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Mok'kra Snardat.

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Mok'kra Snardat. Empty Mok'kra Snardat.

Message par Stacy Trojan Jeu 18 Fév - 19:11

Il faisait bon, ce soir-là. Et comme disait un auteur qui avait fasciné Stacy lors de ses rares moments de paix : "En ce début d'été, le ciel avait une couleur vomi de chat. Bien sûr, il faudrait gaver le chat de croquettes au saumon pendant un bout de temps avant d'obtenir ces teintes rosées. » Mais elle n'en restait pas moins le souffle coupé par l'immensité du lieu et sa versatilité. Les quelques minutes, heures, peu importe d'ailleurs, qu'elle avait passé ici lui avaient dévoilés, sans qu'elle ne sache vraiment dire à quel moment les transitions avait eu lieux, son pays natal, avec ses grandes plaines rustiques, dont on distinguait bien souvent à l'horizon les formations rocheuses caractéristiques de ces bonnes vielles BD à la Lucky Luke.

Elle avait versé sa petite larme, devant les vagues artificielles de l'Ocean de Masego. Prison naturelle, majestueuse, dont elle avait regretté d'avoir compris le fonctionnement bien des fois. Son ami Killian avait souvent espéré "que les vents changent", pour partir à la nage, loin d'ici. Elle n'avait jamais eu le cœur de lui dire pour les turbines et autres merveille d'ingénierie qui les retenaient prisonnier, sans barrière visibles...

Le soleil du Mexique était venu caresser sa peau, bien moins brulant et écrasant que dans son souvenir. Le gout des mangues, sucré et si désaltérant lui était revenu furtivement. Les choses simples de la vie, qui au final sont peut-être bien ce qu'il y a de plus marquant dans ce monde.

Les bâtiments vertigineux de Paris, qui l'avaient fait se sentir si petite, l'avaient entouré brièvement, pour laisser la place aux grattes ciel de Tokyo... Elle avait aimé ces endroits, ils l'avaient marqués pour le restant de ses jours.

C'était une rivière qui s'était ensuite présentée à elle. L'eau était claire, pas de mousse, ou d'algue annonciatrice de pollution. Des poissons y nageaient, semblant évoluer de manière insouciante, épargné par la mer de plastique  qui avaient inondés les médias. Il n'y avait pas à dire, c'était une scène splendide qui s'offrait à elle.

Elle ne savait plus trop à quel moment elle avait retroussé son jean, les pieds dans l'eau, elle gloussait à la vue de la corne et de ses ampoules; ça faisait partit d'elle maintenant, une trace de son passé. Elle avait beau chercher, encore et encore, elle n'avait aucun souvenir de cet endroit. Mais elle s'y sentait bien.

Deux étranges petits cailloux, blancs, avec des formes bien distinctes, lui accrochèrent l'œil. Si l'eau n'avait pas été aussi fraîche, elle y aurait bien plongé pour les ajouter à sa collection de trucs inutiles. Ses pierres en tout genre, précieuses ou banales, des mèches de cheveux, des poils d'animaux, et même une dent de lapin. Stacy avait commencé à oublier. Ce sac était devenu, en quelque sorte, son disque externe, un point de sauvegarde.
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Message par Karess Ven 19 Fév - 0:06

Cette source d’eau m'est familière…
Dans l'eau miroitante stagnante, je viens tristement constater les dégâts. Je contemple en geignant et en grimaçant mon reflet misérable dans l'eau...
"Putain... Les salauds, ils m'ont pas loupé... Mes pauvres petits chicots..."
Voir mon reflet mue ma rancune en profond abattement, empreint de questions existentielles. Ca me fait toujours étrange, de me voir dans une mare d'eau. Cette sensation que "ça, c'est moi... ça, ce corps, cette trogne, c'est moi...  Ses pauvres dents... Je les aimais, ses dents..." Je joue tristement avec mon reflet... Oh oui, je les aimais mes dents... J’aime affectueusement chaque élément de mon anatomie, mais les dents, c'était un des trucs sur lesquels la nature m'avait gâté, de l’avis des copines elles-mêmes. Même Ludra et Murbol me l'avaient concédé... Au moins ça n'est pas celles les plus sur le devant quand je fais mes rictus, ça reste relativement discret sur le côté le trou.
Mais putain... Qu'est-ce que ça fait mal, j'en peux plus...

J’ai lâché un profond soupir de résignation, fermant les paupières sur mes yeux d’un rougeoyant devenu tristement terne, me fermant au monde, à ses rires gras stupides et à ses bruits agressifs qui profanent le silence caverneux… Être ailleurs, ailleurs de corps et d’esprit, juste un petit instant…

Ca m’emporte comme une sensation de flottement... D’envol…
Quand je rouvre les yeux au milieu, balayant du regard la caverne à la source d’eau, je suis seul... Seul avec mon reflet dans l’eau. Une eau stagnante dans la mare, et qui en même temps s’écoule le long d’une rivière, par un trou de souris qui n’est accessible qu’à un Orquon de mon gabarit. Moi et mon moi dans l’eau, on produit le même hoquet d’étonnement aigu et animal…
La douleur dans mes dents pulse, mais comme retenue ailleurs, émanant des contrées d’un autre monde… Dodelinant de la tête, curieux de mon environnement, j’entreprends de suivre le courant d’eau, me dirigeant vers le trou de souris. Quittant cette caverne devenue silencieuse comme une crypte. Un silence ponctué de bruits sinistres mais d’un sinistre… Serein et distant. Qui cherche moins à vous glacer le sang qu’à vous ouvrir la voie vers un voyage intérieur… La beauté des ténèbres…


***


« Euh… D’accord, c’est… Ca se tient… Après tout c’est un genre de rêve, pas vrai ?»
Il n’y a que peu de logique dans cet environnement, communément au monde des rêves, aussi lucide soit celui-ci. L’eau qui s’écoulait dans ce trou de souris qui miroitait comme en plein jour dans le noir abyssal à son embouchure. Les trous de souris plongés dans la pénombre, ça m’fait pas peur. C’est un trou de souris comme celui-ci qui nous a sauvés de ma génitrice, mon frère génétique et moi…
A peine me suis-je faufilé dedans, dans ce qui s’apparentait comme un abîme insondable, que la sortie m’apparait. D’abord mal à l’aise devant cette hausse subite de clarté, il m’apparait que c’est une clarté nocturne, apaisante. Le ciel d’une teinte ocre qui ne plonge pas le monde dans les ténèbres, mais qui le berce dans cette même teinte nocturne que le ciel. Un parfait terrain d’entente sur ce que devrait être le ciel pour une paix entre les Orques et les Hommes. Le trou de souris débouchait sur les cantonnements extérieurs de ma légion, ses crêtes parcourues de palissades et de retranchements défensifs où flottaient les bannières des miens et reposaient des râteliers d’armes et d’amures…
A quelques mètres de moi, le courant d’eau qui débouchait avec moi du trou de souris se muait en une rivière qui descendait en cascadant au-travers du camp et des retranchements. L’eau, cet élément phobique pour les miens, et qui pourtant ici s’écoule parmi nos défenses dans une parfaite harmonie…
J’ai entrepris la descente de la rocaille en observant ce monde. La grande Gundabad que j’ai juré de défendre dans le lointain. Et plus loin encore, les grandes Portes Noires de la patrie dont les miens se réclament et que nous avons juré de reprendre un jour… Dans d’autres vies, nous sommes bel et bien au Mordor et non guère des réfugiés à l’autre bout du monde, et Mordor Résiste.
Vers d’autres horizons, c’est un abîme insondable et étoilé.
D’autres, des plaines et de sinistres forêts...
Et d’autres font se dresser des cités gargantuesques, faites de tours tout bonnement inconcevables et indescriptibles…  

Mais ce qui capte mon attention alors que je gagne le ventre en pente douce de la première ligne de défense du camp, c’est cette femelle humaine dont je sens rapidement l’odeur. Elle est juste là, N’aurait été envoûtant ce décor absurde et onirique, il aurait fallu être aveugle pour ne pas la voir semblant paresser avec la même fascination que moi au-dessus de l’eau, au beau milieu du camp, sans se cacher aucunement…

Avec mon pas naturel de fantôme, elle ne s’aperçoit de ma présence que lorsque je suis tout proche, à distance respectueuse et inoffensive et à portée de conversation calme. Son regard s’attarde sur moi, me découvre en retenant mes pieds-mains et mes mains griffues… Mes yeux rouges, aussi ternes soient-ils. Sur ma trogne à la lèvre tuméfiée.
Et sur mon épieu.
Je me hâte de le poser à terre et d’exposer les mimines, faire comprendre par mon attitude corporelle et dans les grognements légers que je produits, que je ne suis pas un danger…  

Portant deux doigts à la bouche côté gauche pour compenser mes lèvres enflées, dans le westron le plus pacifique que je peux, je finis par articuler :
« Mok’kra An* (humaine)… N’ayez pas peur, s’il-vous-plait. Ce qu'on dit sur nous n'est pas forcément vrai, je ne vous veux aucun mal… Je suis juste curieux.»


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Dernière édition par Karess le Jeu 25 Fév - 9:32, édité 1 fois
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Message par Stacy Trojan Ven 19 Fév - 1:28

Elle n'était pas sûre, mais elle avait cru entendre bouger, non loin. Quelque chose, quelqu'un, de tout petit. Un animal sauvage peut-être.  Une hermine, sûrement. Elle aimait bien les hermines. Des petites fouines, comme elle.

Le son semblait s'être rapproché, c'est avec surprise que Trojan découvrit un petit être, qui lui était difficile à identifier. Elle l'étudiait du regard, de haut en bas, ramenant ses jambes vers elle pour les croiser et ainsi ne plus tourner le dos à la créature.
Cette dernière avait du croire qu'elle avait amorcé un mouvement de recul, voir de fuite, car elle s'était empressée de se débarrasser de son arme, se montrant la plus pacifistes possible.

" -J'en avait jamais vu, des grenouilles comme toi. "

Avait-elle lâché avec la maladresse qui la caractérisait, lorsqu'elle était... "Elle". La jeune femme était la preuve vivante que l'on pouvait être un grand génie criminels à la face du monde, et un être humain tout ce qu'il y avait de plus... Humain. Spontané, naïf, et qui ne brille pas toujours par son intelligence.

"-Je veux dire, évidemment, qu't'es pas une grenouille. "

Une main caleuse passa dans la crinière hirsute de la jeune femme, qui fit une petite mou. Elle frotta ensuite vigoureusement sa nuque engourdie, semblant plutôt détendue. Les monstres, ça ne lui faisait pas peur. Du moins, pas autant que les hommes. Elle avait même consacré un calepin a leurs études, et lui, il était si petit, si étrange, avec sa peau décolorée et ses yeux rouge. Elle poursuivi de l'examiner, avant de froncer les sourcils, embêtée par son propre manquement à la politesse la plus rudimentaire.

"- Salut, c'est ce que j'aurais dû dire en premier. "

Elle lui adressa dans la foulée son plus beau sourire, dénué de tout hypocrisie, ou idées cachées.

" -Moi aussi, j'suis curieuse. Mais je crois que peu importe l'énergie que j'y met, je ne comprends jamais rien. Même ce monde, j'y comprends rien. "

Un voile de tristesse passa sur son regard, les reflets de miels, bien vite remplacé par des teintes qui rappelaient ces vieux chênes, ou elle grimpait, plus jeune. Ce constat lui pinçait un petit peu le coeur, mais, elle venait de faire une nouvelle rencontre, aussi inattendue soit-elle. Et ça, ça la mettait en joie.

"- Tu... Veux venir "ne rien comprendre" avec moi ? "


Declara-t-elle finalement, l'invitant à la rejoindre au bord de l'eau d'un signe de tête.


Dernière édition par Stacy Trojan le Ven 26 Fév - 11:05, édité 1 fois
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Message par Karess Ven 19 Fév - 18:12

Grenouille ?
<< Arsh... Niaï ?>> (Je viens d'éructer d'étonnement, la scrutant sous tous les angles, dodelinant de la tête. A ses oreilles, ça sonne à raison comme des couinements aigus et animaux. Car c'est ce que je suis, un animal...)

"-Je veux dire, évidemment, qu't'es pas une grenouille... "
-- Rrrrr... (Ça, c'est juste mes remontées gastriques incontrôlées, qui rendent ma respiration rêche. Ça gratte bruyamment dans le gosier, notre respiration d'Orque, si on ne s'efforce pas de la contrôler...)
J'ai cligné des yeux en la dévisageant. C'était... Osé, et franchement avec la fatigue intense, l'humour, m'est passé au-dessus de la tête sur le coup. Pourtant... Je ne m'en offusque pas. Au contraire même. Les grands nous ont mis en garde à propos des An-aï de genre féminin : ''Craintives et le cri strident et suraigüe si elles vous repèrent en maraude''.

Pas craintive le moins du monde, cette An. Gentille et ouverte d'esprit au point de faire des traits d'humour... Sur son invitation, je me rapproche à pas modérés. Même si elle n'a pas peur, je ne voudrais pas avancer à grands pas et lui donner l'impression que je cherche à la manger.
Je viens m'accroupir à son côté pour contempler l'eau ensemble.
Rien d'autre. Pas la moindre intention cachée, pas la moindre quête de domination... Juste nos deux fëar en phase, qui communient paisiblement alors que j'observe le regard de son reflet dans l'eau. La même fatigue dans nos regards. Le même besoin vital d'évasion...
Autant d'eau c'est sacré, et tout Orque meurt de soif. Alors je me permets de boire abondamment. Elle est d'une fraîcheur, sans germe... Délectable...
Désaltéreé, je me redresse auprès de ma compagnie humaine...

<< Je ne ressens pas la moindre pointe de jugement dans vos yeux et votre attitude... Ce jugement qui caractérise toute interaction entre deux êtres de différentes races dans notre monde. Qui caractérise toute interaction entre membres de même race d'ailleurs... C'est bien... Je ne sais rien de vous, An, et pourtant, je nous sens étonnamment en phase...
<<Et, j'ai noté que vous avez employé le tutoiement... Êtes-vous... Une ''noble'' ? Je préfère le tutoiement moi aussi, si vous me permettez...


En tout cas, bien mystérieuse... Je porte sur elle un regard en direct, et  me vient un questionnement troublant : ''Est-elle seulement de mon monde ?''
Du temps s'écoule et je ne peux pas m'empêcher de ramener le regard  sur elle. Au bout d'un moment, je ne cherche même plus à m'en cacher, laissant libre cours à cette curiosité que je ressens à son égard. Son accoutrement, quoique très simple, est fait de matières, de tissus et de teintures inconnus au bataillon et captivants. Usés, mais net comme jamais uniforme d'Uruk, loque d'Orque ou guenille d'Hommes séides d'Erû ne l'ont jamais été à ma vie.
Même sa chevelure est soyeuse et magnifique, fascinante par son aspect, sa couleur. Sa peau même, d'une d'une odeur très singulière, me semble déjà tout bonnement magique de bonne portance. Ça n'est pas la beauté endurcie et féroce d'une guerrière Orque comme Ludra, mais même si les parfumeries et autres artifices des ''peaux tendres'' pour nier leur appartenance au règne animal sont d'ordinaire assez risibles, ce serait être parfaitement stupide de ne pas constater chez cette An à quelle point elle est de meilleure santé physique que moi, que nous...
N'aurais-je le privilège de l'entraînement militaire pour rehausser le niveau, je m'enpourprerais de honte...

<<Tu... Une grosse gêne... Allez, demande p'tit timide, c'est comme ça qu'on apprend... Tu permets que je tâte et que je renifle ? Je suis fasciné par ton allure et tes habits, mais je ne sais pas si c'est très... Correct, de faire ça chez vous...>>
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Message par Stacy Trojan Ven 19 Fév - 23:14

Quel drôle de petit être, décidément. Les sons qu'il avait laissé échappé faisaient échos avec ceux que pouvaient produire les créatures fantastiques qu'on retrouvait dans les films d'animation qu'elle avait regardé d'un œil distrait, enfant. Et même ses grognements, ironiquement, le rendaient attachant. Une mimique guillerette, tendre, prit place l'espace d'un instant sur la figure de la jeune femme, tandis que l'inconnu s'installait à ses côtés.

Elle se laissa aller à soupirer, profondément; Ici pas d'ennui ni d'agacement, mais un authentique sentiment de paix et une tentative vaine de retirer le poids sur son buste, qui l'écrasait depuis maintenant bien trop longtemps.

Il était si singulier, ce petit père, avec ses petites pognes drôlement griffue et son petit corps qui flottait dans sa chemise. Ses yeux étaient définitivement le détail préféré de la jeune femme le concernant. Si, lorsqu'elle avait eu un rat albinos en tant qu'animal de compagnie, la plupart des gens s'effrayaient d'un rien, Stacy, elle, était absolument fascinée d'apprendre que cette coloration était due a l'absence de mélanine dans l'organisme, et que ce rouge profond, n'était que le fruit des vaisseaux et canaux qui existaient, derrière l'organe. Elle avait aimé expliquer lors d'un échange à ce sujet que l'expression "Les yeux sont le reflet de l'âme" était un peu plus vraie, lorsque l'on croisait les iris d'êtres porteur de cette mutation génétique, et que l'Amarante, la teinte de rouge qui leurs était si caractéristique, provenait d'une fleur, dont le nom signifiait « ne fane pas ». Un beau compliment hélas sûrement jamais formulé pour le petit Snardat.

Cette contemplation, aussi longue et assumée qu'elle aie put être, n'eut rien en commun avec une forme de voyeurisme, mais plutôt, une forme d'appréciation mutuelle, interrompue par la soif du petit être. A le voir, on aurait pu croire qu'il frôlait la déshydratation, qui sait, avait-il traversé un désert sans oasis ? Elle n'avait pas pu s'empêcher de remarquer les différentes ecchymoses et sa chaire grisâtre meurtrie. La petite voix dans sa tête, qui avait un attrait pour ces choses la, dressait la listes des objets et situations qui auraient pu laisser de telles marques. Par pudeur, elle se garda de ramener son camarade à sa souffrance. Peut-être avait-il oublié.

"-J'y gagnerait quoi, à te juger ?" Souffla-t-elle, égayée.

C'était drôle, l'animalité qui se dégageait de lui et son parlé parfait, soutenu qui venait totalement en contradiction. Déroutant, mais drôle. Encore plus, lorsque sa propre désinvolture lui parvint aux oreilles. Loin d'elle l'idée de faire preuve d'irrespect, c'était simplement comme ça qu'elle s'exprimait. Sans filtres, sans maquillage. Simplement, et humainement.

"-Je, oh... On ne peux pas vraiment dire que je sois Noble, non. Des titres, j'en ai eu quelques uns : patiente, rat, fugitive et même terroriste je crois. Enfin ça, c'était un accident... Mais Noble ? Non, pas celui-là. Les gens ne m'aiment pas trop en général, je suis... Marginale et désuète pour eux. "

Elle ne savait pas trop si elle pouvait leurs en vouloir d'ailleurs. Après tout, qu'avait-elle fait de si exceptionnel dans sa vie ? "Pleins de trucs." pensa-t-elle. "Mais pas les bons." Pas ceux pour lesquels on vous admire ou récompensent.

"-Mais tu peux m'appeler Trojan, si tu veux. C'est plus court. Et au diable le vouvoiement. "

Le petit jeu de contemplation reprit, franc et amusé. Stacy agitait les orteils, les comparant silencieusement au doigts de son compère, puis, surprise, elle redressa ensuite la tête, cherchant à quoi il pouvait bien faire référence lorsqu'il demandait à user de ses autre sens. S'il était vrai que c'était une requête inhabituelle, elle songea que c'était peut-être un genre de coutume locale, comme à Hawaii avec les colliers de fleurs mais... Sans collier de fleurs, justement.

Toute bête, elle lança un regard sur ses épaules, ses jambes, avant de tendre naïvement les bras, déconcertés. Sans se douter que sa crinière et ses vêtements avaient quelque chose d'irréel ici, elle s'était dit que c'était surement ça qui avait attiré son attention.  Il y avait de vielles cicatrices blanches, redevenue presque lisses et sa coquetterie se limitait souvent à un peu de noir au yeux, et du macérât huileux de fleurs fait maison sur le corps, une forme de tentative désespérée de gagner le pardon de son épiderme après son passage au Mexique, à grand coup d'actif de pâquerettes.

"- Je crois que je peux prendre ça comme un compliment, et te le retourner par la même occasion. T'es bien singulier comme petit-père.
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Message par Karess Sam 20 Fév - 19:27


« Twrroy'An ! Twrroy'An... Twrroy'An ! » J'en répète le nom, l'essayant sous plusieurs intonations. Nasillarde. Gutturale... Simple. Ça résonne guerrier.
– D'accord, Trojan. Content de faire ta connaissance... Je ne sais pas vraiment comment je me suis retrouvé en cette contrée étrange... C'est comme une sorte de rêve, pas vrai ? On doit rêver sans doute, toi et moi... Je sens que ça n'est pas fait pour durer, mais... Autant en profiter tant que ça dure... »

On a joué avec nos orteils. Une An amoureuse des pieds comme moi ?! Moi j'aime mes pieds. Beaucoup d'Orques se détestent et sont autodestructeurs avec leur corps. Moi j'aime affectueusement chaque partie de mon corps, chaque gain de croissance. Il faut l'aimer, cette machine charnelle, si on veut être capable d'en tirer la meilleure maîtrise. C'est ce que je dis à mes petits frères.
Sans respecter mes propres conseils. Je peux avoir tendance à y fourrer n'importe quoi à mes heures, dans mon corps. Viandes pas forcément de première fraîcheur. Notre estomac les digère de toute façon. Drogue... Alcool...
Non. L'alcool, plus maintenant. Juste ce qu'il faut pour se chauffer le ventre. Plus jamais de picole avec le cauchemar éveillé dans lequel ça m'a mené à me retrouve plongé au présent. Niveau "que ça vous serve de leçon", je crois que j'ai largement saisi le message...
Pensée à mon amour corporel (un brin narcissique je te l'accorde l'ami, quoique je sais apprécier  à même mesure la force et la maîtrise apparente d'un corps chez mon entourage et, chez ceux que je rencontre en général), ça me renvoie à la perte de mes dents. Une sensation de deuil me revient...

« Une fugitive marginale tu disais...? Toi ? »

Je me creuse la cervelle en me demandant dans quel monde une fille comme elle peut-être... Une marginale. Une mise au banc de la société...
– Ton monde ne doit pas tourner plus rond qu'le mien j'imagine...  

Elle consent à me laisser l'étudier avec une certaine permissivité (même si je n'ai pas les mains baladeuses, arrête de sortir du contexte l'ami. Je suis réellement curieux de son allure). Je laisse libre court à un petit flot de questions sur comment sont conçus ses vêtements, où se les ait-elle procurés, comment elle peut garder des cheveux en aussi bonne santé -tous pouilleux et crasseux dans mon monde à moi, ça en devient des couches protectrices-...

– Je crois que je peux prendre ça comme un compliment, et te le retourner par la même occasion. T'es bien singulier comme petit-père.
Le compliment me fait m'empourprer alors que je cesse mon semi-harcèlement olfactif et revient à ma place...
– Oh oui, tu peux le prendre comme un compliment. Si tu n'es pas une noble, tu me sembles telle... Une Elfe. Oh, pas les cruels Elfes intrigants qui tirent les ficelles de toutes les guerres de mon monde pour assurer leur domination de fer, je n'oserais pas. Non, mais on les dit envoûtants, enveloppés d'une aura, et pour moi... Pour moi, tu es une Elfe telle qu'ils auraient dû être, si je pouvais le formuler ainsi...
« Moi, je ne suis qu'un Orque. Un simple et rachitique Gobelin... Il n'y a pas d'Orques de par chez toi ?
« Tu as dis que l'on t'appelait rat ? Cela me semble insultant chez toi... Il ne faut pas, porte un tel sobriquet avec fierté, Trojan. Et ça deviendra comme ton armure... Moi aussi on m'appelle Rat... Rat Blanc plus exactement ; je ne m'en offusquerai pas si tu m'appelles Rat, car c'est mon nom de guerrier parmi les miens. Je te montrerais bien mon Vrai Visage, mon casque, mais... Je ne l'ai pas avec moi. Et cet accoutrement sauvage, ce n'est pas celui que je porte au naturel. Je suis plus martial d'allure d'ordinaire...
Je me demande si je devrais m'en tenir à Rat Blanc. A ce groupe de brutes de déserteurs et de fugitifs qui m'ont embarqué dans leurs histoires, j'ai lâché mon nom bêtement en omettant de leur donner mon nom de soldat...
Après quelques battements de cœur de réflexion, je décide que rajouter :
« Mais pour les intimes, Snardat est mon nom. Tu peux m'appeler Snardat si tu veux.  
« Je suis Soldat dans les dernières Cohortes des rares légions du Mordor encore en activité,
dis-je en me décalant un peu pour me rapprocher d'elle et lui montrer du doigt les pays disposés de manière absurde dans le lointain...
« Là. Tu les vois ces chaînes de montagnes noires, telles des crocs de loup ? C'est la patrie dont je me réclame. Je... A vrai dire, je n'y suis jamais allé. Du moins, pas dans cette vie là... Je ressens quelque chose d'étrange alors que je te montre ces montagnes. Comme si je pouvais sentir qu'un autre Moi a la chance d'y vivre, et que tous les miens y vivent avec lui eux aussi... Qu'ils pourraient peut-être même avoir la force de changer la donne et vaincre le destin qui est le nôtre... Mais dans cette vie qui est la mienne, je ne l'ai jamais vu. Je n'en ai jamais foulé la terre. Mon peuple, mon engeance, a perdu la grande guerre. Nous avons été chassés de notre patrie, maudite et tourmentée des dieux depuis des millénaires. Sauron l'Unique a brandi l'étendard de la rébellion après Melkor le Très Grand pour s'opposer à la tyrannie des Valars, et nous étions ses fidèles Gobelins dans ses guerres pour libérer Arda et instaurer Son Règne. Mais notre protecteur, notre anti-Dieu, a été... Tué, je ne crois pas qu'on puisse le tuer, mais... Banni du plan existentiel. Réduit à l'état d'esprit errant sans emprises sur le monde matériel. Privés de sa protection, le volcan au cœur de notre pays est entré en éruption, des tremblements de terre et d'autres tourmentes célestes se sont déchaînés sur notre patrie, chassant mes ancêtres d'il y a trois-cents ans de son enclave de montagnes protectrices, et les condamnant à un exil désespéré à travers mille lieues ennemies... Je ne suis pas un marginal comme toi, Trojan. Moi, parmi les miens, je suis un garant de l'ordre. Mais les miens sont des marginaux. Une race marginale, une race paria, de la "vermine" aux yeux d'un monde que nous avons défié, ébranlé dans ses fondations, mais qui a fini par nous écraser, et qui nous hait profondément... La nature elle-même nous rejette et œuvre à nos morts si les éléments, ou les arbres, nous sentent en leur sein, nous content les grands...
C'est un récit amer que je conte, pourtant je suis heureux de pouvoir le partager à l'oral avec une Ân en ce jour, sans me sentir hargneux à son égard en ayant le sentiment pointu qu'elle est complètement aveugle, bernée, et doit nous rendre des comptes. Simplement raconter notre histoire, notre vision du monde...

«Beaucoup de clans et de cohortes ont péri dans l'exil. Les An-Aï, les mâles de ta race, tous n'étaient pas contre nous jadis. Il y avait des An-Aï dans les deux camps de cette guerre. Nous nous entendons bien avec les An-Aï marginaux, rejetés de leur monde, comme toi Trojan... Mais les An-Aï, ils avaient droit à la reddition, ils se sont toujours vus énoncer des conditions de paix. Parfois ils les brisent et refont la guerre, puis ils renégocient des termes pour faire à nouveau la paix... Nous les Orques, jamais on ne nous offre de faire la paix avec nous. Nous ne sommes que de la vermine, pour nos ennemis ancestraux, comme pour nos anciens alliés même, dés lors que nous ne pouvons nous montrer au moins bons mercenaires... Dans le vaste monde hors de nos bastions, c'est la lutte pour la survie et le danger à chaque recoin, à chaque horizon... Comme des sangliers dans une battue... Tarrrsh... Mais on est une race de guerriers, nous les Orques. Et plus encore nous autres, les légionnaires du Mordor. On ne doit pas s'apitoyer sur notre sort. On continue l'combat !
Dis-je en me cognant le poitrail à la manière d'un gorille, voulant me rendre impressionnant. Mais entre ma stature rachitique de non-adulte et mon épuisement, je devine à la tête de Trojan que le spectacle est plus cocasse que vraiment crédible... Pris de son propre amusement, je fais mine de m'en offusquer gentiment :
– Quoi ! Tu m'crois pas ? J'te jure que c'est vrai, j'suis vraiment un guerrier ! Beaucoup le mettent en doute ces temps-ci, à ta décharge... C'est juste que j'ai pas encore fini ma croissance, mais tu verras, dans quelques temps. Je sais que je vais croître encore...
Du moins, j'espère que je survivrais au présent pour pouvoir le faire en toute liberté... Ces dernières heures, tout mon monde semble s'être mis en quête de comploter contre ma petite et misérable vie...

– Moi, dis-je en redevenant sérieux et et redressant mon doigt griffu et en l'orientant vers la lointaine Gundabad, dans cette vie, c'est là que je suis né. Là, que les miens, la Cohorte de la légion que je sers, ont trouvé refuge et survivent. Là, que les miens protègent. Gundabad. C'est une ancestrale cité de Gazat... De Nains... Conquise il y a des siècles, elle est à nous par droit de conquête. Mais surtout, Nous n'avons plus nulle part où aller si cet endroit tombe. Il y a bien d'autres bastions, mais Gundabad est le plus grand et le plus fort, un semblant de stabilité, d'ordre et de sécurité dans ce qu'il nous reste de monde à nous autres Gobelins. S'il tombe, il n'y aura plus de but, plus de destin pour notre engeance, à part mourir traqués comme du gibier dans un nouvel exil, qui sera suivi d'un autre, et d'une autre, et de tout un tas d'autres, car les derniers bastions et les dernières antres tomberont les uns et les unes après les autres, ce sera une extermination...
Moi et les miens nous gardons la mémoire du Mordor. La mémoire des vaincus. Un jour nous marcherons au grand jour en force et nous reprendrons notre patrie légitime. Mais pour l'heure, nous sommes vassaux de Gundabad. Vassaux... Et farouches protecteurs. Une grande armée de Gazat est sur nous. Ils veulent reprendre leur cité ancestrale et chasser mes congénères dans des contrées de neige et de glace où nous n'aurons plus d'autres avenir que de crever de faim...


Mon ton, dans ce qui a suivi, est devenu soudain plus solennel et déférent. Moins enfant. Empreint de cette résolution guerrière que l'on nous a insufflés, à moi et à toute la Meute...
« Mais nous sommes là, moi et les miens... Nous veillons... Sauron demeure à nos côtés en esprit. Et avec lui, surtout, le Grand Karess veille. Nous protégerons le foyer de nos frères comme nous aurions voulu sauver le nôtre. Et un jour, c'est notre patrie le Mordor que nous reprendrons. Cette terre est maudite, souillée, stérile... Mais c'est chez nous... »

Chaque phrase proférée de cet idéal conquérant que l'on m'a inculqué devient plus pesante d'émotion que la précédente, chargée du chagrin et de la hargne que l'on y a mêlé sur trois siècles à ruminer notre terrible défaite... Des phrases pesantes de nos convictions désespérées, entêtées par l'amertume. Leur lucidité tellement douteuse sur la situation réelle de notre race, j'en prends conscience maintenant, alors que je les profère à voix haute à cette An-amie d'un autre monde... Je prends conscience de notre utopie, de nos chimères, de nos faux espoirs auxquels nous nous accrochons désespérément, déni pour ne pas accepter l'atroce réalité qui est la nôtre ; la Défaite. La fin inéluctable...
Ceux qui en prennent conscience s'abandonnent au Grand Karess et deviennent des berserkers. Des guerriers suicidaires en quête du plus grand nombre d'ennemis à tuer en attendant de trouver la mort... Cela a fait monter une boule dans mon gosier, et je réalise que des larmes me viennent de ma prise de conscience...
Le pire, c'est que malgré tout ce désespoir, j'ai envie d'y croire, que l'on peut encore inverser la donne et sauver le monde... Ce qui me ramène à ma précédente prise de conscience, celle qui m'a déjà rattrapé, quelques heures plus tôt dans le monde de l'Eveil alors que nous avions cavalé jusque dans l'abri de l'embouchure caverneuse du Chemin de Souillure et que le groupe de crapules décrétait un temps de repos et de dodo. Plus intime et tout aussi cruelle pour moi : la conscience parfaitement lucide du pétrin dans lequel je me suis fourré, la mesure de tout ce que j'ai à perdre dans cette histoire, que comme Stacy, moi aussi je pourrais n'être plus qu'un paria.
Plus seulement d'une race de paria, mais paria parmi ma propre race, aux yeux des miens...  

« Du moins, j'espère que c'est là ma vie, car cette vie, c'est celle de ma Légion. Ma vie, ma famille, celle à laquelle je me suis destiné, aussi dure et amère que je la pressens dans mes moments de peur. Tout soldat a très peur en vérité, le sais-tu, Trojan ?

J'ai réellement peur en vérité, la peur dans mes entrailles... La Légion. Mes parents, mes enfants un jour quand je pourrais m'accoupler. Mes frères, mes sœurs... Sans eux, je ne suis pas moi...
Mais moi, je me suis mis dans de beaux draps, An-amie...

J'ai ramené mon regard dans l'eau, redécouvrant mon reflet, hagard et fébrile, comme en transe de peur. Peur infantile du rejet des siens... Du rejet de ses amis, du rejet de ses parents... Je m'efforce de sourire tristement et de retrouver composition devant mon interlocutrice, la regardant avec sympathie...

« Mais je prends conscience que je te noie là sous un fleuve de paroles comme si je cherchais à t'assommer... Et je demeure curieux à ton égard, An-amie... Tu m'as invité à ne pas comprendre le monde à tes côtés, mais... Peut-être pourrait-on se donner quelques bons conseils ? Parfois, nous dit le Vieux Yetch -c'est mon Chef de Corps, mon Lieutenant- : un point de vue extérieur peut s'avérer le meilleur des conseils... J'peux pas promettre de comprendre ton monde et tes tourments, mais... Parle-m'en, Trojan. Parle-moi de ton monde. Parle-moi de ceux qui osent faire de toi une marginale, et de ton histoire, de tes combats... J'aimerais entendre ton histoire, An-amie... C'est de l'un de ces lieux lointains que tu proviens ? De... Ces "trucs" tout en cubes qui s'élancent en tas du sol vers le ciel ? »  



Dernière édition par Karess le Jeu 25 Fév - 9:33, édité 1 fois
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Message par Stacy Trojan Mer 24 Fév - 3:02

Un drôle de frisson parcouru la hacker, qui plongea momentanément les yeux sur les deux petites pierres blanches, dans l'eau. Non loin, un autre objet était emporté par le courant, laissant une trainée foncée dans son sillon. Le temps de froncer les sourcils, secouer vivement la tête pour y faire le tri et tenter de l'identifier : le tout s'était évaporé, ne laissant qu'un court d'eau vierge, rafraichissant et sain, qui clapotait contre les berges à un rythme régulier.

"- Ouais, c'est... Irréel. Je crois qu'il s'est passé quelque-chose, quelque-chose... "

De grave. Ces deux mots n'avaient pas voulu sortir, comme restés coincés dans sa gorge. Après tout, le petit l'avait dit, tout ça ressemblait à un rêve. Un rêve, oui, pas un de ces affreux cauchemars. Pourquoi le gâcher ?

" -Quelque-chose de sacrément chouette. Je veux dire, regardes toi ! Comment ne pas craquer pour ces jolis yeux ? " S'exclama-t-elle, poussant un rire taquin tandis qu'elle admirait sa petite bouille, unique en son genre.

Et si sa gestuelle se voulait enjouée, on devinait à la raideur de son épine dorsale que quelque-chose lui glaçait le sang. Rêver, ce n'est jamais une mauvaise chose. C'est même plutôt cool de rêver ! Les aventures y sont palpitantes tandis que cette merveille de machinerie qu'est le cerveau travaille dur à classer les expériences vécues. Mais si elle ne se réveillait jamais ? Elle voulait vivre, elle. Vivre, même si c'était comme Killian en parlait : " Vivre, même s'il faut en crever. "

La voix si reconnaissable de l'Orque ramena Stacy à ce semblant de réalité, elle haussa les épaules, pinçant les lèvres. C'était tellement ironique, les cheveux colorés pour une autre raison que cette injonction à rester jeune pour toujours et ses vêtements destroy, partiellement couvrant n'étaient donc pas la signature de la "décadence", comme elle avait déjà entendu dire, dans ce monde ? Mais à quoi pouvait-elle donc ressembler ici ?

" - Non, mon monde ne tournes pas très rond non plus, en fait... " Elle rit, en tendant les bras tel un mannequin dont on prendrait les mensurations, laissant le petit être l'étudier, passer les différents tissus entre ses doigts, humer les parfums... Tandis qu'elle continue d'évoquer ses racines. "On pense être au-dessus de tout, parce qu'on a inventé pleins de choses, souvent inspirée de la nature d'ailleurs, et on a donné un nom à ça, le "Biomimétisme" !

"On", c'est mes semblables, qui se sont transformés en monstre d'égoïsme. Qui détruisent tout, y compris leurs voisins pour peu qu'ils n'aies pas la même couleur, les même croyances, les mêmes amours, le même genre... Au nom de l'argent, de la gloire, du pouvoir, peu importe... Même moi je ne sais pas trop pourquoi, en fait. Je crois que je suis un peu comme eux parfois, à mon grand regret. Mais moi, j'essaie de comprendre. Et je crois qu'eux n'ont pas envie. Qu'ils préfèrent vivre les yeux bandés, pourvus qu'on les gavent. Qu'on les gavent, en oubliant, maquillant volontairement les vies de souffrance de nos cousins plus ou moins proche, à poils, à plumes... De ceux qui les élèvent dans des bâtiments en bétons, de ceux qui vivent, les bottes en caoutchouc dans l'hémoglobine.

Ils préfèrent oublier, pourquoi ils ont chaud, pourquoi ils ont des vêtements, pourquoi ils n'ont qu'à tourner une poignée pour boire, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit tandis que d'autres marchent des kilomètres avec un seau sur la tête, pour récupérer le précieux liquide, désormais rendu poison par les produits chimiques déversés en toute impunité dans les rivières, les lacs...

Et tout ça pour quoi ? D'autres cubes de bétons, avec des vitres, des lumières qui brillent sans interruption, même les nuits les plus noires, des tonnes d'étoffes, vendue une bouchée de pain, et parfois jetés sans jamais être portée parce qu'une figure un peu populaire a dit que "Non, non, les petites fleurs et les pois, ça ne va pas ensemble"... De la violence, partout. Tout le monde le sait, mais on préfère ignorer. Je crois qu'au fond, on est resté des animaux, déguisé avec des chemises, des cravates... On pense être grand, mais à l'échelle du monde, on apprend seulement à ramper. Livrés à nous-mêmes, on ne vaut pas plus qu'un nourrissons sans sa mère, et ce, jusqu'au jour ou nous disparaissons."


Pendant un instant, tout le corps de la jeune femme était en alerte, échauffé, tremblant de rage. Les monstres, ils n'étaient pas aussi effrayant que ses frères et soeurs. Et ça, ça la mettait terriblement en colère, mais aussi, très triste. Elle avait honte. Honte de ce que ses semblables faisaient. Honte, des fast-food qu'elle avait engloutis un sandwich dans la main, son outil dans l'autre; Honte de ses jeans préférés, les délavés et ripés, fabriqué en Inde par des ouvriers laissé pour mort au même titre que les villageois qui consommaient les chlores et l'indigo, leurs mains brulée par le denim qu'il faut frotter, encore et encore, comme si ce dernier pourtant au premières heures de son existence, avait déjà une histoire, une âme ; Honte, d'avoir parfois fermé les yeux, elle aussi, quand Zäler prétextait une visite chez l'infirmière, l'une des rares femmes de l'île... Cette pauvre Mélina.

Ses poumons brulaient, tant elle avait retenu son souffle pour ne pas perdre la face. Elle ferma les yeux, plissant les paupières, la douleur dans sa poitrine était bien réelle. Le petit Orque avait arrêté de l'examiner, visiblement satisfait. Il avait posé tellement de questions en même temps qu'elle n'était pas sûre qu'il ait compris ce long monologue qu'elle venait de lui adresser. Elle même, n'avait pas tout retenu et d'un côté, ça l'arrangeait. Comment lui dire, que les étoffes qu'elles portaient étaient issue de l'exploitation abusive des hommes et de leurs terres ? Comment lui dire, à ce petit père qui était en train de dresser un portrait comme on ne lui avait jamais adressé, qu'elle faisait partie...Des "Méchants" ?

Les Elfes... Si elle n'en avait jamais rencontré de vrais et se posait la question sur leurs existences dans son monde, elle avait eu l'occasion d'en voir sur différents supports, jeux, satyre audio, films, livres... Elle finit par expirer maladroitement, tentant tant bien que mal de ne pas attirer l'attention de son nouvel ami qui semblait lancé dans une tirade passionnée et, il faut bien l'admettre, terriblement attendrissante. Être comparée à une Elfe, envoutante qui plus est, ça la flattait indéniablement. Ils étaient toujours beaux, et s'ils étaient parfois moqués par les plus "bourrin" de ses semblables, il fallait leurs reconnaître certain un charme, une prestance...

À l'évocation de l'éventuelle présence des Orques dans son monde, Stacy eut à peine le temps de hausser une épaule et un sourcil, l'air de dire que c'était une éventualité, qu'il enchainait déjà sur un plaidoyer aussi égayant qu'émouvant sur les rats. Stacy, elle aimait bien les rats, même celui qui avait mordu son orteil dans les égouts de City 1B, mais bon, un peu moins que les autres quand mêmes. Elle n'avait jamais vu autant de ces rongeurs que depuis qu'elle avait rejoint les rangs de Karess et l'une de ces petites boules de poils s'était démarquée des autres récemment, elle avait plaisir à l'avoir sur l'épaule hors cavale, lui donner des trucs à grignoter, passer son index entre ses deux petites oreilles... Elle l'avait surnommé Eklaht, ou "le tout blanc" qui avait d'ailleurs les mêmes yeux rouges que Snardat. Elle ne le considérait pas comme "son" animal de compagnie, mais simplement une petite bête qui la visitait de temps en temps, sûrement poussé par la gourmandise..

" - Rat blanc ? Ça me plait ! "

Ce détail qu'ils avaient en commun fit chaud au cœur à la jeune femme, elle n'avait aucune idée de ce qui avait amené leurs routes à se croiser, mais c'était une expérience à part entière. Tantôt remise en question, clarté, tantôt évasion. Elle glousse en comprenant qu'elle a à faire à un soldat, amusée à l'idée que, fugitive qu'elle est, ce qui lui apparait comme un représentant des forces de l'ordre est en train de faire ami-ami avec elle.

"- Snardat ? C'est un joli nom ça ! Dans mon monde, ils s'arracheraient le droit de l'utiliser, il sonne bien. "

Elle observe ensuite assidument les endroits que lui désigne le petit, portant une attention toute particulière à ce qu'il lui confiait. Bien vite, ce qui commençait comme un conte, une utopie sur ses racines, se transforme en dystopie des plus sombres. Sa mâchoire tombe, entrouvrant tristement les lèvres de la jeune femme. Ses bras fourmillent, lui démange, elle voudrait le prendre dans ses bras, et le serrer de toutes ses forces. Comme si ce geste pouvait magiquement balayer leurs deux passés, leurs deux mondes, aussi pourris jusqu'à la moelle l'un que l'autre. Le faire taire aussi, peut-être même oublier ces horreurs.

Mais le petit, il a l'air tellement soulagé de pouvoir en parler. Est-ce que quelqu'un l'écoute ici ? Elle ramène doucement ses bras et ses jambes à elle, dénouant son inséparable sweat de sa taille en réponse à son récit glaçant.

Il y avait donc des gens comme elle ici, d'autre "bipèdes égoïstes". Trojan se sentit tout de suite coupable lorsqu'il les évoqua. Bien qu'il lui glisse qu'en général, ils avaient de l'affection pour les électrons libres comme elle, son peuple était ici aussi source de problème, au-dessus de tout, raflant le positif pour n'en laisser que des miettes au reste du règne du vivant. Une pointe d'humour viens dissiper les ombres qui avaient envahie la tête de la jeune femme, et c'est avec toute la bienveillance du monde qu'elle détaille les blessures de son ami du regard, lui adressant un sourire tendre, et gai.

" - Bien sûr qu't'es un guerrier ! Comment tu te serais fait tous ces bobos sinon ? "

Elle se tourne ensuite vers leur ville d'adoption, le cœur serré. Oh, elle avait une maison, plusieurs même, si l'on considère que le fait d'avoir aimé un endroit en faisait un foyer, mais elle comprenait cette situation instable, cette peur, ce vide. La mention de Karess fait résonner son nom dans son crâne, une montée d'adrénaline lui secoue le tronc, comme ces frissons dont on ne comprend souvent pas leur violence. C'est toujours ce foyer ardent intérieur qui se manifeste, cette sensation de plénitude, de toute puissance, de... Contrôle ; qui l'envahit lorsqu'il est évoqué. Karess est donc bien réel ici aussi, insaisissable qu'il était, son influence, elle, était pour le coup bien palpable.

Le petit semble s'effondrer, accablé par le poids de sa légion, de son monde et les règles qui le régissent, de cette lutte incessante... Stacy demeure bouche bée, doigts cramponnés sur son sweat. Elle regarde à droite, puis à gauche, désemparée, pour finalement tendre timidement les bras vers Snardat, tremblante. Elle passe la matière boulochée, mais toujours aussi chaude sur ses épaules et cherche un quelconque accord dans son regard, qui demeure cruellement vide. Elle se saisit délicatement des manches pour attirer son ami vers elle. Après une courte hésitation et un coup d'oeil peiné sur ses blessures, elle juge que l'enrouler dans ses bras, face à face, pourrait faire plus de mal que de bien, c'est donc sur ses genoux qu'elle le guide pour s'asseoir, passant un bras du côté qui ne faisait pas mal pour le serrer avec une certaine retenue contre elle, berçant de droite à gauche, le regard dans l'eau.

" - Je n'ai pas peur," Murmurat-elle, "je suis terrorisée. Complètement terrorisée, Snardat, à l'idée que ça ne s'arrêtera jamais. "

Le front de la jeune femme prit appuis contre l'omoplate de l'orque, tandis qu'elle soufflait difficilement. "Fatiguée. Tellement fatiguée." Pensait-elle.

"-Parfois, je me demande comment je fais pour encore tenir debout. Et toi t'arrives, tout petit et pourtant... Tellement plus grand que moi. "

Elle peine à contenir quelques larmes, tandis qu'elle serrait les dents, et se blâme déjà pour celle qui vient rouler dans le dos du petit, bien qu'elle ai été rapidement absorbée par le pull... Snardat présente ce qui peut s'apparenter à une forme d'excuses, et l'invite, à son tour, à "vider son sac" avec beaucoup d'intérêt. Elle n'osera pas demander si son soudain craquage avait motivé cette question, et tâcha de reprendre ses esprits tant bien que mal, le visage tourné vers les imposantes tours, ces "gratte-ciel" qui semblaient plus le crever, vu d'ici.

" C'est plus ou moins de ces grands cubes dont je viens, oui. Des cubes de bétons, partout, toujours plus gros, toujours plus haut, toujours plus nombreux... Et plus de place pour les autres, même pour les plus petites des créatures, comme les abeilles. Des cages, qu'on paie, et qu'on choisis, pour impressionner, empilée les unes sur les autres, comme une fourmilière, mais avec l'illusion du vivre ensemble, chacun pour sa petite personne, en bras de fer constant avec tout le monde. On braille, on braille, la solidarité, la fraternité, tout ça tout ça, pendant qu'on a juste à appuyer sur un bouton pour raser un pays. On a inventé un super truc, tu sais nous, les Hommes, la "race supérieure". Ça s'appelle "bombe nucléaire", on fait "mumuse" avec les plus petites pièces du grand puzzle qu'est notre monde, et on en fait quelque chose qui fait le mal; Le mal, comme jamais on ne l'avais vu. Il en faudrait 60, des comme ça, qui sautent en même temps, pour raser toute forme de vie la d'où je viens. Quatre décennies avant même que je ne soit née, mon pays, ma patrie, en avait déjà fabriquée presque trois-cent. Des fous, qui lorsqu'ils se sont posé la question de ce que ça pouvait bien faire à l'atmosphère, se sont dit que d'en lancer une "pour voir" était une bonne idée. La nuit et le silence s'était abattus sur eux, et ça ne leurs à pas servit de leçon. "

Le petit corps de la jeune femme s'échauffait de nouveau alors qu'elle secouait la tête pour effacer la bêtise dont les siens avaient fait preuve, ce 9 juillet 62. Il y avait encore tellement à dire, tellement de choses horribles, incompréhensibles, et elle était déjà hors d'elle. Elle dégagea doucement ses mains, pour remonter la capuche sur le crâne du petit, posant la tête sur son épaule, déterminée.

" -Alors y'a des gens comme moi, qui ne sont pas d'accord, qui se couvent la tête pour ne pas être reconnus. Des gens qui joues aux ombres, ou avec les ombres, parfois on ne sait plus trop je crois, et qui essaie de faire mal, très mal, à ceux qui font fabriquer ces choses par exemple. Parfois, on est un peu magicien, on ouvre des portes qui ne devraient pas s'ouvrir, on a des yeux et des oreilles partout, on sait tout, du moins, tout ce qu'on veux bien savoir, et tout ce que notre petite caboche peux bien retenir... Nous explorons, et ils nous traitent comme des criminels. Parce que nous recherchons la connaissance, la justice à tout prix. Parce que nous existons sans couleur de peau, sans nationalité, sans dogme religieux, sans genres...

Eux, ils construisent des bombes, des armes, ils financent les guerres, ne punissent pas les mauvais, de la mafia aux riches patrons et leurs avocats, ils tuent, trichent, manipulent, mentent et essaient de faire croire que c’est pour le bien de tous, et que les gens comme moi, les "parias", sont les seuls méchants de cette histoires. Mais nous ne portons pas tous le même chapeau, nous sommes tous sur un spectre de noir et blanc, avec toutes les nuances de gris entre les deux."


Un lourd soupir s'échappa finalement d'entre les lèvres de la jeune femme, qu'elle humidifia machinalement. Tout ça était si compliqué. Elle frotta doucement les bras de son ami, comme s'il fallait le réchauffer, ou le rassurer.

" - Je suis une criminelle. Mon chapeau s'assombrit à chaque pas que je fait. Mon crime c'est la curiosité, c'est celui de juger les gens par ce qu’ils pensent et disent, pas selon leur apparence. C'est celui de vouloir un monde meilleur pour tous. Celui de ne pas savoir comment m'y prendre, et faire énormément de dégâts inutiles parfois... "

Elle fit une pause, se trouvant bien défaitiste. Qu'allait penser son ami de tout ça ? Lui qui était déjà si triste.

"- Et parfois mon crime, c'est aussi celui de surpasser les autres, et ça, c'est quelque chose qu'ils ne me pardonnerons jamais... "

Elle réajusta la capuche sur la tête de Snardat, le serrant à nouveau doucement contre elle et l'invita d'un coup de tête a étudier une ultime fois son reflet dans l'eau.

" On est des hackeur, et ceci est notre manifeste. Prends ça comme tu veux, mais la capuche te sied très bien, Ami Snardat."

Elle n'en dit pas plus, lui laissant le loisir de choisir si elle était en train de le complimenter sur son physique, ou si elle sous-entendait que ce manifeste, cette mentalité commune, partagée entre "porteurs de capuche" lui correspondait également, l'incluant dans cette grande famille de rebelles sans visages et sans nom autre que ceux donnés par ceux qui les pourchassaient.

Cette famille de rats.


Dernière édition par Stacy Trojan le Mar 2 Mar - 22:37, édité 1 fois
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Message par Karess Jeu 25 Fév - 9:25

Des fois, j’en viendrais presque à me demander si elle se moque de moi ; mais non, elle le pense sincèrement ! Elle a sincèrement complimenté mes caractéristiques physiques, en disant que je suis… Craquant ! Je me sens à la fois terriblement gêné, et réellement touché… Touché qu’au-delà de mon monde de rejet et de diabolisation de mon engeance, jusqu’à nous convaincre nous-mêmes dans notre chair que nous sommes bel et bien des créatures viles et laides, serviteurs du Mal… Au final, à la frontière entre les mondes, j’ai pu rencontrer une An pure qui me perçoit beau… Je la regarde en clignant des yeux, ces yeux rouges qui la font craquer.
Je joue un peu de mes charmes là, j’avoue, mais si ça peut continuer à la garder loin de toutes ces histoires d’Orques cannibales…
— Oui ! C’est ça, An ! "Snar-datte". Comme le délicieux fruit sec… Les grands m’en ont déjà fait goûter une fois. C’était un petit régal sucré...
Une dernière évocation innocente. Avant de commencer à lui narrer l’abîme de guerre éternelle et de malédictions divines que constitue mon monde…

Comment je me suis fais ces bobos ? Sourire crispé… Crispé d’un début de détresse… Je préfère reléguer la question pour plus tard. De peur d’embrouiller mon interlocutrice dans mon récit…

— Ouih-ih !… (J’ai eu un léger  couinement de surprise. Surpris quand elle m’a pris en douceur dans ses bras, à la manière d’un bambin, et m’a invité à me poser sur ses jambes…)
Je me fais un peu hésitant au début. Mais après tout, elle m’a bien laissé la tripoter et la flairer depuis tout à l’heure, alors je lui dois bien la pareille… Naturellement, mon corps se raidit au début, et je mets un moment avant de me détendre…
Ce n’est pas une attaque, détends-toi… Ce n’est pas une attaque, détends-toi…
Nombre de mes potes ou des grands se gausseraient de me voir posé ainsi sur les jambes d’une An, me laissant faire, me laissant aller… Accepter de me blottir contre cette espèce de grande-sœur, mon instinct la percevant de plus en plus comme telle alors qu’en me collant ainsi à elle, elle s’imprègne de mon odeur corporelle… Elle qui en viendrait à faire partie de la Meute à mon instinct, à présent… Ils peuvent bien se gausser. Moi j’m’en fous. Je l’ai toujours dis. Ca ne me déplait pas de m’attarder dans la tendresse de l’enfance… Tant pis si ça fait des jeunes portées des "fragiles". Tant pis si ça fait de moi un "fragile"... A quoi bon s’acharner à se battre si on n’a plus rien qui en vaut la peine…
Laissez-nous être des gosses encore un peu... J’ai besoin d’un câlin là, je l’assume sans honte…

Mon récit achevé et sur ma demande, Stacy me parle de son monde…
Et dés le début, il est aussi bouleversant que le mien. Bien plus encore. Là où j’évoque la résistance guerrière des miens et perdu, aussi désespérée soit-elle, le monde que me projette Trojan semble avoir perdu toute perspective d’espoir et d’issue… Un monde qui se suicide à petit peu… Là où je pourrais lui parler de mes amis, elle semble n’avoir pour seul monde que la botte de fer des horreurs de sa propre espèce, toutes plus cauchemardesques les unes que les autres…
Des horreurs, des visions cauchemardesques qui me parlent… Qui résonnent en mon fëar…
— J’suis pas sans reproches non plus… On est loin d’être sans reproches, nous les Orques… Je lui murmure, pour essayer d’amoindrir cette culpabilité qui semble s’emparer d’elle alors qu’elle me parle des crimes des siens, de sa race, et qu’elle ne s’en dédouane pas…
— Nous aussi on est des prédateurs et on peut parfois se comporter en racaille avec le monde…

La fatigue me fait somnoler un instant. Projetant un flot de visions subliminales très brutes. Je crois que je vois, que je perçois son monde à travers son esprit.
Quand je m’extirpe de ma torpeur, elle a achevé son récit…
— Bon sang, je balbutie… Ton monde, c’est mon monde en vérité. J’en reconnais la puanteur... Nous sommes moins de deux mondes différents que nous provenons de deux époques différentes, Trojan. Et la tienne est encore pire que la mienne…

Ses crimes, c’est la curiosité… De juger les gens selon leurs pensées et leurs actes, pas selon leurs apparences… Moi aussi je me fais câlin, l’entourant de mes bras pour la réconforter… Réconfort mutuel entre deux êtres parias…
Elle m'a fait endosser et enfiler son "swit-sheurt", levant la capuche levée jusqu’au sommet de mon crâne, les bordures calées contre mes oreilles…
Petite sensation de retrouver une petite part supplémentaire de moi. J'adore les capuches...


— T’as eu des piercings là, non ? On adore ça chez les miens, les piercings… Moi personnellement, c’est pas mon truc je t’avoue, j’aime pas trop m’insinuer du métal dans le corps, on va déjà m’en plonger bien assez dans les entrailles à mon goût, quand ce sera mon heure… Mais si tu pouvais venir te réfugier dans mon monde, je suis certain que les miens t’auraient reconnu comme l’une des nôtres. "Trojan Amie-des-Orques… Et moi si je pouvais venir dans le tien, j’aimerais grossir les rangs de ton peuple de "hackeurs"…  
« Bien sûr, je ne suis pas en mesure de comprendre tout ce que tu me racontes… Comme ces histoires de bombes nucléaires, par exemple… Pour moi, cela m’évoque les terribles colères, caprices et jeux des dieux que je connais dans les histoires de mon monde… Mes Valars, tes bombes nucléaires… Chez nous, on peut les contraindre à une relative impuissance, territoriale, en nous mettant sous la protection du Seigneur des Ténèbres. Tant qu'on en avait un, du moins... Il pouvait être cruel et sévère, peu regardant de la valeur de nos misérables vies d'Orques, comme n'importe quel dieu, mais... Au moins, ils avait la conscience de nous protéger et de nous donner la possibilité de croire en un avenir contre eux... Mes Valars, tes bombes nucléaires... On est si petits face à leur toute puissance féroce…  

« Une criminelle…
«Une résistante. C’est ce que tu es. C’est ce que je suis, moi aussi. Nous sommes un peuple de résistance… Le même peuple, Trojan…
« Cette famille de rats… Oui…


J’ai enveloppé son bras de mes mimines, ma tête encapuchonnée se lovant dans son creux, me laissant toujours aller à son bercement… Je me contemple fasciné, avec cette capuche noire...
— En tout cas, si c'est ça le signe distinctif de vous autres "hackeurs", je crois définitivement que l'on est du même clan...

Il s'élève comme un bruit de fond le long du fleuve. Comme un bruissement de feuillages. Ou de la caresse du vent sur quelque chose qui frotte, tout autour de nous. Autour de nous, des rats sont apparus. Nos cousins, nos frères d'armes de la crasse... Gentils et nous sachant de leur côté en ce jour, ils trottinent sur nos côtés, quelques-uns des plus audacieux et entreprenants nous grimpent dessus. Venant se joindre à notre câlin, leurs moustaches qui frémissent et leurs yeux noirs en billes...


— Oh... Bien sûr, j'aurais dû m'en douter... Toi aussi, tu Le connais, pas vrai ? Il t'a marqué... Tu es son Elue, j'observe, méditatif...
« Courage Trojan… Courage… Garde le feu… L’Ennemi finira par récolter ce qu’il a semé… Ce qu’il sème, c’est toi… C’est moi… Nous tous, ceux qu’ils auront osé appeler "parias" et "vermines"… Ils ne réalisent pas quelles ronces ils ont eux-mêmes fait pousser sous leurs pieds… »

***



Bien sûr, l’individu humain du XXIème siècle qui a vent de cet échange entre mon Elue des Ténèbres de son monde, et d’un de mes fidèles Gobelin de l’autre, ou qui vient ici à le lire, ne connaissant il y a fort à parier le monde d’Arda qu’au-travers de son prisme le plus répandu, celui des séides des Valars, s’esclaffera probablement ou secouera la tête avec mépris… "Une anarchiste qui parle écologie avec un Orque du Seigneur des Anneaux, la race-satyre de la dévastation industrielle ! Et un Orque qui fait des câlins en plus…"

Garde tes satyres pour toi, petit Homme du XXIème siècle. Oui, mon engeance a défriché Fangorn lors de la Guerre de l'Anneau. Et les arbres, les Ents, lui ont légitimement fait payer le prix fort, pour la peine.
Mais pas plus légitimement que n’importe quelle forêt n’aurait été en droit de s’insurger de la même manière contre n’importe quelle scierie ou camp de bûcherons, n’importe quelle cité d’Hommes, de Nains ou d’Elfes, ces Hommes qui s’étendent tels un cancer sur chaque monde où apparait l’humanité et son modèle de pensée… Des Hommes et des Nains qui imposent une domination et un asservissement bien plus tenace, bien plus dévastateur et inéluctable sur les forêts, sur leurs montagnes, sur leur environnement et le vivant, que ne l’ont jamais fais mes Orques…
Sérieusement, entre deux couleuvres manichéennes, que l'on te faisait avaler sur l'abattage des arbres de Fangorn pour cuirasser dix-mille Uruk-Haï, tu ne t'es jamais fais la réflexion que Gondor et Rohan, nos nobles héros, ont fait exactement la même chose au centuple, pour armurer leurs armées ? Tu t'imaginais que les armes et armures en mithril, ça pousse sur la peau des Nains et dans les mains des Elfes ? Apprends à faire la part des choses...

Oui, mes mignons défrichent sans conscience et collectent abusivement, là où ils s’établissent. Et alors ?
Eux n’ont pas le privilège d’avoir ces "leviers" qui font couler l’eau, ou des logements préchauffés. Ils vivent dans l’urgence. Une urgence de guerre et de survie
Sans compter l'allergie meurtrière à leur existence que les Valars ont insufflé jusqu'aux éléments de la nature, un monde d'une hostilité totalement arbitraire et sans voie de sortie...
Tes nobles héros Hommes, Elfes et Nains que tu admires tant, tu ne les vois pas dans toute leur entièreté. Tu ne les vois pas, capables d’assaillir à tout instant les tanières des tribus les plus désarmées, ceux de leur engeance qui ont le moins de répondant en armes, à n’importe quel instant de leur vie…
Venir les égorger avec leur progéniture, jusqu’au cœur de leurs tanières…
Les Orques sont durs et cruels parce qu’ils doivent l’être, pour vivre. Ils sont prédateurs parce qu’ils en ont besoin. Ils ont besoin de nourriture, d’eau, d’outils et de chaleur, comme n’importe quel être vivant. Ils ont besoin d’ériger des défenses pour se défendre, et de s’armer pour se protéger par la menace. Bien souvent, ils se contentent d’un contentement qu’un être humain qualifierait d’agonie… Ensuite, quand ils ont pu subvenir à leurs primaires et garantir une survie décente sur le court terme, quand ils commencent à pouvoir se permettre de nourrir des projets sur le moyen terme, quand ils se liguent dans des bastions tels que Mordor, ou Gundabad… Ils ont bien le droit alors d’avoir la haine. Et de tout mettre en œuvre pour l’assouvir.
Vengeance et Justice !
Ils ont le droit d’avoir l’ambition de vouloir détrôner des Valars sans la moindre pitié, pour établir à la place un anti-Dieu qui leur aurait été meilleur…
C’est là mon manifeste à moi. Karess. Seigneur des Ténèbres après Sauron, et Seigneur du Désordre...

Sur ce, petit Homme du XXIème siècle, bon visionnage de ta future série Amazon… Personnellement, avant de diaboliser les parias de quelque monde que ce soit, je méditerais sur les leçons que l’on peut tirer d’une telle appropriation. Une œuvre censée évoquer la foi, le courage, œuvre d’un homme profondément anti-industriel… Qui se retrouve aux griffes d’un géant industriel.
J’en rirais aux éclats si le blasphème ne m’ulcérait pas tant de Rage...

Mais je m'égare... Mes Elus des Ténèbres ont juste le droit d'être heureux et en paix, au moins en ces brefs fenêtres qui s'ouvrent à leur esprit de par leur imaginaire d'enfant...




***

On est longtemps restés collés l'un à l'autre... Pas de rapport d'Orque à An. Juste deux fëar en quête de réconfort mutuel, laissant libre cours à leur affection et leur besoin d'affection, sans aucun jugement de la part du monde... Mais sur la fin, le câlin a fini par se ternir par le goût métallique qui revient dans ma bouche... Cette palpitation qui commence à revenir... Ca m'arrache un petit grincement contrarié. Et j'ai bavé quelques postillons de cette salive teintée de mon sang -mon sang noir- sur le bras de Stacy.

« Schräk ! Pardon, pardon...   Je balbutie, en épongeant son bras de ma chemise...
C'est bientôt la fin de cette... "évasion", je le sens...»


Dernière édition par Karess le Sam 6 Mar - 13:25, édité 1 fois
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Message par Stacy Trojan Mer 3 Mar - 0:30

Elle n'étais pas sûre de la raison de sa présence ici, était-elle arrangée ? Hasardeuse ? Inévitable ? Quoi qu'il puisse en retourner, cette rencontre allait la marquer pour le restant de ses jours. Tandis qu'elle se berce, Snardat et elle, le petit tente du mieux qu'il peux de la soulager, partageant leurs imperfections, leurs erreurs, et elle salue l'effort. Elle hausse une épaule, un sourire triste alors qu'il émet l'hypothèse que leurs deux mondes soient les mêmes, qu'ils auraient foulés la même terre tous les deux, à deux moment différents. Elle ne savait pas si son ère était pire que celle de l'Orque, lui adressant une moue dubitative en guise de réponse. Moue, qui reprend de sa superbe une seconde alors qu'il mentionne ses cicatrices de piercings, et le fait que ses semblables aimait ça. 

"Trojan Amie-des-Orques", ça lui plaisait, oui. Sa place était peut-être parmi eux, qui sais ? Elle déchante rapidement, sa tête lui passant des images du petit être percé de part en part, image qu'elle s'efforce de chasser, préférant revenir à la partie sympathique du sujet. Stacy adorait les tatouages et les piercings.

" - 16 Piercings, oui. Six lobes dont deux écarteurs, un cartilage, une arcade, un anti-arcade, un médusa, un labret, un sur la langue, un sur le nez, un surface vers la clavicule et... "

Alors qu'elle énumérait joyeusement, et avec passion ses modifications corporelle, elle baisse les yeux sur sa brassière. Elle pince un peu les lèvres, laissant planer un silence quelques secondes, gênée. Snardat était un enfant, non ? L'air de rien, elle tenta d'omettre les deux derniers.

" -Et presque tous retiré de force à City-1b. Je n'ai pas eu l'occasion d'en retrouver depuis. "

Elle se laisse aller à son tours, profitant de la marque d'affection offerte par son ami sur son bras. S'il était parfois compliqué pour la jeune femme d'accepter le contact, elle était dans cette situation celle qui en avait eu l'initiative, et le jeune Snardat n'avait aucun des attribut replongeant Trojan dans une torpeur hors de contrôle. Il devenait, à mesure qu'elle passait du temps avec lui, une réelle figure d'attachement.

Ses bombes, ses Valars...

Si elle ne comprenait pas totalement non plus, il était indéniable que leurs existence se faisaient échos. Elle rouvre un oeil curieux, lorsqu'il mentionne le manifeste, les criminels, les hackeurs, les rats... Ils étaient si petit, oui. Lui comme elle. Si petit, mais en même temps nation, prête a se soulever.

" -Je ne sais pas ce qui m'a mené à toi, mais c'est ahurissant qu'on ne se soit pas trouvés plus tôt."

Le même peuple, la même famille...

Elle avait répété à plusieurs reprise ces quelques mots, à voix basse, comme on se répète un petit mantra pour se consoler, se donner du courage. Chaque syllabes semblaient combler ce trou qu'elle avait dans l'abdomen.

Elle profite encore un peu de cette étreinte, de leurs cœurs à l'unisson, leurs respirations qui se ralentissent à mesure qu'ils trouvent un semblant de paix. Lorsqu'elle rouvre les yeux, ses amis les rongeurs ont envahis la scène. A la mention de Karess, elle n'est pas sûre de devoir se réjouir, être fière, ou s'excuser. Snardat en avait dépeint un portrait qui l'avait effrayée plus tôt. Elle finit tout de même par sourire. 

" -Son élue ? Non, je ne crois pas. Il à trouvé une fille avec la hargne aux portes de l'enfer. Je suppose qu'il à eu... Pitié. " 

Le dernier mot était sortit avec beaucoup d'amertume. C'était quelque chose qui lui échappait encore aujourd'hui. Si Karess s'était parfois avéré, ironiquement, être une bénédiction pour elle, elle n'avait que trop conscience que la créature était loin d'être ce que l'on pouvais qualifier d'une marraine la bonne fée. Les images qui lui passaient parfois par la tête, ses rêves, ses accès de violence, de colère en était l'incarnation. Elle ne cernait pas vraiment, ce qu'il attendait d'elle, la manière dont il pouvait bien la percevoir. Etait-elle une hôte, un pantin ? Un vulgaire jouet qu'il remplacera une fois cassé ? Ou bel et bien une alliée. Elle se fit violence pour stopper le petit train de ses pensées, les réponses, elle les auraient, et pour l'heure Karess était une figure réconfortante. Terrifiante parfois, mais réconfortante. 

" -Quand j'étais en Amérique du Sud, ils avaient un proverbe populaire qui m'est resté. Un proverbe qui disait "Ils ont voulu nous enterrer, il n'avaient pas vu que nous étions des graines." Toi Snardat, t'es une Amaranthe, une fleure rouge comme tes yeux, qui ne fâne jamais. "

Et sur cet ultime compliment, elle frotte à nouveau les épaules de l'Orque. Ses yeux se perdent dans l'immensité du lieu, le menton appuyé contre lui, une main offrant quelques caresses aux rongeurs. Elle se demandait s'il était la, lui aussi, caché entre deux arbres. Ce drôle d'ange gardien couplé à un ange de la mort.

" -Snardat, qu'est ce qu'il t'arrive ? C'est rien, pour mon bras, c'est rien... "

Le petit saigne, du moins c'est ce qu'elle comprend. Trojan se redresse brusquement, en alerte, et examine consciencieusement le visage de son camarade. Du sang noir ? Ça faisait drôle, force était de l'admettre. Chez un être humain normalement constitué et n'ayant pas précédemment abusé de boisson alcoolisée russe, parfumées aux baie, c'était indicateur de saignement dans l'estomac, depuis assez longtemps pour que la couleur aie pu être altérée. Mais chez les orques ? Les notions de médecine qu'elle avait étaient-elle pertinente ? Après tout, sa peau était grises et ses veines noires... Elle presse doucement sa main sur la joue saine de son ami, le ramenant délicatement vers elle.

" -J'ai pas envie que ça se termine... Profitons encore un peu. "
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Message par Karess Sam 6 Mar - 14:24

Moi non plus je n’ai pas envie que ça se termine… Encore un peu. S’il-te-plait…

Encore un peu, je m’y efforce… Mais ne confonds pas…

« Ne confonds pas l’évasion du prisonnier et la fuite du déserteur… ai-je murmuré tristement, reprenant l’adage…
— Il aime la force, ai-je dis à Stacy. L’honneur et le courage… C’était l’un des nôtres de son temps de vivant… Sois maîtresse te colère et de tes peurs. Et son influence ne te sera pas néfaste, tant que tu es liée à lui…

La douleur battante qui commence à émerger, à revenir progressivement dans ma bouche…
Le Grand Karess m’a offert un merveilleux évasif à ma réalité, mais il ne peut m’y garder indéfiniment, d’autant plus que si Trojan est en train de dormir, moi… J’ai levé les yeux vers cette An-amie, triste pour tous ces piercings qu’elle m’avait énuméré avec un enthousiasme qui montre qu’elle y était attachée, et qui lui ont été retirés. L’Ennemi, quel qu’il soit dans son monde, n’a pas plus de respect que le nôtre pour nos individualités…

— Ma présence ici avec toi, tout notre échange… Il ne tient que dans un battement de cœur. Un instant de flottement, de somnolence de  ma part au-dessus d’une eau miroitante aux fins fonds d’une caverne… Mes frères m’ont dit qu’il peut plier le temps à sa volonté, mais pas sans fin… Ca l’épuise de faire ça…
« Attends…


Par prudence, je me suis séparé de Stacy le temps d’aller ramasser mon épieu, m’assurer que celui-ci ne va pas rester dans ce monde, ce rêve…

— Je dois être sur le pied de guerre ; me préparer à retourner à Arda d’un instant à l’autre. J’espère que ce ne sera pas trop rude… Ca m’a fait du bien de rencontrer une An amicale comme toi, Trojan. Chacun de nous a de beaux encouragements à souffler à l’esprit en doute de l’autre. Je crois qu’Il a vu que l’on en avait besoin de cette évasion, toi comme moi… »

Faut-il aller plus loin ? La prendre pour confidente, pour conseillère pour mes tourments, mes épreuves du présent ? Soudain, je me mont mal à l’aise, le regard fuyant, à l’idée de lui parler de ma situation catastrophique. De Trois-Doigts, Golgoth et le Nain, de la tuerie sur le promontoire et de l’assassinat du Mangeur d’Epée…
On pourrait juste se rasseoir l’un à côté de l’autre, face à l’eau, attendant d’être happés chacun par nos mondes respectifs…
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Message par Stacy Trojan Mar 9 Mar - 22:42

Elle le sentais cette fois-ci, la présence était là. Invisible, hors de portée, mais bien influente sur ce plan de la réalité. Le beau ciel rose avait laissé place à une nuit étoilée, le spectacle était à couper le souffle. Loin de lueurs des villes, de la pollutions lumineuse, les constellations dansaient sur la voute céleste. 

Snardat semble se resigner, ils partagent un regard alors qu'il l'éclaire quand aux petites habitudes de l'entité. Le marché lui semble juste : être quelqu'un de meilleur, selon des critères propres à chacun, ou subir les conséquences de sa propre négativité. Dans tout les cas, elle restait maîtresse de ses choix, et c'était quelque chose qui lui apportait un certain réconfort. Elle hoche lentement la tête, craignant de ne pas avoir réellement de réponse à lui apporter, mais voulant quand même lui signifier qu'elle lui avait accordé toute son attention. L'étreinte avait visiblement assez durée, elle relâche mollement le jeune orque, qui semble aller récupérer son arme. 

" - Ce n'est donc pas tout à fait une pause dans le temps, j'imagine. Juste un ralentissement. Je crois que je suis en train de dormir, il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui. "

L'émotion noue la gorge de la jeune femme, qui force un sourire chaleureux. Elle détestait les "au revoir"... Mais le petit avait raison, c'était bientôt la fin. La raideur dans sa nuque lui revenait progressivement, son corps était tout engourdis, le regard de Stacy se fit soudain tellement lourd et triste... Pour la deuxième fois au cours de cette soirée, elle avait l'impression que son coeur venait de se briser en morceau grossiers, comme une vielle porcelaine.

" Le pied de...?" Elle secoua doucement la tête, il lui avait dit pourtant, c'était un guerrier. Mais l'idée d'une bataille en préparation vint rajouter à l'angoisse qu'elle tentait de camoufler. " Je suis tellement heureuse, qu'il aie fait se croiser nos existences. Heureuse, de t'avoir rencontré, Snardat. "

Et si il transparaissait que ses mots avaient été choisis et articulés avec beaucoup trop de soin, leurs sincérité n'était pas à remettre en cause. Elle fit mine de se lever à son tours, se tenant prête à y aller. A l'inverse des familles niaises sur les quais, elle ne souhaitait pas le regarder partir en retenant des larmes jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon, elle avait toujours trouvé ça gênant, mais elle souhaitait quand même profiter des derniers instants offert par leurs ami commun.

"- J'ai aucune idée de comment ça marche la médecine chez vous, mais tu fera soigner tous ces bobos, promis ? Chez nous aussi, les cicatrices ça rend sexy, mais c'est pas une raison pour risquer la septicémie. "

C'est une petite moue qui se voulait mi-blagueuse, mi-inquiète qu'elle lui adresse, les mains maintenant enfoncée dans les poches de son jean pour lui donner une contenance, et la dissuader de refaire une pâle imitation de mère poule un chouia trop envahissante.

"- Tu sais, un peu d'essence dans une bouteille, un zippo, et on entendra plus parler de celui qui t'a fait ça... "
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Message par Karess Mer 10 Mar - 20:41


« Je…

Je suis mal à l’aise, et mécaniquement, je viens m’accroupir au-dessus de l’eau, comme cherchant du renfort dans mon moi reflet…… Lui avouer que je ne peux rien promettre ? La désertion malgré moi ? Le meurtre (à l’état de légitime défense certes) du Mangeur d’Epée ? Que je me retrouve à marcher parmi des individus adultes, sans foi ni loi et extrêmement malveillants, qui m’ont cassé les dents juste pour rigoler et pour se conforter dans leur sentiment de supériorité, alors que moi avorton, je leur disais leurs quatre vérités sur ce qu’ils valent ?
Ah, pauvre de moi, pauvre petit Snardat… On dit que le lâche meurt plusieurs fois avant sa véritable mort. Pourtant, ma seule récompense pour être demeuré brave et droit, ça a été de me faire brutaliser… Je me regarde et, je crois que je commence à lire de la détresse et de la lâche confusion… Qu’est-ce que je dois faire avec ces brigands déserteurs ? Continuer à les défier et à me montrer indomptable ? Si je les énerve, ils me cassent les dents et ils me tuent à la sortie…
D’un autre côté, se coucher, c’est la marque des "chiens" et des snagas, et un "chien" et un snaga, un faible, qu’est-ce qui les retient des salopards comme eux de s’amuser à lui casser plus de dents encore et d’autres choses, juste pour l’amusement entre deux marches ?
Et en plus, qu’est-ce que mes frères, qu’est-ce que mes aînés et mes ancêtres en penseraient ? Un Orque de l’Oeil Rouge qui se laisse malmener en toute docilité, comme un snaga…
Je regarde mon reflet et… Lui et moi, on s’efforce de chasser la peur et de rester fort. De ne pas troubler notre nouvelle amie Trojan avec nos ennuies... Et avec mon rythme respiratoire rauque et animal, à cause de la nervosité…

— Je te le promets, An-amie Trojan… Je me ferai soigner, ne t’en fais pas…

Pieux mensonge… Et demi-sourire en coin de ma lèvre tuméfiée, lui lançant un dernier regard de connivence...

— Tiarrrh ! Je feule d’amusement… J’sais pas ce que c’est qu’un zippo, et de quelle essence tu parles, mais j’en aurais bien l’utilité, si tu m’apprends à m’en servir et qu’t’en as pour moi, là maintenant…

La vérité, An-amie qui me prouve qu'il y a des An-Aï biens qui mérite toute notre innocence, c'est que je suis très probablement en train de vivre mes dernières heures. Tout ce que je peux espérer, c'est qu'à l'heure de ma mort, le Grand Karess sauvera mon fëar de l'abîme de Mandos où sont jetés à jamais les miens défunts par la cruauté des dieux qui règnent sur notre monde, et que dans une forme fantomatique semblable à la sienne, je pourrais revenir te visiter...

Avant de me sentir tomber, piquer du nez devant l’eau, en proie à la somnolence…

— On n'a pas fini d'en baver, toi et moi, hein...

***

Quand on rouvre les yeux, moi et mon reflet, on est à nouveau compressés dans l’obscurité des entrailles de la montagne. Mon groupe de crapules autour de moi, qui remplit ses réserves d’eau. La douleur qui redevient cuisante dans ma mâchoire…
Voir mon reflet mue ma rancune en profond abattement, empreint de questions existentielles. Ca me fait toujours étrange, de me voir dans une mare d'eau. Cette sensation que "ça, c'est moi... ça, ce corps, cette trogne, c'est moi...  Ses pauvres dents... Je les aimais, ses dents..." Je joue tristement avec mon reflet... Oh oui, je les aimais mes dents... C'était un des trucs sur lesquels la nature m'avait gâté, ce sont les copines, Ludra et Murbol elles-mêmes, qui me l'avaient dit... Au moins ça n'est pas celles les plus sur le devant quand je fais mes rictus, ça reste relativement discret sur le côté le trou.
Mais putain... Qu'est-ce que ça fait mal, j'en peux plus...

« On n'a pas fini d'en baver, toi et moi, hein... Bon, allez... A la revoyure... Je l'espère sincèrement..."
Mon reflet salué, j'entreprends de remplir ma gourde...


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Dernière édition par Karess le Jeu 11 Mar - 11:27, édité 1 fois
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Message par Stacy Trojan Jeu 11 Mar - 11:25

Elle se tient à côté de lui, droite, le détaillant du regard avec beaucoup de peine, avant de tourner la tête dans la direction des gratte-ciels, tentative malhabile d'anticiper son départ. Le ciel était embrumé la bas, au loin, des lumières rouges et bleues dansaient sur les fumées s'élevant. Elle déglutit, jetant un regard à la citée des Orques, qui à ses yeux ignares semblait être tellement plus paisible.

Elle se penche ensuite vers son ami, frottant une dernière fois son dos avant de serrer avec ferveur, sans pour autant lui faire mal, son épaule en guise d'encouragement.

" -Oh, c'est presque magique. Du feu en bouteille, que l'on peut aussi lancer avec quelques précautions, bien entendu. A mon grand regret, c'est un peu compliqué à transporter.  "

Elle ricane à son tours, se laissant finalement tomber pour s'allonger dans l'herbe à coté de son ami qui somnole. Son corps semblait tellement lourd, à cet instant...

" Tu l'a dit, frangin. Tu l'as dit. "

Sa voix résonne, la présence du jeune semble s'estomper peu à peu alors qu'elle ferm les yeux. Stacy se sent flotter, dans l'obscurité, des images de ciel rose défilant dans son esprit, une sensation de chaleur pèse sur son buste, légère et pacifiste.

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