orque a fait son choix. Entre la restitution de son honneur martial, sa vénérable cuirasse d'Isengardien, et la désertion, le gros vert choisit finalement la désertion.
Je ne sais pas pourquoi d'instinct, malgré tout, je continue à le percevoir comme le Chef ici. Conditionnement de la Légion, je suppose. On m'a appris à suivre mes cousins de race supérieure, même des cousins que je n'aime pas, voir que je trouverais révulsant.
De toute manière, même sans cette servitude instinctive, le problème de mon équation reste le même : les Wargs. Le dernier rôdeur en vie avec nous est dangereux lui aussi avec son arc, certes, mais courir en zigzag pour fuir la vindicte d'un arc, ça, on m'a appris.
On laisse donc le Ranger mener le cortège au début. Mais l'espoir de ce groupe de fuir dans l'heure et de déguster un bon ragoût de cerf cuisiné bien de chez eux à la Gondorienne au petit matin, s'évapore bien vite lorsque l'on perçoit les échos d'une escarmouche distante.
Les Feldûsh ont trouvé les copains du Ranger avant eux. Et dans la même tranche temporaire de la nuit noire, ils trouvent aussi les copains de Trois-Doigts, qu'ils entreprennent immédiatement de prendre en chasse sans forme de cérémonie. La charge d'une Meute de Loups droit sur un petit gibier, car c'est bel et bien ce qu'ils sont. Tout ce beau petit monde d'intrus passera la nuit entre fuite éperdue et derniers carrés sans espoir face aux Feldûsh et à ma Section qui se regroupent et manoeuvrent en conjoint pour encercler ces ordures.
Et pendant ce temps, les gars, en proie à la panique et à leur espoir en chute libre, m'implorent au-travers de Simo de les guider.
– Vous êtes bien un snaga ? Me demande-t-il. Vous devez bien connaître des sentiers, des passages discrets par lesquels vous faufiler pour sortir de ces montagnes ?
– J'suis pas un snaga ! J'enrage. Regarde mes mains, regarde ces fluides rouges qui me dégoulinent, là ! C'est l'oeuvre d'un snaga, ça ?! Non ! J'suis un guerrier, alors m'appelle pas snaga ! Les autres, ils élèvent leurs armes face à ma colère, à la manière dont je me suis mis à pointer ma lance en avant. Je la relève en signe d'apaisement...
– Eh-eh ! Du calme les gars, tout va bien ! Implore Simo.
– C'est ça qu't'appelles "tout va bien ?! Grogne le Nain. Tout est en train de partir en vrille, par Aüle !
Simo supplie, de tout ce qu'il est capable d'implorer, le bon-sens du Nain... M'implore presque comme il ferait pour un de ses Tyranniques Valars de les prendre en pitié :
– Écoute, petit, me dit-il d'une voix qui n'est plus qu'un souffle : T'as pas aimé tuer tes congénères tout à l'heure, pas vrai ? J'ai vu la tête que tu faisais... Je te jure, je te jure par mes enfants, que tout ce qu'on veut, tous autant qu'on est, là maintenant, c'est quitter cette terre. Quitter ta terre, votre terre. D'autres de tes cong... De tes semblables, vont mourir s'ils nous tombent dessus. Tous ici, on tient à nos peaux et on les défendra ! Tu comprends ? Si tu nous mènes vers des chemins secrets, que tu veux bien être notre guide pour quitter ton pays, aucun autre Orque ne mourra...
– Juste quitter le pays ? Je demande de jurer. Vous ne blesserez plus aucun Orque ? Parole ?
– Juste quitter le pays, promet Simo... Plus aucun...
Est-ce que j'y ai cru ? Est-ce qu'il a réussi à m'attendrir à ce moment-là ? Sincèrement, An-Amie ?
– J'connais un passage. Mais j'vous préviens, vous allez pas l'aimer... Des galeries souterraines, qui se tortillent dans les dents noires du Mordor, à trois crêtes de là. On appelle ces grottes "le Chemin de Souillure"... Et je vous le dis, c'est plein de Gollums cannibales et d'autres choses qui rôdent à l'intérieur. Le silence et l'écoute absolue seront de mises pendant la traversée. Ça prendra plus d'une journée de marche, à l'intérieur. Au moins...
Je fais mine de compter sur ma main : Au moins deux, je dis. Vous prenez ?
Ils prennent...
« Préparez les torches et de la corde les gars ! Dit Simo. Le petit guerrier va nous guider hors de ce trou à rats ! »
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:37, édité 1 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Je les déteste...
« Vous pouvez descendre dans ce trou les gars, c'est bon ! Y a pas de dangers ! Lààà, tout va bien, tout va bien ! Vous souciez pas de ces trois petits, c'est juste des Gollums les gars. Ils vous grognent dessus car ils ont peur, mais ils vous feront rien tant qu'vous ne les approchez pas. Ils sont même pas sur votre chemin, la sortie est par là... Avancez les gars, allez. Range ton arc toi, l'Archer, s'il-te-plaît...
– Non, refuse-t-il. Je ne tire pas s'il ne m'approche pas, mais hors de question que je le range.
Il me jette un regard et se fige, les yeux écarquillés... Comme Shora... Comme Simo... Comme tous les autres alors qu'ils gagnent la grotte plongée dans l'obscurité.
– ...Quoi ? Je leur demande : qu'est-ce qu'il y a ? »
Balrog vit en toi, Petit Rat...
C'était drôle, mais... Quand les Feldûsh nous ont repérés, tandis que je courais dans les cols, guidant ce groupe contre-nature dans cette course effrénée à travers les reliefs, je me sentais léger. Presque à l'amusement. Pourchassé par la Section dans ces montagnes, c'était comme un jeu avec mes frères et mes parents. Et j'ai gagné le jeu. J'ai réussi à leur filer entre les pattes. A faire passer ce groupe entre les mailles du filet du dispositif des Sections, et à les mener jusqu'à la gueule béante du Chemin de Souillure, trou dans la montagne ceinturé de totems de crânes d'Orques aux orbites vigilantes. Les crânes de mes ancêtres. Vigilance éternelle...
– C'est... C'est encore loin ? M'a demandé Shora, le malheureux An saignant de ses pieds nus de toute cette marche commando et course drue en pleine chaîne montagneuse Mordorienne...
– Oh ben écoute, là, au jugé, je dirais qu'on a dû faire une bonne moitié du chemin... C'est bon Shora, j'me fous de toi ! ...Ouais, désolé, t'as pas envie qu'on rigole de la sorte, là, j'imagine... Encore trois-cents cinquante mètres en pente ascendante, tout au plus, et on y est. Courage, l'ami ! »
***
Charir, Jarrax, Troork, Ludra, Lustig, et Urktul, ils prennent part au massacre en règle des Rangers aux côtés des Feldûsh. Joignant aux arcs et jets de javelots des tribaux les carreaux d'Amante, l'arbalète de Charir, et ceux du modèle léger de Troork ainsi que les flèches de l'arc de Jarrax. Audacieux et téméraires avant même que la Section n'entre dans la danse.
Lançant en première vague nos prisonniers "graciés" engeôlés chez les Woggha, à qui ils ont restitué leurs protections, mais aucune arme. La consigne est claire pour eux :
– A la charge ! Leur grogne Nenag en claquant du fouet, après qu'ils eussent été grossièrement alignés. Derrière ses boucliers humains, toute la Meute prend part à l'assaut avec toute la hargne que leur procure le feu de se battre pour la vie de l'un des leurs, et pour l'Honneur de la Meute. Ils chargent, flanqués de la Meute d'illustres vétérans du Vieux Yetch, et de toute la réserve de bidasse assermentée de la Section, de valeureux Gobelins qui ne se sont pas faits une réputation comme le Vieux Yetch et les siens, mais qui sont là pour nous, menés par les Sergents Dartak et Krekch, ce dernier détaché de sa Section par Thakthak, sa contribution pour ma cause.
Putain, si j'en avais eu conscience, j'en aurais pleuré... Peut-être même que c'était pour cela que ma gorge était en permanence nouée.
Que tu subsistais à mes côtés, linceul d'ombres chaleureuses et apaisantes dans mon carcan de douleur et d'angoisse, An-Amie...
Mais pas de Snardat à la clé ici. Massacrer les captifs un par un en les faisant hurler, en vue de délier les langues sur "Golgoth", sur "Shora", ou sur "un rat blanc aux yeux rouges" n'a rien donné.
Mais tu es encore des leurs, An-Amie. Alors je t'en prie, guide-les. Guide-les sur la bonne voie et ne m'abandonne pas.
Feldûsh, Vieux Yetch, Togreh et toute la Section appellent mes cinq amis à ralentir le pas, à progresser dans leur "putain de formation", mais ils n'écoutent pas. Ils foncent. Charir a refilé mon barda à Jarrax, qui le porte comme la plus précieuse des choses au monde en fermeture de marche. Tandis que Troork, Ludra, Lustig, Urktul, suivent. Te suivent, An-Amie. Je crois en toi, An-Amie, alors pitié ne m'abandonne pas. Guide mes amis. Mène-les au Chemin de Souillure...
« Je sens de nouveau son odeur les gars ! Lance Urktul, galvanisé de retrouver piste à flairer.
– On trimballe son attirail, Urktul, objecte Ludra. C'est normal que tu le sentes.
– Et moi j'vous dis que j'arrive à sentir son odeur ! L'odeur de ses pieds griffus qu'il affectionne tant ! Mais j'vous préviens : il n'est pas tout seul, notre pote. Y a toute une clique avec lui... C'est glaçant à sentir... »
« Vous pouvez descendre dans ce trou les gars, c'est bon ! Y a pas de dangers ! Lààà, tout va bien, tout va bien ! Vous souciez pas de ces trois petits, c'est juste des Gollums les gars. Ils vous grognent dessus car ils ont peur, mais ils vous feront rien tant qu'vous ne les approchez pas. Ils sont même pas sur votre chemin, la sortie est par là... Avancez les gars, allez. Range ton arc toi, l'Archer, s'il-te-plaît...
– Non, refuse-t-il. Je ne tire pas s'il ne m'approche pas, mais hors de question que je le range.
Il me jette un regard et se fige, les yeux écarquillés... Comme Shora... Comme Simo... Comme tous les autres alors qu'ils gagnent la grotte plongée dans l'obscurité.
– ...Quoi ? Je leur demande : qu'est-ce qu'il y a ? »
Balrog vit en toi, Petit Rat...
C'était drôle, mais... Quand les Feldûsh nous ont repérés, tandis que je courais dans les cols, guidant ce groupe contre-nature dans cette course effrénée à travers les reliefs, je me sentais léger. Presque à l'amusement. Pourchassé par la Section dans ces montagnes, c'était comme un jeu avec mes frères et mes parents. Et j'ai gagné le jeu. J'ai réussi à leur filer entre les pattes. A faire passer ce groupe entre les mailles du filet du dispositif des Sections, et à les mener jusqu'à la gueule béante du Chemin de Souillure, trou dans la montagne ceinturé de totems de crânes d'Orques aux orbites vigilantes. Les crânes de mes ancêtres. Vigilance éternelle...
– C'est... C'est encore loin ? M'a demandé Shora, le malheureux An saignant de ses pieds nus de toute cette marche commando et course drue en pleine chaîne montagneuse Mordorienne...
– Oh ben écoute, là, au jugé, je dirais qu'on a dû faire une bonne moitié du chemin... C'est bon Shora, j'me fous de toi ! ...Ouais, désolé, t'as pas envie qu'on rigole de la sorte, là, j'imagine... Encore trois-cents cinquante mètres en pente ascendante, tout au plus, et on y est. Courage, l'ami ! »
***
Charir, Jarrax, Troork, Ludra, Lustig, et Urktul, ils prennent part au massacre en règle des Rangers aux côtés des Feldûsh. Joignant aux arcs et jets de javelots des tribaux les carreaux d'Amante, l'arbalète de Charir, et ceux du modèle léger de Troork ainsi que les flèches de l'arc de Jarrax. Audacieux et téméraires avant même que la Section n'entre dans la danse.
Lançant en première vague nos prisonniers "graciés" engeôlés chez les Woggha, à qui ils ont restitué leurs protections, mais aucune arme. La consigne est claire pour eux :
– A la charge ! Leur grogne Nenag en claquant du fouet, après qu'ils eussent été grossièrement alignés. Derrière ses boucliers humains, toute la Meute prend part à l'assaut avec toute la hargne que leur procure le feu de se battre pour la vie de l'un des leurs, et pour l'Honneur de la Meute. Ils chargent, flanqués de la Meute d'illustres vétérans du Vieux Yetch, et de toute la réserve de bidasse assermentée de la Section, de valeureux Gobelins qui ne se sont pas faits une réputation comme le Vieux Yetch et les siens, mais qui sont là pour nous, menés par les Sergents Dartak et Krekch, ce dernier détaché de sa Section par Thakthak, sa contribution pour ma cause.
Putain, si j'en avais eu conscience, j'en aurais pleuré... Peut-être même que c'était pour cela que ma gorge était en permanence nouée.
Que tu subsistais à mes côtés, linceul d'ombres chaleureuses et apaisantes dans mon carcan de douleur et d'angoisse, An-Amie...
Mais pas de Snardat à la clé ici. Massacrer les captifs un par un en les faisant hurler, en vue de délier les langues sur "Golgoth", sur "Shora", ou sur "un rat blanc aux yeux rouges" n'a rien donné.
Mais tu es encore des leurs, An-Amie. Alors je t'en prie, guide-les. Guide-les sur la bonne voie et ne m'abandonne pas.
Feldûsh, Vieux Yetch, Togreh et toute la Section appellent mes cinq amis à ralentir le pas, à progresser dans leur "putain de formation", mais ils n'écoutent pas. Ils foncent. Charir a refilé mon barda à Jarrax, qui le porte comme la plus précieuse des choses au monde en fermeture de marche. Tandis que Troork, Ludra, Lustig, Urktul, suivent. Te suivent, An-Amie. Je crois en toi, An-Amie, alors pitié ne m'abandonne pas. Guide mes amis. Mène-les au Chemin de Souillure...
« Je sens de nouveau son odeur les gars ! Lance Urktul, galvanisé de retrouver piste à flairer.
– On trimballe son attirail, Urktul, objecte Ludra. C'est normal que tu le sentes.
– Et moi j'vous dis que j'arrive à sentir son odeur ! L'odeur de ses pieds griffus qu'il affectionne tant ! Mais j'vous préviens : il n'est pas tout seul, notre pote. Y a toute une clique avec lui... C'est glaçant à sentir... »
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
IV : Dents Cassées
Vous pouvez courir. On vous trouvera avant l'aube.*
Vous pouvez courir. On vous trouvera avant l'aube.*
« Au début, c'était juste un petit groupe, mais déjà très entreprenant. Ils avaient pas peur de venir à portée d'arcs, pourvu qu'ils nous rendaient la monnaie de leur pièce. Des vraies possédés ! Le pire, c'est qu'on n'arrivait même pas à les atteindre, mais eux, leurs tirs ont frappé trois des nôtres, et chaque fois, c'était comme un retentissement de tonnerre dans une brume de Ténèbres...
Ça, An-Amie, je le prends avec une pointe de fierté pour les miens... Et comme un nouveau gage de ton amitié...
« Et puis toute une horde est arrivée et nous a complètement débordé en faisant charger une brigade d'Hommes désarmés au devant, ceux-là avec qui ils s'étaient battus dans la journée... Ça promettait d'être sale. Glamir nous a dit de foutre le camp.
Ce qui me fait drôle, c'est que je réaliser que sur le moment, j'éprouve de la peine pour le malheur de mes ennemis. Étant greffé à ce groupe contre-nature, mon empathie de groupe, de Meute, en vient à prendre des virages contradictoires. Que "Faralignedemir" et "Boromortderir"*² en prennent plein la gueule, ça devrait faire mon bonheur d'Orque pourtant, pas vrai, An-Amie ?
D'autant plus que, voilà l'heure de ma récompense pour les avoir mené en bon guide, permis de fuir la vindicte de mes frères qui les prenaient en chasse en les menant en ce Chemin...
« Mon point de vue est le suivant, argue le Nain : On se débarrasse maintenant de ceux qui risqueraient de nous trahir !
C'est de moi qu'il parle alors, An-Amie... Moi et Shora, j'imagine...
– Si l'on part de ce postulat, maintenant que nous sommes en position de force dominante, moi et mes gars, on devrait tous vous tuer, vous y compris le Nain, lui lance l'Archer net, le regard noir...
Et moi de lui montrer, à ce sale Khuzdun, que je n'ai pas... Plus peur de lui. Ils m'ont fait peur, mais ils ont manqué l'coche. C'est fini maintenant. Cet Orque, Rat Blanc, a le sang chaud à présent qu'il a plongé dans un combat, fut-ce fraternel...
– C'est sûr qu'en matière de traîtrise, vous êtes un connaisseur, Nain, je lui dis, un sourire moqueur. Votre présence sur mes terres, ces réunions secrètes, ces conspirations que vous y tenez, ça doit enfreindre un bon nombre de vos serments, pas vrai ?
Il ne me répond pas. Ne dit rien. Se contente de me regarder de ce regard gris acier, glacial...
Ça dure de longs battements de cœurs...
Je finis par m'avouer vaincu, n'étant pas d'humeur. Les morts du Mangeur d'Epées et de son binôme, trop fraîches dans ma tête pour me montrer joueur.
– Oh c'est bon, vous n'en valez pas la peine, je lui dis. On arrête là, je retire ce que je viens de dire. Mais ne vous avisez plus de m'appeler snaga ou de me menacer ! Vous êtes prévenu : Au Mordor, offenser le Gollum qui vous sert de guide, c'est comme... Cracher au visage du médecin qui doit vous extraire une flèche d'entre les côtes ? »
Sur ce, je les laisse décider entre gros crétins s'ils m'assassinent ou non, tandis que j'intime à Shora de me suivre (un Warg qui vient se pelotonner tout près de nous, regard vigilant et vorace posé sur moi), pour lui faire une inspection médicale...
– Tu t'es battu vaillamment petit Orque...
– Chut ! Je le coupe. Shora, s'il-te-plaît ! Pour eux, pour toi Homme, ces Orques, c'était juste ça : des Orques ! Moi, j'les connaissais ces gars-là... De loin, c'est vrai, mais... J'les connaissais... J'les connais tous putain... C'est mes frères qui sont après nous, là ! »
D'ailleurs, ça me fait épier un coup l'Archer et ses rangers, qui sont en train d'étudier les lieux à la lueur de leurs torches...
« C'est étrange cet endroit, bavardent-ils... Ça ressemble un peu à une crypte. Une crypte d'Orques ! »
« Ces créatures se bouffent et se poignardent entre elles à longueur de temps, de quoi tu viens nous parler d'une crypte mon gars ? Des trophées de chasse, si tu veux mon avis. »
Je commence à fulminer en voyant l'un d'eux se permettre carrément de prendre, soupeser l'un des crânes de Mes ancêtres :
– Eh, reposez ça immédiatement les gars ! Leur lance Shora. D'une voix bien empreinte d'autorité, très "commandant". Il réalise qu'il est en train de se dévoiler une nouvelle fois, si toutefois il a encore des secrets pour quiconque ici...
« Ça énerve l'Orque qui nous sert de guide, leur explique-t-il sur un ton plus neutre. Merci de respecter l'endroit et de ne toucher à rien...
« Respecter une crypte d'Orques... »
« J'ai plus de respect pour mes latrines... »
Mais ils obtempèrent, ils reposent le crâne à sa place. Et dans le bon placement, qui plus est.
– Merci Shora... Même si je ne comprends pas pourquoi tu ne t'es pas annoncé aux autorités lors de ta capture... T'es un guerrier important, ça transpire à tous les niveaux. Tu crois qu'les gars comme toi on les découpe morceaux ? On t'aurait bien traité, rançonné ou autre... Pas comme l'autre gros qui te fait marcher pieds nus dans la rocaille... »
Il ne répond rien, laissant la place au silence. Un silence plein des querelles proches entre Trois-Doigts et le Nain, des propos racistes de la bidasse ennemie, et les pas lourds de Golgoth qui part s'isoler, monter la garde de son côté, en solo...
« J'espère juste que ton maître...
– Toi aussi fais gaffe à ce que tu dis, petit, me reprend Shora. Ce n'est pas mon maître. Ça ne le sera Jamais.
– Je te prie de m'excuser, Shora... En tout cas, j'espère que peux me fier à lui, à ce qu'il subsiste d'Uruk en lui, le temps de cette mésaventure en votre compagnie... Et je ferai tout pour ma part pour jouer ce rôle de "guide" dans lequel Rat Blanc a été mis par le mauvais sort... »
Moins d'une demie-heure plus tard, alors que je m'assoupissais, me laissant adoucir par le ton plus confident de Trois-Doigts, ils me fracassaient au sol dans ma somnolence et me cassaient deux dents...
Et Golgoth en riait aux éclats avec mes ennemis.
Sous le regard des crânes de mes ancêtres qui ornent les trous dans les murs caverneux...
- *:
- (* Tiré de la phrase de confirmation du jeu Killing Floor premier du nom lorsque l'on souhaite quitter le jeu.
*² Parodies en mode Astérix des noms de Faramir et Boromir, deux personnages du Gondor dans l'oeuvre d'origine.)[/size][/font]
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Il est perdu… »
La phrase qui revient le plus souvent parmi ces sales globs, tandis que je les guide dans les ténèbres. Bien sûr que je suis perdu. Hors de la Meute et des miens, qui commencent peu à peu à se désagréger dans mon esprit en un spectre de doux souvenirs… Ça y est ? C’est vraiment fini cette vie alors ? Au mieux, je parviens à les mener à la sortie, et en guise de remerciement ils m’emmènent loin des miens, loin de mes terres ? Prisonnier pour le restant de mes misérables jours sur la terre de l’Astre Tyran. Me lâcher les Wargs au battement de cœur près où ils n'auraient plus besoin de moi, serait au fond plus clément, plus enviable. Et quand je vois de quelle manière me zyeute Trois-Doigts, une culpabilité qui le dérange et qu’il s’efforce de muer en haine à mon égard, je devine qu’il prend sur lui. Le Rat Blanc finira par mourir, sitôt que l’on aura plus besoin de lui. Et toute cette culpabilité, toute cette responsabilité, il pourra s’en laver les mains, comme il l’a fait toute sa vie…
Je suis perdu car mes dents me vrillent la cervelle, c’est comme le rire d’un contingent entier de Gobelins dans ma joue, et PUTAIN, J’AI TROP MAL ! Un... CONTINGENT D’GOBELINS QUI M’DANSE ET QUI M’POIGNARDENT JOYEUSEMENT LES GENCIVES EN RICANANT COMME DES P’TITES HYENES !
Des Gobelins qui préparent l’avènement du réveil du Balrog, Petit Rat…
Courage ! Endure !
Personne... PERSONNE ! Ne touche à l'un de mes Loups-Garous sans en Payer le Prix !!!
Courage ! Endure !
Personne... PERSONNE ! Ne touche à l'un de mes Loups-Garous sans en Payer le Prix !!!
Perdu car j’ai peur de mourir dans les prochaines heures, les prochains battements de coeur… Je n’ai pas honte de l’admettre, An-Amie…
Perdu car je commence à halluciner. Le Chemin de Souillure, ce n’est pas la première fois que j’y viens. C’est de là que je viens…
Souvenirs de ma mère qui voulait me manger…
Je perçois sa mâchoire carnassière, ses rangées de crocs pointues, luisantes dans les ténèbres… Ses toiles abjectes qui s’élancent sur diverses parois à intervalles, prêtes à m’engluer…
– Par les Eldarii mais qu’est-ce que c’est que ces horreurs ?! S’horrifie l’un des copains de l’Archer quand il se retrouve comme un idiot à s’engluer dans les toiles…
– La progéniture d’Ungolianth, évoque sombrement l’Archer. J’opine :
– Le Chemin de Souillure s’imbrique à l’antre de la vieille Arachne. Elle est morte il y a des lustres dit-on. Mais ses toiles, elles, sont aussi immortelles que les Gorgun. »
Tout le groupe passe de longues minutes à galérer, à suer toute leur eau, pour libérer le malheureux qui n’a réussi qu’à s’entoiler davantage…
« Bon sang, j'ai l'impression de tourner en rond dans ce trou à rats... » peste l'un des intrus dans un murmure. Cela soulève des regards soupçonneux vers moi, je le sens. Ne peuvent-ils percevoir l'abattement dans mon regard ?
Je suis perdu car je suis hanté par le fratricide du Mangeur d’Épée et de son pote. Par les conséquences que ça implique. Perdu en me voyant renié par ma Légion et par tous mes frères et sœurs de Compagnie, ma Meute. Et quand je leur tourne le dos, à tous ces bâtards, je jure entendre leurs rires moqueurs et malveillants…
Je les déteste…
Malgré cela, je suis un soldat et je focalise. Je n’ai rien dit, n’ai émis ni plainte ni mauvaise volonté une seule fois, depuis que l’on s’est remis en route après cette heure de repos (comment ai-je pu me relâcher au point de m’endormir, de somnoler, par Sauron ! ) Ces ordures sont vraiment des geôliers stupides en tout cas. Ils ont littéralement oublié que leurs vies ne dépend que d’une seule chose, c’est que je sois enclin à les mener à la sortie.
Ils m’ont laissé ma lance, bordel ! Ils ne m’ont pas fouillé pour me délester dague et grenade, et plus que jamais, ils réalisent qu’ils n'iront nulle part sans un guide…
Ce guide que vous avez fracassé...
Je les déteste…
Et je joue le jeu, mon rôle de servile guide, leur donnant même les bons conseils de survie :
« Faites gaffe aux pièges des Gollums, les gars. Quand je parle, je dois foutre deux doigts entre mes lèvres tuméfiées pour m’aider à parler distinctement…
« Surveillez chacun de mes mouvements. Si j’soulève une patte, vous la soulevez aussi. Si j’me ratatine, vous faites de même. Soyez mon ombre… Ben quoi ? Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? »
Oh, comme ils rigolent de moi... Ils rigolent si souvent, me traitent de misérable avorton incapable dés lors que je leur tourne le dos. Mais quand je les regarde, tous leurs ragots, tous leurs ricanements cessent. Et ils me craignent. Chaque fois que je me tourne vers eux, à deux doigts de leur demander « Pourquoi un tel rejet pour ce que je suis ? Une haine aussi intimiste, aussi individuelle ? On n'est pas à se chauffer entre deux armées sur un champ de bataille là ; je ne vous ai jamais rien fais, moi, je veux juste vivre avec mes frères... », chaque fois que je recherche un brin d’empathie dans leurs regards de crapules, d'intrus et de fuyards, je les vois déglutir avec crainte… Je cligne de mes jeunes yeux, et je me remets en marche à travers les galeries plongées dans la pénombre, tandis que dans mon dos, les commentaires les plus récurrents qui me viennent d’eux après « Il est perdu », ce sont ces murmures craintifs : « Il est possédé... Balrog est en lui… »
Parfois, je tente de regarder derrière moi et d’aller river mes yeux dans ceux du gros demi-Orque Golgoth, le Déchu sans honneur, sans foi ni loi. Qu’il capte toute la déchéance de ce qu’il est, de ce qu’il a Persisté et Signé à rester pour les heures qu'il lui reste……
Mais Golgoth est dans mon angle mort. Comme les deux Wargs d’ailleurs… Je ne perçois que le regard vitreux du gros vert posé sur moi, et l’appétit gargouillant des deux bêtes tandis qu’ils évoquent par moment, très brièvement, le morceau de moi qu’ils vont me démembrer en premier… Ainsi je marche dans les tunnels. Martyr de mes dents cassés et en proie à la folie croissante de la douleur, guidant docilement l’Ennemi dans le Chemin de Souillure, sous le regard de ténèbres des crânes de mes ancêtres…
Des ancêtres snagas. Des ancêtres conscrits, enrôlés, qui ont fait leurs preuves mais qui ne pouvaient être entreposés parmi les grands guerriers Uruk-Haï sans provoquer de tollé d'indignation de l'Engeance Guerrière... En revanche, des Uruk-Haï et des pairs Orques de l’Oeil Rouge ont demandé à ce que leurs crânes, leur vigilance, demeurent entreposés ici, aux côtés de leurs petits frères interdits…
« Vous finirez par être reconnus, frères snagas... » je prête serment intérieurement, sentant leurs esprits, leur présence, leur aura dans le Chemin...
« Eh, petit Orque, vient me souffler l'Homme Simo. Ça commence à se chauffer derrière ; ils disent que tu n’es pas fiable, que tu nous as perdu, ou pire, que tu es possédé, que tu as le Mal en toi… Il faut vraiment que tu nous donnes des gages que l’on progresse, que l’on avance vers la sortie…
– Des gages j’en ai pas Simo ! Le Chemin de Souillure je ne l’invente pas, shräk ! Je m’irrite, sifflant mes propos en m’efforçant de conserver voix basse, mais tout en me faisant entendre de tous ces couillons d'intrus…
« Ces tunnels sont comme ils sont ! J’peux pas y inventer des repaires sur commande ! Je sais que cette grotte joue sur vos nerfs d'êtres de l'Extérieur ensoleillé, mais prenez votre mal en patience !
Ces tunnels sont comme ils sont et tu ne vas pas y inventer des repaires sur commande, Petit Rat...
Par contre, si Moi, le Grand-Méchant-Loup, je profitais, disons… De mes pouvoirs qui s'accroissent pour m’amuser à reconfigurer, à restructurer, à triturer ces galeries oubliées en un ténébreux et infernal plat de nouilles caverneux dont il n'y a plus Aucune sortie : ça compte ?
Et si vous osez attenter à sa vie, en plus de vous faire passer de vie à trépas dans les pires souffrances, je veillerai à ce que chacune de vos âmes soit lacérée à jamais dans un carcan d'incisives et de furie !
Comme un grondement organique qui se répercute au-travers des parois rocheuses de la montagne... Terrifiant.
Le grondement d'une
Promesse
de Mort
Violente...
Les dents de ruminants des Archers-intrus, Simo, Shora, commencent à claquer d'angoisse viscérale, de même que Shora, Trois-Doigts. Chacun d'eux peut ressentir au plus profond de lui qu'ils sont en train d'offenser, de réveiller quelque chose d'indicible...
Pour ma part, je réfléchis à un quelconque "Gage" que je peux leur donner pour les calmer. Et me calmer aussi. Calmer ma douleur, calmer mon propre esprit, calmer ma soif. Je suis assoiffé…
– Y a une source d’eau qui s’écoule dans ces galeries. Même vous, vous l’entendrez d’ici peu, si vous tendez l’oreille. On va arriver dans une galerie avec une rivière intérieure. Je meurs de soif et d’envie de me décrasser de ce sang fraternel, moi. Vous voulez bien que l'on y oblique, s'il-vous-plaît ? »
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
T'en fais pas Petit Rat. Je suis avec toi. Et elle aussi...
Glisser au bas d'un promontoire, et on émerge dans la cavité à la source d’eau...
« Chose promise, chose due, se satisfait l’Archer quand il se laisse tomber avec ses compatriotes. Sans un bruit, tels des fantômes. Si y a un point que j'leur reconnais volontiers, c'est que leur réputation de fourbes furtifs, ils l'ont pas volée. Certes, ici ils sont dans mon environnement, les cavernes, où ils demeurent mes inférieurs. Mais, en forêt... J'en frissonne.
Ils ont un mouvement d’alerte lorsqu’ils me voient tracer la distance pour fondre sur l’eau, mais ils se relâchent en voyant que ça n’est rien que pour boire. Pour boire et me retrouver...
– C'est bon les gars, lâchez-le, ce gamin, dit l'Archer. Remplissons les gourdes. N’allez surtout pas en boire pour le moment mes frères, cette eau est pleine de germes et nous, on n’a pas… Son organisme d’Orque…
– Et toi fais gaffe, t'es en train de te faire amadouer, lui rétorque à voix basse un de ses semblables : "ce gamin"... T'es en train de l'humaniser, c'est mal. Un rat gentil ça n'existe pas, y a qu'des rats méchants et des rats qui ont réussi à t'faire croire qu'ils étaient gentils...
– T'as seulement vu ses yeux rougeoyants un peu ? Renchérit un autre Embusqué-des-Bois : C'est le Mal en personne qui est dans cet avorton !
Fermez vos putains de gueule... Laissez-moi seul avec moi-même...
Ferme les yeux... Respire... Ouvre les yeux...
Je me retrouve et, je ricane tristement…
« Eh ! Salut l’ami ! C’est toi alors qui leur faisait peur à tous…
Ses yeux incandescents qui miroitent dans l’eau. Mon reflet. Mon Moi.
« Balrog...
Je contemple ses yeux, aussi fasciné que lors de nos premières rencontres... Et mon regard descend sur l'état de sa bouche et je suis sous le choc, indigné. Ses lèvres tuméfiées et... La casse de sa canine gauche, et sa consœur un autre cran plus à gauche...
« Putain, les salauds ! Ils m'ont pas loupé... Aïîïrch ! Je réprime un gémissement de douleur et d'horreur... Mes pauvres p'tits chicots... »
J'entreprends de me laver par à-coups.
Las...
Profondément las...
Misérable,
Esseulé Gobelin au milieu de cette troupe d'Ennemis et de Traîtres...
Me décrasser du sang du Mangeur d'Epées et de son parent. Il s'écoule, entre en communion avec l'eau de la source enfouie.
Jusqu'à cesser d'exister...
Comme ce qui attend ta sale race dans cette histoire d'Hommes et d'Elfes.
Et toi avec, Petit Rat, si tu n'te secoues pas pour te tirer de ce mauvais pas...
Et toi avec, Petit Rat, si tu n'te secoues pas pour te tirer de ce mauvais pas...
Ouais, ben t'es mignon, mais c'est pas toi qui es aux griffes des rangers de l'Ennemi, d'un Nain vicelard et d'un faux-Uruk qui a la castration facile... Toi t'es là, planqué bien à l'abri dans ton eau... Je veux juste une
putain
de
pause, Karess...
On reste longtemps à se regarder, mon Moi de l'eau et Moi...
Lui, se troublant sous le remue de l'eau, il semble se ternir, se mettre en retrait. Comme laissant la place à une autre présence :
«Mok'kra* à toi, petit Gobelin ! Eh ben dis-donc ! J'en avais jamais vu, des grenouilles comme toi ! »
– Arsh... Niaï ? » Je couine, comme un animal. Ce que je suis probablement pour elle, un animal. Un animal interloqué à ses propos, qui cligne de ses yeux rouges étonnés, dodelinant sa tête face à cette nouvelle venue. Sauf qu'elle n'a rien de nouvelle. Elle est souvent venue auprès de moi, je le sais, j'ai toujours senti, perçu sa présence par à-coups. Et maintenant je l'entends...
« Je veux dire, évidemment, qu't'es pas une grenouille... »
Mes yeux dans les yeux incandescents de mon reflet trouble dans l'eau. Une eau nimbée d'un voile d'ombre et... D'Azur...
« J'ai eu un rat albinos en tant qu'animal de compagnie. J'étais absolument fascinée d'apprendre que cette coloration écarlate dans ses yeux était due à l'absence de mélanine dans l'organisme, et que ce rouge profond, n'était que le fruit des vaisseaux et canaux qui existaient, derrière l'organe. »
– C'est... Intéressant, Azur. Je te remercie de me réconforter en cette heure de ta présence douce... Nous autres Orques, on embrasse la violence, la férocité, notre... Bestialité. On la chante à pleins poumons, comme dans notre chant Vermines & Rage... C'est surtout jouer de notre réputation, tu vois. On a une âme et un cœur comme tout le monde en vérité nous aussi, faut pas croire, en tout cas pour les miens, il en est ainsi. Mais si être vus comme des monstres terrorisants peut nous aider à emplir les cœurs de nos ennemis de terreur et qu'ils n'osent pas venir déterrer nos jeunes et nos filles jusque chez nous, c'est tout bénéf' de prétendre que l'on est mi-barbares, mi-bêtes féroces... Mais là, être arraché à mes semblable et être entouré de tous ces regards, de toutes ces voix qui me traitent en permanence de monstre, de vermine, de petit fourbe... Ça m'aide, vraiment, que tu viennes à moi et que tu me dises que je suis juste... Quelqu'un. Un être normal...
« ...Mais... Peut-être qu'ils ont bel et bien raison d'être terrorisés... Peut-être bien que "Balrog vit en moi", comme disent mes petits frères... Que c'est lui qui brûle dans ces yeux incandescents qui sont les miens...
«On dit que les yeux sont le reflet de l'âme, Snardat. »
– Le reflet de l'âme, oui... Une Légion de Coeurs, Une Seule Âme... Et... Ce que tu y vois dans mes yeux, ça ne te fait pas peur ?
« Non. Les monstres, ça ne me fait pas peur... Pas autant que les Hommes en tout cas... »
– Je vois... Pour la fille paria que j'ai imaginé de toi, au sein d'un autre monde où l'Homme est la seule et la pire des sales races dominantes, je comprends, ça doit être flippant... Merci en tout cas de ne pas me juger, An-Amie...
« J'y gagnerais quoi, à te juger ? »
C'est ironique quand même.
Pour un Orque.
D'être révulsé par la viande, et de voir en l'eau un "checkpoint". Un Sanctuaire...
Je pourrais vivre une vie, une existence entière dans chaque seconde que je passe à me scruter dans l'eau, dans la méditation.
Loin de ces ordures, loin des Hommes, des Gorgun, des Khuzdaï et de leur vindicte génocidaire à l'encontre de mon peuple, mon engeance "maudite"...
Loin de la Tyrannie de Soleil...
Juste elle, Azur et moi, jouant à contempler nos pieds respectifs, remuant les orteils dans l'eau. Cette eau qui marque la frontière entre nos deux mondes...
Qui es-tu Azur ? An-Amie imaginaire que je me suis dessiné, petit Gobelin. La fille humaine d'un autre monde tout aussi sinistre et perdu que le mien, fait de formes géométriques inconcevables et de sorcelleries technologiques incompréhensibles. D'Orques, il n'y a pas. Pas plus qu'il n'y a de Gorgun ou de Khuzdaï. Seulement les Hommes...
… Mais peut-être que les Orques, Elfes, Nains, et plein d'autres, sont-ils bel et bien parmi vous, mais qu'ils se dissimulent derrière des masques ? Les masques de vos semblables...
Tu n'es pas une Légionnaire, mais tu es mon amie, An-Amie. Notre amie et notre compagne d'aventure. A moi, et à nous la Meute.
Parfois, je viens à tes côtés dans ton monde. Ensemble, on fuit des cohortes d'hommes armés en bleu et de sinistres hommes en noir qui te prennent en chasse. Des Hommes que j'aurais pu appeler "collègues" et "patrons", mais... Autre monde, autre jeu, alors j'en change les règles, et je me range en cette alliance qu'est notre amitié. Mon expertise d'Orque et mon courage te protègent farouchement de leur oppression et de leur chasse, mes grognements tiennent au respect les horribles yeux-machines qui t'observent où que tu ailles, tandis que l'on fuit au-travers de ces grandes rues aveuglantes, main dans la main. Une fuite éperdue de deux rats que nos deux mondes rejettent...
Et parfois, c'est toi qui apparaît dans mon monde pour veiller sur nous. Avec la Meute, on a réalisé que quelque chose cloche avec nos aînés. Talion l'Horrible Spectre* est de retour et est parvenu à prendre le contrôle mental des grands. En Service, tout semble aller bien, mais au Dormir, ils sont sous son contrôle, errants tels des zombies dans les landes du Mordor, tandis que de vils Rangers les surveillent comme du bétail pour le compte de Talion. Seule la Meute peut sauver la Légion, sortant en club aux heures du Dormir pour contrecarrer les plans de l'Abominable Spectre*²
Et toi, tu nous guides et tu veilles su nous dans notre quête, An-Amie...
Ensemble, An-Amie, on côtoie l'Âme du Grand Karess Crocs-de-Couteaux pour vivre d'incroyables épopées dans des mondes mystérieux, labyrinthiques et inconcevables, des mondes reliés aux cavernes de Mandos où sont retenus mes congénères. « Enfermés à jamais », disent Mandos et le Soleil. Mais avec toi, An-Amie, et aux côtés du Grand Karess, nous ébranlons et brisons la cage de ma Race Maudite, et les âmes des Orques sont libres de s'enfuir.
Libres...
C'est drôle mais dans l'après-vie, ça me plaît.
Quand viendra mon heure de passer de vie à trépas, et elle risque bien d'arriver sous peu à présent... J'aimerais être libre de te rejoindre dans ton monde, et devenir ton Ange, An-Amie. Ton Ange Noir...
Le Démon de tes Ennemis...
Ton Karess... « Ton Grand-Méchant-Loup »...
...Mais...
Je suis un soldat, An-Amie. La guerre m'attend. Là, tout autour de moi, sous la forme de ces sacs de viande fraîche que sont ces intrus et ce gros traître de Golgoth qui m'ont enlevé, ces Wargs aux regards carnassiers, et ce stupide Nain et ce Shora. Les uns cherchent à me soumettre, à me briser par la Terreur de leur brutalité, les autres m'ostracisent par leur mépris constant, mais Shora... Sa sympathie et ce qu'il y a de pire. Ses conseils ont étayé les mirages de Libertés dans l'esprit de Trois-Doigts... Un sage a dit de ne pas confondre l'évasion du prisonnier et la fuite du déserteur.* Alors... Tu as été mon évasion An-Amie, celle qui m'a permis de relever la tête. Mais maintenant, je dois y retourner...
« Garde courage, mon petit frère Orque... Tu as peut-être l'impression d'être seul parmi eux, mais dis-toi, oh oui dis-toi, imprègne dans ton esprit que tu ne l'es pas. Tes amis sont à ta recherche. Et je ne suis peut-être pas de ta "Meute", mais je suis avec toi.
– Tu l'es, de ma Meute, Azur... Tu as protégé mes amis du Sang-bleu arrogant de la Caste, nous l'avons tous vu aujourd'hui... Tu es née de mon imagination et maintenant, tu es là. Tu es de notre famille à présent...
« Notre Famille de Rats... »
Mes larmes ont coulé de mes "yeux rouges possédés par le Mal", gouttant dans l'eau de la rivière...
Et le monde, l'abject monde a repris contenance autour de moi. Trois-Doigts venu boire goulûment dans l'eau.
Le mépris des Hommes, la malveillance du Khuzdun. La traîtrise de Golgoth. La corruption doucereuse de Shora et ses fables sur la Liberté, mise à l'épreuve de la Résilience du genre Orque...
Je prends une longue inspiration, triste dernier regard d'au revoir à mon reflet :
« On n'a pas fini d'en baver, toi et moi, hein... Bon, allez... A la revoyure... Je l'espère sincèrement... »
« On n'a pas fini d'en baver, toi et moi, hein... Bon, allez... A la revoyure... Je l'espère sincèrement... »
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- Formule de salutations des Orcs dans Warcraft
Dernière édition par Karess le Dim 14 Avr - 21:07, édité 2 fois
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Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Tu es bien bougon, dis-moi, pour une créature qui a perdu toute possibilité de procréer... Mais il est vrai qu'ils t'ont laissé la part génératrice d'hormones. Comme cela doit être débordant de frustration pour une vermine lubrique telle que toi... Quant à moi, de toute ma sagesse millénaire, je n'aurais su dire si je devais te considérer comme un Orque mâle ou femelle, si toutefois il en existait ! Mais tu es né dans un puits, petite Vermine... D'ailleurs, en parlant de puits... C'est l'heure de mourir et d'être envoyé dans les Abîmes.»
Vieux Yetch a composé ce chant... Pour un frère de sa Meute originelle, mort captif aux mains de l'Ennemi lorsque lui-même était encore jeune, et pour tous les jeunes Orques qui se retrouveront eux-mêmes aux mains de l'Ennemi...
Plus que jamais, je suis Rat Blanc, et je continue de guider l'Ennemi et les Traîtres dans les ténèbres.
La douleur qui me vrille la bouche s'est propagée, brûlante, à mon oreille où pulsent les coups de mon tambour interne, les Mille Gobelins qui cherchent à éveiller Balrog. C'est invivable, et pourtant désormais je calque ma respiration, mes émotions sur cette pulsation. Je réfléchis en saccadé, l'esprit bouillonnant.
S'échapper en état de captivité, c'est somme toute un simple problème mathématique. Il y a des problèmes, et à chaque problème sa solution.
Forces en présence :
Golgoth, demi-Orque aux gènes d'Isengard. Ne surtout pas attaquer frontalement en l'état, ou Rat Blanc finira en hachis. Mais est-ce une entrave sérieuse à ma fuite ?
Non. J'ai l'entraînement, l'endurance, la vivacité, l'instinct. Et en environnement caverneux le vil Gobelin a l'avantage sur l'Uruk massif en termes de mobilité.
Le Nain, avec sa hache de maothran. Mieux vaut ne pas me risquer à l'attaquer en frontal, celui-là aussi. Mais sinon, pareil que Golgoth : clairement pas lui qui me rattrapera. En revanche, c'est lui qui aura ma tête si je reste docile.
Trois-Doigts...
« N'allez pas croire que j'm'attendris pour lui les gars hein ! Souffle-t-il à Golgoth et au Khuzdun abject : J'dis juste que pour le moment, jusqu'ici, il nous a pas menés en bateau... J'suis déjà descendu jusque-là par le passé, quand j'étais en quête d'une jeunette facile parmi les sauvageonnes des tunnels. J'connais un peu le coin, et jusqu'ici il a soigneusement évité d'nous mener dans les traquenards les plus évidents... »
Lui il pourrait me menacer s'il me court après. Il est presque aussi à l'aise que moi pour évoluer dans ces cavernes. Si je l'isolais, l'important serait de me maîtriser. Que notre confrontation, je la gère "pro", et pas comme une bagarre. Je le sens fourbe et vicelard en bagarre, mais clairement pas "pro".
Simo : Sympathique. Ça me semble être un brave gars. Il me semble avoir une morale et enclin à faire ce qu'il considère être juste. Le faire basculer dans mon camp et former factuellement une alliance me semble pratiquement acquis, mais... Mais quel allié du désespoir, cela dit. Simo a beau avoir l'oreille du groupe, il n'est clairement pas celui que l'on écoute, qui prend les décisions, qui en impose. C'est un conciliant, un "dominé". Je ne confierais pas ma vie au courage et à la témérité de Simo, si un conflit ouvert éclatait avec l'opposition Golgoth / Nain / Trois-Doigts – Wargs...
L'Archer : Et ses cinq subordonnés. Je ne comprends pas vraiment ce qu'ils ont cru venir faire en mon pays. Et franchement, vu ma situation, je m'en moque. Pas envie de risquer ma position déjà précaire au sein de ce groupe en me les mettant à dos à venir jouer les curieux... L'Archer pourrait être un allié, j'imagine. Quoique... Avec ses potes il a eu mille occasion de transformer mes congénères en passoires, les prendre par surprise. Je n'irai sûrement pas me hasarder à lui présenter un projet de vendetta. En revanche, lui montrer à lui, et à ses copains, que je suis un gentil Orque tout ce qu'il y a de plus fiable...
Note, An-Amie, que maintenant que nous sommes en environnement caverneux, l'Archer et les siens ne représentent plus aucune menace directe si je décidais de me carapater, là, maintenant, droit devant eux. Dans les ténèbres ils ont dû ranger arcs aux dos et se contentent donc de leurs torches, et de leurs épées. Je n'ai pas à craindre d'être abattu par une salve de flèches si je me mets à courir.
Les Wargs en revanche...
Shora : ...Tu me déçois Shora.
Pas très chevaleresque de m'avoir laissé me faire défoncer le portrait.
J'imagine que tu dormais très profondément...
Tu passerais pour un ami, pour un allié de circonstance. J'ai vu les regards, la haine que tu portes sur Golgoth. Toi et moi, on le haït à hauteur égale... Mais... D'étranges réflexions sur ton compte. Je me dis que... J'ai peut-être débarqué par mégarde dans Ton histoire, Shora. Ton histoire du brave chevalier du Gondor captif du Mordor, qui entreprend une fuite périlleuse de la Terre Noire, un parcours semé d'embûches, l'héroïsme, la camaraderie... Et j'imagine que dans ton histoire, tu te farcis le gros méchant Golgoth à la fin... Et moi, dans cette histoire d'Hommes et d'Elfes, je suis quoi ? Ton ressort comique ? Ou juste une petite tête à trancher pour marquer l'atmosphère ?
Non... Golgoth, c'est moi qui vais le tuer, Shora. C'est Mon histoire d'Orque, ici. La question, c'est de savoir si j'le ferai avec ou sans toi... La vraie question, c'est de savoir si le moment venu, tu seras mon frère de circonstance, ou un fils de lâche, un sale traître, toi aussi.
Reste toujours les deux Wargs... Les deux putains de Wargs...
Au final, dedans ou dehors, avec tout ce monde ou en comité intime avec Shora et Golgoth comme au tout début, le problème à l'équation reste
les
deux
putains
de
Wargs.
Les forces et atouts dont je dispose :
La dague planquée dans mon pagne (ouais, ça chatouille)
La grenade (pareil. Sérieux, ne pas me fouiller/ désarmer. Oh les gars ! Fouiller / désarmer votre prisonnier, c'est la base!)
La lance (Non mais là, à ce stade les mecs, vous méritez vraiment ce qui va vous arriver...)
La trousse médicale de Golgoth. La tentation de m'enfiler tout ce qu'elle contient d'antidouleurs. Mais en vrai, An-Amie, j'préfère me glisser une p'tite goutte de dopant, de temps à autres, discrètement, pour me chauffer les tripes. Ça décuple la pulsation dans oreille, ma mâchoire meurtrie...
Et Moi. Rat Blanc. Orque de l'Oeil Rouge, soldat formé, surentraîné, endoctriné depuis l'enfance par la vie martiale et guerrière de la Légion (et ça, c'est vraiment ce qui va avoir leur peau. Car le fait qu'ils m'aient laissé ma lance et ne m'aient pas désarmé, ça me fait prendre pleinement conscience d'une chose : c'est pas qu'ils aient oublié, An-Amie : ils ne comprennent juste pas ce que je suis, ce qui me distingue d'un snaga ! Ils m'ont laissé mes armes car un servile snaga ne conceptualiserait pas de s'en servir contre des dominants, surtout pas après la dérouillée qu'ils m'ont flanquée. Malgré que Trois-Doigts les ait prévenu, qu'il connaisse mon rang, pas un prend la mesure de ce que je suis, ils me prennent
tous
pour un
snaga...
Togreh m'a bien mis dans le rôle...)
Mais l'entraînement et l'endoctrinement des Légions, ça ne me met pas en capacité d'éclater deux Wargs à moi tout seul, là, comme ça, en confrontation directe, ni de les semer à la course.
Au final, avec ces deux putains de Wargs qui continuent de me lorgner comme une pièce de viande aucune voie de fuite pour l'heure. Juste continuer d'avancer, et garder esprit opportuniste, sans me laisser tétaniser la cervelle par le bruit de leur salive qui goutte de leurs gueules sur la roche humide des cavernes.
Des cavernes.
Le groupe, exténué et sur les nerfs, m'interrompt dans mes pas et décrète qu'ils vont s'accorder une nouvelle heure de repos...
« Non, les gars, non ! Je leur rétorque, pas même besoin de jouer l'irritation tant l'erreur est offensante d'amateurisme : on est en plein sur le seuil d'un Territoire, là ! Regardez là, là et là ! Je montre du doigt des peintures écarlates évoquant des monstres, des têtes cornues aux mâchoires saillantes : Des marques d'une tribu de prédateurs ! Faut continuer à avancer, forcer le pas coûte que coûte et faire super attention à rester discret ! »
Mais ils n'écoutent absolument pas l'expertise de leur "guide". Hormis l'Archer qui prend mon avertissement plus au sérieux et souffle à ses hommes de se mettre aux aguets en périmètre défensif, les gros emmerdeurs du groupe n'en font qu'à leur tête et m'oublient, me foutent la paix...
Et moi, très vite, je repère ces trous, ces renfoncements dans les parois, ce gouffre béant dans une cavité supérieure au-dessus de la grotte.
Une silhouette noire fondue dans la pénombre...
Reste la dernière composante à prendre en compte dans mon équation, celle à laquelle je m'en remets donc pour ma vie, ou au moins pour mourir avec les honneurs de savoir que j'aurais mis cette coalition d'ordures définitivement hors d'état de nuire pour les miens :
Le Chaos. Le Chemin de Souillure : Environnement caverneux, labyrinthique, peuplé de Gollums cannibales et d'autres choses plus indicibles. Ces Gollums, ont faim. Je ne les contrôle pas et probablement chercheront-ils à dévorer le p'tit Snardat aussi, mais c'est un paramètre chaotique qui va entrer en jeu, tôt ou tard. Et quand ce sera le cas, je sens que ce sera le moment d'agir...
Golgoth me jette un rat crevé aux genoux, avec un regard lourd qui signifie "cuisine". Je ramasse son rat en réprimant le sentiment de révulsion, outragé par ailleurs de le voir me jeter un représentant du petit peuple dont je tire mon nom de soldat.
« Eh... Je viens flanquer l'Archer, discrètement : Ne r'garde pas ouvertement, mais j'ai vu du mouvement. Dans le trou, là-haut. Quelque chose nous regardait.
Je lui montre de la tête la direction du trou. Il n'en revient pas que je vienne le prévenir de ça. Toi non plus probablement, An-Amie. Il semble limite ému de ma sincérité, tandis que je continue :
– Faut qu'tu passes le mot aux autres, discrètement. Moi si j'leur dis, ils m'écouteront même pas...
– Merci petit Orque.
– Eh... Je le retiens par sa cape forestière de la main, le regardant les yeux dans les yeux. Je sens que je tiens enfin un début d'avancée dans ma situation et je veux pousser mon pion au maximum : C'est quoi ton nom ?
Il hésite un moment, avant de se relâcher et de me répondre :
– Narion. Je m'appelle Narion.
– Naaarion... Narionnn, Nariiion ! Je teste son nom, lapant ses sonorités sous différentes intonations...
« D'accord Narion, je lui retourne calmement. Moi c'est Rat Blanc. »
Suis-je en train de le manipuler ? Un "rat qui a réussi à lui faire croire qu'il était gentil ?"
Dans ce cas, An-Amie, figure-toi que je me suis trompé moi-même. Car à ce moment là, Snardat veut réellement, sincèrement mener ces sympathiques An-Aï hors du Chemin de Souillure, hors du Mordor...
Sauf que ce ne sera pas de la manière dont ils pensent que je vais les sortir. D'une manière ou d'une autre. Mais pas celle qu'ils attendent.
Narion part glisser le mot aux autres, et mon regard se reporte sur Shora. Tout près de lui, je vois l'un des Wargs qui est en train de l'inciter à le suivre... Ainsi, m'sieur l'Homme est en train de faire ami-ami avec un Warg... Warg qui le mène à une étrange pierre marquée d'un glyphe noir.
Notre glyphe. Celui des deux têtes de Loup Noir entrecroisées... L'emblème de ma Légion...
« Eh ça fait quoi là, ça ? S'excite Trois-Doigts. Tout le groupe le presse de baisser le ton, à ce foutu crétin / glob : Cette pierre, c'était pas là avant ? J'ai, j'ai pas rêvé les gars ?
Tout le groupe présent, le groupe d'origine et l'un des subordonnés de Narion, on vient se rassembler face à cette pierre, que Shora pousse hors d'un espèce de parvis sculpté aménagé à sa base...
– Très mauvaise idée, les gars, désapprouve Trois-Doigts, nerveux... Très très mauvaise idée, ça...
La pierre dégagée dévoile une embouchure béante, où le noir est d'Abîme, un noir qui ferait presque (bon, en exagérant un peu à vrai dire) passer l'obscurité de la grotte pour clarté de l'Astre Tyran...
– Arrêtez ça, les gars, sérieusement... Ce symbole, cette roche, là... Si les tribus des cavernes l'ont mise là avec cet avertissement, c'est qu'il y a une raison ! »
Trois-Doigts me jette un regard écarquillé et suppliant. Suppliant de soutenir son propos. Alors là, après la traîtrise de la veille, si cette ordure croit que je vais l'aider à se défiler...
Alors que tout le groupe est là, pétrifié devant l'embouchure, je bondis dans le seuil de ses Ténèbres, impétueux. Je recouvre enfin toute ma désinvolture, et mon regard vers eux, ces deux fentes incandescentes qui les terrifient tant. Et c'est un autre qui parle à travers moi...
– De jeunes avortons franchissent ce seuil avec fougue pour y entreprendre leur rite de passage... Vous étiez téméraires pour brutaliser un enfant Orque sans défense, dans sa somnolence, et toi tu en riais, dit cet autre à Trois-Doigts... Où est ce cran, cette témérité, maintenant que vous faites face à l'Ordalie du Grand Karkaras ? »
« Rentre là-dedans et assume les conséquences, Trois-Doigts. Assumez-les, vous autres. Votre peine sera lourde. Mais vous aurez une chance de sortir vivants du Chemin de Souillure... Ceux qui reculent face à l'Ordalie erreront dans ces tunnels à tout jamais... »
Moment de vertige. Je recouvre le contrôle. Bondissant hors du trou, mes deux doigts calés entre mes lèvres tuméfiés pour articuler simplement :
« En tout cas, ça, c'est ce que je vous servirais si j'étais l'un de ces chamans drogué aux champignons hallucinogènes... J'ai pas grand-chose à en dire de ce trou. Pour moi, c'est juste un trou. J'ai jeté un bref regard à Narion. Un regard qu'il a fini par capter, hochant imperceptiblement la tête...
« Franchement, les gars, si j'étais vous, je me jetterais à pieds joints là-dedans. J'vais être honnête, j'sais pas où ça mène, si ça se trouve on va tourner comme des cons et remonter bredouille au bout d'une heure, mais, franchement, si ça peut nous permettre d'esquiver une confrontation avec les Gollums... »
Ils ne m'ont pas écouté. Ils ont remis le rocher dans une tentative désespérée de s'épargner les Abîmes.
Moi je viens m'asseoir au cœur de la grotte, la lance de mon fratricide calée entre mes mains jointes, dissimulant mon hématome qui s'étire douloureusement sur un rictus de mépris...
Ainsi soit-il, bande de pourritures...
Va pour l'errance éternelle. Ou juste pour des affres de souffrance.
Et pour une bonne castagne avec les Gollums.
Vous ne viendrez pas me dire que je ne les ai pas prévenus au moins douze fois. Mais, en fait, je savais dés le début qu'ils n'écouteraient rien, qu'ils se planteraient d'eux-mêmes et que plus je serais honnête, moins ils écouteraient.
C'est mon style de jeu, quand je joue au Loup-Garou, An-Amie.
Le "bluff honnête"...
Vieux Yetch a composé ce chant... Pour un frère de sa Meute originelle, mort captif aux mains de l'Ennemi lorsque lui-même était encore jeune, et pour tous les jeunes Orques qui se retrouveront eux-mêmes aux mains de l'Ennemi...
D'une manière ou d'une autre,
Aux mains d'mes ennemis j'suis tombé
Captif, esclave de leur cruauté
Pour eux je n'suis qu'une vermine à É-Trangler...
Mais je garde en moi la flamme de la Meute...
Je joue l' jeu d'la soumission
Le temps passe,
Les insultes
Les coups
Les crachats, brimades
La douleur
Et la privation !
Mais je reste vigilant, je cherche la solution...
Je guette ma chance, au fond de moi, je prépare ma RébelLion !
D'une manière ou d'une autre, j'm'échapp'rai
J'trouv'rai la Force,
La Vigueur
Le Courage
La Rage de Lutter !
Garder l'esprit
Vif et rusé,
Affronter la Réalité
Ma Résilience vaut tous les Sacrifices
à Payer !
J'm'empar'rai d'l'arme d'un Taulier
Et j'combattrai
Jusqu'à ma Dernière
Volonté
Plutôt Mourir
avec Dignité !
Que d'rester captif,
Un Rat en cage Humilié.
D'une Manière
Ou d'une Autre,
Les Jeux Sont Faits !
Dans un ultime affrontement,
J'me battrai
Advienne c'qui Devra !
Pour ma Meute
Pour ma Fierté
Pour ma
Vie !
D'une manière ou d'une autre, je suis déjà Libre...
D'une manière ou d'une Autre... D'une manière... Ou d'une Autre...
Aux mains d'mes ennemis j'suis tombé
Captif, esclave de leur cruauté
Pour eux je n'suis qu'une vermine à É-Trangler...
Mais je garde en moi la flamme de la Meute...
Je joue l' jeu d'la soumission
Le temps passe,
Les insultes
Les coups
Les crachats, brimades
La douleur
Et la privation !
Mais je reste vigilant, je cherche la solution...
Je guette ma chance, au fond de moi, je prépare ma RébelLion !
D'une manière ou d'une autre, j'm'échapp'rai
J'trouv'rai la Force,
La Vigueur
Le Courage
La Rage de Lutter !
Garder l'esprit
Vif et rusé,
Affronter la Réalité
Ma Résilience vaut tous les Sacrifices
à Payer !
J'm'empar'rai d'l'arme d'un Taulier
Et j'combattrai
Jusqu'à ma Dernière
Volonté
Plutôt Mourir
avec Dignité !
Que d'rester captif,
Un Rat en cage Humilié.
D'une Manière
Ou d'une Autre,
Les Jeux Sont Faits !
Dans un ultime affrontement,
J'me battrai
Advienne c'qui Devra !
Pour ma Meute
Pour ma Fierté
Pour ma
Vie !
D'une manière ou d'une autre, je suis déjà Libre...
D'une manière ou d'une Autre... D'une manière... Ou d'une Autre...
Plus que jamais, je suis Rat Blanc, et je continue de guider l'Ennemi et les Traîtres dans les ténèbres.
La douleur qui me vrille la bouche s'est propagée, brûlante, à mon oreille où pulsent les coups de mon tambour interne, les Mille Gobelins qui cherchent à éveiller Balrog. C'est invivable, et pourtant désormais je calque ma respiration, mes émotions sur cette pulsation. Je réfléchis en saccadé, l'esprit bouillonnant.
S'échapper en état de captivité, c'est somme toute un simple problème mathématique. Il y a des problèmes, et à chaque problème sa solution.
Forces en présence :
Golgoth, demi-Orque aux gènes d'Isengard. Ne surtout pas attaquer frontalement en l'état, ou Rat Blanc finira en hachis. Mais est-ce une entrave sérieuse à ma fuite ?
Non. J'ai l'entraînement, l'endurance, la vivacité, l'instinct. Et en environnement caverneux le vil Gobelin a l'avantage sur l'Uruk massif en termes de mobilité.
Le Nain, avec sa hache de maothran. Mieux vaut ne pas me risquer à l'attaquer en frontal, celui-là aussi. Mais sinon, pareil que Golgoth : clairement pas lui qui me rattrapera. En revanche, c'est lui qui aura ma tête si je reste docile.
Trois-Doigts...
« N'allez pas croire que j'm'attendris pour lui les gars hein ! Souffle-t-il à Golgoth et au Khuzdun abject : J'dis juste que pour le moment, jusqu'ici, il nous a pas menés en bateau... J'suis déjà descendu jusque-là par le passé, quand j'étais en quête d'une jeunette facile parmi les sauvageonnes des tunnels. J'connais un peu le coin, et jusqu'ici il a soigneusement évité d'nous mener dans les traquenards les plus évidents... »
Lui il pourrait me menacer s'il me court après. Il est presque aussi à l'aise que moi pour évoluer dans ces cavernes. Si je l'isolais, l'important serait de me maîtriser. Que notre confrontation, je la gère "pro", et pas comme une bagarre. Je le sens fourbe et vicelard en bagarre, mais clairement pas "pro".
Simo : Sympathique. Ça me semble être un brave gars. Il me semble avoir une morale et enclin à faire ce qu'il considère être juste. Le faire basculer dans mon camp et former factuellement une alliance me semble pratiquement acquis, mais... Mais quel allié du désespoir, cela dit. Simo a beau avoir l'oreille du groupe, il n'est clairement pas celui que l'on écoute, qui prend les décisions, qui en impose. C'est un conciliant, un "dominé". Je ne confierais pas ma vie au courage et à la témérité de Simo, si un conflit ouvert éclatait avec l'opposition Golgoth / Nain / Trois-Doigts – Wargs...
L'Archer : Et ses cinq subordonnés. Je ne comprends pas vraiment ce qu'ils ont cru venir faire en mon pays. Et franchement, vu ma situation, je m'en moque. Pas envie de risquer ma position déjà précaire au sein de ce groupe en me les mettant à dos à venir jouer les curieux... L'Archer pourrait être un allié, j'imagine. Quoique... Avec ses potes il a eu mille occasion de transformer mes congénères en passoires, les prendre par surprise. Je n'irai sûrement pas me hasarder à lui présenter un projet de vendetta. En revanche, lui montrer à lui, et à ses copains, que je suis un gentil Orque tout ce qu'il y a de plus fiable...
Note, An-Amie, que maintenant que nous sommes en environnement caverneux, l'Archer et les siens ne représentent plus aucune menace directe si je décidais de me carapater, là, maintenant, droit devant eux. Dans les ténèbres ils ont dû ranger arcs aux dos et se contentent donc de leurs torches, et de leurs épées. Je n'ai pas à craindre d'être abattu par une salve de flèches si je me mets à courir.
Les Wargs en revanche...
Shora : ...Tu me déçois Shora.
Pas très chevaleresque de m'avoir laissé me faire défoncer le portrait.
J'imagine que tu dormais très profondément...
Tu passerais pour un ami, pour un allié de circonstance. J'ai vu les regards, la haine que tu portes sur Golgoth. Toi et moi, on le haït à hauteur égale... Mais... D'étranges réflexions sur ton compte. Je me dis que... J'ai peut-être débarqué par mégarde dans Ton histoire, Shora. Ton histoire du brave chevalier du Gondor captif du Mordor, qui entreprend une fuite périlleuse de la Terre Noire, un parcours semé d'embûches, l'héroïsme, la camaraderie... Et j'imagine que dans ton histoire, tu te farcis le gros méchant Golgoth à la fin... Et moi, dans cette histoire d'Hommes et d'Elfes, je suis quoi ? Ton ressort comique ? Ou juste une petite tête à trancher pour marquer l'atmosphère ?
Non... Golgoth, c'est moi qui vais le tuer, Shora. C'est Mon histoire d'Orque, ici. La question, c'est de savoir si j'le ferai avec ou sans toi... La vraie question, c'est de savoir si le moment venu, tu seras mon frère de circonstance, ou un fils de lâche, un sale traître, toi aussi.
Reste toujours les deux Wargs... Les deux putains de Wargs...
Au final, dedans ou dehors, avec tout ce monde ou en comité intime avec Shora et Golgoth comme au tout début, le problème à l'équation reste
les
deux
putains
de
Wargs.
Les forces et atouts dont je dispose :
La dague planquée dans mon pagne (ouais, ça chatouille)
La grenade (pareil. Sérieux, ne pas me fouiller/ désarmer. Oh les gars ! Fouiller / désarmer votre prisonnier, c'est la base!)
La lance (Non mais là, à ce stade les mecs, vous méritez vraiment ce qui va vous arriver...)
La trousse médicale de Golgoth. La tentation de m'enfiler tout ce qu'elle contient d'antidouleurs. Mais en vrai, An-Amie, j'préfère me glisser une p'tite goutte de dopant, de temps à autres, discrètement, pour me chauffer les tripes. Ça décuple la pulsation dans oreille, ma mâchoire meurtrie...
Et Moi. Rat Blanc. Orque de l'Oeil Rouge, soldat formé, surentraîné, endoctriné depuis l'enfance par la vie martiale et guerrière de la Légion (et ça, c'est vraiment ce qui va avoir leur peau. Car le fait qu'ils m'aient laissé ma lance et ne m'aient pas désarmé, ça me fait prendre pleinement conscience d'une chose : c'est pas qu'ils aient oublié, An-Amie : ils ne comprennent juste pas ce que je suis, ce qui me distingue d'un snaga ! Ils m'ont laissé mes armes car un servile snaga ne conceptualiserait pas de s'en servir contre des dominants, surtout pas après la dérouillée qu'ils m'ont flanquée. Malgré que Trois-Doigts les ait prévenu, qu'il connaisse mon rang, pas un prend la mesure de ce que je suis, ils me prennent
tous
pour un
snaga...
Togreh m'a bien mis dans le rôle...)
Mais l'entraînement et l'endoctrinement des Légions, ça ne me met pas en capacité d'éclater deux Wargs à moi tout seul, là, comme ça, en confrontation directe, ni de les semer à la course.
Au final, avec ces deux putains de Wargs qui continuent de me lorgner comme une pièce de viande aucune voie de fuite pour l'heure. Juste continuer d'avancer, et garder esprit opportuniste, sans me laisser tétaniser la cervelle par le bruit de leur salive qui goutte de leurs gueules sur la roche humide des cavernes.
Des cavernes.
Le groupe, exténué et sur les nerfs, m'interrompt dans mes pas et décrète qu'ils vont s'accorder une nouvelle heure de repos...
« Non, les gars, non ! Je leur rétorque, pas même besoin de jouer l'irritation tant l'erreur est offensante d'amateurisme : on est en plein sur le seuil d'un Territoire, là ! Regardez là, là et là ! Je montre du doigt des peintures écarlates évoquant des monstres, des têtes cornues aux mâchoires saillantes : Des marques d'une tribu de prédateurs ! Faut continuer à avancer, forcer le pas coûte que coûte et faire super attention à rester discret ! »
Mais ils n'écoutent absolument pas l'expertise de leur "guide". Hormis l'Archer qui prend mon avertissement plus au sérieux et souffle à ses hommes de se mettre aux aguets en périmètre défensif, les gros emmerdeurs du groupe n'en font qu'à leur tête et m'oublient, me foutent la paix...
Et moi, très vite, je repère ces trous, ces renfoncements dans les parois, ce gouffre béant dans une cavité supérieure au-dessus de la grotte.
Une silhouette noire fondue dans la pénombre...
Reste la dernière composante à prendre en compte dans mon équation, celle à laquelle je m'en remets donc pour ma vie, ou au moins pour mourir avec les honneurs de savoir que j'aurais mis cette coalition d'ordures définitivement hors d'état de nuire pour les miens :
Le Chaos. Le Chemin de Souillure : Environnement caverneux, labyrinthique, peuplé de Gollums cannibales et d'autres choses plus indicibles. Ces Gollums, ont faim. Je ne les contrôle pas et probablement chercheront-ils à dévorer le p'tit Snardat aussi, mais c'est un paramètre chaotique qui va entrer en jeu, tôt ou tard. Et quand ce sera le cas, je sens que ce sera le moment d'agir...
Golgoth me jette un rat crevé aux genoux, avec un regard lourd qui signifie "cuisine". Je ramasse son rat en réprimant le sentiment de révulsion, outragé par ailleurs de le voir me jeter un représentant du petit peuple dont je tire mon nom de soldat.
« Eh... Je viens flanquer l'Archer, discrètement : Ne r'garde pas ouvertement, mais j'ai vu du mouvement. Dans le trou, là-haut. Quelque chose nous regardait.
Je lui montre de la tête la direction du trou. Il n'en revient pas que je vienne le prévenir de ça. Toi non plus probablement, An-Amie. Il semble limite ému de ma sincérité, tandis que je continue :
– Faut qu'tu passes le mot aux autres, discrètement. Moi si j'leur dis, ils m'écouteront même pas...
– Merci petit Orque.
– Eh... Je le retiens par sa cape forestière de la main, le regardant les yeux dans les yeux. Je sens que je tiens enfin un début d'avancée dans ma situation et je veux pousser mon pion au maximum : C'est quoi ton nom ?
Il hésite un moment, avant de se relâcher et de me répondre :
– Narion. Je m'appelle Narion.
– Naaarion... Narionnn, Nariiion ! Je teste son nom, lapant ses sonorités sous différentes intonations...
« D'accord Narion, je lui retourne calmement. Moi c'est Rat Blanc. »
Suis-je en train de le manipuler ? Un "rat qui a réussi à lui faire croire qu'il était gentil ?"
Dans ce cas, An-Amie, figure-toi que je me suis trompé moi-même. Car à ce moment là, Snardat veut réellement, sincèrement mener ces sympathiques An-Aï hors du Chemin de Souillure, hors du Mordor...
Oh, alors on joue le bluff honnête petit Rat ?
Et moi, je peux jouer ?
Et moi, je peux jouer ?
Sauf que ce ne sera pas de la manière dont ils pensent que je vais les sortir. D'une manière ou d'une autre. Mais pas celle qu'ils attendent.
Narion part glisser le mot aux autres, et mon regard se reporte sur Shora. Tout près de lui, je vois l'un des Wargs qui est en train de l'inciter à le suivre... Ainsi, m'sieur l'Homme est en train de faire ami-ami avec un Warg... Warg qui le mène à une étrange pierre marquée d'un glyphe noir.
Notre glyphe. Celui des deux têtes de Loup Noir entrecroisées... L'emblème de ma Légion...
« Eh ça fait quoi là, ça ? S'excite Trois-Doigts. Tout le groupe le presse de baisser le ton, à ce foutu crétin / glob : Cette pierre, c'était pas là avant ? J'ai, j'ai pas rêvé les gars ?
Tout le groupe présent, le groupe d'origine et l'un des subordonnés de Narion, on vient se rassembler face à cette pierre, que Shora pousse hors d'un espèce de parvis sculpté aménagé à sa base...
– Très mauvaise idée, les gars, désapprouve Trois-Doigts, nerveux... Très très mauvaise idée, ça...
La pierre dégagée dévoile une embouchure béante, où le noir est d'Abîme, un noir qui ferait presque (bon, en exagérant un peu à vrai dire) passer l'obscurité de la grotte pour clarté de l'Astre Tyran...
– Arrêtez ça, les gars, sérieusement... Ce symbole, cette roche, là... Si les tribus des cavernes l'ont mise là avec cet avertissement, c'est qu'il y a une raison ! »
Allez, approchez, mes petits quartiers de viande palpitante de vie... Juste un peu plus près...
Trois-Doigts me jette un regard écarquillé et suppliant. Suppliant de soutenir son propos. Alors là, après la traîtrise de la veille, si cette ordure croit que je vais l'aider à se défiler...
Alors que tout le groupe est là, pétrifié devant l'embouchure, je bondis dans le seuil de ses Ténèbres, impétueux. Je recouvre enfin toute ma désinvolture, et mon regard vers eux, ces deux fentes incandescentes qui les terrifient tant. Et c'est un autre qui parle à travers moi...
– De jeunes avortons franchissent ce seuil avec fougue pour y entreprendre leur rite de passage... Vous étiez téméraires pour brutaliser un enfant Orque sans défense, dans sa somnolence, et toi tu en riais, dit cet autre à Trois-Doigts... Où est ce cran, cette témérité, maintenant que vous faites face à l'Ordalie du Grand Karkaras ? »
A mon tour de jouer, Trois-Doigts...
« Rentre là-dedans et assume les conséquences, Trois-Doigts. Assumez-les, vous autres. Votre peine sera lourde. Mais vous aurez une chance de sortir vivants du Chemin de Souillure... Ceux qui reculent face à l'Ordalie erreront dans ces tunnels à tout jamais... »
Moment de vertige. Je recouvre le contrôle. Bondissant hors du trou, mes deux doigts calés entre mes lèvres tuméfiés pour articuler simplement :
« En tout cas, ça, c'est ce que je vous servirais si j'étais l'un de ces chamans drogué aux champignons hallucinogènes... J'ai pas grand-chose à en dire de ce trou. Pour moi, c'est juste un trou. J'ai jeté un bref regard à Narion. Un regard qu'il a fini par capter, hochant imperceptiblement la tête...
« Franchement, les gars, si j'étais vous, je me jetterais à pieds joints là-dedans. J'vais être honnête, j'sais pas où ça mène, si ça se trouve on va tourner comme des cons et remonter bredouille au bout d'une heure, mais, franchement, si ça peut nous permettre d'esquiver une confrontation avec les Gollums... »
Ils ne m'ont pas écouté. Ils ont remis le rocher dans une tentative désespérée de s'épargner les Abîmes.
Moi je viens m'asseoir au cœur de la grotte, la lance de mon fratricide calée entre mes mains jointes, dissimulant mon hématome qui s'étire douloureusement sur un rictus de mépris...
Ainsi soit-il, bande de pourritures...
Va pour l'errance éternelle. Ou juste pour des affres de souffrance.
Et pour une bonne castagne avec les Gollums.
Vous ne viendrez pas me dire que je ne les ai pas prévenus au moins douze fois. Mais, en fait, je savais dés le début qu'ils n'écouteraient rien, qu'ils se planteraient d'eux-mêmes et que plus je serais honnête, moins ils écouteraient.
C'est mon style de jeu, quand je joue au Loup-Garou, An-Amie.
Le "bluff honnête"...
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
V : Le Jeu du Loup-Garou
« Bien les p'tits gars, vous pouvez ouvrir les yeux, nous dit Thakthak, qui joue les Maîtres du Jeu. Une partie de "Loup-Garou pour une Nuit" au cœur de l'Antre, que se dispute âprement notre premier cercle. Notre Chef de Meute Madhar, Jarrax, Ludra, Ghik, Krell Yari, Troork, Chizho, Tozhug, Urktul, Tirstig le Tambour, et moi.
– Tout le monde sait quel est son rôle, surtout les Loups-Garous ? C'est bon ?
On joue en petit cercle, assis sur leur derrière pour les uns, accroupis avec leurs genoux arqués pour Ghik, Ludra, et moi... On a nos casques calés entre nos jambes, entre nos pieds, et trois crânes de nos défunts aînés qu'on a invité à regarder le jeu, ce qui donne un aspect rituel et solennel à nos parties en ces heures nocturnes qui précèdent les heures du Dormir...
Un long moment de silence. Tous les joueurs se dévisagent...
– Alors ? Finit par se lancer Jarrax, à mon extrême gauche au côté de son jumeau : Qui est quoi ?
– Moi j'suis le Loup-Garou les gars ! Je lance, tout fier, commençant à me dandiner fièrement sur mes jambes arquées.
Que des gueules de cons, écarquillées, ou des idiots qui s'esclaffent de mon impudence...
– Eh ben décidément, t'as tout compris au jeu, Rat, se moque Ghik...
– Mais j'vous rassure, je suis un Loup-Garou sympa moi ; un Loup-Garou végétarien, je leur dis, théâtralement doux et poli en voix, jetant des regards sournois à la bidoche... Ça veut dire que je n'vous mangerai pas avant d'vous avoir tous réduit à l'état végétatif...
Demi-sourire cruel, tandis que je continue à dodeliner, à dandiner...
– Laissez tomber les gars, reste juste à savoir qui est l'deuxième Loup-Garou et les jeux sont faits. Essayons plutôt d'voir qui s'prétend villageois, ici ? Demande Jarrax.
– Eh, c'est qui l'Chef de Meute ? Grogne Madhar... Bon, c'est qui l'voleur ici ?
Un silence des plus suspects. Et personne qui ne se manifeste...
– Quelqu'un qui a fait échanger à l'ami Thakthak sa carte avec quelqu'un avec qui il aurait pas dûuuu, je siffle avec un amusement carnassier, les torturant en promenant mon regard incandescent...
– Voyante ? Poursuit Madhar...
Ghik se dévoile :
– J'ai zyeuté la carte du gros Yari, c'était lui l'voleur, dit Ghik.
– Oh cette traîtrise, frère ! S'indigne Yari...
– Hacccchhhhhé menu ! Je fais mine de mâcher Yari en ricanant...
– Snardat, sérieux, si on te vote et qu't'es vraiment Loup-Garou, j'te colle une torgnole. Et si t'es villageois, là j'te passe à la broche mais pour de vrai, grogne Ludra.
– A ce stade il joue Tanneur et il veut justement se faire passer à la broche pour gagner, suggère Urktul sur mon compte.
– Y a pas d'Tanneur dans cette partie, dit Jarrax, avant de douter... Hein Thakthak ?
– Pas d'Tanneur, confirme notre aîné.
– Et t'as volé qui du coup, Yari ? Reprend Madhar.
Yari tente un bluff sans conviction, élevant le doigt sur la gentille Gobeline à sa gauche, Tozhug. Même la petite dominée a une moue sceptique, alors les autres, t'imagines...
– Et si tu nous m'orientais ce doigt de quatre-vingts-dix degrés sur ta droite, Krell ? Lui fait injonction Jarrax. Il fait alors pivoter son gros doigt vert de coupable sur moi...
– Quel ignoble aveu, mon cher Uruk, je tonne tranquillement, me dandinant toujours...
– Noiseuse ? Continue Madhar...
– Ma chère Ludra ! Je salue la Noiseuse qui lève la main à son appel... Comme ce rôle te sied si bien...
– J'ai justement dit à Thakthak d'inverser les rôles du Yari et de notre tête à claque de service, lance Ludra toute fière d'elle. Au final, vous voyez, l'ordre naturel du monde revient toujours de lui-même.
– Comme les Orques et Minas Morgul au Mordor, lance Madhar, loué soit notre Général Ruayyh le Borgne... Bon ! J'ai même pas besoin d'appeler l'Insomniaque à ce stade. J'appelle à passer le Snardat à la broche, avec ses jolis yeux rouges.
Même pas peur. Je continue de dandiner, invaincu, indemne et tout sourire face à mon Chef de Meute, conscient que j'n'ai pas encore perdu la bataille...
– Eh ! Attendez les gars ! Interrompent Troork et Urktul.
– Quoi ? S'irrite Madhar.
– T'es quoi toi comme rôle, Blondin ?
– Insomniaque, mais on s'en branle de ça : Chizho me dit qu'il Est la Noiseuse ! Ludra raconte de la shräk !
– Quoi ?! S'ébahit Ludra : Mais je...
– Il dit qu'il a inversé les cartes de Snardat et d'la fille-de-Yetch ! Poursuit Troork
Cohue d'indignation, de doutes, de regards lourds qui se rivent sur Ludra...
– Non mais sérieusement ! Chizho ?! Mais depuis quand tu mens comme ça ! S'étrangle Ludra...
– EH ! P'TIT SAC DE FRAPPE ! Je grogne en venant me pencher avec hargne sur mon extrême droite, vers le concerné : d'où tu t'permets de faire toucher à Thakthak MA carte ?
Troork me fait choir sur les fesses d'une poussée de la main gauche, sans même me jeter un regard, tout à sa plaidoirie pour notre Chizho :
– Chizho ne ment JA-MAIS ! Tonne-t-il. On l'sait tous ici ! Si Snardat était bien le Loup-Garou, et qu'Chizho a inversé leurs cartes avec Ludra, c'est qu'c'est Ludra qui l'est maintenant !
– Non mais j'hallucine, les gars ! S'estomaque Ludra : vous allez vraiment rentrer dans leur jeu ?!
Chizho lui, il se tasse avec ses yeux de peluche derrière son protecteur, nous observant moi et Ludra, fidèle à lui-même :
– Aller les gars, plan B ! Lance Madhar sans écouter un mot des protestations de la fille-de-Yetch : On bouffe Ludra !
– Si vous pouviez être assez entreprenant pour vraiment le faire, se désole Ludra en s'enfonçant la tête entre les bras et les jambes, blasée, tandis qu'une haie de doigts vindicatifs vient la désigner comme celle qui passe à la broche :
– Les jeux sont faits, dit tranquillement Thakthak, regard neutre (mais teinté d'amusement, échange de clins d’œil entre le Lieutenant Uruk et moi...)
– Aller, dit Jarrax. On dévoile les rôles... Oh non...
– Z'êtes tellement cons les gars, sérieux ! Peste Ludra... Retracez l'itinéraire dans votre tête un peu... Même si j'bluffais et qu'Chizho était bien la Noiseuse ! Ça change quoi, shräk ? Ça serait toujours Yari le Loup ! C'est juste de la logique... Au moins suivez l'histoire et perdez en votant Yari, pas moi, putain ! Soyez autre chose que d'la chair à embuscade, au moins une fois dans vos vies !»
Ses jérémiades de mauvaise perdante se perdent dans nos singeries victorieuses. Mes mime de claquements de mâchoires voraces à la Meute boudeuse. Me délectant de l'expression de Troork qui n'en revient pas que son protégé de toujours puisse lui planter un tel couteau dans le dos avec autant d'assurance.
Et avec mon complice Chizho, on bondit debout en dansant et en s'empoignant triomphalement au cœur du cercle, poussant des cris de loups triomphateurs, brandissant à qui veut les voir nos cartes de rôles...
Soyons honnête. Le "bluff honnête", ça ne marche qu'avec les bas-niveaux. Mais la leçon qu'il faut en retenir, c'est qu'il n'y a pas même pas besoin d'être un bon menteur. Juste que vos adversaires vous perçoivent comme trop stupides pour rester en alerte.
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
VI : Vermine Enragée
Ils ont carrément battu en retraite, ces fils de lâches.
Et le Barbu a voulu venir me défoncer l'portrait. Je l'ai senti. Nous l'avons senti. Il était en train de marcher droit sur moi, et la moitié des Hommes de Narion lui emboîtaient cruellement le pas.
Prêts à me tabasser jusqu'à me péter toutes les côtes et me provoquer des traumatismes irréversibles dans les organes, à me couvrir la bouche d'un bâillon et à me découper en morceaux, en vue de me faire cracher ma perfidie de les avoir mené dans ce piège et ma connaissance d'un itinéraire alternatif parfaitement sûr, qui tracerait droit vers la sortie.
Je ne me suis même pas retourné. Juste campé discrètement sur ma lance. La chape de Ténèbres du Chemin de Souillure s'est épaissie entre eux et moi et elle arborait une teinte rouge sang dans laquelle ils jureraient que des yeux les scrutaient. Scrutaient jusqu'à leurs âme...
«Euh... Eh le Rat ? M'a appelé l'une des ordures, cherchant à fuir son malaise. On s'est assez éloignés pour se considérer hors de danger ? On peut se poser ici pour réfléchir ?
– Hors de danger, vous ne l'êtes nulle part ici les gars. Mais ça devrait aller.
– Bon. On va dire que ça passe et on va dormir un peu. Rien qu'une heure. Même notre Uruk est au bout du rouleau, et la nuit porte conseil... » a prétexté le Nain. Il a peur, le vilain nain...
– Faisons cela, oui, dit Narion... Mes Hommes montent la garde.
Conseils ?
Pour toi, mon Gazat, la Nuit sera faites d'un essaim de fer acéré et tranchant...
Et d'incisives de rongeurs par centaines... Tu vas Hurler !
La douleur continue de vriller de ma bouche, me brûlant la joue et le côté gauche de la tête et tambourinant dans mon oreille en feu.
Une otite dont le tambour de guerre organique s'est mué à présent en un écho grondant, rugissant en litanie continue...
Mort... A Mort... A Mort... A MORT... A MORT !... A MORT !!!
A l'orée de notre campement, à nouveau cette silhouette noire fondue dans la pénombre. Reflet de la lueur d'une torche sur les dents de sa mâchoire carnassière. Et j'ai tilté :
« Mère... » Pris conscience que cette caverne n'est pas n'importe quelle caverne. C'est la caverne de ma naissance.
Et de ma mort ? Tout jeune, j'ai réussi à fuir tes dents et j'ai pu sortir, me projeter dans ce monde extérieur dont tu n'as peut-être même pas conscience de l'existence, toi qui ne vit qu'en ces profondes ténèbres. J'ai entrevu cette vie de Rat parmi les Loups.
Rat de corps,
Loup de cœur,
Une vie qui valait la peine d'être vécu.
Et là, sur le seuil de cette vie, le sort cruel m'en extirpe et me rejette en ces profondeurs originelles, me vouant à conclure mon passage en ce monde en redevenant l'avorton-misérable que j'ai été ? Insignifiant, inconnu du monde...
C'est pour cela que tu es là, Mère ? Pour me dévorer, comme tu l'avais prévu lorsque je t'ai faussé compagnie ?
D'ailleurs, t'ai-je vraiment faussé compagnie ? Ce monde, cette vie... Tout cela n'a peut-être jamais existé ? Juste une étincelle sublime d'imagination dans la cervelle de ta rachitique progéniture qui t'a ouvert l'appétit, toujours bien piégée dans tes bras, avant que tes mâchoires n'en arraches les organes à pleines dents...
En tout cas, si ce n'est que le fruit de mon imagination, mon imagination sait comment se battre en Légionnaire pour ma vie, pour mes rêves, Mère. Viens avec tes Gollums, que je te montre...
Dernière édition par Karess le Ven 12 Avr - 13:49, édité 5 fois
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Je ne dors pas lorsque survient l'agitation. Le Chaos que j'attendais, enfin. J'ai conceptualisé ma mort de mille manière, m'imaginant mourir dans la misère et la souffrance.
J'ai pleuré, tremblé, imploré pitié le Destin...
Mes mains-griffes ont flatté ma tête en vue d'être défiguré,
Flatté mes dents cassées, mes yeux, mes pauvres oreilles bien-aimées.
Flatté mon cou qui pourrait être décapité.
Flatté mon torse, mes épaules, mes bras brisés,
Flatté mon abdomen éventré,
Flatté mes parties génitales émasculées,
Flatté mes jambes, mes pieds griffus démembrés...
J'ai fermé les yeux en mimant de convulser, relâcher mon ultime râle de douleur...
Et j'ai rouvert les yeux du Rat Blanc. Des yeux qui se sont levés à la rencontre des dents de ma génitrice. Mais à travers elle, le seul en qui j'ai plongé le regard du Balrog, le regard du Grand-Méchant-Loup, c'est dans les yeux de cet autre Loup qu'est Crocs-Blancs Skulaï. Je ne vois plus que ses yeux, notre échange de regard originelle, celui qui m'a autorisé la vie, autorisé ma naîssance véritable.
Et alors que les Gollums de Mère viennent pour moi, je sais que je vais vivre, An-Amie. Car maintenant je sais. Je sais que ça n'était pas la peur de mourir qui m'a compressé la poitrine depuis le début de cette mésaventure.
C'était la montée d'adrénaline. La montée de la fureur du Berserker. Sa Marque...
Et c'est plus profond, ça va plus loin que moi. Tous les Hommes ici ont conscience que quelque chose est en train de s'éveiller dans la grotte.
Quelque chose d'Enragé,
Quelque chose qui a Faim !
Le Chemin de Souillure est tel un organisme pulsant, digérant les misérables intrus qu'ils sont...
Ce qui me dessine un sourire particulièrement complaisant à l'idée du carnage imminent, c'est que Trois-Doigts, la serpillière sur pattes, le faux Uruk, et les deux Wargs : ils dorment tous.
Profondément. Ils dorment et ils n'ont pas vu cette chape de Ténèbres sortie de l'embouchure des Ténèbres qu'ils ont provoqué une fois de trop. Des Ténèbres qui les ont pris, qui les ont emportés pour les ramener sur le Seuil tant redouté de l'Abîme...
Des Ténèbres qui se sont faufilées par les interstices hors de ce rocher qu'ils ont cherché à remettre en désespoir de cause pour refermer le Seuil, et qui sont venues se liguer en une malédiction qui les cloue maintenant dans la torpeur de leurs pires cauchemars, hautement prémonitoires.
Et qui obstrue le flair et l'ouïe sentinelles des Wargs, tandis que les Gollums s'invitent à la fête...
J'ai fini mon tour...
Et cette agitation tant convoitée ?
Celle de mes chers copains intrus humains...
Se mouvant comme des fantômes et pourtant si rapidement. Ils commencent à apprendre comment s'adapter à l'environnement souterrain des cavernes.
« Si vous viviez assez longtemps pour se faire, leur adresse-je, nul doute que vous finiriez aussi bons que moi. Aussi bon que le pote Yari ? Ça par contre, on oublie... »
Evidemment, ils écoutent pas vraiment. Pas grave, je parlais plus pour moi que pour eux. Quand Narion vient se risquer jusqu'à nous pour réveiller Shora, tout proche de moi qui attends mon heure, je sais que mon heure est venue...
« Pas un bruit ! Souffle Narion à Shora. Nous devons partir. Rapidement. Et prier pour que ceux-là les retiennent assez longtemps...
Il fait un mouvement vers les pourritures du groupe, assoupies.
Et vers les Ténèbres qui encerclent la grotte, où luisent maintenant des yeux vils et affamés par dizaines...
Salutation... Les Gollums...
Les Rangers se hâtent de mettre bas la roche qui barre la seule sortie du traquenard : l'embouchure des Ténèbres. Narion me zyeute nerveusement. Il inspire, prenant conscience que c'est le moment de faire un choix vis-à-vis de moi. Me faire confiance, ou pas.
Finalement, il opte pour croire au "gentil rat"...
– Ayez confiance... Capitaine Neldoreth.
Narion se retourne rapidement et gagne la grotte. Mais Shora lui, il prend conscience du regard de Loup que je garde sur lui, produisant un salut théâtral pour son grade...
Et Salutation donc... "Capitaine -Forlong- Neldoreth"... Chevalier... Mais chevalier errant, Rôdeur. Rôdeur assassin et tueur d'Orques... Crocs-Blancs t'a traqué deux années entières dans le Rohan puis dans le Nord... Oh oui, j'ai bien retenu les histoires de mes aînés sur ton compte... Une de ces pourritures qui pratique la guerre asymétrique, qui sème des orphelins Gobelins dans son sillage et qui transforme ce monde en un grand safari où l'on chasse de l'Orc... Dire que j'avais du respect pour toi.
Mais chaque chose en son temps. Car maintenant, c'est à mon tour de jouer, et si mes chers Hommes sont pressés de décamper du Mordor, moi je commence à me sentir parfaitement à ma place, ici. Dans le silence observateur de la horde qui se rassemble en produisant ses premiers feulements autour de ses proies, indifférent à l'empressement de ces intrus humains franchissent le Seuil, je viens régner au-dessus des trois gros connards. Subtilisant leurs gourdes que j'éventre de ma dague en en déversant le contenu par terre.
Comme ça, si d'Une Manière Ou d'Une Autre moi, moi je suis déjà Libre, vous, vous êtes déjà Morts...
Je leur subtilise leurs cordes, leurs torches, que je lance à mon copain Narion.
Mais soyons bon joueur : des torches, je leur en laisse une dans le feu de camp, à portée de mains du Khuzdun.
Sur ce, j'attrape mon épieu, et je cours rejoindre les Hommes dans l'embouchure, laissant les Gollums cannibales rétrécir le cercle. Leurs faciès affamés, dissimulés d'écharpes ocre-rouges aux mâchoires noires, qui se dévoilent à la lueur du foyer au cœur de la cavité...
« Continuez à vous enfoncer dans ce passage, vous autres, ne vous arrêtez pas, dis-je aux Hommes, à Shora et Narion : je vous retrouverai au flair rapidement pour m'occuper de vous. J'ai juste un ou deux comptes à régler, avant...
Et là-dessus, j'ai délesté la trousse médicale qui risquait de me gêner, et pris en doigt la goupille de ma grenade. Hâte de voir de quelle sorte il s'agit : Explosive ? Lacrymo ? Explosive ? Lacrymo ? Joueur ou pas, le Snardat ?
Je fais farouchement face à la cavité où la horde feule violemment autour de la viande à présent, prête à charger...
Souffle rauque pour faire monter la détermination. Poing qui cogne la poitrine pour faire remonter la colère...
Le fil d'une épée vient se presser contre mon cou.
Celle de Shora :
« Ne fais pas de conneries, me menace-t-il... Nous avons besoin de toi pour trouver le chemin dans ces putains de tunnels, et je ne peux pas te laisser déclencher le combat... On y va.
Ah, Shora... Ou dois-je dire Capitaine Forlong Neldoreth ? Je lâche un soupir cruel :
– Alors vous y avez vraiment cru, à ma sortie... »
Je ne les laisse même pas calculer dans leur tête ce que ça implique. Du même mouvement, j,'ai dégoupillé la grenade, commençant à libérer sa chape de fumée poivrée, et mon coude a frappé le Capitaine Forlong en plein dans le flanc.
Et je m'élance à bonds de fauve hors de leurs poignes, vers la bataille. Lance et lacrymo fumante en main. Mon bras danse dans l'embouchure des Ténèbres pour bien l'enfumer. Ce combat n'attend plus que l'impulsion primaire du Berserker pour débuter, et c'est moi qui l'amène.
Narion a-t-il vraiment tenté de m’abattre comme un "sale rat", sans le moindre état d’âme ? Je l’sais pas, et j’m’en fous.
Les Gollums sont en train de passer aux hostilités, et le réveil des autres autour du foyer est un cauchemar de ténèbres griffues et piquantes de fer rouillé. Ils sont assez réactifs pour bondir tous sur leurs pattes, armes en mains et crocs claquants, prêts à défendre âprement leurs peaux. Et ils les défendent plutôt redoutablement bien, car très vite la grotte plonge dans un enfer cacophonique de grognements et de couinements, de coups et d'éclaboussures franches de sang.
« Où sont les Hommes ?! Où est le snaga ?! » Qu'ils s'écrient.
Rire mauvais... Ça se perd dans le hululement guerrier de la masse gobeline qui submerge la grotte et les accule. Toute une horde de rats nus, griffes, dents et armes primitives dans les mains griffues, Surpris par cette vive résistance, les Gollums se sont reculés comme un seul et leur cercle vorace est en phase d'intimidation. Ça jette des caillasses sur le groupe. Les vermines sont hargneuses, mais ont-elles l’audace qu’il faut ? L’audace de charger frontalement un Uruk et deux gros Wargs qui se ressaisissent très vite, qui transforment déjà leurs cris de surprises en des grognements de défis ?
Moi, avec ma grenade qui se met à vomir son brouillard de fumée, l’audace, je l’ai. Laissez-moi juste le temps de bien irradier le sol, qu’aucun Warg ou renifleur ne puisse plus flairer l’accès du tunnel sans se choper la bronchite du siècle…
Je trace deux, trois grands demi-cercles autour de moi avec ma lacrymo, créant un mur de fumée protecteur. Sur les arrières de la horde, j’en repère les spécimens les plus sérieux, demeurés en retrait de cette première ruée en bons prédateurs, ils observent, et ils préparent les épieux, les armes les plus sérieuses de la horde pour venir tuer les bêtes. Et sans surprise, j’en ai pour mon compte également. Avec mon p’tit cirque, les plus vils de la bande, ceux qui fayottent en arrière aux côtés de leurs dominants me repèrent. Voient en moi la proie facile. L’excuse pour se targuer de prendre part à l’effort de guerre sans aller mourir en avant sur l’Uruk et les Wargs.
Qu'ils viennent. Ma chape de fumée, brûlante et irritante, est prête à asphyxier et aveugler.
Les Gollums qui voulaient me chargeaient suffoquent. Comme deux des Rangers qui cherchent à sortir pour me rattraper, me ramener, m'arracher à mon destin.
Ceux-là, un carreau d'arbalète frappe l'un d'entre eux en plein ventre, le faisant hoqueter de surprise. Puis un deuxième le frappe, alors qu'il se met à hurler de douleur. Ses potes s'efforcent vivement de le ramener en arrière, de battre en retraite, toussant dans le brouillard. Plus à me soucier des Hommes.
Mes congénères tentent de forcer dans la fumée pour venir sur moi, la "proie facile". Sauf qu’au lieu de battre en retraite en couinant, je viens directement à leur rencontre, leur foutant la lacrymo en pleine gueule…
« Tu r’cules, toi !Tu recules ! » J'abandonne ma grenade mourante pour convertir ma main avancée en prise.
Prise de dégagement,
Autodéfense,
Comme me l'a appris Skûm, gros gabarit contre gabarit frêle.
Je projette le Gollum suffoquant plusieurs mètres en arrière, recroquevillé au sol. Et ça recule en toussant. Ceux qui suivent hésitent à attaquer, soudain. Délicieuse fumée poivrée et brûlante, dans laquelle je me tapis, la laissant m’envelopper. Comme j’en savoure la brûlure, moi. La toux dans mes poumons et dans les yeux... Pas vous les gars ? Les émeutes, moi, ça m’connaît au-delà de mon enfance, depuis vie antérieure. Sous l’uniforme Mordorien, j’ai eu le plaisir de m’adonner à ce plaisant sport des deux côtés du bouclier et d’la pique. Côté milices et Sections des Légions quand on a à faire avec des grévistes ou dans les bas-fonds du Mordor. Côté racaille, barbares et autres fouteurs de bordel quand on n’a rien à faire dans les bas-fonds, manière d’avoir quelque chose à faire. Quand y a pas d'guerre faut bien qu’on s’occupe, qu’on garde la main, cheh !
Les gaz du Maître des Fumées, tu peux m’croire, An-Amie, c’est mon atmosphère et mon climat naturel. Le brouillard poivré croît en taille, vomi par le Seuil ; le Seuil et l'entrée de l'Abîme sont gazées ; la seule issue condamnée par l’enfer. Pas de retraite pour les prochaines minutes, pas de voie de fuite pour vous, mes agneaux ! Du poivre, y en aura pour tout le monde, et vous allez vomir du sang dans cette chape de poix épaisse... Juste vous, eux, et moi dans cette arène. Alors que dans le ventre de la grotte ça commence à s’écharper, ici, ça crache ses poumons et ça pleure dans la brume spectrale...
***
« Eh bien les p'tits porcelets, on n'en peut déjà plus d'la brume qui pique ? Mh ? Se moque Thurgix dans mes souvenirs où ma toute jeune Meute, à ses premiers entraînements de cohésion d'unité et faire bloc en toutes circonstances, suffoque en se débandant misérablement...
« Ben faut vous y faire, nous grogne le Mignon, car là-dedans, vous pourriez avoir l'ordre d'y passer des heures ! Des heures à devoir tenir le rang, à vous battre, à creuser... A être entièrement opérationnels !»
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Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
J’empoigne mon épieu et m’extirpe en titubant et en toussant moi-même du brouillard, les yeux qui piquent et la peau irradiée.
Mais j'ai l’habitude.
Je suis moins à la ramasse que mes adversaires. Et je m’éclaircis la gorge dans un râle guerrier, tandis que mon épieu frappe dans le plus proche ventre.
Les yeux qui piquent.
Mon pied dégage l'épieu d’intestins en envoyant choir leur propriétaire mourant, avant d'orienter la pointe à la rencontre d’un gros dominant beuglant à la charge.
Dévier son arme. Contre-attaquer. L'épieu pique en pleine gorge avant de mordre une deuxième fois dans son ventre.
Monde embrouillé ; je ne vois qu'en images par intermittences... Je cligne des yeux en repoussant le gros blessé, qui chancelle en arrière comme prédécesseur.
Putain, elle brûle bien les poumons, cette fumée ! Nouvelle recette, monsieur l'Maître des Fumées ? Deux gars asphyxiés sur mes arrières qui s’efforcent de se reprendre, de se jeter à moitié aveugles sur mon flanc droit, tandis qu’un p’tit gars, rachitique comme j'l'aurais été sans l'entraînement, colle la paroi à moitié inconscient. Pas d’panique, petit Rat. Mes poumons, mes yeux ne répondent pas à l’appel, mais mon corps lui, se souvient de l’entraînement d'endurance aux lacrymos, à lutter dans son élément poivré. Je joue de la lance et des prises de contrôle des foules de Charir pour traiter mes adversaire, clés de bras, déséquilibrage et renversements.
Tels des sacs de patate à ma totale merci.
Z'êtes des pièces de viande fraîche, les Gollums ! Vous ne m'intéressez pas en temps qu'adversaires alors HORS DE MON CHEMIN !
Le gaz s’étend sur la grotte, nous enveloppe à nouveau de sa caresse poivrée. Même blessés et en train de s’étouffer, ils jouent les brutes et luttent, cherchant à frapper et à empoigner dans le brouillard.
Ces gars sont à peine plus âgés que moi...
Délaissant mon épieu inadapté dans une telle lutte, ma main droite plonge sur la dague en os que je gardais en réserve, et je frappe, Frappe ! FRAPPE ! Dans cette frénésie saccadée dans la fumée. J’entaille une gorge. Le Gollum part mourir dans la brume.
Plonge la lame en os dans une plaie ventrale que j’ai causé dans la panse de l’autre. Je m’emploie à faire remonter la lame, creuser un sillon dans la viande, la panse de mon adversaire, qui meurt salement par terre avec ses viscères qui lui sortent du corps et se répandent sur le sol, son sang qui me gicle dessus. Même moi, parmi la toux, j’en réprime une nausée de révulsion…
Je me dégage pour bondir sur mon épieu, mauvais et sur le qui-vive : Là, tel un fantôme, le blessé à la gorge boite dans le gaz, perdu et sans pouvoir respirer. Entaille sans doute douloureuse, mais malhabile. Superficielle. Il survivra. Pour l'heure il est hors-jeu. Comme lui, je râle profondément, crachant de la salive poivrée. Hors-jeu, ils le sont tous dans ma proximité immédiate, ou tournés dans la mauvaise direction, vers la castagne. Mon attention se reporte sur les cadavres de mes victimes : ces gars sont plus que de moitié à poil, mais ils ont des symboles et des cosmétiques tribaux. J’empoigne le masque de peau facial de l’éviscéré, exhibant son faciès canidé où le regard a rendu l'âme. Son masque est ocre rouge aux grandes mâchoires noires. Je m’affaire à en couvrir mon propre visage...
Le petit, le rachitique !
Je m’interromps vivement et relève mon épieu d'un bond, alignant la point vers le petit. De tout à l’heure. Toujours paumé, collé à sa paroi. Tétanisé de terreur face à moi.
– Allez, dégage de là avant de crever, que je lui tousse avec hargne en achevant de serrer le tissu autour de mon visage, venant ensuite l’empoigner sans ménagement pour l’éjecter hors du brouillard. Clément.
On a toujours eu ce magnétisme sur les snagas et les Gollums, nous autres de la Meute. Ma stature originelle de rachitique Gobelin, An-Amie, c'est peut-être ma plus grande force, après la Meute : pour les Uruk-Haï qui ne prêtent guère regard attentif, et pour mes ennemis, je passerais pour un vulgaire et méprisable snaga. Ils ne comprendront leur terrible erreur que lorsque je jouerai de prises et de coups militaires, leur pétant les rotules.
Quant aux snagas et rats errants, selon les circonstances ils voyaient en nous des Nazgûls, ou des Crocs-Blancs. Des Charirs.
Des grands-frères venus les enrôler pour jouer avec nous...
Je ne leur veux aucun mal, Le petit mené à l'air libre, je me détourne pour venir me fondre, me joindre, à la masse belliqueuse. Entamant ma vraie besogne maintenant que les formalités de rigueur sont accomplies, le respect posé au sein de cette Meute barbare... Ça pulse furieusement dans ma mâchoire et mon oreille gauches...
A Mort... A Mort... A Mort ! A MORT ! A MORT !!!
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Comme l’un des leurs, mais le plus audacieux et déterminé des leurs.
Je me faufile parmi eux vers l’avant des combats. Irradiant le gaz ; les sauvages proches toussent, sont pris d’allergies s’écartent à mon passage. Étrange paradoxe contre-nature, des mouches de Morgai qui ont élu domicile dans ces cavernes sont attirées par le poivre et me tournent autour. Leurs dards piquants… Progresser parmi cette masse de muscles, d’os et de gras qui assaille le groupe. A moins que ce ne soit le groupe qui assaille la horde. Golgoth, les Wargs et j’imagine le Nain, face à ces va-nu-pieds grognant, ils ont pris l’initiative et ont contre-attaqué les premiers.
Ouais, carrément. En première ligne c'est un carnage. Des morts, des mourants, des gars qui s’efforcent de récupérer des épieux tombés, de garder la horde soudée pour la renvoyer à l’assaut, et moi je me calque sur les mouvements de la horde.
Comme l’un des leurs, mais comme celui qui veut plus que nul autre aller au-devant des combats, pas juste caillasser, hululer et laisser le boulot aux dominants.
Et je me retrouve au cœur du mouvement de foule qui recule avec grande crainte, Les Wargs attaquent. Leurs précédentes victimes éviscérées, témoignages et socles organiques de leur vélocité. Leurs pattes puissantes broient mes congénères au sol et disloquent l’attroupement en une cohue apeurée. Ils nous bondissent dessus et percuté, je chute, cramponné à mon épieu. Les Wargs ne me grillent pas, claquant leurs mâchoires sur d’autres vermines. Alors je me relève. L’arme toujours fermement empoignée en mains. Me relever doucement derrière eux, faire profil bas.
Là...
Le Warg attaque avec la certitude d'être l'incarnation de la terreur face à cette vulgaire nuée de vermines des cavernes, la conscience qu’il a mis en pièces les dominants et les audacieux du groupe et éparpillé les porteurs d’épieux dans sa charge. Oh, il me terrorise moi aussi. L’espace d’un battement de coeur, je songe à juste laisser tomber tant que je peux reculer. Tourner les talons et fuir.
Mais non.
"Yolo", comme on dit.
Et celle-là, il ne la voit pas venir.
Sur le point d'entamer une nouvelle éviscération, un avertissement pour la horde de ce qui les attends, il ne s’attend pas à ce qu'un Rat Blanc, revanchard, vienne l’empaler en plein anus.
Crois-moi, An-Amie, si cette bête-ci pousse un hurlement de douleur qui n’a déjà rien de drôle, l’autre pousse le cri le plus horrible et le plus triste de sa vie, celui de la conscience que son ami vient d’encaisser un coup mortel et va mourir ici. Cramponné à mon épieu, j’ai volé dans les cabrements fous de l’animal aux organes digestifs perforés, emporté d’un côté et de l’autre. Je perds fais un beau baptême de l’air. Tombe sur mes pattes en toussant. La horde de dominés, chauffée par mon coup d'éclat, fond sur la bête tel un essaim pour l’achever.
Sauvagerie délivrée du courage. Moi, prenant quelques battements de coeur à observer cette mise en charpie, je ramasse distraitement un autre épieu dans la poussière. Pourquoi j’ai insisté comme ça à tenir mon arme alors que qui veut n a qu’à se baisser pour en ramasser une autre ?
Bien m’en fait, car l’autre chien m’a vu, a vu ce que j’ai fais, et je réalise qu’il me fonce droit dessus. De haine. D’yeux que pour moi. Indifférent à mon épieu pointé sur lui, broyant des Gobelins sans plus les voir. La plupart fuiraient en couinant. Moi pas. Tous les sens braqués sur les muscles de l’animal. J’anticipe. Je me joue de ses charges, de ses griffes, de ses mâchoires furieuses. La rancune me pousse même un instant de folie à contre-attaquer sur le flanc de la bête. Mille morts brutales, qui me sont promises dans sa langue animale.
Alors qu’il se cabre pour revenir à la charge, nos regards qui plongent l’un dans l’autre. Ses yeux dans mes yeux emplis d’une ardeur satisfaite.
C’est une bonne chose, toute cette rage teintée de haine, Warg. J'ai éteints ce mépris vorace dans ton regard de canidé. Tu as enfin compris que je ne suis pas ta proie. Enfin, tu me regardes d’égal à égal, Warg…
Une mouche de Morgai vient le piquer en plein dans l'œil, lui arrachant un glapissement furieux. Deux projectiles d'arbalètes le frappent en plein flanc. Il grogne, mais c'est tout. Tant il est rivé sur moi.
Une nouvelle vague de Gollums en armes pénètre en force dans l'arène. La tribu est nombreuse, ou bien plusieurs groupes du Chemin de Souillure se sont coalisés. Tout un groupe de vermines se jette sur la bête et interrompt notre confrontation.
Tant mieux. Je me désengage, plonge dans cette seconde vague qui fait hurler de colère Nain. Combien de têtes sa hache va-t-elle devoir trancher encore pour se tirer de là ?
Tuer l’animal était purement utilitaire. Manière d’affaiblir le groupe. Résoudre l'équation qui me turlupinait. Mais cette équation n'a plus lieu d'être, en vérité. M'échapper ? Ce n'est plus moi qui devrait me mettre à courir…
J’évolue dans la masse belliqueuse à pas d’enfant, le coeur…
Léger.
Je danse dans la frénésie, le hululement bestial de la horde et les cris de plus en plus acculés et essoufflés de ses proies. Conscience fantomatique et invisible dans cette sauvagerie et ce brouillard bouffi, brûlant, qui continue d'emplir la grotte, recouvrant la moitié de la place ; condensation de poison dans cet environnement souterrain...
L’un des leurs. L’un d’eux est peut-être bel et bien mon géniteur, d’ailleurs.
Ici, c’est un peu comme un étal de marché dans lequel je fouine à pas lents, flânant. Observant et évaluant les combats…
Ici, je vois le Khuzdun. Farouche et meurtrier. Le contraire aurait fait honte aux Nains, diraient mes frères Uruk-Haï. Sa hache brûlante pour les yeux qui fait voler les têtes.
Petite pourriture…
Plus loin, entouré d’ennemis, le gros Golgoth gronde. Fidèle à ce qu’il est, le gros Isengardien règne en maître sur son domaine, la masse ennemie dans laquelle il a porté lui-même le combat, et ses adversaires dont les meneurs gisent en pièces détachées, se font timides…
Dans le sillage du Nain, je vois s’agiter Trois-Doigts… Mon cher Trois doigts ! La mine déconfite, en proie à sa peur primale tandis qu’il protège sa peau tannée, de plus en plus en retrait derrière les deux autres, guettant une voie de sortie pour fuir comme un lâche.
Mes mains cajolent l’épieu…
Pour un déserteur, je suis surpris qu’il ait fait front commun aux côtés du Nain aussi longtemps, me dis-je.
J'ai jeté mon dévolu sur ma prochaine victime.
Prenant mon élan. Je fends la foule sous les ceintures et les pagnes, tel le Rat que je suis.
Je ne frapperai pas avec honneur. Car l’Honneur, c’est la Victoire !
J’opte pour un angle d’attaque en traître. Surgissant des irrésolus et des couards, je charge sans cri de guerre et frappe.
Pas avec honneur, mais avec le résultat : mon épieu embroche l'Uruk Golgoth en pleine cheville gauche.
L’arme acérée fend gras, muscles, tendons du mollet et lui ressort par la cheville dans le craquement de l'os. Le fer rougi se plante jusque dans le sol terreux. Le colosse de muscles mugit et tombe sur ses genoux en produisant un arc malhabile de son arme. Cette fois j’ai reculé, lâché l'épieu. Il est très bien là où il est, calé en diagonale en plein dans sa grosse patte...
Efforce-toi de rester combatif, sans t’évanouir, Golgoth. Cherche celui qui t’a fait ça de ton regard embrouillé de douleur. Je vais t’aider à le repérer, ce p’tit gars. En restant à l’avant de ce groupe, et en abaissant mon masque de peau pour dévoiler ma trogne à ta vue. Repère-moi bien et fais-moi face maintenant, surtout.
Moi, qui me pioche tranquillement une nouvelle arme, qui ramasse la hache d’une de tes précédentes victimes. L’air d’être absent, ailleurs, chez l’ferronnier, alors que je tâte le fer de ma nouvelle acquisition pour en apprécier la qualité...
Je hoche la tête en ramenant le regard vers toi, Golgoth. Cette hache, c'est d'la shräk toute rouillée, mais ça fera l'affaire. T’es d’accord avec moi ? Après tout, c’est toi qui va t'la manger en pleine gueule... Comme tu as de grandes dents, Golgoth... Laisse-moi prendre ta grimace aigrie pour un assentiment, et rentrons donc dans le vif du sujet sale bâtard !
J’approche du monstre, bien en garde, ça, tu peux m’croire, An-Amie. Même blessé et déjà mort, Golgoth, je ne le sous-estime pas, moi. Autour de nous, les autres petits salopiauds de la horde sont toujours là, et… Qu’ils aient compris que je suis étranger à leur attroupement ou pas, pourquoi viendraient-ils me laminer moi, alors que je viens de mettre le gros tas de viande à genoux, leur prochain festin, juste là à leur merci ?
Golgoth cherche à se défendre encore ; trace des arcs de cercle de sa lame pour défendre son périmètre de sécurité, mais les gars sont de plus en plus confiants, et lui à devoir guetter toutes les directions, il galère à se ménager un nouvel équilibre sur ses jambes défaillantes, l’épieu fiché dans sa cheville. Moi, Sergent en herbe, j'élève une main, à l'attention des plus proches. Cette main, ils la regardent. En scrûte les cinq doigts levés.
Moins un doigt replié,
Puis deux,
Puis trois,
Quatre,
Et au cinquième, les gars se jettent sur lui de concert, m’ouvrant le chemin. Il frappe grièvement le premier avant que son arme ne lui soit arrachée des mains par la horde. Sans l’intervention salvatrice du Nain venu à la rescousse de son compagnon, Golgoth aurait fini taillé en charpie comme le Warg avant lui. Il m’a senti revenir à nouveau par-dessus cette vague de séides, évidemment. L’une de ses paluches m’attrape un bras. Ça ne m’empêche pas en retour de continuer à venir à sa rencontre et d’abattre ma hache sur son faciès.
L’impact est violent.
Jouissif.
Je ramène le bras armé en arrière pour l’abattre encore.
Et encore.
Sous mes coups, ce ne sont pas deux dents, mais toute une explosion de dents et de sang.
La hache a déchiré une ouverture béante sur l’intérieur de la gueule du gros vert.
A cracher sang et dents dans ce râle de doulejur, j’aurais pensé qu’il aurait eu son compte. Mais à ma surprise, il arrive encore à encaisser, puise dans ses ultimes retranchements pour m'empoigner à deux bras, expulsant la hache dans la foulée. Un simple snaga mourrait alors, tout simplement. Totalement à sa merci, enfermé dans ses bras, il couinerait, se tortillerait, paniquerait. Mais tu n’as toujours pas compris, Golgoth : je ne suis pas un snaga.
Il me veut plus près ? Très bien, je fonds sur lui. Ma main droite qui passe au-dessus de ses bras massifs, venant saisir sa nuque. Et le coude gauche qui décolle, lui broyant la trachée.
Golgoth s’étrangle.
Sa prise se crispe, sans lendemain. Je m’en extirpe comme un enfant boudeur refusant un câlin gênant. Je l'observe vaciller, chuter à terre. Il cherche à me regarder les yeux dans les yeux, à mourir en Loup, en Uruk. La mort de son Âme, car je sens qu’il a le cou assez large pour survivre, ses yeux restent dur. Ouais, t’es un dur, Golgoth, ça j’le reconnais. Ça forcerait l’admiration, si tu ne t’étais pas mis en porte-à-faux de manière aussi triste… Tu t'es renié, parjuré ; la place de l'Isengardien Golgoth était aux côtés de ses petits cousins Mordoriens, en fiers représentants de la fraternité légendaire d'Uglûk et Grishnakh.
Pas à déserter...
Pas dans cette vomissure de sang mêlée de salive au sol, où je ramasse ses dents, les collectant à sa face. Les fourrant dans ma propre bouche, faute de récipients.
Crois-moi, quand je te dis que j’aurais voulu fermer ses yeux. Un Uruk qui meurt, chez moi, ça se respecte.
Mais à quelques pas, le Nain qui m’injurie en toussant du poivre, venant pour moi.
Sans compter le deuxième Warg qui revient à la charge.
Il s'apprête à fendre l'air de son fendoir divin, quand deux carreaux jaillissent des hauteurs et le frappent dans le bras et l'épaule, le clouant dans son élan sur un rictus aigri.
Je lui adresse un ricanement de pure moquerie, juste pour l’énerver.
Et un dernier majeur, pour la route.
Et je replonge dans ce qu’il reste de la horde, disparaissant comme je suis venu. Retourne dans le gaz, sa brûlure et la toux…
Une pensée solennelle à mes adversaires, du Mangeur d’Epée à ces sauvageons dont j’enjambe les corps. Merci à vous mes honorables adversaires, d'avoir maintenu en moi la conscience de ma véritable force. Quand ces ordures, ces tocards, cherchaient à m'intimider, à m’humilier, à faire de moi un "snaga".
On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid…
A d’autres…
Moi la vengeance, je l’aime bien chaude…
… Je l’aime chauffée à blanc...
A d’autres…
Moi la vengeance, je l’aime bien chaude…
… Je l’aime chauffée à blanc...
Dernière édition par Karess le Lun 15 Avr - 20:38, édité 1 fois
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Je replonge dans le tunnel des Ténèbres, m'immergeant dans ses vapeurs poivrées. Les dents de l'Uruk rabattues en un sommaire tas dégoûtant par ma langue, entre ma joue meurtrie et mes dents serrées (ébréchées). Les Hommes ont fui. Des rats errants qui ont tenté des les assaillir dans le Seuil de l'Abîme, étouffent contre les murs. J’y progresse, accoutumé, acclimaté, parmi ces aveugles asphyxiés non-initiés…
Les Ténèbres, ce ne sont pas juste des galeries ordinaires. Leurs murs sont pleins des crânes de nos fidèles snagas, et de cette poignée de frères Uruk-Haï et d'assermentés qui demeurent à leurs côtés.
Des ancêtres qui te regardent. Des ancêtres qui ont joint en toi leur force, leur rage, leur rancune...
Les Ténèbres, c'est comme une antichambre de ce domaine maudit de Mandos où sont retenus prisonnières les âmes des nôtres... Une antichambre dont Il a la Clé.
J’émerge du brouillard en toussant.
Un essaim de mouches de Morgai vrombit joyeusement autour de moi, excitées par le poivre et l'odeur du sang...
Commence à courir, en ces tunnels que j'arpente si souvent dans mes rêves.
Et je tique. Je reviens presque joueur sur mes pas, rapportant toute mon attention sur une tête que j'connais parmi les asphyxiés qui se cramponnent aux parois du tunnel :
Alors, ça !
Quelle !
Bonne Surprise !
Là, à côté d'un de mes précédents adversaires qui me repère et me tend paume ouverte (signe signifiant "Pitié me tue pas je m'soumets !" de par chez nous), ce cher Trois-Doigts ! Comme tous les autres, il pleure de l’irritation oculaire et s’étouffe dans des râles d’agonie contre la paroi. Son couteau en main, la torche que je leur ai laissé par esprit joueur dans l'autre...
J’arrive sur lui en expédiant mon genou dans son ventre déjà plié, désarmant torche et couteau. La torche part rouler au sol, le couteau lui, finit dans mes mains. Je projette mon pied dans son flanc, l'envoyant gentiment bouler dans le tunnel pentu du Seuil, manière de le jeter hors du brouillard. Trois-Doigts à la ramasse cligne des yeux, s’efforce de capter ce qu’il a devant lui. Assimile à qui il a à faire, qui le tient sous la menace de son propre couteau à la lueur de sa torche au sol…
– N’y pense même pas ! Je râle, crachant poivré.
Mais il y pense, ce crétin. Il tente de m’attaquer. Bondissant en arrière, de ma main libre, je lui chope deux des derniers doigts de sa main mutilée. Torsion. Le cri de Trois-Doigts me surprend et viendra même me pincer le coeur quand j’y repenserai, miaulement de chaton pathétique…
Sur le coup, chauffé comme je l’suis, j’n’ai aucune pitié pour lui et j’enchaîne dans le répertoire de coups inculqués à l’instruction par ma Légion. D’une clé de bras, je lui ai déboîte l’épaule.
Puis je l’empoigne par les cheveux, enroulant sa natte guerrière à mon poignet. De l’autre main, je lui fous le pointu de sa dague à l’orée de son œil :
– Tu bouges pas, maintenant ! Tu bouges pas ! Tu Bouges Pas !
Il tente de lutter, de me frapper, se fait plus de mal à lui-même qu'à moi. Alors je fente des jambes, tirant sur ses cheveux pour le plaquer à terre. Genoux sur sa nuque, le couteau toujours calé sous son globe :
– J’te préviens ! Crie-je en dégageant la torche hors de sa portée d'mon autre pied : si tu n’veux pas t'calmer, tu le vois ton couteau ? J’m’en sers pour t’arracher un oeil, et j’te tranche la gorge ! T’as compris ? Dis-le si t'as compris !
– Gh... J'ai compris... C'est bon j'ai compris ! Pitié! Me tue pas, me tue pas !
Protocole de traitement des snagas en rébellion, prisonniers non-coopératifs, populations civiles à soumettre. Refréner toute pitié, mauvaise conseillère, tant que le "traité" n'est pas totalement sous contrôle. Terroriser, brutaliser, contrôler :
– Mais ferme ta gueule, ARRÊTE DE COUINER SALE GLOB ! Lui flanque mon poing armé contre l'arcade sourcilière pour le faire taire, le garder docile. Allez, relève-toi ! »
L'arcade sourcilière éclatée, saignante. Tenu en laisse par sa chevelure. Le couteau prêt à lui revenir dessus à tout moment. Entre courir et ramper misérablement, j’oblige Trois Doigts à me suivre jusqu’à un trou près duquel gît le cadavre de l'intrus qui s'est mangé deux tirs plus tôt. Abandonné par les siens aux Gollums qui s'en repaissent, qui m'en proposent la part du Loup avec crainte et déférence. "Shora", Narion et les autres l'ont abandonné pour courir. Courir dans les Ténèbres... Mon prisonnier tenu au respect, je hurle dans les Ténèbres, d'une voix qui n'est pas la mienne :
– Capitaine "Forlong" Neldoreth ? Je suis Rat Blanc, Soldat Orque Assermenté de l'Oeil Rouge ! Au Nom de Sauron et du Mordor, je vous ordonne à toi et ta troupe de jeter vos armes par terre et de vous rendre ! J'en ai déjà fini avec les trois autres, Shora ; mes renforts, mes frères sont là ! Ce gars qui gît mort, c'est leur fait ! On a grillé votre présence depuis des jours, et on a mobilisé tout le Bataillon pour vous ! Cinq-cents Orques vous traquent, et pour vous trouver nos Pisteurs ont juste à suivre Mon odeur !
« T'es un criminel de guerre, Shora ! Tu mourras à coup sûr, mais cette Liberté qui t'est si chérie, Narion et ses derniers Hommes peuvent encore espérer la retrouver si vous vous montrez raisonnables !
« Rendez-vous, Shora ! Rendez-vous pendant qu'il en est encore temps, les gars ! Jetez vos armes et mettez-vous par terre, si vous tenez à la vie, et Serment d'Orque de l'Oeil Rouge, on ne tuera pas Narion et ses gars ! »
J'ai la Rage... La Rage de Vivre, la Rage d'Être Rat Blanc. La Rage enfin libre. Libre de se déchaîner, après toutes ces heures à jouer le jeu de la soumission, comme un rat en cage humilié...
« Dans l’trou d’souris ! » Que je grogne à l'autre en l’y jetant et l’y bourrant d’un coup de pied. Je retourne d’un bond sur mes pas agripper la torche, avant de revenir plonger à sa suite. Je l’invective. Lui grogne d’avancer.
On n’laisse pas le moindre répit à la racaille, quand on la dresse !
Le menace du feu et du couteau pour le contraindre à ramper avec empressement, sans se poser de questions. Il rampe craintivement avec moi derrière lui. On arrive dans une cavité caillouteuse où deux avortons sauvageons qui ont fui les combats et la brume couinent de terreur. Je jette Trois-Doigts contre la paroi, hors de mon chemin :
« Quand j'reviens vers toi, j'veux que tu t'sois foutu par terre de toi-même dans la grotte. » Lui dis-je.
Avant d'avancer d'un bond vers les deux Gollums, dominant implacable. Immédiatement, sans réserve, les deux p’tits gars se jettent en posture de soumission totale : plus bas que terre. Têtes collées au sol, Implorant à geignements unis ma miséricorde, paume ouverte tendue et tremblante...
Je viens m'accroupir devant eux, effleurant calmement leurs deux paumes de mes mains-griffes, langage animal que je vais les épargner...
« C’est bien... Eux ils sentent tout de suite en présence de qui ils sont. La vie ne les a pas rendu crétins comme vous autres… »
Je revient droit sur Trois-Doigts en jetant ma torche au cœur de la grotte, contre le flanc nu du déserteur qui gémit en se tortillant au sol et se décâlant vivement, se massant le flanc des mains...
« Une seule main pour te masser, Tarkû, et pas d'gestes louches. L'autre tendue, paume ouverte vers le toit. C'était gratuit ça, j'aurais pas dû. Mais j'suis vraiment "vénère" là, alors me donne pas d'autres raisons de t'faire mal. »
La lumière de la torche fait rougeoyer la cavité ténébreuse où règne une macabre effigie d'ossements crasseux de sang séché, infestée de mouches... Un autre Seigneur des Ténèbres, qui nous regarde, témoin de mes faits d'armes et de la déchéance de Trois-Doigts...
« J... J't'ai rien fais moi ! Geint-il en cherchant à se redresser ; C'était...
– NON ! Soumets-toi, sale chien ! Plus bas ! Tu baises le sol ! »
Il obtempère parce qu’il n’a pas le choix ; les deux autres jeunes pour jurés le jour de son jugement… Bien. Je laisse se rétablir un peu de silence. Mon souffle lourd de Loup-garou…
Je ravale mon ardeur, mais elle n’est pas loin, flirtant avec les ténèbres de la cavité...
« J’m’en contrefous de savoir qui de Golgoth ou du Nain m’a pété les dents. Ça pourrait être Simo, la grosse révélation que j’aurais pas vu venir, j’m’en tape. Le responsable de ce genre de conneries dans le peloton, c’est toujours l'Uruk. J'ai fais comprendre dans la douleur à l'Isengardien quelle est la différence entre un snaga et un Orque de l'Oeil Rouge. Mais toi, tu le savais déjà ? Tu le savais, tu les as prévenus en plus. C'est pas faute de vous avoir prévenus. Et t'as quand même choisi la voie de la désertion et de l'outrage... Il encourt un châtiment très sévère, Celui qui offense les dépositaires de Son Autorité au Mordor, et plus encore celui qui en... "Dégrade l'intégrité physique"... »
Je me masse mon hématome, qui pulse de douleur à m'en rendre fou...
La folie du Berserker, la Rage du Grand Karess...
« Ta main elle masse ta brûlure et elle part pas s'planquer là où j'peux pas la voir ! Que je grogne en revenant lui botter la gueule : dans ton propre intérêt, n’me fais pas en venir à me demander si tu y caches quelque chose. Et maintenant tu fermes ta gueule, et tu attends de voir... »
Je commence à me farfouiller les gencives, pour en extraire les dents de l’autre. Depuis que j'ai soumis les deux Gollums, j'en ai recraché le gros dans ma main gauche, mais quelques unes traînent encore. J'en ai même avalé, "urgh" !
Ou mordu dessus quand je gueulais sur Trois-Doigts. "Ouille".
Le silence plane dans la cavité ténébreuse.
Longtemps...
Quelque chose vient couiner dans le trou de la grotte par lequel on s'est faufilés avec Trois-Doigts : Là, dans la pénombre, le petit rat que m'avait jeté Golgoth, raide mort, s'est ranimé et a accouru à moi. Viens me mordiller gentiment le doigt, étudier son Maître, le Roi des Rats...
Je prends le temps de le cajoler un peu, lui flatter le museau du doigt, le laissant mordiller encore…
« Regarde ça, Trois-Doigts... Tu sais, t'as tort, t'as vraiment tort de prêter oreille aux beaux discours trompeurs et manipulateurs d'un Homme en ce qui concerne... "La Liberté" ! Shora, c'est un Ennemi. Le Grand Ennemi ! Capitaine Forlong Neldoreth, Rôdeur tueur de Gobelins à travers le monde libre ! Tu quittes l'enceinte montagneuse du Mordor, t'es plus un Orque, t'es son gibier... »
J'ai rassemblé les crocs de l'Uruk dans ma paume gauche. Dague posée derrière moi, je les fais passer à l'essaie deux par deux à l’intérieur de ma bouche.
Déposant patiemment en tas près du petit rat toutes les dents qui ne font pas l’affaire dans la besace ; une offrande pour le représentant du Petit Peuple, qui peut en déguster les nerfs internes, les résidus de gencive et la coque osseuse elle-même...
Comme tu as de grandes dents, Petit Rat !
J'ai tâté de la langue. Et j'ai souri… Soulagé de toute douleur. Exultant d'une joie mauvaise.
Je viens me presser au-dessus de Trois-Doigts, exhibant le flanc de ma dentition...
« Les faveurs de mon Maître ! »
Je le laisse digérer ce dont il est témoin, rictus triomphateur du Loup-Garou, mes deux yeux rougeoyants à en luire sur les parois de la cavité...
Une cavité dans laquelle vient de se glisser un voile de ténèbres.
Un voile de ténèbres aux reflets d'azur...
Un voile de ténèbres duquel émanent mes amis par le trou.
Ludra, Urktul, Troork Blondin, Jarrax. Et le copain Charir...
J'ai sifflé à Trois-Doigts :
« Toi et tes potes, par contre, vous êtes à court de points de Destin... »*
Le rat, satisfait de son offrande, s'est retiré. Parti prévenir ses congénères du Petit Peuple qu'un Festin de Viande humaine se prépare pour eux en l'Abîme...
« Content de vous voir les gars. » Ai-je salué la Meute...
- *:
- (* Dans les jeux de rôles les plus traditionnels type Donjons & Dragons, les Points de Destin (appellation la plus courante) sont la possibilité de relancer un mauvais résultat de dés, d'échapper en quelque sorte à l'échec et à un funeste destin...)
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
Les tirs d'arbalète qui m'ont couvert dans la mêlée vorace, c'était eux. Ça fait des heures qu'ils nous pistaient. Qu'ils marchent dans les ombres de mes ravisseurs, à une proximité insolente. Mais le Chemin de Souillure est un domaine du Grand Karess, un "bas-fond" où grande est Son influence. Karess a dissimulé leur odeur au flair des Wargs, étouffé les bruits pendant tout ce temps.
Une pensée au dernier Warg qui va perdre le flair pour les prochaines heures avec le concentré poivré qui lui a assailli les naseaux. Impossible de flairer un air pur, gage d'une sortie environnante s'il en est une ; impossible pour lui de guider qui que ce soit ni même de nous flairer pour un bon bout de temps. Si y a un truc que j’ai pas laissé au hasard dans ma petite attaque, c’est bien ce point là.
Et Karess t'a envoyé toi, An-Amie. Nimbé en ce voile de Ténèbres qui t'a permis de venir en mon monde à me recherche, je te perçois presque de manière palpable. Jurerais de sentir, chaleureux, notre câlin, tes bras m'enveloppant, me blottissant contre toi, ma grande sœur, mon An-Amie...
Mes amis sont comme des fantômes qui nous hantent depuis des heures, servant d'éclaireurs et de pisteurs à toute une Compagnie mixte de Feldûsh, du Vieux Yetch, d'une partie de nos adversaires Hommes de la veille qui prennent part à l'effort de la traque. Ils ont marqué notre itinéraire principal de repères, d'une traînée d'empreintes de pas incandescents aux yeux de tout cœur de la Légion dans les Ténèbres.
A l'heure qu'il est, les renforts investiront les Ténèbres d'un battement de cœur à l'autre.
Golgoth et le Nain sont morts. Horriblement.
Les Gollums étaient en train de mordre dans le gras de Golgoth et d'assaillir le Nain de toutes parts dans le feu mourant quand leur groupe a investi la cavité du combat, les Gollums se mettant immédiatement en retrait, soumission absolue, faisant le lien entre eux et moi.
Golgoth rampait pathétiquement. Azur leur avait rapporté ce qu'il avait laissé faire à mes dents.
Ludra, Urktul, Troork se sont avancés vers lui, une colère froide chez les deux mâles. Ludra, plus joueuse.
Charir et le copain Lustig, eux, se sont affairés à "traiter" le Nain, fonçant sur le Khuzdun auquel s'agrippaient et mordaient quatre Gollums.
Troork, mû d'une sombre pulsion des Ténèbres, est venu grimper puis se camper sur le dos massif de Golgoth où il s'est lové tel un Loup dominant, assisté d'Urktul qui venait l'aider à immobiliser fermement le gros demi-Orque agonisant. Ludra, elle, ricanait en se dirigeant vers l'arrière...
« Azur ? A dit Jarrax, se tournant vers ton voile d'ombre... Tourne-toi, prends tes distances An-Amie, t'a-t-il dit. Snardat m'a dit que tu n'as pas le goût du sang. On te sent nous-même depuis assez longtemps pour le sentir. Et ce qu'on va leur faire à ces deux là, ça ne vraiment pas être beau à voir...
Des hurlements déchirants qui remontaient et émanaient du demi-Orque, ultime souffle de vigueur et de vie sous la souffrance indescriptible de ce que lui inflige Ludra.
– Voyez, mes frères, comme la viande est vigoureuse... Récitait Troork...
Pendant ce temps, les autres avaient foncé sur le Nain. Charir le maîtrisant par derrière, et Jarrax et Lustig lui arrachant des mains son arme. Lustig a couiné et très vite reculé ses mains sur le coup, au contact du brûlant maothran. Mais Jarrax, en Uruk, en fils de l'Engeance Guerrière, en Jumeau de Mange-Warg, a tenu bon, et avec l'aide de Charir et Lustig revenant impacter le Nain de ses "pattes de Dragon", a pu arracher la hache nimbée de Soleil et l'envoyer s'éteindre dans le noir...
Charir l'a fait basculer à terre. Lui, Jarrax, Lustig l'ont tabassé et piétiné et piétiné et tabassé encore et encore, n'épargnant que les parties grassouillettes de son corps où des Gollums arrachaient des bouchées nourricières...
Il ne criait même pas, car ses bronches étaient pleines de gaz. Et l'atmosphère était déjà conquise par les braillements de son copain Golgoth au supplice.
– Bande de lâffes ! a-t-il vomi ses dents au sol, après que mes potes eurent cessé de le mettre en bouillie, rampant face à la Justice. "Je suis un Seigneur parmi les miens et j'exige un combat loyal !"
Souviens-toi qu'avec Quguug, on est coutumiers des élocutions désastreuses, An-Amie.
– Je suis un Huscarl Uruk, lui a retourné tranquillement, Jarrax en lui posant une botte sur la nuque. Et je suis apte à accepter les provocations en duel...
Continuer d'écraser sa nuque sous sa botte de longues secondes. Puis Charir et Lustig l'ont empoigné et relevé par les épaules, deux clés de bras, face au Jumeau.
– "Eh bien parfait !" s'est presque réjouit le Nain, bredouillant à grands débits de dents dans un filet de sang. "Ben alors dis à tes copains de m'lâcher et viens, l'affreux ! Tes poings contre les miens, si c'est ce que tu veux !"
Jarrax a laissé planer quelques battements de cœur d'un silence glacial, yeux de chaton jaune dans les yeux de pierre du Khuzdun :
– Demande de duel rejetée, Monseigneur. Vous vous êtes introduits au Mordor en toute illégalité, par des voies non-officielles. Et pour y faire quoi, vous et vos amis rôdeurs ? Du safari d'Orcs ? A demandé Jarrax en englobant du bras les masses de Gollums morts. On est civilisés au Mordor, pas comme dans vos châteaux de barbares, vous autres du Nord et de l'Ouest. Chez nous, on appelle cela des meurtres.
– Et puis surtout, ligne suivante sur le chef d'accusation : "Menaces et violences sur dépositaire de l'Autorité", mon pote ! a rajouté Charir. Z'avez brutalisé Snardat, sales connards ! Un soldat assermenté du Mordor ! En faisant ça, c'est tout le Mordor que vous avez outragé !
– Vous êtes "hors-conventions", conclue Jarrax. En temps qu'officier en chef ici, je ne reconnais pas votre rang. Je vous condamne simplement à mort.
Il est parvenu à se tortiller assez le bras que tenait Lustig pour le dégager et tirer un couteau, l'agitant frénétiquement en faisant reculer vivement tout le groupe à grands bonds. Gollums qui se sont mis à feuler à leurs côtés :
– Ben venez donc la chercher ma tête alors ! S'étranglait-il en bavant son sang.
– T'as pas saisi mon pote ! S'est moqué le jeune Lustig dans la contre-attaque générale du groupe qui bourrait le Nain en arrière, l'envoyant rouler à terre sur le Seuil. On n'est pas du tout en train de te combattre là ! On t'a préparé ! On vient de t'livrer en offrande !
Il s'est tétanisé de terreur. Il était dans les Ténèbres. Paralysé face à cette noirceur...
– Avant, Shelob la progéniture arachnéenne d'Ungoliant régnait en ces lieux, lui a raconté calmement Jarrax. C'est à elle qu'étaient faites les offrandes. Mais il y a longtemps que Shelob est morte de faim. Quelque chose d'autre a pris sa place.
– Mais t'en fais pas, l'a "rassuré" Charir : C'est p'têtre pas les mêmes sensations, mais les affres de souffrance sont au même niveau ! T'as pas perdu au change, mon pote !
Et le Nain a hurlé. L'as-tu vu, An-Amie, être englouti par cette mâchoire de Ténèbres qui semblait faites d'une déferlante agglutinée de rats affamés ?
As-tu pu reprendre la marche sans défaillir, quand Jarrax est venu te chercher pour te dire que vous pouviez repartir à ma recherche, te faisant contourner la carcasse sans souffle de Golgoth, plus d'air à hurler, fou de douleur, parcouru de spasmes atroces, bien après que Ludra ait achevé son office et ait léché le sang et les fluides sur sa dague ?
Le même sort que celui qu'il avait infligé à notre copain snaga Raghbagh, et en prime une oreille de tranchée pour s'en faire un trophée.
– Alors, gros Golgoth ? Ricanait innocemment Ludra : c'est quoi, tes premières impressions maintenant que j'ai fais de toi une femelle ?
– C'est bon, lâche-le, fille, lui a dit Charir, en proie à un certain malaise tandis que les poumons de l'Uruk ont inspiré par réflexe mécanique du corps dans son désespoir de vivre, se remettant à brailler et brailler en pleurs. Chose pathétique brisée au sol et mutilée jusqu'au plus profond de son âme.
Toujours lové sur son dos, très patient, Troork Blondin a guetté une fenêtre entre deux séries de hurlements de l'Uruk pour venir murmurer à sa dernière oreille :
– Hâte-toi de crever à présent, Golgoth. Si tu n'as pas rendu l'âme quand on remonte avec notre ami, je te livre toi aussi aux Ténèbres. »
J'ai revu l'Isengardien Golgoth, dans le labyrinthe caverneux de mes rêves. A ma seule vue son âme hurlait, se recroquevillait comme un avorton snaga martyrisé en suppliant de ne plus lui faire mal ! M'approchant de lui en douceur, je lui ai énoncé le rendu de Justice...
« Tu n'auras pas ta place en notre Unité, notre Âme, Golgoth. Mais tu demeures un Orque. Si nous ne prenons pas pitié pour ton fëar, qui le fera ? "Nouvelle vie... En défiance de la Mort." Suis-moi, je vais te guider hors d'ici. »
Karess- Messages : 194
Date d'inscription : 30/09/2016
Re: Comme Tu as de Grandes Dents, Petit Rat !
« Et voilà. Justice et Vengeance consommée, pour Golgoth et son copain Nain, dit Jarrax.
Ludra et Troork s'occupent des deux jeunes Gollums que j'ai soumis. De leurs dagues, ils leur scarifient les mâchoires de Karkaras sur la poitrine.
– Et celui-là, c'est qui ? Me demande Jarrax en bottant la côte de Trois-Doigts, qui tremble de terreur sans oser bouger un doigt, pas même pour se masser ceux que je lui ai cassé. Réprimer ses geignements :
– Oh lui ? C'est un ami. Il a veillé sur moi et a été un vrai frère pendant toute cette mésaventure. Le garant qu'il ne m'arrivait rien. J'pense qu'on devrait le remercier pour son... Intégrité.
– Ah oui, tiens donc ? C'est vrai alors, dit Jarrax froidement, absolument pas dupe. La Légion a une dette envers toi, euh... Son nom ?
– On l'a appelé Trois-Doigts jusqu'à présent, mais il me plaît de lui donner pour nom de recrue "Tarkû". Ça veut dire "crétin" dans notre jargon d'origine. Ça te plaît, Tarkû ?
– Je suis sûr que ça lui ira à ravir, dit Jarrax. Pardon ? Mime-t-il de tendre l'oreille. Charir, et vous autres les gars, vous avez entendu aussi bien que moi ? Est-ce que je ne viens pas d'entendre notre nouveau frère Tarkû se porter volontaire pour le Bataillon de première ligne ?
– C'est bien ce qu'il a dit, je suis témoin, Glousse Charir.
– Nn... Non, pas ça ! Pitié ! Supplie Trois-Doigts en s'embuant de larmes...
– C'est vraiment très courageux, "Soldat Tarkû aux Trois-Doigts", le félicite Jarrax. La Légion de Karkaras t'est vraiment reconnaissante pour ton engagement, ton abnégation, ton sens du sacrifice... Fantassin Charir, je crois que notre nouvelle recrue manque toutefois encore de Discipline. Après tout nous n'avons pas encore eu le temps de le former. Je souhaite lui donner l'ordre de tenir la place ici et de nous attendre le temps que l'on règle nos affaires. En temps que représentant du Bras Disciplinaire, pourriez-vous prendre les mesures nécessaires afin de lui permettre de rester dignement à son poste ?
– Avec plaisir, Chef ! Ricane Charir en sortant ses menottes et ses ficelles, entravant les membres de "Tarkû aux Trois-Doigts" qui se retrouve saucissonné, immobilisé dans la grotte.
Pendant ce temps, Troork et Ludra ont achevé les scarifications sur les Gollums. Ils sont maintenant des nôtres.
Quant à moi, j'ai revêtu l'Uniforme et le Casque. Mon Vrai Visage. Trois-Doigts relève un regard désespéré, et il contemple enfin le Visage de Rat Blanc. Se noie dans mes yeux écarlates incandescents, deux fentes dans les ténèbres du casque à bec.
« Tu dois mourir de faim, vient s'enquérir Jarrax. La Meute me propose une ration afin de me restaurer.
– J'ai une faim de Loup, acquiesce-je. Mais, qu'elle subsiste encore. La faim, ça m'excite. Ça va rendre ma chasse plus véloce.
Sans compter, niveau excitation, les effluves féminines de Ludra qui me reviennent en une vague. Depuis qu'elle est réapparue, je ressens cette faim avide, lubrique. De quoi accroître encore ma hargne. Pour mon corps, l'heure est venu de la mériter.
Ludra croise mon regard. Elle sent. Elle devine. Et elle sourit.
On le veut tous les deux. On le fera, éclaboussé de leur sang...
– Comme tu voudras, me dit Jarrax. Bon, sur ce... Il bat le rappel de la troupe en tapant du pied sur le sol : Rat Blanc, situation ? demande-t-il, Uruk investi de la charge provisoire de Chef de Meute.
– Sept Hommes en fuite dans l'Abîme, je rapporte en soldat. Moins celui que vous avez tué, il en reste donc six.
- Cinq Rangers, menés par un Sergent du nom de Narion.
- Un Homme de moindre menace du nom de Simo ; rôle inconnu, pas un guerrier. Mais armé d'une dague, aux dernières nouvelles.
- Et Shora, celui qui nous a éclaté Mange-Warg en duel dans la fosse. Son identité véritable : Capitaine Forlong Neldoreth. Ouais, Chef ! On a du lourd, là.
- De là où j'étais, j'ai eu tout le temps de voir les flèches dans les carquois. Des flèches d'Orques, Chef. Ce sont bien eux, nos intrus qui tuent des congénères dans les cols. Ils sont ici pour lui, pour nous chiper le Capitaine Neldoreth, l'extrader du Mordor. Sans compter qu'ils se sont livrés à du trafic de renseignement avec le gros Golgoth, le Nain, Simo, et ce misérable, là.
Jarrax hoche la tête. Charir et Troork rechargent leurs arbalètes. Ils en ont ramené une troisième pour moi.
Me voilà à nouveau surarmé. Comme se doit de l'être un Vrai Orque de l'Oeil Rouge, An-Amie. Ma lance de Légionnaire, mon épée, ma dague. Mon arbalète.
– Et le deuxième Warg ? Demande Jarrax.
– Si vous ne l'avez pas eu, il rôde encore.
– Bon, très bien.
– Nos proies sont déjà sommées de se rendre par cet Orque assermenté, dis-je en me désignant le poitrail du pouce... Mais, peut-être qu'ils ne m'ont pas entendu, qu'il faudrait le refaire de manière plus formelle...
Ils ont entendu, mes louveteaux. Shora, Narion, Simo, ils ont tous entendu Rat Blanc, et nul n'a obtempéré. Libre à ma Meute de faire un massacre.
On cligne tous des yeux, conscients que cette forte intuition collective est de son fait.
– Alors, Chef ? Demande Rat Blanc, ma voix de métal derrière mon casque : On va jouer ?
Jarrax hoche la tête, enfilant son casque, semblable au mien.
Yeux de chaton jaunes, luisant dans les fentes noires.
Son trophée sanglant au cou, Ludra se casque à son tour,
Le feu dans les yeux vert venin, derrière sa face acérée de rapace.
Toute la troupe se casque.
Billes marrons luisantes de détermination stoïque dans la visière du casque de Troork.
Yeux globuleux jaunes hargneux dans les ténèbres du casque d'Urktul.
Les mâchoires épaisses d'Urktul et la fine bouche crispée de Troork sont laissées dévoilées sous les visières de leurs casques.
Yeux de félin jaunes dans la visière noire du heaume fermé de Charir.
Deux fentes viles et joueuses derrière le casque-crâne caprin blanchi à cornes noires de Lustig.
Et tes yeux, si purs, si innocents, An-Amie ; emplis d'une tendre tristesse de voir tes petits amis les enfants Gobelins s'effacer, mourir en eux pour devenir les tueurs Orques qu'ils sont depuis toujours destinés à être...
Les Gollums tremblent de fascination, crainte mêlée de respect déférent, prêts à suivre leurs Maîtres... Les Rois des Rats...
– Tuez-les-tous. » émane l'ordre métallique du casque de Jarrax.
Dernière édition par Karess le Mar 4 Juin - 21:35, édité 1 fois
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