[RP SOLO - Contemporain] Simon & The Lantern
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[RP SOLO - Contemporain] Simon & The Lantern
Simon & the Lantern
« Et... ça fait longtemps que... » La pomme d'Adam fait un va et vient, avec difficulté, son front brille, perles de sueur sur la peau blanche, entre les mèches un peu hirsutes. « Ça fait longtemps que le FBI est au courant pour ce genre de trucs ? »
Le briquet s'illumine dans la pénombre de la voiture, laisse apparaître un instant le visage ridé, austère, sur le reflet de la vitre.
« Je ne peux rien dévoiler à ce sujet. (Pause, le temps d'une bouffée.) Mais nous vous suivons depuis le début de vos activités sur le sujet. Avec, je dois le dire, le plus grand intérêt. »
Simon s'agite sur son fauteuil, grimace un sourire qui tire sur le rictus. Il arrange sa capuche, regarde dehors, se reporte sur son interlocuteur.
« Bordel, ça fait trois ans que vous me suivez ? Enfin, je m'entends... pas physiquement, enfin... vous faites quoi... vous tracez mon IP ? »
Sa voix est une composition subtile de méfiance, d'angoisse, et peut-être surtout d'excitation. Son regard passe du vieil homme installé à sa droite aux deux types assis à l'avant, impassibles, rigides (le chauffeur se limite aux mouvements indispensables pour la conduite). Il déglutit encore, repousse ses mèches, tire sur le tissu de son sweatshirt sombre. Observe en coin la braise orangée de la cigarette, le nuage qui monte doucement. La réponse ne vient pas, il se tasse, jambes croisées, triture ses lacets.
Dehors les lampadaires défilent, lueur jaune des vieux halogènes devant les façades de petites maisons pavillonnaires. Quelques fenêtres sont encore allumées, à intervalles irréguliers. Il est tard.
« Je comprends pas pourquoi vous avez besoin de moi, au final... (Hésitation. Simon guette une réaction.) Si vous avez suivi tout ce que j'ai mis en ligne, vous auriez pu intervenir directement, non ? »
La voix polie, mesurée, s'élève après une dernière bouffée qui nimbe le reflet d'une brume âcre.
« C'est question d'efficacité. Les informations que vous avez partagées sur votre blog nous ont certes été précieuses... c'est en particulier votre essai de détermination d'un schéma prévisionnel du comportement du suspect en fonction de la localisation des différents lieux représentés sur les extraits vidéos qui a retenu notre attention. Un travail impressionnant... Très professionnel... Toutefois, étant donné que vous ne vous êtes contenté que de photographier les lieux depuis, semble-t-il, un point éloigné... Votre confirmation nous semble indispensable pour éviter une erreur au dernier moment, lorsque nous déploierons l'effectif pour l'interpellation.
- Faut dire que j'avais les jetons, aussi, hein... »
Sourire conciliant. Une nouvelle cigarette apparaît entre les mains un peu ridées, le briquet étincelle.
« Il ne s'agit nullement d'un reproche. Votre contribution est admirable. »
Simon émet un gloussement, hoquet nerveux, sec.
« Putain, quand Sophie va savoir que j'aurais aidé le FBI à choper cette... cette chose. »
Le vieil homme se détourne de la fenêtre pour l'observer, sa braise rougeoie comme il tire une longue bouffée.
« Votre amie est informée de votre investigation à ce sujet ?
- Oui, c'est bien la seule qui m'écoute, de toute façon... Mais même elle, elle ne me croit pas. Elle se fout de moi. (Il ricane.) Quand je vais lui raconter tout ça... ! »
Sa voix dérape un peu, il s'éclaircit la gorge, reprend sur un ton plus inquiet :
« Vous comptez arrêter ce... l'arrêter, là, cette nuit... la... la chose ? (Il désigne de la tête les deux hommes installés aux places avant, raides et silencieux.) Je veux dire... vous allez y aller à... je veux dire... à trois ? »
Les yeux gris d'acier le fixent, dans la pénombre, un long moment. Simon s'agite, détourne le regard.
« Notre objectif, et le seul rôle que vous aurez à remplir de votre côté, est d'assurer la reconnaissance du site. Suite à quoi, nos équipes prendront le relais pour se déployer et procéder à l'intervention. (Nuage de fumée, qu'il souffle lentement.) Les affaires de cette nature requièrent particulièrement de précautions... et la plus totale discrétion. »
Il se tourne à nouveau vers la fenêtre, un instant, puis revient au jeune homme, qui se recroqueville un peu plus.
« Je voudrais que nous en revenions à votre blog, Simon. Parlez-moi de ce rêve, que vous racontez dès la première page... Cette apparition... la silhouette anthropomorphe qui se dresse, le visage, ou plutôt le masque... Il s'en prend à des enfants, chaque année, à la même période, ce récit revient. D'autres lieux, d'autres familles... toujours les mêmes actes atroces...
- J'ai toujours eu ce rêve, à la période d'Halloween... (Simon est blême, il déglutit. Son visage se couvre peu à peu de sueur.) Et j'ai toujours... j'ai toujours en fait... que... que c'en était pas vraiment un, enfin... qu'il... qu'il... était vraiment là, quelque part... mais j'étais trop jeune... trop jeune pour comprendre, enfin... pour faire le lien avec... (Son souffle s'accélère, il est en nage.) Putain, quand j'ai vu ça à la télé... le meurtre, les deux gosses découpés... putain, découpés en deux comme des putains de poulets, et la p'tite sœur... tout ce qu'elle disait... ce qu'elle avait vu... »
Sa voix s'étrangle, il ne parvient pas à finir.
« Le visage de citrouille », achève le vieil homme, tapotant sa cigarette au-dessus du cendrier. « Mr. Jack... Jack O'Lantern... »
Simon tressaille à chacun de ces deux noms, hoquette, retient un sanglot. Le silence s'étire.
« Nous ne sommes plus très loin. (À nouveau un sourire las se dessine, derrière la lueur de la braise.) Tout sera bientôt terminé. »
Simon se ressaisit un peu, se redresse sur son siège, écarte les mèches mouillées de son front blafard. Une mélodie joyeuse, la sonnerie d'un appel entrant, résonne dans l'habitacle. Son regard s'arrête sur l'homme assis en passager avant, crâne rasé en contre-jour dans la lumière d'un écran de téléphone.
« Eh, qu'est-ce que vous foutez avec mon portable ? »
L'homme ne se retourne pas, ses doigts poursuivent leur course sur le clavier, sans même sembler l'entendre. Simon s'étire en avant, s'apprête à lui toucher l'épaule, mais une main osseuse, tachetée par le tabac, intercepte son bras.
« Ne vous occupez pas de ça. (Les yeux gris le fixent, acérés.) Regardez dehors. Vous reconnaissez le quartier ? »
Simon essaye de se dégager, sans conviction, mais obéit, se penche vers la fenêtre.
« Oui... oui... le petit Wallmart, ici... c'est encore à quelques rues d'ici... enfin je sais pas en voiture, je suis venu à pied la dernière fois, enfin, je veux dire, depuis le métro... »
La sonnerie de son portable s'élève encore une fois. Il tressaille.
« Je peux répondre ? S'il-vous-plaît... (S'adressant au passager avant, toujours illuminé par l'écran.) Ou dites-moi juste qui c'est...? »
La lumière du téléphone disparaît, l'homme le glisse dans le vide-poche de la portière. La main du plus âgé vient se poser sur l'épaule de Simon, amicale cette fois, ou plutôt paternelle.
« Redonnez-moi mon téléphone, maintenant, s'il-vous-plaît. Je ne vais pas m'en servir, je veux juste le récupérer...
- C'est impossible pour le moment, Simon.
- Pourquoi ? Je vous aide, ou je suis suspect, là ?
- Ne soyez pas stupide. C'est une question de sécurité. (Le vieil homme se penche vers lui pour regarder par la fenêtre de son côté. Désigne une petite villa de plein pied, cerclée de ses haies bien taillées.) C'est celle-ci, au bout, n'est-ce pas ? »
Simon hoche la tête. Le chauffeur commence à ralentir, peu à peu ; ils passent lentement devant la façade obscure, d'un blanc qui vire au bleuté sous l'éclairage urbain. S'arrêtent au milieu de la rue, le moteur ronronnant doucement.
« Vous croyez... vous croyez qu'il... (La voix du jeune homme se brise.) Qu'il est déjà là... ?
- Non... Non, nous l'avons pris de vitesse. Votre estimation de l'heure était exacte. (Demi-sourire, vaguement amical, mais le regard reste sombre, las, comme résigné.) Vous doutez trop de vous-même, Simon. Dites-moi, réfléchissez, où pourrait... -il, chercher à entrer ? Vous avez fait le tour du quartier, je suis sûr que vous avez toujours les rues avoisinantes en mémoire. Que va faire Mr. Jack, Simon ?
- Il y a... (Il déglutit.) Il y a une autre entrée... Il y a deux portes... Celle qu'on voit, devant, là... et derrière, sur le jardin, il y a une porte... porte en bois, je crois... le lampadaire est sur l'autre trottoir, plus loin... c'est très sombre. Il y a un petit portillon. Oui, je pense que... je pense qu'il devrait passer, oui... par ici. »
Le vieil homme hoche la tête. Sans un mot de sa part, le chauffeur enclenche une vitesse, poursuit jusqu'à l'intersection, contournant la maison, va stationner devant le portillon, forme claire qui se détache sur l'obscurité de la haie. Cliquetis des portières, les deux hommes installés à l'avant descendent, dans une bourrasque d'air froid qui envahit aussitôt l'habitacle.
Simon les suit du regard comme ils passent le portillon, s'engagent dans le jardinet.
« Qu... qu'est-ce qu'ils font ?
- Reconnaissance du terrain. C'est la dernière étape avant l'intervention. »
Une note étrange traîne dans sa voix, quelque chose sonne vaguement faux. Simon le regarde écraser sa cigarette à demi consumée, sortir de sa poche une paire de gants de cuir, qu'il commence à enfiler.
« Qu'est-ce que... »
Une lueur de phares l'aveugle, une voiture vient de prendre l'intersection, s'arrête dans un crissement de pneus. La portière conducteur s'ouvre à la volée. Une silhouette sort, téléphone à la main. Dans le vide-poche, à l'avant, le portable se met à sonner.
Simon s'étrangle à demi, articule dans un râle :
« Sophie... ? »
L'air glacé le nimbe à nouveau comme le vieil homme sort à son tour. Dans la petite maison, des coups de feu retentissent. Des cris. Le vieil homme tend le bras dans un éclat métallique.
« Putain de... »
Le revolver rugit dans la main gantée de cuir. Dans la lueur des phares, la silhouette de Sophie vacille, s'écroule en arrière. Cri déchirant comme l'ombre se tord au sol hurle hurle hurle sans fin et Simon sent qu'il pleure. La deuxième détonation interrompt les cris mais pas les larmes.
Dans un brouillard rouge comme au ralenti Simon voit le vieil homme baisser son arme pour se tourner vers lui. Le gant l'empoigne au col le tire hors de la voiture comme un pantin. Ses jambes ne tiennent plus il chancelle manque s'écrouler mais sa poigne le retient le pousse vers le portillon resté ouvert.
Dans la maison les coups de feu ont cessé les deux types réapparaissent émergent de la petite porte l'un d'eux tient une arme et l'autre quelque chose de rond de plat qui ressemble à
un masque de citrouille.
Le vieux fumeur le force à se tourner ses yeux gris sont sombres plus sombres que la gueule du revolver qui avance qui se glisse sous son menton et qui
Cliquetis du briquet, une main en creux devant la flamme pour étouffer la lueur. L'homme en noir observe ses deux sbires qui fourrent les armes dans les mains de Simon, les enduisent de sa sueur. Le portable retourne dans la poche de son sweatshirt, toujours ouvert sur le dernier appel manqué du numéro de Sophie.
Il retourne au portillon, enjambe le corps. Éclat blanc et bleu derrière les orbites du masque grotesque, les yeux de Simon le fixent, parsemés de petites gouttes de sang.
Remontant dans la voiture, avant que le chauffeur n'amorce le demi-tour, un mouvement près de la haie arrête son regard.
Une tête difforme, ombre bossue, décharnée, membres noueux comme des racines. Deux lueurs comme de minuscules bougies, qui suivent leur départ.
Comme il tire une longue bouffée, le reflet de sa braise les remplace quand ils tournent à l'angle, semblable à un clin d’œil.
« Et... ça fait longtemps que... » La pomme d'Adam fait un va et vient, avec difficulté, son front brille, perles de sueur sur la peau blanche, entre les mèches un peu hirsutes. « Ça fait longtemps que le FBI est au courant pour ce genre de trucs ? »
Le briquet s'illumine dans la pénombre de la voiture, laisse apparaître un instant le visage ridé, austère, sur le reflet de la vitre.
« Je ne peux rien dévoiler à ce sujet. (Pause, le temps d'une bouffée.) Mais nous vous suivons depuis le début de vos activités sur le sujet. Avec, je dois le dire, le plus grand intérêt. »
Simon s'agite sur son fauteuil, grimace un sourire qui tire sur le rictus. Il arrange sa capuche, regarde dehors, se reporte sur son interlocuteur.
« Bordel, ça fait trois ans que vous me suivez ? Enfin, je m'entends... pas physiquement, enfin... vous faites quoi... vous tracez mon IP ? »
Sa voix est une composition subtile de méfiance, d'angoisse, et peut-être surtout d'excitation. Son regard passe du vieil homme installé à sa droite aux deux types assis à l'avant, impassibles, rigides (le chauffeur se limite aux mouvements indispensables pour la conduite). Il déglutit encore, repousse ses mèches, tire sur le tissu de son sweatshirt sombre. Observe en coin la braise orangée de la cigarette, le nuage qui monte doucement. La réponse ne vient pas, il se tasse, jambes croisées, triture ses lacets.
Dehors les lampadaires défilent, lueur jaune des vieux halogènes devant les façades de petites maisons pavillonnaires. Quelques fenêtres sont encore allumées, à intervalles irréguliers. Il est tard.
« Je comprends pas pourquoi vous avez besoin de moi, au final... (Hésitation. Simon guette une réaction.) Si vous avez suivi tout ce que j'ai mis en ligne, vous auriez pu intervenir directement, non ? »
La voix polie, mesurée, s'élève après une dernière bouffée qui nimbe le reflet d'une brume âcre.
« C'est question d'efficacité. Les informations que vous avez partagées sur votre blog nous ont certes été précieuses... c'est en particulier votre essai de détermination d'un schéma prévisionnel du comportement du suspect en fonction de la localisation des différents lieux représentés sur les extraits vidéos qui a retenu notre attention. Un travail impressionnant... Très professionnel... Toutefois, étant donné que vous ne vous êtes contenté que de photographier les lieux depuis, semble-t-il, un point éloigné... Votre confirmation nous semble indispensable pour éviter une erreur au dernier moment, lorsque nous déploierons l'effectif pour l'interpellation.
- Faut dire que j'avais les jetons, aussi, hein... »
Sourire conciliant. Une nouvelle cigarette apparaît entre les mains un peu ridées, le briquet étincelle.
« Il ne s'agit nullement d'un reproche. Votre contribution est admirable. »
Simon émet un gloussement, hoquet nerveux, sec.
« Putain, quand Sophie va savoir que j'aurais aidé le FBI à choper cette... cette chose. »
Le vieil homme se détourne de la fenêtre pour l'observer, sa braise rougeoie comme il tire une longue bouffée.
« Votre amie est informée de votre investigation à ce sujet ?
- Oui, c'est bien la seule qui m'écoute, de toute façon... Mais même elle, elle ne me croit pas. Elle se fout de moi. (Il ricane.) Quand je vais lui raconter tout ça... ! »
Sa voix dérape un peu, il s'éclaircit la gorge, reprend sur un ton plus inquiet :
« Vous comptez arrêter ce... l'arrêter, là, cette nuit... la... la chose ? (Il désigne de la tête les deux hommes installés aux places avant, raides et silencieux.) Je veux dire... vous allez y aller à... je veux dire... à trois ? »
Les yeux gris d'acier le fixent, dans la pénombre, un long moment. Simon s'agite, détourne le regard.
« Notre objectif, et le seul rôle que vous aurez à remplir de votre côté, est d'assurer la reconnaissance du site. Suite à quoi, nos équipes prendront le relais pour se déployer et procéder à l'intervention. (Nuage de fumée, qu'il souffle lentement.) Les affaires de cette nature requièrent particulièrement de précautions... et la plus totale discrétion. »
Il se tourne à nouveau vers la fenêtre, un instant, puis revient au jeune homme, qui se recroqueville un peu plus.
« Je voudrais que nous en revenions à votre blog, Simon. Parlez-moi de ce rêve, que vous racontez dès la première page... Cette apparition... la silhouette anthropomorphe qui se dresse, le visage, ou plutôt le masque... Il s'en prend à des enfants, chaque année, à la même période, ce récit revient. D'autres lieux, d'autres familles... toujours les mêmes actes atroces...
- J'ai toujours eu ce rêve, à la période d'Halloween... (Simon est blême, il déglutit. Son visage se couvre peu à peu de sueur.) Et j'ai toujours... j'ai toujours en fait... que... que c'en était pas vraiment un, enfin... qu'il... qu'il... était vraiment là, quelque part... mais j'étais trop jeune... trop jeune pour comprendre, enfin... pour faire le lien avec... (Son souffle s'accélère, il est en nage.) Putain, quand j'ai vu ça à la télé... le meurtre, les deux gosses découpés... putain, découpés en deux comme des putains de poulets, et la p'tite sœur... tout ce qu'elle disait... ce qu'elle avait vu... »
Sa voix s'étrangle, il ne parvient pas à finir.
« Le visage de citrouille », achève le vieil homme, tapotant sa cigarette au-dessus du cendrier. « Mr. Jack... Jack O'Lantern... »
Simon tressaille à chacun de ces deux noms, hoquette, retient un sanglot. Le silence s'étire.
« Nous ne sommes plus très loin. (À nouveau un sourire las se dessine, derrière la lueur de la braise.) Tout sera bientôt terminé. »
Simon se ressaisit un peu, se redresse sur son siège, écarte les mèches mouillées de son front blafard. Une mélodie joyeuse, la sonnerie d'un appel entrant, résonne dans l'habitacle. Son regard s'arrête sur l'homme assis en passager avant, crâne rasé en contre-jour dans la lumière d'un écran de téléphone.
« Eh, qu'est-ce que vous foutez avec mon portable ? »
L'homme ne se retourne pas, ses doigts poursuivent leur course sur le clavier, sans même sembler l'entendre. Simon s'étire en avant, s'apprête à lui toucher l'épaule, mais une main osseuse, tachetée par le tabac, intercepte son bras.
« Ne vous occupez pas de ça. (Les yeux gris le fixent, acérés.) Regardez dehors. Vous reconnaissez le quartier ? »
Simon essaye de se dégager, sans conviction, mais obéit, se penche vers la fenêtre.
« Oui... oui... le petit Wallmart, ici... c'est encore à quelques rues d'ici... enfin je sais pas en voiture, je suis venu à pied la dernière fois, enfin, je veux dire, depuis le métro... »
La sonnerie de son portable s'élève encore une fois. Il tressaille.
« Je peux répondre ? S'il-vous-plaît... (S'adressant au passager avant, toujours illuminé par l'écran.) Ou dites-moi juste qui c'est...? »
La lumière du téléphone disparaît, l'homme le glisse dans le vide-poche de la portière. La main du plus âgé vient se poser sur l'épaule de Simon, amicale cette fois, ou plutôt paternelle.
« Redonnez-moi mon téléphone, maintenant, s'il-vous-plaît. Je ne vais pas m'en servir, je veux juste le récupérer...
- C'est impossible pour le moment, Simon.
- Pourquoi ? Je vous aide, ou je suis suspect, là ?
- Ne soyez pas stupide. C'est une question de sécurité. (Le vieil homme se penche vers lui pour regarder par la fenêtre de son côté. Désigne une petite villa de plein pied, cerclée de ses haies bien taillées.) C'est celle-ci, au bout, n'est-ce pas ? »
Simon hoche la tête. Le chauffeur commence à ralentir, peu à peu ; ils passent lentement devant la façade obscure, d'un blanc qui vire au bleuté sous l'éclairage urbain. S'arrêtent au milieu de la rue, le moteur ronronnant doucement.
« Vous croyez... vous croyez qu'il... (La voix du jeune homme se brise.) Qu'il est déjà là... ?
- Non... Non, nous l'avons pris de vitesse. Votre estimation de l'heure était exacte. (Demi-sourire, vaguement amical, mais le regard reste sombre, las, comme résigné.) Vous doutez trop de vous-même, Simon. Dites-moi, réfléchissez, où pourrait... -il, chercher à entrer ? Vous avez fait le tour du quartier, je suis sûr que vous avez toujours les rues avoisinantes en mémoire. Que va faire Mr. Jack, Simon ?
- Il y a... (Il déglutit.) Il y a une autre entrée... Il y a deux portes... Celle qu'on voit, devant, là... et derrière, sur le jardin, il y a une porte... porte en bois, je crois... le lampadaire est sur l'autre trottoir, plus loin... c'est très sombre. Il y a un petit portillon. Oui, je pense que... je pense qu'il devrait passer, oui... par ici. »
Le vieil homme hoche la tête. Sans un mot de sa part, le chauffeur enclenche une vitesse, poursuit jusqu'à l'intersection, contournant la maison, va stationner devant le portillon, forme claire qui se détache sur l'obscurité de la haie. Cliquetis des portières, les deux hommes installés à l'avant descendent, dans une bourrasque d'air froid qui envahit aussitôt l'habitacle.
Simon les suit du regard comme ils passent le portillon, s'engagent dans le jardinet.
« Qu... qu'est-ce qu'ils font ?
- Reconnaissance du terrain. C'est la dernière étape avant l'intervention. »
Une note étrange traîne dans sa voix, quelque chose sonne vaguement faux. Simon le regarde écraser sa cigarette à demi consumée, sortir de sa poche une paire de gants de cuir, qu'il commence à enfiler.
« Qu'est-ce que... »
Une lueur de phares l'aveugle, une voiture vient de prendre l'intersection, s'arrête dans un crissement de pneus. La portière conducteur s'ouvre à la volée. Une silhouette sort, téléphone à la main. Dans le vide-poche, à l'avant, le portable se met à sonner.
Simon s'étrangle à demi, articule dans un râle :
« Sophie... ? »
L'air glacé le nimbe à nouveau comme le vieil homme sort à son tour. Dans la petite maison, des coups de feu retentissent. Des cris. Le vieil homme tend le bras dans un éclat métallique.
« Putain de... »
Le revolver rugit dans la main gantée de cuir. Dans la lueur des phares, la silhouette de Sophie vacille, s'écroule en arrière. Cri déchirant comme l'ombre se tord au sol hurle hurle hurle sans fin et Simon sent qu'il pleure. La deuxième détonation interrompt les cris mais pas les larmes.
Dans un brouillard rouge comme au ralenti Simon voit le vieil homme baisser son arme pour se tourner vers lui. Le gant l'empoigne au col le tire hors de la voiture comme un pantin. Ses jambes ne tiennent plus il chancelle manque s'écrouler mais sa poigne le retient le pousse vers le portillon resté ouvert.
Dans la maison les coups de feu ont cessé les deux types réapparaissent émergent de la petite porte l'un d'eux tient une arme et l'autre quelque chose de rond de plat qui ressemble à
un masque de citrouille.
Le vieux fumeur le force à se tourner ses yeux gris sont sombres plus sombres que la gueule du revolver qui avance qui se glisse sous son menton et qui
Cliquetis du briquet, une main en creux devant la flamme pour étouffer la lueur. L'homme en noir observe ses deux sbires qui fourrent les armes dans les mains de Simon, les enduisent de sa sueur. Le portable retourne dans la poche de son sweatshirt, toujours ouvert sur le dernier appel manqué du numéro de Sophie.
Il retourne au portillon, enjambe le corps. Éclat blanc et bleu derrière les orbites du masque grotesque, les yeux de Simon le fixent, parsemés de petites gouttes de sang.
Remontant dans la voiture, avant que le chauffeur n'amorce le demi-tour, un mouvement près de la haie arrête son regard.
Une tête difforme, ombre bossue, décharnée, membres noueux comme des racines. Deux lueurs comme de minuscules bougies, qui suivent leur départ.
Comme il tire une longue bouffée, le reflet de sa braise les remplace quand ils tournent à l'angle, semblable à un clin d’œil.
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